Les grandes industries sidérurgiques depuis la guerre. Politiques nationales et marché mondial de l acier - article ; n°3 ; vol.17, pg 187-204
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Les grandes industries sidérurgiques depuis la guerre. Politiques nationales et marché mondial de l'acier - article ; n°3 ; vol.17, pg 187-204

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Description

Politique étrangère - Année 1952 - Volume 17 - Numéro 3 - Pages 187-204
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1952
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacques Ferry
Les grandes industries sidérurgiques depuis la guerre.
Politiques nationales et marché mondial de l'acier
In: Politique étrangère N°3 - 1952 - 17e année pp. 187-204.
Citer ce document / Cite this document :
Ferry Jacques. Les grandes industries sidérurgiques depuis la guerre. Politiques nationales et marché mondial de l'acier. In:
Politique étrangère N°3 - 1952 - 17e année pp. 187-204.
doi : 10.3406/polit.1952.6212
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1952_num_17_3_6212LES GRANDES INDUSTRIES SIDÉRURGIQUES
DEPUIS LA GUERRE
POLITIQUES NATIONALES
ET MARCHÉ MONDIAL DE L'ACIER
Le moment est peut-être particulièrement propice pour essayer de déga
ger la philosophie générale des événements qui sont survenus depuis
quelques années dans le domaine de la sidérurgie. Moment favorable parce
que l'on peut se demander en effet si, d'ici peu de temps, 1 952 ne sera pas
considérée comme une année « tournant », comme une véritable époque
dans l'histoire de la sidérurgie d'après guerre.
C'est l'année à son début des records de production jamais atteints,
mais déjà on observe dans plusieurs pays un léger fléchissement accompa
gnant une forte réduction de la demande sur les marchés importateurs
d'acier. C'est celle à la fin de laquelle, dans un grand nombre de pays, ce
que j'appellerai la première tranche des programmes d'équipement et de
modernisation lancés tout de suite après la guerre sera à peu près terminée.
Certes un programme d'équipement n'est jamais achevé ; c'est une œuvre
continue. Cependant 1952, ou, si l'on préfère 1952-1953, marque pour beau
coup de pays le terme d'un premier effort massif d'investissements et
souvent le point de départ de nouveaux programmes d'ensemble. 1952,
enfin, est l'année de la ratification, par les différents Parlements, du Plan
Schuman.
Si donc nous nous efforçons de jeter un regard en arrière, sur la période
qui s'est écoulée depuis la guerre, et même depuis le début de la guerre,
qu'observons-nous dans le domaine des activités de la sidérurgie ? Nous
constatons, c'est le fait dominant, une augmentation record, dans un temps
record, de la production sidérurgique mondiale et, dans une mesure à peine
inférieure, de la capacité de production des grandes industries sidérurgiques.
Mais, à la différence de ce qui s'était passé dans les périodes précédentes, 188 JACQUES FERRY
et notamment dans la période d'entre deux guerres, traversée il est vrai
par une crise profonde, cette augmentation de production et de capacité
de production n'a pas été le fait d'une adaptation continue et progressive
à certaines exigences économiques normales, mais, pour une très large part,
le résultat d'impératifs politiques spécifiquement nationaux. Même lorsque
les considérations ont commandé cette évolution, elles se sont
généralement exprimées à travers des préoccupations et des directives qui
étaient, je le répète, politiques et nationales au premier chef, aboutissant en
définitive à un certain disparate des conditions de production, des condi
tions de marche et d'évolution des différentes sidérurgies entre elles.
La conséquence de cet état de choses est double. L'une est évidente.
C'est dans la mesure même où des considérations extra-économiques sont
intervenues, le caractère assez artificiel et peut-être fragile de l'équilibre
qui s'est instauré entre les différentes sidérurgies. L'autre conséquence,
paradoxale en apparence, c'est que, plus le caractère national, autarcique
même, des politiques sidérurgiques a été accusé et plus les industries qui
en étaient l'objet sont devenues dépendantes des facteurs internationaux,
ceci en particulier dans deux domaines dont je parlerai tout à l'heure, celui
des matières premières et celui des débouchés.
J'essayerai donc de construire mon exposé autour de cette double cons
tatation et de regarder d'abord quelles ont été — à très grands traits, bien
entendu — les politiques nationales de l'acier dans quelques pays et ce qui
les différencie dans leurs conceptions et dans leurs moyens, encore qu'elles
aient été presque toutes, en définitive, orientées consciemment et systéma
tiquement vers l'expansion de la production, et d'examiner ensuite quelles
ont été les conséquences à l'échelle mondiale de ces politiques nationales
dans les deux domaines des matières premières et des débouchés.
* * *
Politiques nationales ? Quelques mots, tout d'abord, sur les conceptions
générales qui ont pu les inspirer.
Un fait les rassemble et les identifie les unes aux autres : quel que soit
le régime économique des pays considérés, l'État, depuis une douzaine
d'années, est partout intervenu, selon des méthodes et avec des moyens,
il est vrai, très différents, pour déterminer ou accélérer suivant les cas l'évo
lution que nous constatons.
Cette intervention de l'État s'est exercée partout, plus ou moins direc
tement, plus ou moins impérativement même dans des pays comme les
États-Unis, où d'ailleurs les directives du début se sont transformées très
vite en accord avec les industriels intéressés, bien que, l'actuel conflit du INDUSTRIES SIDÉRURGIQUES 189
travail en fournit la preuve, l'État n'ait pas renoncé à faire pression sur les
industriels, voire à se substituer à eux pour les besoins de sa politique
propre.
Remarquons en passant que les résultats de ces politiques, jugés du
point de vue de l'augmentation de la capacité de production et de l'amé
lioration du potentiel productif, ont été au moins aussi bons dans les pays
où ont été le plus largement respectées les formes libérales, par exemple aux
Etats-Unis, que dans les autres.
Observons aussi qu'en Angleterre même les plus ardents partisans de la
nationalisation de la sidérurgie n'ont guère cherché à présenter cette natio
nalisation comme étant l'instrument nécessaire d'une politique d'inves
tissements et d'augmentation de la capacité de production ; ils l'ont jus
tifiée par d'autres considérations dont je n'ai pas à discuter ; il est évident
en tout cas que l'augmentation considérable de la production de la sidé
rurgie britannique — augmentation dont le point de départ se situe
en 1932 — est due à bien d'autres causes et, tout d'abord, à l'effort des
industriels eux-mêmes.
La deuxième constatation, c'est que le gigantesque effort d'investissement
entrepris durant ces douze années dans les grandes industries sidérurgiques
a été surtout commandé par des préoccupations d'économie de guerre, et
ceci même pendant le temps qui s'est écoulé entre la fin des hostilités et
les événements de Corée. La pénurie est en effet apparue comme une
séquelle de la guerre ; les impressions qu'elle a laissées expliquent l'attitude
d'un certain nombre de pays, ceux en particulier qui n'avaient pas de sidé
rurgie ou seulement des sidérurgies embryonnaires et qui s'efforcent de
réaliser d'importants programmes d'investissements dans le souci de se
rendre plus indépendants, de ne pas demeurer à la discrétion complète
des grands producteurs mondiaux, qui, pour des raisons souvent valables
d'ailleurs, ont naturellement tendance, en période de pénurie, à se réserver
par priorité leur propre production et à tirer un profit maximum de leurs
surplus exportables.
Cependant, les conceptions qui ont été à l'origine de ces politiques natio
nales de développement de la production et des installations accusent entre
elles des différences assez marquées.
Côté américain, si nous nous en tenons à ce qui s'est passé depuis les
événements de Corée, il est évident que ce sont essentiellement les nécessités
du réarmement, des préoccupations de sécurité, peut-être même une volonté
de puissance, qui ont été à l'origine du nouvea

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