Les grands courants du syndicalisme américain de la guerre à la reconstruction - article ; n°4 ; vol.11, pg 375-388
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Description

Politique étrangère - Année 1946 - Volume 11 - Numéro 4 - Pages 375-388
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1946
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Louis-R. Franck
Les grands courants du syndicalisme américain de la guerre à la
reconstruction
In: Politique étrangère N°4 - 1946 - 11e année pp. 375-388.
Citer ce document / Cite this document :
Franck Louis-R. Les grands courants du syndicalisme américain de la guerre à la reconstruction. In: Politique étrangère N°4 -
1946 - 11e année pp. 375-388.
doi : 10.3406/polit.1946.5467
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1946_num_11_4_5467LES GRANDS COURANTS
DU SYNDICALISME AMÉRICAIN
DE LA GUERRE A LA RECONSTRUCTION d)
Nous sommes réunis aujourd'hui pour examiner quelques-uns des grands
problèmes du syndicalisme américain. Nous nous demandons "quel rôle
ce syndicalisme joue dans la vie américaine et quelle est son influence sur
l'évolution économique, politique et sociale des États-Unis. A-t-il été, durant
la guerre, un facteur de modération, de calme et de puissance? Comment
s'adapte-t-il aux conditions nouvelles de la reconversion et de la reconstruct
ion ? Maintiendra-t-il les positions acquises pendant la guerre, ou, comme
au lendemain de 1918, va-t-il connaître une période de décadence et
d'épuisement? La contribution de ce syndicalisme à la vie publique, ses
relations avec le Congrès et l'administration présidentielle fournissent-
elles quelque réponse au problème des relations de l'Etat et du monde
ouvrier ? Est-il suivi avec sympathie, ou inquiétude, par l'opinion publique
non ouvrière ? Quelle est la nature exacte des grèves qui se déroulent aux
États-Unis depuis l'automne dernier? Avec sa structure et ses méthodes,
ses forces et ses faiblesses, ce syndicalisme contribuera-t-il efficacement au
libre développement de la démocratie américaine, ou bien, de par son exis
tence même, va-t-il soulever plus tard, et en période de crise économique,
de ces problèmes qui ne trouvent plus leur solution que dans les affirma
tions extrêmes des dictatures? Question qui en provoque une autre : ce
syndicalisme américain est-il, en doctrine et pratique, voisin du syndica
lisme français, et ses idéologies, s'il en a, sont-elles proches des idéologies
européennes ? Dernière question enfin : ce syndicalisme a-t-il une attitude
internationale ? Est-il susceptible de jouer, dans la prise de position améric
aine, un1 rôle capital et de l'orienter dans telle ou telle direction?
(1) Conférence prononcée au Centre d'études de politique étrangère, le 28 juin 1946. LOUIS-R. FRANCK 376
Telles sont les grandes questions auxquelles nous allons nous efforcer
d'apporter, sinon des réponses, tout au moins des éléments d'information.
I
Quelle est la situation du syndicalisme américain à la veille de la guerre?
L'accession au pouvoir de Franklin D. Roosevelt, en 1 933, a été pour lui
le signal de progrès décisifs. Votée le 16 juin 1933, la N. R. A., dans sa
fameuse section 7 a, a autorisé les ouvriers à s'organiser librement et à
librement négocier leurs contrats de travail par l'intermédiaire de repré
sentants librement choisis et sans intervention, contrôle ou coercition des
employeurs. En mai 1935, la Cour suprême a invalidera N. R. A., mais,
deux mois plus tard, en votant la loi Wagner, le Congrès sauve la section 7 a :
le National Labor Relations Act devient la charte du syndicalisme amér
icain, et la Cour suprême reconnaîtra sa validité le 12 avril 1937. Créé par
la loi, le National Labor Relations Board devient le garant de la liberté
syndicale aux États-Unis.
Seule organisation ouvrière à cette époque (2), la Fédération américaine
du travail — ou A. F. L. — accroît ses effectifs de 3,5 à 7,5 millions de
membres entre 1933 et 1937. En même temps s'accroît le nombre des
contrats collectifs souscrits.
Simultanément, des divergences profondes commencent à apparaître
au sein de l'A. F. L. Organisée sur la base des métiers, des qualifications
techniques, groupant ensemble les maçons, les charpentiers, les conduc
teurs de véhicules, les ouvriers de la confection féminine, etc., la fédération
est mal préparée pour intégrer les énormes masses des grandes industries
comme la sidérurgie, l'automobile, l'aviation ; c'est une aristocratie du
travail que d'aucuns jugent lente, bornée ou timide. Durant deux années,
d'impuissants efforts de conciliation sont tentés entre les deux tendances,
syndicalisme de métier et syndicalisme d'industrie, et, en mai 1938, la
rupture est consommée : le Congress for Industrial Organization, ou C. I. 0.,
est constitué en fédération autonome et rivale. C'est à l'origine John Lewis,
chef des mineurs, qui préside le C. I. 0.
Le syndicalisme de masse triomphe dans la sidérurgie, l'automobile,
le caoutchouc, l'électricité ; il progresse même dans le sud, où une organisa
tion sociale souvent encore féodale et le facteur nègre ont toujours entravé
le syndicalisme ; il s'étend aux ouvriers agricoles et aux métayers. Les recru
tements sont toutefois ralentis par la grave crise économique de 1938 :
le chômage, qui, de 12 millions en 1933, est descendu aux environs de
6,5 millions en 1937, remonte à près de 10 millions en 1938. Les difficul-
(2) La Fraternelle des cheminots mise à part. GRANDS COURANTS DU SYNDICALISME AMÉRICAIN 377 LES
tés politiques viennent encore rendre plus difficile l'action syndicale.
John L. Lewis, qui avait milité pour Roosevelt jusqu'en 1936, se brouille
avec le président au lendemain de la campagne électorale ; durant les
années suivantes, il transpose cette inimitié personnelle sur un plan général
et dénonce âprement la politique d'intervention et de soutien aux démocrat
ies ; alors qu'à partir de juin 1940 l'ensemble des ouvriers américains
défend une politique activement pro-alliée et soutient Roosevelt à sa troi
sième campagne, JohnL. Lewis, d'une part, et les communistes, de l'autre
(nous sommes avant l'invasion de la Russie par l'Allemagne), lé combattent
violemment. La situation ouvrière est, à cet égard, quelque peu inquiétante ;
des grèves éclatent à la North American Aviation, chez Âllis-Ghelmers,
Ford, les North West Lumber Camps; elles paraissent être d'inspiration
communiste, et Lewis, dit-oîi, les encourage en sous-main.
Le désaccord s'accroît entre Lewis et le C. I: O., dont il abandonne la
présidence. Au début de 1942, la fédération des mineurs quitte tumultueu
sement le C. I. O., dont la présidence échoit à Philip Murray, ancien
lieutenant de Lewis. Pendant toute la guerre, plus exactement jusqu'à ces
derniers mois, jusqu'au retour de Lewis et des mineurs au sein de l'A. F. L.
— et non pas du C. I. O., ■ — le mouvement ouvrier américain est donc divisé
en trois tronçons : Fédération américaine du travail, Congrès pour l'orga
nisation industrielle et Fédération des mineurs.
II
De l'été 1940 à l'été 1945, nous pouvons caractériser la situation syndicale
américaine par les facteurs suivants :
1° Étroite cohésion entre les dirigeants syndicaux et l'administration de
Washington ; coopération loyale du monde ouvrier au prodigieux effort
de guerre américain ; engagement moral de ne pas recourir à la grève.
2° Disparition totale du chômage et acceptation d'une politique de stabil
ité relative des prix et des salaires horaires, qui, dans l'ensemble, est cou
ronnée de succès ; l'action arbitrale du War Labor Board se substitue à la
négociation de nouveaux contrats collectifs de travail et, par conséquent,
à l'action normale quotidienne des fédérations ouvrières. L'intervention
du gouvernement dans les relations du travail est de plus en plus marquée.
3° Accroissement considérable des effectifs syndicaux.
4° Naissance et développement, au sein du C. I. O. et à partit àê juillet
1 943, d'un mouvement politique sous la forme du Political Action Ûiïmmittéè
(ou P. A. C.), qui mobilise les forces ouvrières au profit du parti démocrate
et jou« un rôle de premier plan dans la quatrième et dernière réélection
de Franklin Roosevelt. Le nom de Sidney Hillman est attaché au P. A. C.
'aï LOUIS-R. FRANCK 378
Reprenons rapidement ces différents points.

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