Les Idéologues face au coup d Etat du 18 brumaire an VIII. Des illusions aux désillusions - article ; n°56 ; vol.14, pg 55-75
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Les Idéologues face au coup d'Etat du 18 brumaire an VIII. Des illusions aux désillusions - article ; n°56 ; vol.14, pg 55-75

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Politix - Année 2001 - Volume 14 - Numéro 56 - Pages 55-75
French Idéologues facing the coup d'Etat of Brumaire From illusions towards disillusions Jean-Luc Chappey After 1802, French Idéologues (Cabanis and Destutt de Tracy in particular) are victims of the Bonaparte's power although they have been active actors in the creation of the Consulate's regime. The interpretation of this « defeat» is difficult : according to the historiography, they appear often like blinded Intellectuals, unable to think the politic in act. In fact, Idéologues defend a real and original republican project based on a thought about the links between the politic and scientific space. The failure of their project appear as the failure of one republican way which was contained in the coup d'Etat of Brumaire an VIII.
Les Idéologues face au Coup d'Etat du 18 brumaire an VIII Des illusions aux désillusions Jean-Luc Chappey A partir de 1802, les Idéologues, regroupés autour de Cabanis et de Destutt de Tracy, sont victimes du renforcement du pouvoir individuel de Bonaparte dont ils avaient pourtant activement soutenu l'arrivée au pouvoir en novembre 1799. La défaite des Idéologues est traditionnellement interprétée comme le résultat de leur naïveté politique et de leur incapacité à penser la politique sur le terrain de la pratique. Or, loin d'être le résultat de leur aveuglement, leur disparition du devant de la scène politique et intellectuel marque l'échec d'une alternative possible à l'évolution dictatoriale du régime consulaire. A travers cette étude, il s'agit de mettre en lumière le programme républicain des Idéologues dont l'originalité repose sur les rapports particuliers établis entre l'espace politique et l'espace intellectuel.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Luc Chappey
Les Idéologues face au coup d'Etat du 18 brumaire an VIII. Des
illusions aux désillusions
In: Politix. Vol. 14, N°56. Quatrième trimestre 2001. pp. 55-75.
Abstract
French Idéologues facing the coup d'Etat of Brumaire From illusions towards disillusions
Jean-Luc Chappey
After 1802, French Idéologues (Cabanis and Destutt de Tracy in particular) are victims of the Bonaparte's power although they
have been active actors in the creation of the Consulate's regime. The interpretation of this « defeat» is difficult : according to the
historiography, they appear often like blinded Intellectuals, unable to think the politic in act. In fact, Idéologues defend a real and
original republican project based on a thought about the links between the politic and scientific space. The failure of their project
appear as the failure of one republican way which was contained in the coup d'Etat of Brumaire an VIII.
Résumé
Les Idéologues face au Coup d'Etat du 18 brumaire an VIII Des illusions aux désillusions
Jean-Luc Chappey
A partir de 1802, les Idéologues, regroupés autour de Cabanis et de Destutt de Tracy, sont victimes du renforcement du pouvoir
individuel de Bonaparte dont ils avaient pourtant activement soutenu l'arrivée au pouvoir en novembre 1799. La défaite des
Idéologues est traditionnellement interprétée comme le résultat de leur naïveté politique et de leur incapacité à penser la politique
sur le terrain de la pratique. Or, loin d'être le résultat de leur aveuglement, leur disparition du devant de la scène et
intellectuel marque l'échec d'une alternative possible à l'évolution dictatoriale du régime consulaire. A travers cette étude, il s'agit
de mettre en lumière le programme républicain des Idéologues dont l'originalité repose sur les rapports particuliers établis entre
l'espace politique et l'espace intellectuel.
Citer ce document / Cite this document :
Chappey Jean-Luc. Les Idéologues face au coup d'Etat du 18 brumaire an VIII. Des illusions aux désillusions. In: Politix. Vol.
14, N°56. Quatrième trimestre 2001. pp. 55-75.
doi : 10.3406/polix.2001.1188
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_2001_num_14_56_1188Les Idéologues face au coup d'Etat
du 18 brumaire an VIII
Des illusions aux désillusions
Jean-Luc Chappey
La notion d'opportunisme politique est fréquemment utilisée dans
l'historiographie de la Révolution française pour redonner une
signification et reconstituer une cohérence, souvent complexe, voire
introuvable, dans une trajectoire individuelle ou collective. Période de
transformations rapides où la succession de crises entraîne des changements
radicaux de régimes politiques, la Révolution, et plus précisément la période
directoriale et consulaire caractérisée par une succession de « coups d'Etat »,
semble favoriser les retournements et les changements de position de la part
des acteurs politiques. Si le suicide1 ou l'exil deviennent les signes de la
« pureté » politique, à l'inverse, la durée politique apparaît souvent comme
suspecte. Si l'on écarte les explications psychologiques (faiblesse,
comportement cyclothymique, etc.), la question des transformations et
évolutions des prises de position individuelle et collective en Révolution
mérite d'être posée. Le coup d'Etat du 18 brumaire an VIII (9 novembre
1799), et la période qu'il ouvre, constituent indéniablement un moment
privilégié pour tenter de comprendre les logiques de la prise de décision des
acteurs politiques de l'époque. L'événement entraîne une redistribution
rapide des cartes au sein de l'espace politique qui oblige les acteurs à
1. Gainot (B.), « Enquête sur le "suicide" de Victor Basch », Annales historiques de la Révolution
française, 4, 1999.
Politix. Volume 14 - n° 56/2001, pages 55 à 75 Politix n° 56 56
s'adapter rapidement. Cette adaptation peut prendre des aspects étranges et
surprenants lorsqu'elle concerne des acteurs qui, ayant été parmi les
principaux défenseurs du régime précédent - le Directoire -, prennent part
activement à sa destruction et à la légitimation du régime napoléonien. Les
contemporains ont été les premiers à dénoncer ces caméléons politiques qui
n'hésitaient pas à sacrifier leurs convictions et leurs engagements politiques
sur l'autel de leurs intérêts personnels, au prix de contorsions justificatrices
souvent périlleuses. Il n'en fallait pas plus pour qu'une certaine
historiographie se complaise à dresser le portrait de ces opportunistes
désignés pour affirmer la vacuité de la prise de position politique en
Révolution, n'hésitant pas pour cela à emprunter les chemins de la
simplification et de la caricature. Cette même tendance à vouloir juger le
passé en fonction de critères éthiques ou moraux préétablis justifie le regard
porté aujourd'hui sur le groupe désigné par l'étiquette d'Idéologues. Si
personne n'est prêt à les qualifier d'opportunistes, les jugements portés sur
eux sont finalement encore plus négatifs. En dénonçant leur
« aveuglement », leur « faiblesse » ou leur « naïveté » face au coup d'Etat du
18 brumaire et au soutien qu'il accorde au nouveau régime, ils apparaissent
comme les victimes quasi consentantes de leur « échec » et de leur
« défaite ». Leur statut de savants éminents, membres de l'Institut national,
s'est progressivement retourné contre eux : si l'on accepte les errances
politiques d'acteurs plus obscurs et si l'on justifie même les menées
machiaveliennes d'un fin stratège politique, on semble moins prêt à
pardonner les « erreurs » et les « songes creux » d'intellectuels dont la
capacité à la pensée semble à la mesure de leur incapacité politique. Ainsi,
pour Alphonse Aulard, l'incurie des intellectuels et leur « velléité à se jeter
dans les bras d'un sauveur », rendent compte de l'établissement du pouvoir
bonapartiste et de sa dérive césariste2. Ces jugements portés sur les
Idéologues sont commandés par un principe d'intelligibilité qui peut
s'énoncer ainsi : dès le 18 brumaire an VIII, il était possible de prévoir
l'évolution du régime consulaire vers un renforcement du pouvoir exécutif
et un abandon progressif de l'idéal républicain. Certes, dès le lendemain du
coup d'Etat et à chaque étape de la mise en place du pouvoir personnel, la
propagande construit un système de légitimation visant à imposer une
lecture téléologique du processus politique, les évolutions successives du
régime étant justifiées comme étant les seules et uniques issues possibles
2. A. Aulard affirme que les « citoyens intelligents, penseurs, hommes d'Etat, orateurs,
manquaient en brumaire an VIII... Il ne subsistait presque aucun citoyen qui n'eût assez de
génie pour éveiller ou interpréter la conscience nationale... » Plus loin, il ajoute : « II restait des
hommes spirituels, instruits, estimables, mais de second ordre... [Si] aucun document ne me
montre que la moralité de la nation eût baissé sous le Directoire, il n'en était pas de même de
son niveau intellectuel. S'il n'y avait plus de mœurs politiques, c'est qu'il n'y avait plus d'esprit
public » (« Les causes du 18 brumaire », La Révolution française, 1894, t. 27, p. 23-24). Les Idéologues et le 18 Brumaire 57
pour sortir des « crises » ou des « blocages3 ». Parce qu'ils n'auraient pas su
- ou n'auraient pas voulu - prévoir cette évolution, les Idéologues auraient
ainsi mérité cette image de « cocus politiques » que leur confère l'Histoire.
Cette interprétation mérite d'être débattue à la lumière des différents projets
politiques qui, à la veille comme aux lendemains du coup d'Etat du 18
brumaire an VIII, ont été en concurrence. Comme l'a rappelé récemment
Alexandre Casanova, aux lendemains immédiats de l'arrivée au pouvoir de
Bonaparte, rien n'est joué et aucun programme politique n'est posé
d'avance4. C'est dans la lutte que se livrent les représentants des différents
pr

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