Les Etats-Unis et la France : alliés, amis, partenaires - article ; n°4 ; vol.62, pg 641-650

Félix G.Rohatyn

Description

Politique étrangère - Année 1997 - Volume 62 - Numéro 4 - Pages 641-650
The United States and France: Allies, Friends, Partners, by Félix Rohatyn This article, which is the text of a lecture delivered at Ifri on October 6, 1997, is the first official speech given in France by Félix Rohatyn as ambassador. Having spent his entire career in the private sector, he places particular emphasis on economie issues. Thus he champions America's economie success and defends Clinton's policy, which tries to combine social progress, new technology and adjustment to the globalized economy, while recognizing that there is not really an « American economie model » that Europe and France should follow.
Réfugié en France dans les années 30 où il a passé une partie de son enfance, puis grand banquier de la place new-yorkaise, notamment à l'origine du sauvetage financier de la ville de New York dans les années 70, Félix Rohatyn est, depuis le mois de septembre 1997, ambassadeur des Etats-Unis en France. Cet article, issu d'une conférence prononcée à l'Ifri, est sa première intervention officielle en France en tant qu'ambassadeur. Ayant exercé toute sa carrière dans le privé, il met tout particulièrement l'accent sur les questions économiques. Il se fait ainsi l'avocat de la réussite économique américaine et défend la politique de Bill Clinton qui s'efforce de combiner progrès social, nouvelles technologies et adaptation à l'économie globalisée, tout en reconnaissant qu'il n'existe pas véritablement de « modèle économique américain » que l'Europe et la France devraient nécessairement suivre.
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: POLITIQUE_ETRANGERE
• Publié le: 01 janvier 1997
• Nombre de lectures: 48
• Langue: Français

Extrait

Rohatyn
Les Etats-Unis et la France : alliés, amis, partenaires
In: Politique étrangère N°4 - 1997 - 62e année pp. 641-650.
Abstract
The United States and France: Allies, Friends, Partners, by Félix Rohatyn
This article, which is the text of a lecture delivered at Ifri on October 6, 1997, is the first official speech given in France by Félix
Rohatyn as ambassador. Having spent his entire career in the private sector, he places particular emphasis on economie issues.
Thus he champions America's economie success and defends Clinton's policy, which tries to combine social progress, new
technology and adjustment to the globalized economy, while recognizing that there is not really an « American economie model »
that Europe and France should follow.
Résumé
Réfugié en France dans les années 30 où il a passé une partie de son enfance, puis grand banquier de la place new-yorkaise,
notamment à l'origine du sauvetage financier de la ville de New York dans les années 70, Félix Rohatyn est, depuis le mois de
septembre 1997, ambassadeur des Etats-Unis en France. Cet article, issu d'une conférence prononcée à l'Ifri, est sa première
intervention officielle en France en tant qu'ambassadeur. Ayant exercé toute sa carrière dans le privé, il met tout particulièrement
l'accent sur les questions économiques. Il se fait ainsi l'avocat de la réussite économique américaine et défend la politique de Bill
Clinton qui s'efforce de combiner progrès social, nouvelles technologies et adaptation à l'économie globalisée, tout en
reconnaissant qu'il n'existe pas véritablement de « modèle économique américain » que l'Europe et la France devraient
nécessairement suivre.
Citer ce document / Cite this document :
Rohatyn. Les Etats-Unis et la France : alliés, amis, partenaires. In: Politique étrangère N°4 - 1997 - 62e année pp. 641-650.
doi : 10.3406/polit.1997.4705
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1997_num_62_4_4705POLITIQUE ÉTRANGÈRE 4/97
libre propos
Felix G. ROHATYN alliés, Les États-Unis amis, partenaires* et la France
Réfugié en France dans les années 30 où il a passé une partie de son enfance, puis
grand banquier de la place new-yorkaise, notamment à l'origine du sauvetage
financier de la ville de New York dans les années 70, Felix Rohatyn est, depuis
le mois de septembre 1997, ambassadeur des Etats-Unis en France. Cet article,
issu d'une conférence prononcée à l'Ifri, est sa première intervention officielle en
France en tant qu'ambassadeur. Ayant exercé toute sa carrière dans le privé, il
met tout particulièrement l'accent sur les questions économiques. Il se fait ainsi
l'avocat de la réussite économique américaine et défend la politique de Bill
Clinton qui s'efforce de combiner progrès social, nouvelles technologies et
adaptation à l'économie globalisée, tout en reconnaissant qu'il n'existe pas
véritablement de « modèle économique américain » que l'Europe et la France
devraient nécessairement suivre.
Le président Clinton m'a fait le grand honneur de me choisir pour
représenter les États-Unis, ma terre d'adoption, dans un pays
auquel j'ai été étroitement lié pendant pratiquement toute ma
vie : la France. En tant qu'ambassadeur en France, mon premier object
if sera de représenter les intérêts de mon pays, une tâche qui apportera,
sans aucun doute, nombre de défis, ce que Ton appelle chez nous un
« understatement ». Mais quels que soient les titres de l'actualité, je res
terai toujours - tout comme le Président que je sers - un fidèle ami de la
France et de l'Europe.
* Felix Discours G. Rohatyn prononcé est ambassadeur à l'Institut français des États-Unis des relations en internationales France. (Ifri), le 6 octobre 1997. 642 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
La France et les États-Unis ne sont pas seulement des amis et des alliés
fidèles ; nos deux pays sont des acteurs de premier plan sur la scène
mondiale et, à ce titre, doivent travailler ensemble s'ils veulent réussir.
Cela ne veut pas dire pour autant que nous ne nous trouvons pas en
concurrence vigoureuse, pas plus d'ailleurs qu'avec d'autres pays. La
compétition commerciale est tout à fait normale ; elle n'a rien d'une
« guerre économique ». Nous avons, de temps en temps, des différends
plus profonds, comme à présent au sujet du comportement de l'Iran et
des perspectives d'investissements dans ce pays. Nous avons aussi des
différends sur certains aspects de la structure de l'OTAN. Mais une
franche discussion autour de ces sujets ne doit pas nous aveugler sur la
réalité. Dans un monde de plus en plus complexe, nous avons beaucoup
plus de raisons de coopérer que de nous opposer. Et toutes ces raisons
découlent des défis auxquels sont confrontées l'Europe et l'Amérique
pour assurer le développement et la croissance de nos sociétés.
Le système mis en place par l'Europe et l'Amérique après la dernière
guerre a instauré, pour l'Europe occidentale, ainsi que pour nous, une
ère de stabilité et de croissance sans précédent. Jean Monnet, John
Maynard Keynes, le plan Marshall, les accords de Bretton- Woods,
l'Alliance atlantique et le Marché commun nous ont permis de nous
surpasser. Et, en fin de compte, les idées lumineuses de l'Occident -
incarnées par ces hommes et par ces institutions - se sont avérées
décisives dans le conflit entre la démocratie et la dictature.
Le monde de l'après-guerre froide a commencé à changer dès le début
de cette période. Dans mon pays, longtemps avant la chute du mur de
Berlin, les nouvelles technologies, la concurrence étrangère et le marché
mondial des capitaux ont contraint nombre de nos plus grandes
industries à des restructurations très douloureuses. Il faut se souvenir
qu'il y a dix ans, l'Amérique - qui semble aujourd'hui dans une
position si dominante - connaissait de graves difficultés économiques.
Notre secteur bancaire était en crise, nos industries automobile et
électronique étaient confrontées aux pressions de la concurrence
étrangère et notre taux de chômage était élevé. Nos énormes déficits
budgétaires nous attiraient les critiques de nos partenaires. Nous étions
bien loin de l'Amérique triomphante. Tandis que nous nous efforcions
de surmonter ces difficultés, le changement radical de l'économie s'est LES ÉTATS-UNIS ET LA FRANCE : AMIS, ALLIÉS, PARTENAIRES / 643
accompagné, sur le plan politique, d'un recul de l'idéologie de l'État-
providence.
Au cours de l'histoire, le système de l'Etat-providence a donné aux
nations un pouvoir de contrôle considérable sur leur destinée. C'était
un modèle important pour le processus démocratique, permettant à
chaque société de distribuer les fruits de sa croissance économique. Il a
contribué à garder les extrémismes politiques à distance dans les années
d'avant et d'après-guerre. Malheureusement, il a trop fréquemment
servi de prétexte à des augmentations de dépenses et d'emprunts très
souvent insoutenables. Il est maintenant sévèrement restreint par les
disciplines rigoureuses de l'économie moderne.
Nous voici maintenant arrivés à une nouvelle étape. La puissance des
marchés impose des limites réelles à la liberté d'action économique des
États souverains, et l'ouverture de l'économie globale crée des liens
invisibles mais très puissants parmi les nations. Nous l'avons vu au
Mexique il y a près de trois ans ; nous le voyons en ce moment en Asie
du Sud-Est. Les États-Unis, comme la France et le reste de l'Europe,
ont subi les chocs de l'économie globale au cours des quinze à vingt
dernières années. La réaction de chacun de nous à ces défis varie en
fonction de notre histoire, de notre culture et de nos priorités.
Les Américains, comme les Européens, cherchent à maintenir
l'équilibre entre la justice sociale et le besoin de soutenir la croissance
économique pour améliorer le niveau de vie. J'ai toujours été convaincu
qu'une démocratie moderne réclame trois ingrédients de base : la
liberté politique, l