La quête américaine d une science politique démocratique et scientifique - article ; n°40 ; vol.10, pg 58-87
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Politix - Année 1997 - Volume 10 - Numéro 40 - Pages 58-87
The American Quest for a Democratic, Scientific Political Science.
Rogers M. Smith [58-87].
American political science has always been shaped by two often conflicting desires : to serve American democracy and to be a true «science». Today, after an era characterized by the dominance of a «scientific» rational choice theory, it is now entering a period of transition an uncertainty. But certain possibilites for new convergence, specially around a «neo-institutionnalist» approach and a turn back to history, seem on the whole promising. As a conclusion this essay contends that the vocation of political science is not to look for a «grand» theory of politics. It's mission must be to explore in the most rigorous ways ail topics that are arguably politically fondamental, with special attention to those that are predicatbly neglected, both for intellecutal and political reasons.
La quête américaine d'une science politique démocratique et scientifique.
Roger s M. Smith [58-87].
La science politique américaine a toujours été façonnée par deux désirs souvent conflictuels : servir la démocratie américaine et accéder au rang de «science». Aujourd'hui, après une période caractérisée par la domination d'une théorie «scientifique» du choix rationnel, la discipline entre dans une période de transition et d'incertitude. Mais l'on discerne certaines convergences nouvelles, autour du «néo-institutionnalisme» et d'un retour à l'histoire, qui paraissent globalement prometteuses. L'article défend en conclusion l'argument selon lequel la mission de la science politique n'est pas dans la recherche d'une «grande» théorie de la politique. Elle est dans la prise en charge la plus rigoureuse possible de certaines questions politiques fondamentales, avec une attention spéciale prêtée aux objets négligés, pour des raisons intellectuelles autant que politiques.
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 84
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Rogers M. Smith
La quête américaine d'une science politique démocratique et
scientifique
In: Politix. Vol. 10, N°40. Quatrième trimestre 1997. pp. 58-87.
Abstract
The American Quest for a Democratic, Scientific Political Science.
Rogers M. Smith [58-87].
American political science has always been shaped by two often conflicting desires : to serve American democracy and to be a
true «science». Today, after an era characterized by the dominance of a «scientific» rational choice theory, it is now entering a
period of transition an uncertainty. But certain possibilites for new convergence, specially around a «neo-institutionnalist»
approach and a turn back to history, seem on the whole promising. As a conclusion this essay contends that the vocation of
political science is not to look for a «grand» theory of politics. It's mission must be to explore in the most rigorous ways ail topics
that are arguably politically fondamental, with special attention to those that are predicatbly neglected, both for intellecutal and
political reasons.
Résumé
La quête américaine d'une science politique démocratique et scientifique.
Roger s M. Smith [58-87].
La science politique américaine a toujours été façonnée par deux désirs souvent conflictuels : servir la démocratie américaine et
accéder au rang de «science». Aujourd'hui, après une période caractérisée par la domination d'une théorie «scientifique» du
choix rationnel, la discipline entre dans une période de transition et d'incertitude. Mais l'on discerne certaines convergences
nouvelles, autour du «néo-institutionnalisme» et d'un retour à l'histoire, qui paraissent globalement prometteuses. L'article défend
en conclusion l'argument selon lequel la mission de la science politique n'est pas dans la recherche d'une «grande» théorie de la
politique. Elle est dans la prise en charge la plus rigoureuse possible de certaines questions politiques fondamentales, avec une
attention spéciale prêtée aux objets négligés, pour des raisons intellectuelles autant que politiques.
Citer ce document / Cite this document :
Smith Rogers M. La quête américaine d'une science politique démocratique et scientifique. In: Politix. Vol. 10, N°40. Quatrième
trimestre 1997. pp. 58-87.
doi : 10.3406/polix.1997.1701
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_1997_num_10_40_1701La quête américaine
d'une science politique
démocratique et scientifique*
Rogers M. Smith
Yale University
QUAND je suis entré à la graduate school, en 1975, sans être
véritablement sûr que mes intérêts philosophiques et politiques
relevaient de la science politique, je n'ai guère été rassuré en
lisant deux des leaders de la profession, Fred Greenstein et Nelson
Polsby, qui m'expliquaient que je venais de rejoindre une discipline
«mal définie, amorphe et hétérogène»1. Cette description avait alors de
la force et elle en a toujours aujourd'hui. Il est vrai que la plupart
d'entre nous sommes prêts à concéder que la recherche empirique de
type quasi-expérimental, que symbolise aujourd'hui l'usage des
équations à régression multiple, constitue à certains égards la partie la
plus «scientifique» de la science politique. Mais il n'y a guère d'accord
sur le point de savoir si ce genre de travail est le plus important que
nous puissions accomplir, encore moins sur le fait de savoir si c'est le
seul que nous devons pratiquer. L'impression de n'être vraiment à l'aise
que dans certains secteurs de la profession et le sentiment de n'être pas
vraiment relié au reste de la discipline, est probablement partagé, à
des degrés divers, par les plupart des politistes.
En conformité avec mes inclinations professionnelles personnelles,
l'essai qui va suivre sera à caractère historique plus que quantitatif, et
je ne résisterai pas à un peu de prescription normative vers la fin. Je
voudrais ici suggérer que la science politique américaine a toujours été
façonnée par deux désirs souvent conflictuels : servir la démocratie
américaine et être une véritable «science». Périodiquement, ces deux
aspirations ont contribué à la remise en cause de certaines formes
dominantes de pratiquer la science politique, suivie par la quête d'«une
nouvelle science de la politique» apte à mieux les satisfaire.
* Cet article est la traduction, par L. Blondiaux, avec l'aimable autorisation de l'auteur,
de «Still Blowing in the Wind : the American Quest for a Democratic, Scientific Political
Science», initialement paru dans Daedalus (hiver 1997, «American Academic Culture in
Transformation : Fifty Years, Four Disciplines», vol. 126, 1, des Proceedings of the
American Academy of Art and Sciences).
1. Greenstein (F. I.), Polsby (N.), «Introduction», in Greenstein (F. I.), Polsby (N.), eds,
Political Science : Scope and Theory, vol. 1, Reading Mass., Addison Wesley, 1975, p. 5.
58 Politix, n°40, 1997, pages 58 à 87 Rogers Af. Smith
Aujourd'hui, après une période caractérisée par la domination d'une
théorie «scientifique» du choix rationnel, nous entrons dans l'une de ces
périodes de transition et d'incertitude que avons déjà vécues. Mais
l'on discerne certaines convergences nouvelles, à l'intérieur de la
discipline mais aussi avec d'autres, qui me paraissent globalement
prometteuses.
Tout se passe comme si notre discipline devait continuer à devenir à la
fois de plus en plus rigoureuse empiriquement et de plus en plus en
phase avec les problèmes politiques du moment. Mais cela se fera
probablement dans des formes qui prendront mieux en compte
l'histoire. La théorie deductive formelle et la théorie normative abstraite
y joueront un rôle moins prééminent que ces dernières années — une
évolution que l'on rencontre également en économie, en sociologie et
même dans un champ philosophique dominé de plus en plus par le
pragmatisme. Un tel changement irait largement dans le bon sens.
Mais il n'empêchera sans doute pas la science politique américaine de
continuer à se chercher et à essayer de se définir. Je doute qu'elle
puisse jamais y parvenir par la découverte d'une «grande» théorie ou de
méthodes susceptibles un jour de mener à une seule et unique «science
de la politique». Sa vraie vocation me semble ailleurs. Je voudrais
défendre ici l'argument selon lequel la mission de notre discipline se
trouve dans la prise en charge la plus rigoureuse possible de toutes les
questions politiques fondamentales, avec une attention spéciale prêtée
aux objets négligés, pour des raisons intellectuelles autant que
politiques, par les analystes gouvernementaux et privés, ainsi que par
les médias. Opter pour cette voie reviendrait, comme je vais essayer de
le montrer, à être aussi scientifique et utile à la démocratie que nous
pouvons honnêtement souhaiter l'être.
La trajectoire de la science politique
et le rôle de la théorie
Parce que la myriade des avenues qui composent la cité de la science
politique a toute chance de n'être pas familière à la plupart de lecteurs
de cet essai, je vais d'abord clairement établir «d'où je parle». Mais cette
autobiographie sera courte. Comme beaucoup, je suis venu à la science
politique par aliénation politique. Éduqué comme un mâle américain du
Middle-West, WASP et républicain, appartenant qui plus est à la
classe moyenne supérieure, j'ai perdu toute illusion sur chacun de ces
attributs (comme sur la politique américaine en général) dans
l'atmosphère turbulente de la fin des années soixante. Ce
désenchantement m'a mis en quête de réponses. Dans l'atmosphère
chaleureuse du département universitaire que j'avais choisi, les seuls à
parler de la politique d'une manière qui faisait écho à mes expériences
et osaient se confronter aux grandes questions qui me préoccupaient,
furent les théoriciens de la politique, et en particulier ceux qui
enseignaient les «grandes» œuvres politiques. Ces recherches relevaient
59 Les sciences du politique aux États-Unis
alors de la science politique en partie du fait que les départements de
philosophie se consacraient essentiellement alors à l'analyse
concep

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