Le double visage de la Démocratie chrétienne - article ; n°30 ; vol.8, pg 24-44
22 pages
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Description

Politix - Année 1995 - Volume 8 - Numéro 30 - Pages 24-44
The Double Face of the Christian Democrat Party.
Percy Allum [24-44].
This article discusses the organization of the Christian Democrat Party and its local power system in North and South Italy. Its main thesis is that for a series of historical and socio-economic reasons, it was constituted two types of party (a party of notables in the South and a mass party in the North), held together ideologically by a generic anti-Communism. Moreover, as a result of a succession of crucual developments (Fanfani's party reorganization inl950s; Vatican II in 1960s), it was converted into a « syndicate of political machines » covering the whole country. The second part of the article documents, on the basis of empirical material coming from two extreme, but opposing, cases (Naples and Vicenza), the various mechanisms employed in the two periods (1950/60s and 1970/80s) to ensure the party's power.
Le double visage de la Démocratie chrétienne.
Percy Allum [24-44].
Cet article s'attache à décrire l'organisation de la Démocratie chétienne italienne et à analyser les systèmes de pouvoir locaux sur lesquels elle s'est appuyée dans le Nord et le Sud de l'Italie. La thèse principale est que la DC s'est constituée en parti de notables dans le Sud et en parti de masse dans le Nord. Elle s'est transformée par la suite (du fait de la réorganisation du parti par Fanfani dans les années cinquante, des effets du concile de Vatican II dans les années soixante) en un «consortium de machines politiques» qui a couvert tout le territoire national. La deuxième partie de l'article décrit, sur la base d'une documentation empirique provenant de l'examen de deux cas-limites (Naples et Vicenze), les divers mécanismes qui ont assuré le pouvoir de la DC (clientélisme, rôle des associations catholiques, etc.) ainsi que leurs évolutions, insistant plus particulièrement sur le développement de la corruption à l'intérieur des «machines politiques territoriales».
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 72
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Percy Allum
Le double visage de la Démocratie chrétienne
In: Politix. Vol. 8, N°30. Deuxième trimestre 1995. pp. 24-44.
Abstract
The Double Face of the Christian Democrat Party.
Percy Allum [24-44].
This article discusses the organization of the Christian Democrat Party and its local power system in North and South Italy. Its
main thesis is that for a series of historical and socio-economic reasons, it was constituted two types of party (a party of notables
in the South and a mass party in the North), held together ideologically by a generic anti-Communism. Moreover, as a result of a
succession of crucual developments (Fanfani's party reorganization inl950s; Vatican II in 1960s), it was converted into a «
syndicate of political machines » covering the whole country. The second part of the article documents, on the basis of empirical
material coming from two extreme, but opposing, cases (Naples and Vicenza), the various mechanisms employed in the two
periods (1950/60s and 1970/80s) to ensure the party's power.
Résumé
Le double visage de la Démocratie chrétienne.
Percy Allum [24-44].
Cet article s'attache à décrire l'organisation de la Démocratie chétienne italienne et à analyser les systèmes de pouvoir locaux
sur lesquels elle s'est appuyée dans le Nord et le Sud de l'Italie. La thèse principale est que la DC s'est constituée en parti de
notables dans le Sud et en parti de masse dans le Nord. Elle s'est transformée par la suite (du fait de la réorganisation du parti
par Fanfani dans les années cinquante, des effets du concile de Vatican II dans les années soixante) en un «consortium de
machines politiques» qui a couvert tout le territoire national. La deuxième partie de l'article décrit, sur la base d'une
documentation empirique provenant de l'examen de deux cas-limites (Naples et Vicenze), les divers mécanismes qui ont assuré
le pouvoir de la DC (clientélisme, rôle des associations catholiques, etc.) ainsi que leurs évolutions, insistant plus
particulièrement sur le développement de la corruption à l'intérieur des «machines politiques territoriales».
Citer ce document / Cite this document :
Allum Percy. Le double visage de la Démocratie chrétienne. In: Politix. Vol. 8, N°30. Deuxième trimestre 1995. pp. 24-44.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_1995_num_8_30_2058double visage de la Démocratie Le
chrétienne
Percy Allum
Université de Reading
•O voi riuscite a render noi civili, o noi riusciremo a render
barbari voi» (Soit vous réussirez à nous rendre civils, soit nous
ferons de vous des barbares)
Pasquale Villari, Lettere meridionali, 1876
•Le dorotéisme est un peu le péché original de la Démocratie
chrétienne. Tous en disent du mal et prennent leur distance par
rapport à lui. Mais, à un moment ou à un autre, tous s'y frottent et
doivent nous rendre des comptes-
Antonio Gava, ancien ministre et chef de file des dorotei, 1984
•A Fra', ehe te served (En dialecte romain : «Franco, de quoi as-
tu besoin ?•)
Remarque à l'adresse du ministre Franco Evangelisti, «lieutenant»
de Giulio Andreotti
CE N'EST PAS le moindre des paradoxes de la crise politique italienne
actuelle, qui a vu la disparition de la Démocratie chrétienne (DC) après
presque cinquante ans de pouvoir, que le scandale de tangentopoli ait
éclaté dans le Nord et non pas dans le Sud de la péninsule, à Milan et
non à Naples, et, de surcroît, au sein du Parti socialiste italien (PSI) et non de
la De, comme l'auraient laissé croire les particularités de la politique italienne
de l'après-guerre1. Bien sûr, le Midi, Naples et la De se sont vite trouvés
entraînés dans ce scandale.
Ce paradoxe éclaire certains aspects fondamentaux du parcours politique de
la DC, du moins du point de vue de son organisation et de ses structures. Il
suffît de rappeler à ce propos le rôle du doroteismo, système de pouvoir qui
domina la DC pendant plus de trente ans, ce système qui, selon Ruggiero
Orfei, «réduit le pouvoir à une fin en soi»2. En outre, s'il est vrai que la
matrice du doroteismo a été, à la Libération, constitutive de la stratégie du
fondateur du parti, Alcide De Gasperi, le point de départ d'une étude sur les
formes locales du mouvement démocrate-chrétien ne peut être qu'une analyse
de la DC en tant que parti national, car toutes les situations locales dérivent
d'un contexte national qui les détermine en partie.
L'auteur remercie la Leverhulme Trust de Londres pour une fellowship qui lui a permis de
rassembler une partie de la documentation utilisée dans cette étude.
1. Tangentopoli (littéralement, la «ville des pots-de-vin») désigne l'une des plus importantes
affaires de corruption politique qu'a connue l'Italie de l'après-guerre. Cette affaire, qui éclate à
Milan au début de 1992, marque le début des enquêtes des juges milanais (Mani pulitë), qui
s'étendront par la suite sur l'ensemble du territoire et toucheront de nombreux élus, notamment
au sein du PSI et de la DC. Voir à ce propos, Delia Porta (D.), «Milan : Immoral Capital», Italian
Politics, 8, 1993, ou Allum (P.), «The Resistible Rise of the New Napolitan Camorra», in Gundle (S.),
Parkers (S.), eds, The New Italian Republic , Londres, Routledge, 1995.
2. Orfei (R.), L'occupazione del potere. I democristiani (1945-1975), Milan, Longanesi, 1976.
24 /WÔo;no301995)pages24à44 Un parti original : la Démocratie chrétienne
Parti de cadre et parti de masse
Le contexte italien est caractérisé par une situation toute particulière : la
permanence au pouvoir de la DC (au moins jusqu'aux élections législatives de
1994), permanence qui participait de ce que l'ancien président de la Cour
constitutionnelle, Leopoldo Elias, a appelé la «constitution matérielle» de
l'Italie républicaine. Cette situation était la conséquence directe de la guerre
froide. Se trouvant dans le bloc occidental, l'Italie était soumise à l'influence
américaine, non seulement sur les plans militaire et économique, mais aussi
sur le plan politique : c'est pourquoi le parti communiste (PCI) y a été exclu
du pouvoir à partir de 1947. Cette situation politique fut tout naturellement
théorisée par les chefs de la DC, de Alcide De Gasperi à Aldo Moro. L'Italie
était présentée comme une démocratie d'un type «spécial», qui ne pouvait se
permettre l'alternance des partis au gouvernement. L'arrivée au pouvoir du
parti communiste, étant donnée sa nature totalitaire, y aurait signifié ni plus ni
moins que la fin de la démocratie. La DC était ainsi «condamnée» à rester
toujours au pouvoir et le parti communiste toujours dans l'opposition. Toute
tentative du PCI pour prendre le pouvoir aurait simplement confirmé sa
nature totalitaire et aurait été contrée par les États-Unis. En conséquence, le
combat électoral se déroulait sur la base d'un choix de société {.scella di
civiltà), dont les électeurs ont régulièrement confirmé, jusqu'en 1994,
l'orientation, en permettant à la DC de contrôler sans interruption le
gouvernement du pays. Il faut ajouter à ce propos que le système électoral
proportionnel, adopté en 1945, facilita les choses, en rendant une défaite
électorale de la DC pratiquement impossible1.
Un deuxième aspect dont il faut tenir compte pour expliquer ce que l'on a
parfois appelé l'«énigme chrétienne-démocrate», provient de la nature même
du parti. Maurice Duverger, dans sa célèbre étude sur les partis politiques,
identifie deux formes de parti : le «parti des cadres» (ou mieux «de notables»)
et «le parti de masse»2. La première s'est constituée au cours du siècle dernier,
essentiellement autour des comités locaux dirigés par des candidats au
Parlement. Ces comités regroupaient un nombre limité de personnes, qui se
réunissaient rarement en dehors des périodes électorales. Leur chef,
parlementaire ou «patron» local, était un notable, fréquemment d'origine
agraire (agrario en Italie). En outre, il n'existait pas (au moins initialement) de
lien, soit vertical soit horizontal, entre ces comités. Leur identité de parti se
définissait avant tout à l'intérieur du Parlement. Les chefs des partis
préparaient et décidaient les pr

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