La reprise japonaise - article ; n°1 ; vol.13, pg 49-64
17 pages
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Description

Politique étrangère - Année 1948 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 49-64
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1948
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Robert Guillain
La reprise japonaise
In: Politique étrangère N°1 - 1948 - 13e année pp. 49-64.
Citer ce document / Cite this document :
Guillain Robert. La reprise japonaise. In: Politique étrangère N°1 - 1948 - 13e année pp. 49-64.
doi : 10.3406/polit.1948.2871
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1948_num_13_1_2871LA REPRISE JAPONAISE
Le 15 âdut 1945; 70 millions de Japonais s'étaiéttt nils à l'êtbiite de la
râdlb, ehfe* eux dti réunis eri groupes par léS autorités, lorsque, à midi
jttsitëi après le§ atcèhts de l'hymne national japonais, s'éleva tdUt à coup,
éuï tdUt ife Jàpbn, Une vdix étrange, Uhe vdix qUé j'ërttêrtds ëttiofë, celle de
l'lmpereUf qtii parlait à ses sujets ; et ceux-ci, dévêtit les postés de radid,
écoutant cette voix qu'ils n'avaient jamais enteridué, s'ihcHhaiërit, Sèldtt le
rite, « âVeè Stù^etir fet trertibltettièrtt »...
Mdfnétit le plus surprenant fet, peut-être, le plus important de l'histoire
dti Jâpbn" moderne.
Quelques minutes, en effet, avant la proclamation, les « 100 millions * — •
édnlmè les journaux japonais les appelaient orgueilleusement, Sëlbtt une
fdritiUlë cbrtsatféë — fcrdyaieht ëncdre que le Fils du Cifel allait les appeler
au âUicidë national qu'aurait été une dernière bataille contre les débarque
ments américains qui se préparaient. Et, bien qUe pltis de 100 villes japo
naises fussent eh cendres, malgré les bombes atottiitjUës, je crbis qUe les
100 friillibhs âurâlërit dbéi, les Utis pàsslVemërit, les autres dâris Uhe suprême
flambée de leur fànàtishlë.
"QtiëlqUèS thinUtes après l'appel de fempëreur, tout était changé. Il
atait drdoitrté la câpitulâtibh, du plutôt, tomme il disait, « 1'âccëptàtitttt de la
déclaration de Potsdam ». Les Japonais se sont enfermés chez ëUx. Ils dnt
pièUfé, ils 6rtt versé des larmes sincères de vrai patriotisme ; et, lorsque le
Jâjptth1; ilëux jdUrs après, s'est ttibntré de rtdUvëau â ttaus, 11 avait pris un
rriasqué impassible. Il entrait tranquillement dans la défaite.
Biëh plus, ndus pouvions tléjà voir reparaître, sur .ce tfiastjtie, quelque
chose tomme uh sdUrire, l'extraordinaire SdUrire japonais. Lëè pdlifciers
qui, naguère, noiis pêrêétutàient, Venaient à nous et rioUs offraient rttâîntë-
riânt leurs services'. Whât cdh Wè do fût you, tnaélér?{«Qiib pilis-jë faire pdUr
vous, tflttitsièUr ?«*) Les bonnes gehs portaient flos ^âllsês, et^bilt Utt Japon
grimaçant s*é^âit êVàrtbuî, tdut Uh Jftpon dé gehtlllëSsë cdmmèHçâlt à tëpa-
râîtrè.
On n'a giièré fëfflâfqilé, U'étfàftèèf, Qu'entre la câpituiàtîoft du 15 août
4 ROBERT GUILLAIN 50
et le débarquement des premières troupes américaines, le 2 septembre,
MacArthur avait laissé aux Japonais plus de quinze jours pour se préparer
à l'accueillir, quinze jours précieux pour que le Japon se compose un nou
veau visage, longs jours, qu'il faudrait avoir le temps de vous
décrire, où l'on voyait le Japon effacer précipitamment les traces les plus
compromettantes du passé, brûler ses archives — la chose se passait sou
vent en pleine rue, — distribuer les stocks etles équipements avant que neles
confisquent tous les Vainqueurs, et donner le nouveau ton aux journaux.
On n'a pas connu davantage, hors du Japon, les paroles que l'empereur
avait adressées en confidence, le 1 5 août, à la grande famille de ses sujets.
Ce sont pourtant des paroles qui méritent d'être connues et méditées !
La défaite ? L'empereur n'en parlait pas, et de la capitulation il ne pro
nonçait pas le mot. Il avait reçu des Alliés, vous le savez, l'assurance qu'on
ne jetterait pas à bas sa dynastie, qualifiée par la constitution de « sans
brisure à travers les âges éternels ». Il adressait à son peuple un message
fiiViii vniri rl"*'l'y"%?.CI_.ni.û-.-
« Assurer la tranquillité de l'empire et partager avec tous les pays du
monde le plaisir de la coprospérité, telle est la règle que Nous ont léguée
nos illustres ancêtres impériaux et que Nous Nous sommes efforcé de
suivre.
» Aujourd'hui, cependant (notez en quels termes les choses vont être
dites), la situatio mnilitaire ne peut guère prendre une tournure favorable,
et les tendances générales du monde ne sont pas non plus à notre avantage. »
Après ce préambule que j'écourte, attention au passage qui vient :
« Bien plus, l'ennemi, faisant tout nouvellement usage d'une bombe
cruelle, répand sans cesse sur les populations innocentes les blessures et le
massacre. Les dévastations prennent des proportions incalculables.
» Dans ces conditions, continuer la guerre serait non seulement amener
l'anéantissement de notre nation, mais encore la destruction de la civil
isation humaine. »
Ainsi, le sens de ce message était clair. Le Japon pouvait capituler, parce
que la bombe atomique lui avait sauvé la face devant l'histoire. Des temps
meilleurs viendraient sans doute où on pourrait dire qu'un Japon invaincu,
avec une armée intacte dans ses îles, avait été frustré de sa chance de vaincre
par une arme cruelle, cette bombe atomique. Et, en relisant la proclamation,
les enfants japonais pourraient plus tard vénérer encore leur empereur
généreux qui, en face d'ennemis inhumains, s'était fait au contraire le
défenseur de la civilisation humaine en consentant à arrêter le carnage.
Voici enfin ce que la proclamation impériale disait de l'avenir :
« C'est notre vœu d'ouvrir une ère de grande paix pour les générations
venir, en souffrant l'insouffrable et en supportant' l'insupportable. LA REPRISE JAPONAISE 51
» Capable de maintenir la politique nationale et plaçant notre confiance
dans la parfaite sincérité de nos fidèles et bons sujets, Nous serons toujours
avec vous. Que tout le pays forme une seule famille où la tradition se trans
met du fils au petit-fils, avec une foi solide dans le caractère indestructible
de la terre des dieux. Pensant à nos lourdes responsabilités et à la longueur
du chemin à parcourir, appliquant notre force totale à la reconstruction
de l'avenir, animés d'une forte moralité et d'une ferme honnêteté, jurons
de porter très haut la fleur de notre politique nationale avec la résolution
de ne pas rester en retard sur le progrès du monde. Veuillez, ô nos sujets,
être l'incarnation de notre volonté !... » ,
Je crois que ce retour vers le passé n'est pas inutile à rappeler à l'heure
où l'on parle d'une reprise japonaise, reprise que je voudrais exposer en
donnant au mot un sens large : celui d'une renaissance de la vie politique
et d'une reprise économique.
La reprise politique du Japon, c'est donc d'abord ce retournement imméd
iat, au lendemain de la défaite, ce « retournement de vestes», si je peux
dire, à l'échelle nationale. Mais ceux qui ont connu le Japon en guerre ne
croient pas que ce changement brusque témoigne nécessairement d'une
fourberie initiale dont serait viciée d'avance la nouvelle politique du Japon.
On y peut voir plutôt, je crois, son incurable légèreté, mise au service de sa
volonté de bâtir à neuf et de vraiment « tourner la page ». La défaite le
délivre du cauchemar de la guerre qui apportait tant de souffrances et tant
de privations au peuple. Je songe par exemple à ce terrible raid sur Tokio
de mars 1942 où, en une seule nuit, périrent dans les incendies près de
200 000 personnes.
Le Japon, comprenant qu'il a été trompé par ses anciens chefs et ayant
longtemps souffert de leur tyrannie, découvre, dans l'arrivée des troupes
de MaçArthur, plus une libération qu'une conquête. Dans sa légèreté, il
s'aperçoit que peut-être il n'a jamais vraiment haï les Américains, qu'en
tout ca

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