Les syndicats face à la désétatisation dans l armement - article ; n°3 ; vol.9, pg 147-157
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Politiques et management public - Année 1991 - Volume 9 - Numéro 3 - Pages 147-157
Le régime des monopoles en régie directe était le creuset d'une culture ouvrière d'Etat, telle qu'elle s'est développée dans la Fédération des Travailleurs de l'Etat depuis le début du siècle. Le statut d'Etat était pour eux le garant le plus sûr des droits acquis grâce à l'efficacité de leurs luttes. A vrai dire, ces avantages furent aussi le fruit de négociations parlementaires ou de circonstances politiques favorables. D'où une idéologie défensive très rigide sur le refus de toute compromission avec la liberté de la concurrence, assimilée aux profits illicites, tout particulièrement immoraux dans l'armement.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 11
Langue Français

Extrait

Madame Jeanne Siwek-
Pouydesseau
Les syndicats face à la désétatisation dans l'armement
In: Politiques et management public, vol. 9 n° 3, 1991. La souveraintenté éclatée : les nouveaux cadres de l'action
publique - Actes du Quatrième Colloque International Bruxelles - 1 1/12 octobre 1990 - (Deuxième partie) - Mutation
des espaces : marché, logiques locales, négociation sociale. pp. 147-157.
Résumé
Le régime des monopoles en régie directe était le creuset d'une culture ouvrière d'Etat, telle qu'elle s'est développée dans la
Fédération des Travailleurs de l'Etat depuis le début du siècle. Le statut d'Etat était pour eux le garant le plus sûr des droits
acquis grâce à l'efficacité de leurs "luttes". A vrai dire, ces avantages furent aussi le fruit de négociations parlementaires ou de
circonstances politiques favorables. D'où une idéologie défensive très rigide sur le refus de toute compromission avec la liberté
de la concurrence, assimilée aux profits illicites, tout particulièrement immoraux dans l'armement.
Citer ce document / Cite this document :
Siwek-Pouydesseau Jeanne. Les syndicats face à la désétatisation dans l'armement. In: Politiques et management public, vol.
9 n° 3, 1991. La souveraintenté éclatée : les nouveaux cadres de l'action publique - Actes du Quatrième Colloque International
Bruxelles - 1 1/12 octobre 1990 - (Deuxième partie) - Mutation des espaces : marché, logiques locales, négociation sociale. pp.
147-157.
doi : 10.3406/pomap.1991.3016
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pomap_0758-1726_1991_num_9_3_3016SYNDICATS FACE A LA DESETATISATION LES
DANS L'ARMEMENT
Jeanne SIWEK-POUYDESSEAU*
Résumé Le régime des monopoles en régie directe était le creuset d'une culture
ouvrière d'Etat, telle qu'elle s'est développée dans la Fédération des
Travailleurs de l'Etat depuis le début du siècle. Le statut d'Etat était pour eux
le garant le plus sûr des droits acquis grâce à l'efficacité de leurs "luttes". A
vrai dire, ces avantages furent aussi le fruit de négociations parlementaires
ou de circonstances politiques favorables. D'où une idéologie défensive très
rigide sur le refus de toute compromission avec la liberté de la concurrence,
assimilée aux profits illicites, tout particulièrement immoraux dans l'armement.
* C.N.R.S.
Revue POLITIQUES ET MANAGEMENT PUBLIC, Volume 9, n° 3, septembre 1991.
© Institut de Management Public - 1991. Jeanne SIWEK-POUYDESSEAU 148
Les réactions syndicales aux modifications statutaires de certains
établissements de l'Etat à caractère industriel ou commercial mettent en
lumière la logique syndicale de défense des statuts personnels, qui doivent
être appliqués au plus grand nombre possible, de manière à être défendus
massivement. L'Etat-patron reste ainsi le meilleur garant des droits acquis.
Cette loi d'airain syndicale connaît peu de nuances, même si certains
admettent que l'objectif premier est, malgré tout, que l'établissement ne
disparaisse pas avec corps et biens. En outre, la plupart des syndicats
estiment que l'adaptation des services n'est pas vraiment de leur
compétence. Cependant, la suppression de toute concurrence venant du
privé ou de l'étranger est présentée comme le remède fondamental. Devant
les difficultés concrètes de certains établissements, impossibles à nier, les
propositions constructives des syndicats consistent généralement à
sanctionner la hiérarchie, supprimer les "lourdeurs bureaucratiques" et
augmenter les aides de l'Etat... de manière à conserver les droits des
personnels d'exécution.
Cela confirme, à l'évidence, que la situation des personnels publics des
catégories les plus basses est, tous comptes faits, plutôt plus favorable que
celle des catégories équivalentes du secteur privé -la sécurité de l'emploi
venant en premier-. Il n'en est pas de même pour les catégories supérieures
qui sont très désavantagées dans le système des fonctions publiques ; d'où
une fuite des meilleurs cerveaux, qui accroît souvent les difficultés
d'adaptation des établissements.
Quoi qu'il en soit, l'efficacité de la défense syndicale est certaine puisque,
lors des désétatisations, les personnels ouvriers ont généralement pu
conserver leur statut antérieur. La transformation de régies en sociétés
nationales, ainsi la Société Nationale des Poudres et Explosifs en 1971 et le
Groupement Industriel des Armements Terrestres en 1 990, illustre ce propos.
Le contexte La condition des ouvriers de l'Armement a toujours fait l'objet de
historique revendications nombreuses de la part des personnels, mais aussi de
contestations venant de l'extérieur sur des avantages jugés exorbitants.
Les syndicats ouvriers des divers établissements militaires (artillerie,
poudreries, arsenaux...) ont été créés à la fin du XIXème siècle, dans le cadre
de la C.G.T., et ont adhéré, en 1902, à la puissante Union Fédérative des
Travailleurs de l'Etat, qui groupait également les fédérations des Tabacs et
Allumettes ainsi que les ouvriers des manufactures de l'Etat.
La situation des personnels du Service des Poudres, en grande partie des
femmes, avait été fixée par un décret de 1897 ; on y distinguait les agents
commissionnés (c'est-à-dire quasiment titulaires), les auxiliaires et les
journaliers. Comme dans les arsenaux de la Marine, la réglementation des
conditions de travail était précise avec, en quelque sorte pour référence, les
avantages acquis des militaires qui obtinrent, bien avant tous les autres
employés de l'Etat, un statut en 1844. Les syndicats face à la désétatisation dans l'armement 149
Pendant la Première Guerre Mondiale, les personnels de l'Armement
bénéficièrent d'une législation sociale très favorable et, en 1919, leurs
salaires furent établis par des bordereaux régionaux, en fonction des salaires
locaux du privé. De nombreux anciens combattants et victimes de guerre
furent alors embauchés, ce qui ne favorisa pas un rendement déjà critiqué
avant la guerre.
A partir de 1930, il y eut des réductions d'effectifs parmi les personnels
temporaires mais, en 1936, la titularisation devint possible pour les agents
permanents ayant 15 ans d'ancienneté. Au début des années 1930, les
salaires des ouvriers non professionnels et des ouvrières étaient
sensiblement égaux ou supérieurs à ceux de l'industrie privée, qui avaient
beaucoup baissé avec la crise ; en revanche ils demeuraient inférieurs pour
les ouvriers professionnels de l'armement. Les syndicats réclamaient
l'unification des salaires pour l'ensemble des établissements de l'Etat, la
retraite à 55 ans pour ies hommes et 50 ans pour les femmes.
Au sein de la Fédération des Travailleurs de l'Etat, tous les ouvriers
s'épaulaient vigoureusement pour obtenir des garanties concernant l'emploi,
la maladie et les retraites, de plus en plus précisément codifiées et générales
dans l'ensemble des établissements. Pour les syndicats fédérés, la
généralisation à tous des avantages obtenus par certains était une stratégie
constante, qui leur permettait d'asseoir leur emprise et, éventuellement, de
lancer des mouvements d'autant plus efficaces que les troupes étaient plus
nombreuses. Ils étaient d'ailleurs associés à tous les autres agents des
Services Publics (fonctionnaires de l'Etat, des collectivités locales et des
hôpitaux, cheminots, gaziers et électriciens...) dans le Cartel des Services
Publics, qui savait se faire entendre du Parlement et du Gouvernement,
surtout en matière de traitements 1.
Entre les deux guerres, l'inefficacité de l'étatisme industriel ne cessa d'être
dénoncée à droite, alors que les socialistes et syndicalistes prônaient le
système de la nationalisation industrialisée tripartite. En 1924, les cartels
C.G.T. et C.G.T.U. des Services Publics s'élevèrent violemment contre la
privatisation des Tabacs et Allumettes, et obtinrent gain de cause. En 1936,
les seules nationalisations effectuées concernèrent l'Armement, et plu

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