Le PCF et les euromissiles - article ; n°3 ; vol.48, pg 701-711
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Description

Politique étrangère - Année 1983 - Volume 48 - Numéro 3 - Pages 701-711
The French Communist Party and Euromissiles, by Nicole Gnesotto
In 1977, the Communist Party rallied nuclear dissuasion in France. In 1983, it called for the Geneva negotiations between ail European countries, including France, to solve the Euromissile crisis. Is it possible that the French Communist Party has abandoned its natio-nalism of 5 years ago in favour of the de facto intégration of France within NATO ? And how would it reconcile this development with the governmenfs intransigent policy towards the independence of France's nuclear force ? So many questions arise today in connection with communist « pacificism ». In addition, the FCP has now linked the question of European pacifîsm to that of peace.
Le PCF et les euromissiles, par Nicole Gnesotto
En 1977, le Parti communiste français rallie la dissuasion nucléaire française. En 1983, pour résoudre le problème des euromissiles, le PCF demande l'ouverture des négociations de Genève à l'ensemble des pays européens, France comprise. Le PCF aurait-il abandonné son nationalisme d'il y a cinq ans au profit d'une intégration de facto de la France dans l'OTAN ? Et comment réussira-t-il à concilier cette évolution avec une politique gouvernementale intransigeante sur l'indépendance des forces nucléaires françaises ? Autant de questions que le « pacifisme » communiste oblige aujourd'hui à poser, et, avec elles, celle de l'Europe que le PCF a désormais liée à celle de paix.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Gnesotto
Le PCF et les euromissiles
In: Politique étrangère N°3 - 1983 - 48e année pp. 701-711.
Abstract
The French Communist Party and Euromissiles, by Nicole Gnesotto
In 1977, the Communist Party rallied nuclear dissuasion in France. In 1983, it called for the Geneva negotiations between ail
European countries, including France, to solve the Euromissile crisis. Is it possible that the French Communist Party has
abandoned its natio-nalism of 5 years ago in favour of the de facto intégration of France within NATO ? And how would it
reconcile this development with the governmenfs intransigent policy towards the independence of France's nuclear force ? So
many questions arise today in connection with communist « pacificism ». In addition, the FCP has now linked the question of
European pacifîsm to that of peace.
Résumé
Le PCF et les euromissiles, par Nicole Gnesotto
En 1977, le Parti communiste français rallie la dissuasion nucléaire française. En 1983, pour résoudre le problème des
euromissiles, le PCF demande l'ouverture des négociations de Genève à l'ensemble des pays européens, France comprise. Le
PCF aurait-il abandonné son nationalisme d'il y a cinq ans au profit d'une intégration de facto de la France dans l'OTAN ? Et
comment réussira-t-il à concilier cette évolution avec une politique gouvernementale intransigeante sur l'indépendance des
forces nucléaires françaises ? Autant de questions que le « pacifisme » communiste oblige aujourd'hui à poser, et, avec elles,
celle de l'Europe que le PCF a désormais liée à celle de paix.
Citer ce document / Cite this document :
Gnesotto. Le PCF et les euromissiles. In: Politique étrangère N°3 - 1983 - 48e année pp. 701-711.
doi : 10.3406/polit.1983.3338
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1983_num_48_3_3338POLITIQUE ÉTRANGÈRE / 701
LE PCF Nicole GNESOTTO-
EJ ^ EUROMISSILES
Le 20 décembre 1979, le Parti communiste français organisait
tout seul, à Paris, la première manifestation « pacifiste » contre
le projet de déploiement des missiles américains Cruise et
Pershing II. Aujourd'hui membre de la coalition gouvernementale,
le PCF a semble-t-il perdu le loisir et la cohérence d'une si franche
opposition : il reste hostile aux Pershing II mais solidaire d'un gou
vernement socialiste qui soutient la double décision de l'OTAN. Il
joue la solidarité des peuples européens contre le contrôle nucléaire
des deux superpuissances, mais refuse toute velléité de défense euro
péenne commune. Il soutient le discours de François Mitterrand au
Bundestag, tout en dénonçant le militarisme germanique tapi derrière
chaque futur Pershing. Il propose l'inclusion des forces françaises
dans les négociations de Genève, mais revendique en même temps
sa fidélité à l'indépendance de la dissuasion nationale. Il fait sien le
slogan soviétique de gel des arsenaux nucléaires, mais n'en reste
pas moins favorable au principe de la modernisation de la défense
française...
Des euromissiles aux fusées françaises
* S'il est un point pourtant sur lequel le PCF manifeste une remar
quable constance, c'est bien celui des euromissiles. « Pas de nouvell
es fusées américaines en Europe » [1], « il faut empêcher l'implantation
de tous nouveaux missiles et réduire les armements actuels des deux
blocs » [2] : cinq années séparent de fait ces deux propositions
communistes pourtant identiques. Le PCF n'a pas varié d'un pouce,
lui qui s'est prononcé dès la double décision de l'OTAN contre
l'implantation des Pershing et des Cruise, sans la moindre ambiguïté.
Mais si le PCF n'a pas nuancé d'un iota son refus des Pershing,
il s'est vu par contre obligé d'adapter tactiques et discours à trois
événements fondamentaux, et pour lui contradictoires.
* Attachée de recherches à l'IFRI.
* * Cet article a été écrit dans le cadre d'une étude réalisée pour la Fondation
Saint-Simon (septembre 1983). 702 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Ce fut d'abord l'arrivée au pouvoir d'une coalition dont il est membre
à part entière. La solidarité gouvernementale l'oblige en effet à jouer
la prudence, voire le silence critique, face au soutien officiel des
socialistes à la double décision de l'OTAN. Si l'on se souvient de la
polémique sévère qui l'opposait au PS en 1979 sur la question des
Pershing, on mesurera mieux l'ampleur du repli communiste à ce
sujet. En outre, ces trois années de gouvernement socialo-communiste
furent également — et c'est le deuxième événement — celles d'un
formidable mouvement d'opposition populaire et européenne à
l'implantation des missiles américains. Ce fut l'aubaine pour le PC :
la mobilisation en faveur de la paix et du désarmement lui permettait
de retrouver un profil d'opposition — en dépolitisant au maximum
ses offensives pacifistes — sans contredire pourtant la discipline gou
vernementale sur les questions de défense nationale. Après tout, le
PS ne revendique-t-il pas lui aussi la tradition du désarmement, lui
qui a charge pourtant de la sécurité nationale ? C'est alors qu'inter
vint le troisième événement, totalement soviétique cette fois : la
proposition de Youri Andropov de limiter ses SS-20 au nombre des
fusées françaises et britanniques l. Coup dur pour le PC : comment
en effet défendre l'indépendance de la force nationale de dissuasion
— qu'il rallia en 1977 — sans trahir pour autant sa vocation interna
tionaliste ? Heureusement pour lui, les événements vont se préci
piter en 1983 jusqu'à lui offrir une occasion magnifique de réconcilier
ses priorités : la déclaration de Williamsburg. Désormais le PCF va
prendre en effet prétexte de la solidarité européenne en matière de
défense pour résoudre la question des Pershing... en passant par la
France. « II faut ouvrir la négociation de Genève à tous les gouver
nements européens » déclare solennellement le Bureau politique au
lendemain du sommet des chefs d'Etat occidentaux.
• Seul de tous les partis politiques français, le PCF dispose donc
aujourd'hui d'un scénario original pour résoudre le problème de
l'équilibre des forces en Europe. Il n'avait cessé jusque-là d'être
sur la défensive vis-à-vis des diverses solutions proposées par
l'OTAN. L'option zéro équivalait à ses yeux au désarmement unila
téral de l'Union soviétique et figurait donc le comble de l'inacceptab
le. La solution dite intermédiaire — déploiement limité de Pershing II
contre des réductions notables de SS-20 — n'était pas davantage
recevable pour les communistes : l'objectif des négociations de Genève
n'est pas en effet de fixer des niveaux, même minima, au déploi
ement des missiles américains, il est d'empêcher qu'une seule fusée
supplémentaire soit désormais enfouie dans le sol européen. Nuance
de taille qui rend vaine également la troisième solution dite « de la
promenade dans les bois » : pas de Pershing 11 mais des Cruise
missiles contre un démantèlement sensible des SS-20. Certes le PCF
1. 21 décembre 1982. PCF ET EUROMISSILES I 703
n'a pas pris officiellement position pour ou contre cette possibilité.
Dans la mesure toutefois où un Cruise missile reste quand même
une arme américaine supplémentaire, on peut douter de l'enthousias
me des communistes pour un tel dénouement. Seule l'ouverture de
Genève leur semble alors susceptible de débloquer l'impasse actuelle
des négociations.
• II y a donc bien un avant et un après Williamsburg dans la posi
tion des communistes : en 1979, il n'est question que d'euromissiles
américains ; en 1983, le problème des Pershing se retrouve intrins
èquement lié à celui de la force de dissuasion nationale. Toute la
problématique actuelle du PCF vise à résoudre aujourd'hui cet amal
game soufflé par Moscou. Tout l'avenir politique du parti — tant au
niveau de sa crédibilité gouvernementale qu'à celui de son identité
communiste — dépend alors de ce périlleux exercice d'équilibre.
Charles Fiterman a peut-être raison d'affirmer que les communistes
ne quitteront pas le gouvernement sur l

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