Le Canada dans le monde - article ; n°4 ; vol.33, pg 293-314
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Politique étrangère - Année 1968 - Volume 33 - Numéro 4 - Pages 293-314
Fermement attachés aux principes des Nations-Unies, les Canadiens sont aujourd'hui divisés sur leur rôle à l'intérieur de l'OTAN. Mais il y a chez eux peu de divergences en ce qui concerne l'attitude vis-à-vis des blocs et du Tiers-Monde. (On notera l'accroissement des relations avec le Japon, l'encouragement à l'immigration japonaise et l'attitude indépendante envers la Chine). Les Canadiens cherchent avant tout à garder leur indépendance en face du géant américain. C'est une des raisons pour lesquelles ils n'ont pas adhéré à l'Organisation des Etats américains. Le Commonwealth a aidé le Canada à asseoir son prestige international et mérite d'être sauvegardé, le temps d'aplanir les difficultés en Asie et en Afrique. Puissance moyenne, le Canada a cherché à jouer un rôle de médiateur, mais les résultats ont été décevants. C'est pourquoi la politique étrangère du Canada est susceptible d'être modifiée dans un proche avenir.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

John W. Holmes
Le Canada dans le monde
In: Politique étrangère N°4 - 1968 - 33e année pp. 293-314.
Résumé
Fermement attachés aux principes des Nations-Unies, les Canadiens sont aujourd'hui divisés sur leur rôle à l'intérieur de l'OTAN.
Mais il y a chez eux peu de divergences en ce qui concerne l'attitude vis-à-vis des blocs et du Tiers-Monde. (On notera
l'accroissement des relations avec le Japon, l'encouragement à l'immigration japonaise et l'attitude indépendante envers la
Chine).
Les Canadiens cherchent avant tout à garder leur indépendance en face du géant américain. C'est une des raisons pour
lesquelles ils n'ont pas adhéré à l'Organisation des Etats américains.
Le Commonwealth a aidé le Canada à asseoir son prestige international et mérite d'être sauvegardé, le temps d'aplanir les
difficultés en Asie et en Afrique.
Puissance moyenne, le Canada a cherché à jouer un rôle de médiateur, mais les résultats ont été décevants. C'est pourquoi la
politique étrangère du est susceptible d'être modifiée dans un proche avenir.
Citer ce document / Cite this document :
Holmes John W. Le Canada dans le monde. In: Politique étrangère N°4 - 1968 - 33e année pp. 293-314.
doi : 10.3406/polit.1968.2155
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1968_num_33_4_2155CANADA DANS LE MONDE LE
par John W. HOLMES
Fermement attachés aux principes des Nations-Unies, les Canad
iens sont aujourd'hui divisés sur leur rôle à l'intérieur de l'OTAN.
Mais il y a chez eux peu de divergences en ce qui concerne
l'attitude vis-à-vis des blocs et du Tiers-Monde. (On notera l'accroi
ssement des relations avec le Japon, l'encouragement à l'immigration
japonaise et l'attitude indépendante envers la Chine).
Les Canadiens cherchent avant tout à garder leur indépendance
en face du géant américain. C'est une des raisons pour lesquelles
ils n'ont pas adhéré à l'Organisation des Etats américains.
Le Commonwealth a aidé le Canada à asseoir son prestige inter
national et mérite d'être sauvegardé, le temps d'aplanir les diffi
cultés en Asie et en Afrique.
Puissance moyenne, le Canada a cherché à jouer un rôle de
médiateur, mais les résultats ont été décevants. C'est pourquoi la
politique étrangère du Canada est susceptible d'être modifiée dans
un proche avenir.
Voltaire a dit plusieurs choses du Canada, et aucune d'elles
n'était flatteuse. A mon sens, son commentaire le plus intéres
sant sur ce qu'il considérait, de toute évidence, comme un sujet
désagréable, est : « J'aime mieux la paix que le Canada ». Cette
phrase me fascine parce que, évidemment, Voltaire avait rai
son. Bien que je me qualifierais sans hésiter de nationaliste ca
nadien, et que je défende avec vigueur le nationalisme — et
l'existence du Canada — comme étant des forces saines dans
les relations internationales, je dirais, moi aussi, que la paix est
plus importante que le Canada. Nous attachons un grand prix
à la survie d'un pays auquel nous sommes liés affectivement,
qui nous assure à la fois un niveau de vie que seul celui des 294 HOLMES
Etats-Unis surpasse et une plus grande liberté individuelle que
celle dont on peut jouir aux Etats-Unis, ou dans la plupart des
autres pays. Mais je crois que la plupart des Canadiens seraient
d'accord pour dire qu'il est plus important de préserver et de
promouvoir la paix et la prospérité dans le monde, que de dé
fendre la souveraineté canadienne. Et c'est pourquoi il est diffi
cile de définir en termes conventionnels les buts de la politique
étrangère du Canada.
Traditionnellement, le premier devoir d'un Etat était de dé
fendre jusqu'à la mort sa souveraineté et son territoire. Les
Canadiens, comme dans le passé, accepteraient de mourir pour
sauvegarder leurs libertés, mais il est extrêmement improbable
qu'ils aient à les défendre à leurs frontières, entendues au sens
traditionnel. En diplomatie — à la fois dans le domaine polit
ique et dans le domaine économique — nous devons promouvoir
et défendre les intérêts de notre population et notre souve
raineté, et nous le faisons ; mais nous savons bien que nous ne
pouvons pas prospérer, ou même survivre dans un régime d'au
tarcie. Plus que presque tout autre pays, nous sommes dépen
dants du commerce international. Dans tous les domaines de
notre économie, depuis la valeur de notre monnaie jusqu'aux
salaires de nos ouvriers, les facteurs internationaux — et pas
seulement les facteurs continentaux — prédominent. Nous
n'avons jamais réellement fait la guerre par nous-mêmes, et
nous nous considérons comme participants dans des alliances
ou des opérations internationales. Dans nos débats, nous avons
discuté pour savoir de quels pays nous devions être les alliés. La
vérité, je crois, est que les Canadiens ne pensent pas que leur
pays soit en danger ou soit vulnérable et que, à tort ou à rai
son, ils ont peine à croire que quiconque attaquerait le Canada
parce qu'il constitue une cible d'importance majeure.
De tels intérêts et de telles attitudes ne sont pas dans le sens
d'une politique étrangère très nationaliste. L'instinct prédomi
nant est internationaliste, mais notre situation encourage aussi
l'isolationnisme et le neutralisme. Il y a présentement chez les
jeunes et les personnes de gauche une école de pensée fortement
indépendantiste. Même cela, malgré tout, est essentiellement 295 CANADA
internationaliste. Cette école cherche à relâcher les liens d'al
liance, surtout avec les Etats-Unis. Son but, cependant, n'est pas
d'isoler le Canada mais de faire en sorte qu'il soit plus actif sur
la scène mondiale — surtout vis-à-vis du Tiers monde.
Tout cela peut paraître fort évident et pas très distinctif —
tous les pays ont, de façon croissante, le sentiment de leur inte
rdépendance. Le Canada, toutefois, est particulièrement un pays
international — par l'absence, chez lui, d'un nationalisme fort
et bien caractérisé, par son binationalisme particulier, par la
composition de sa population, et par l'éventail de ses associa
tions et de ses liens internationaux. C'est dans notre internatio
nalisme qu'on peut trouver notre identité nationale. Nous nous
faisons gloire de notre diversité et, du moins jusqu'à mainte
nant, nous avons rejeté d'emblée l'idéal américain d'un type
tout-canadien valorisant la conformité.
Nous avons toujours souligné que nous accordions la prior
ité aux Nations Unies, et il y a d'excellentes raisons à cela. Car,
au sein de cet organisme, nous pouvons jouer un rôle qui nous
est propre, et essayer — mais non, bien sûr, sans frustrations —
de faire aboutir les accords internationaux qui renforcent la
structure mondiale à l'intérieur de laquelle nous nous épanouis
sons le mieux. Nous pouvons aussi, par des alliances souples et
changeantes avec d'autres puissances, y poursuivre nos buts
grâce à la collaboration internationale, tout en évitant les al
ignements contraignants. Il n'est que juste d'ajouter qu'à la dif
férence d'autres pays, le Canada n'a pas essuyé de rebuffades ou
été victime d'interférence de la part des Nations Unies et n'a
donc pas cette cause d'amertume. Il n'y a rien de particulièr
ement noble ou généreux à avoir une politique fortement inter
nationaliste pour un pays qui de façon si évidente ne peut pas
protéger sa population et ses intérêts si ce n'est en collabora
tion avec d'autres pays. J'ai insisté beaucoup sur ce point parce
que je crois que des différences d'attitudes à l'égard des Nations
Unies de la part de la France et du Canada ont été causes par
fois de divergences dans nos politiques.
Il est inévitable qu'un pays comme le Canada, relativement
nouveau sur la scène mondiale, incertain de son identité, ne 296 HOLMES
constituant ni un Etat homogène ni un Etat mûr, se cherche un
rôle dans les affaires mondiales. Si vous examinez la brève b
ibliographie sur la politique étrangère du Canada, vous remar
querez l'importance accordée au mot « rôle ». Les Etats plus
ancien

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