Les neutrons : l arme anti-invasion pour une défense européenne - article ; n°2 ; vol.46, pg 409-425
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Politique étrangère - Année 1981 - Volume 46 - Numéro 2 - Pages 409-425
Les neutrons : l'arme anti-invasion pour une défense européenne, par Maurice Leman
La vulnérabilité croissante des Etats-Unis aux missiles soviétiques rend problématique la discussion américaine au bénéfice de l'Europe, et la doctrine de la réponse flexible est inadaptée à la défense militaire de notre continent. L'arme à neutrons dont seraient dotées un nombre limité de grandes unités des pays européens membres de l'UEO, rassemblées dans un système de forces intégrées, apporterait à l'Ancien monde la clef de sa sécurité. Cette force nucléaire tactique, appuyée par une armée de missiles de théâtre - ces deux composantes étant couvertes par l'arsenal stratégique de la France - permettrait l'exercice d'une stratégie de dissuasion européenne spécifiquement anti invasion. Ce système compatible avec les possibilités économiques et financières des Etats européens membres de l'UEO pourrait être réalisé avant 1990 si ces derniers prenaient enfin la décision politique de coopérer en matière de défense.
The Neutron Option: the Anti-Invasion Weapon for a European Defence, by Maurice Leman
The growing vulnerability of the United States to the Soviet ICBM puts into question the credibility of the American deterrent for Europe. The flexible response doctrine no longer corresponds to the needs of the military defence of Europe. The neutron weapon possessed by a limited number of European countries members of the Western Union would constitute the key to the security of the Old World. This tactital nuclear force, supported by an army of theater missiles - these two elements being covered by the nuclear arsenal of France -, would provide the base for a European strategy of deterrence specifically aimed at anti-invasion. Such a system, given the economic and financial possibilities of the member States of the Western Union, could be realized before 1990, if they demonstrated the political will to cooperate on defence matters.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Maurice Léman
Les neutrons : l'arme anti-invasion pour une défense
européenne
In: Politique étrangère N°2 - 1981 - 46e année pp. 409-425.
Abstract
The Neutron Option: the Anti-Invasion Weapon for a European Defence, by Maurice Leman
The growing vulnerability of the United States to the Soviet ICBM puts into question the credibility of the American deterrent for
Europe. The flexible response doctrine no longer corresponds to the needs of the military defence of Europe. The neutron
weapon possessed by a limited number of European countries members of the Western Union would constitute the key to the
security of the "Old World". This tactital nuclear force, supported by an army of theater missiles - these two elements being
covered by the nuclear arsenal of France -, would provide the base for a European strategy of deterrence specifically aimed at
anti-invasion. Such a system, given the economic and financial possibilities of the member States of the Western Union, could be
realized before 1990, if they demonstrated the political will to cooperate on defence matters.
Résumé
Les neutrons : l'arme anti-invasion pour une défense européenne, par Maurice Leman
La vulnérabilité croissante des Etats-Unis aux missiles soviétiques rend problématique la discussion américaine au bénéfice de
l'Europe, et la doctrine de la réponse flexible est inadaptée à la défense militaire de notre continent. L'arme à neutrons dont
seraient dotées un nombre limité de grandes unités des pays européens membres de l'UEO, rassemblées dans un système de
forces intégrées, apporterait à l'Ancien monde la clef de sa sécurité. Cette force nucléaire tactique, appuyée par une armée de
missiles de théâtre - ces deux composantes étant couvertes par l'arsenal stratégique de la France - permettrait l'exercice d'une
stratégie de dissuasion européenne spécifiquement anti invasion. Ce système compatible avec les possibilités économiques et
financières des Etats européens membres de l'UEO pourrait être réalisé avant 1990 si ces derniers prenaient enfin la décision
politique de coopérer en matière de défense.
Citer ce document / Cite this document :
Léman Maurice. Les neutrons : l'arme anti-invasion pour une défense européenne. In: Politique étrangère N°2 - 1981 - 46e
année pp. 409-425.
doi : 10.3406/polit.1981.3173
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1981_num_46_2_3173POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 409
LES NEUTRONS :
L'ARME ANTI-INVASION
Maurice LEMAN
pQUR
EUROPÉENNE
Dans un livre paru récemment, intitulé Echec à la guerre l ,
le physicien américain S. Cohen et le colonel (CR) Geneste
définissent une doctrine d'emploi pour l'arme à effets de ra
diation renforcés. Toute concernant cette arme
ne peut que soulever de nombreux problèmes — politiques au pre
mier chef — dont il convient de prendre conscience avant de se lancer
dans la fabrication de la « bombe à neutrons ».
Une arme aux principes et aux effets connus depuis de nombreuses années
II est d'abord utile de rappeler que la « bombe à neutrons » n'est pas
une bombe lancée d'un avion, mais une munition du genre obus d'art
illerie ou de mortier avec ou sans charge additionnelle, ou missile,
destinée à être utilisée contre les forces militaires ennemies du champ
de bataille. Si sa puissance est faible — dix à cent fois moindre —
que la puissance habituelle des armes nucléaires tactiques, ses effets
sont sans commune mesure avec ceux obtenus par l'explosif chimique
utilisé dans les obus d'artillerie classique. Cette puissance, de l'ordre
de la kilotonne, n'est pas dépensée sous forme d'énergie mécanique
ou calorifique mais essentiellement en énergie cinétique communi
quée aux neutrons contenus dans la matière fissile de l'engin.
Ces neutrons libérés en très grand nombre — environ 1,5. 10 242, plus
de un million de milliards de milliards — projetés en gerbe à vitesse
élevée dans toutes les directions, ou focalisés de façon à orienter leurs
* Spécialiste des questions militaires.
1. Editions Copernic, Paris, 1980.
2. Le nombre de 1,5. 10 24 neutrons émis par un engin de 1 Kt résulte d'une étude
théorique sur la « bombe à » de J.B. Margeride parue dans la revue Straté
dé" la loi d'Avogadro à la réaction de gique. Ce nombre correspond à l'application
fusion de 4,8 g de deuterium et de 7,2 g de tritium dégageant une énergie de 10 12 cal =
4,18.1012 j = 2,5.1025 mev. 410 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
effets, ont la propriété de traverser, en ne perdant qu'une faible
proportion de leur énergie, les matériaux métalliques, et de s'att
aquer aux tissus vivants en y causant des lésions irréversibles. La
« bombe à neutrons » est en quelque sorte au char de combat ce qu'une
grenade à fragmentation est au fantassin, à cette nuance près que les
fragments y sont à la fois infiniment petits, infiniment nombreux et
mortels pour l'homme protégé par un blindage, à une distance de plu
sieurs centaines de mètres du point de l'explosion.
A la différence de l'obus classique qui occasionne des dégâts matériels
aux chars de combat et épargne généralement l'équipage, la « bombe
à neutrons » dissocie le binôme char - équipage en mettant les hommes
qui le servent hors de combat. En outre, comme la radioactivité pos
térieure à l'explosion est très brève, la « bombe à neutrons » permet
l'occupation du terrain immédiatement après le tir pour détruire les
chars ennemis intacts... ou éventuellement s'en emparer.
Ainsi, sous réserve que la défense ait acquis la capacité d'acquérir
les objectifs dans la profondeur du dispositif ennemi en situation offen
sive, et à condition d'être en mesure de le livrer rapidement avec
une précision suffisante, il est désormais possible, par l'utilisation
d'un engin d'une puissance de 1 Kt, de neutraliser n'importe quelle
formation blindée située à l'intérieur d'une zone circulaire de 3 km2
de surface. Dans le même temps, les dommages collatéraux causés
aux personnels militaires ou aux populations civiles implantés dans
cette zone seraient très faibles, pourvu qu'ils prennent un certain
nombre de précautions élémentaires. Tout ce qui vit et se déplace à
la surface du sol protégé ou non par un blindage métallique subit les
effets mortels du rayonnement neutronique, tandis que quelques d
izaines de centimètres de terre suffisent à protéger le défenseur immob
ile et enterré. C'est un fait, la « bombe à neutrons », en apportant à
la défensive la puissance de feu spécifique qui lui manquait face aux
forces blindées d'un éventuel agresseur, suggère la nécessité d'élabo
rer de nouveaux concepts d'emploi permettant d'envisager enfin une
défense efficace.
Un mur radioactif efficace, politiquement condamné
Le barrage moderne imaginé par les auteurs de Echec à la guerre est
une sorte de ligne Maginot adaptée à la menace nucléaire, grâce à un
système fortifié, composé de blockhaus suffisamment enterrés et di
spersés pour résister à des coups nucléaires de forte puissance. Il serait
doublé dans la zone d'obstacles érigés dans les intervalles par une
ceinture radioactive qui serait activée automatiquement, par les tirs
nucléaires amis ou ennemis.
Certains condamneront a priori le « mur » imaginé par les auteurs en
l'assimilant à une ligne Maginot nouvelle formule. Un tel procès, s'il
devait être dressé, témoignerait d'une singulière mauvaise foi ou d'une DEFENSE EUROPENNE I 411
méconnaissance totale de l'histoire. Faut-il rappeler que la ligne Magi-
not n'a pas été percée mais débordée par les Panzers de Guderian ?
En vérité, le principal défaut de la ligne Maginot, c'est que Longwy
en marquait les limites au nord. Qu'elle ait été prolongée jusqu'à Dun-
kerque et que l'Etat-Major français ait choisi une autre doctrine d'emp
loi des chars, nous pouvions alors disposer de cinq à six divisions
blindées qui rassemblées en Champagne auraient été en mesure de

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