Le système bi-polaire - article ; n°3 ; vol.42, pg 261-271
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Description

Politique étrangère - Année 1977 - Volume 42 - Numéro 3 - Pages 261-271
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 69
Langue Français

Extrait

Théo Sommer
Le système bi-polaire
In: Politique étrangère N°3-4 - 1977 - 42e année pp. 261-271.
Citer ce document / Cite this document :
Sommer Théo. Le système bi-polaire. In: Politique étrangère N°3-4 - 1977 - 42e année pp. 261-271.
doi : 10.3406/polit.1977.2910
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1977_num_42_3_2910LE SYSTEME BI-POLAIRE
par Théo SOMMER (*)
Au début de 1977, les défis à la sécurité de l'Occident ne manq
uent pas. Cette remarque s'applique à de nombreux pays en dehors
de l'Organisation atlantique, mais ne se limite pas à la périphérie.
L'Europe est aussi menacée qu'elle l'était il y a un quart de siècle.
En vérité, les Alliés ont, depuis lors, édifié et maintenu une capacité
de dissuasion et de défense suffisante pour interdire aux Soviétiques
la possibilité de dominer et de réprimer par la force l'Europe occi
dentale, soit par une occupation militaire, soit par une politique
d'intimidation, ou par des actions menées de l'intérieur. Mais la paix
en Europe ne s'affirmera que par le maintien d'un certain équilibre
des forces. Et on ne peut nier l'évidence : cet équilibre sommaire
semble avoir été récemment mis en péril par une double circons
tance : un ralentissement de l'effort défensif dans quelques-uns des
petits pays d'Europe et un renforcement massif et un programme de
modernisation dans les pays du Pacte de Varsovie.
L'affaiblissement de l'esprit de défense chez quelques nations
occidentales n'a heureusement pas empêché l'O.T.A.N. d'améliorer
ses positions, particulièrement en ce qui concerne ses armements
antitank et son système de défense aérienne. Dans ces domaines, de
grands progrès ont été accomplis pour renforcer les capacités de
défense de l'Alliance. Néanmoins, ces mesures sont loin de compenser
(*) Editeur en chef de Die Zeit. THEO SOMMER 262
les conséquences de l'énorme effort d'armement mis en œuvre ces
dernières années par l'Union Soviétique.
De 1968 à 1978, les divisions soviétiques ont progressé de 22 %
(de 11 000 à 14 000) dans les divisions motorisées et de 19 % (de
9 000 à 1 1 000) dans les divisions blindées. Le nombre de tanks
dans la zone du Pacte de Varsovie, face à l'Europe centrale, a
augmenté de 40 % . Les éléments d'artillerie ont suivi la même
courbe. Pendant ce temps, les forces tactiques composantes des
forces aériennes du Pacte de Varsovie se sont accrues numérique
ment de 1 3 % et sont constamment renforcées en appareils capables
d'accomplir des missions offensives. L'avènement des SS X 20 a
posé un sérieux problème pour l'Europe, exposée dorénavant à
une nouvelle menace en ce qui concerne les fusées. L'armement naval
et le déploiement de la flotte soviétique, durant le même laps de
temps, a atteint des dimensions dignes de l'ambition d'un von
Tirpitz.
Je ne me rallie pas à la thèse d'Apocalypse, selon laquelle, étant
donné les préparatifs militaires actuels de l'O.T.A.N., les Russes
n'auraient aucune difficulté à percer le système de défense occi
dentale pour atteindre la côte atlantique en 48 heures. Les positions
défensives de l'Occident sont heureusement assez impressionnantes
pour décourager tout chef d'état-major soviétique raisonnable d'en
treprendre une soi-disant promenade en direction du Rhin. De plus,
l'entraînement et la réflexion, notamment des chefs militaires amér
icains et des contingents postés aux Etats-Unis, sont tels qu'ils
rendent éminemment crédible le système actuel de dissuasion nu
cléaire en dépit des critiques incessantes et des doutes qui ont surgi
chez de nombreux intellectuels. La menace de déclencher une guerre
nucléaire dans certaines circonstances ne jouit peut-être plus d'une
totale crédibilité, mais elle est encore assez plausible pour que
l'adversaire en tienne compte.
Cependant, deux conclusions se dégagent après cette analyse :
1) II n'y a pas de défense ou de dissuasion pour l'Europe sans la
participation des Etats-Unis. La défense de l'Europe requiert que
l'Amérique y joue un rôle actif car, selon les dernières analyses,
l'équilibre vis-à-vis de la superpuissance orientale qu'est l'Union
Soviétique ne peut être maintenu qu'avec la superpuissance occi
dentale. En ce sens, la bipolarité nous accompagnera encore pendant l'héritage 263
longtemps. A mon avis, l'engagement américain ne pourrait être rem
placé par une coopération européenne de défense plus étroite, même
après l'avènement d'une entité de défense parfaitement
au point — ce qui, de toutes façons — ne paraît pas être pour
demain.
2) L'effort militaire soviétique amène l'Occident à se concerter
pour essayer de comprendre les intentions du Kremlin. Cet accrois
sement d'armement doit être arrêté, si possible, et même, de préfé
rence, le processus devrait être renversé. Sinon, les nations occident
ales devront s'embarquer dans un programme de renforcement co
lossal pour équilibrer les nouvelles mesures soviétiques. Si l'on ne se
rend pas maître de cette course aux armements classiques en Europe,
les conséquences pour la détente économique et politique entre
l'Est et l'Ouest seront inévitablement désastreuses.
II
Dans son rapport annuel au Congrès américain, le 18 jan
vier 1977, le Département de la Défense déclarait : « Etant donné
l'importance de l'Europe centrale pour la défense de l'O.T.A.N., la
République Fédérale est le foyer géographique principal de la stra
tégie de l'O.T.A.N. » En ma qualité d'Allemand, j'ajouterai ceci :
étant donné l'énorme concentration d'armées diverses du Pacte
de Varsovie, l'O.T.A.N. est à la fois l'axe central de la politique
de défense de la République Fédérale, et le cadre dans lequel nos
forces armées envisagent de mener leurs opérations. La Bundeswehr
a été créée, non comme une force nationale indépendante, à l'inté
rieur d'une antique coalition : jusqu'à ce jour, c'est une force
d'alliance, incapable à elle seule de tenir le front, à plus forte raison
de conduire une guerre indépendante dans un espace de temps si
restreint soit-il. Il n'existe même pas à proprement parler d'état-
major national ; sa philosophie militaire, sa doctrine, ses plans opé
rationnels sont tous dérivés de l'Alliance ; de même, sa base logis
tique. Le plan Bonin pour une défense classique des frontières et
la proposition Heye pour une côtière ont été rejetés dans les
années 50 précisément pour la raison qu'ils auraient mis en péril
le soutien vital et indispensable des forces intégrées. Nous n'avons
pas changé d'avis depuis, et nous estimons qu'isolées de leurs alliés THEO SOMMER 264
de l'O.T.A.N., les forces armées fédérales seraient dans l'impossib
ilité d'accomplir leur mission.
Ceci est évident si l'on considère la dissuasion nucléaire. Même
si de nombreux arguments politiques ne pesaient pas contre l'ét
ablissement d'une force nucléaire nationale, une telle force propre à
l'Allemagne de l'Ouest n'aurait aucun sens stratégique, étant donné
la situation géographique et la démographie de ce pays — sans
parler des limitations financières. Il est évident qu'un équipement
complet de dissuasion n'est politiquement, économiquement et mili
tairement pas à la portée d'un seul pays européen. Des deux nations
européennes possédant l'arme nucléaire, l'une est manifestement dé
classée, l'autre limitée en moyens et en étendue. Aucune des deux
n'a de moyens de dissuasion crédibles, sauf si elle a le concours des
forces nucléaires tactiques, de portée intermédiaire et de portée
stratégique, des Etats-Unis. Je doute, pour ma part, qu'on puisse
mettre en commun toutes les ressources atomiques de l'Europe de
l'Ouest de façon à créer une dissuasion suffisamment crédi

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