Les temps vécus et leurs entrecroisements dans le cours de la vie quotidienne - article ; n°39 ; vol.10, pg 17-38
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Description

Politix - Année 1997 - Volume 10 - Numéro 39 - Pages 17-38
«The Actual Times and their Interlacing in the Course of Everyday Life».
Thomas Luckmann [17-38].
From the question of the meaning of the historical time, the author propose a comprehensive theoretical reflexion on the different modes of temporality, which interlace in the everyday life structuration. The typology of temporalities that he presents (inner rhythm, intersubjective time, biographical time, time objectived in categories, historical time) draws the frame of a phenomenological sociology of time. This construction offers new outlooks on the exploration of the common sense of history, for the historical time, as inserted in the more generai scope of the struturation of identities, find there an original and rigourous reformulation.
«Les temps vécus et leurs entrecroisements dans le cours de la vie quotidienne».
Thomas Luckmann [17-38].
À partir d'une interrogation sur la signification du temps historique, l'auteur propose une réflexion théorique d'ensemble sur les différents modes de temporalité qui s'entrecroisent dans la structuration de la vie quotidienne. La typologie des temporalités qu'il propose (rythme intérieur, temps intersubjectif, temps biographique, temps objectivé en catégories, temps historique) dessine le cadre d'une sociologie phénoménologique du temps. Cette construction ouvre de nouvelles perspectives dans l'exploration de la question du sens ordinaire de l'histoire car le temps historique, inséré dans le cadre plus englobant de la structuration des identités, y trouve une reformulation originale et rigoureuse.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Thomas Luckmann
Les temps vécus et leurs entrecroisements dans le cours de la
vie quotidienne
In: Politix. Vol. 10, N°39. Troisième trimestre 1997. pp. 17-38.
Abstract
«The Actual Times and their Interlacing in the Course of Everyday Life».
Thomas Luckmann [17-38].
From the question of the meaning of the historical time, the author propose a comprehensive theoretical reflexion on the different
modes of temporality, which interlace in the everyday life structuration. The typology of temporalities that he presents (inner
rhythm, intersubjective time, biographical time, time objectived in categories, historical time) draws the frame of a
phenomenological sociology of time. This construction offers new outlooks on the exploration of the common sense of history, for
the historical time, as inserted in the more generai scope of the struturation of identities, find there an original and rigourous
reformulation.
Résumé
«Les temps vécus et leurs entrecroisements dans le cours de la vie quotidienne».
Thomas Luckmann [17-38].
À partir d'une interrogation sur la signification du temps historique, l'auteur propose une réflexion théorique d'ensemble sur les
différents modes de temporalité qui s'entrecroisent dans la structuration de la vie quotidienne. La typologie des temporalités qu'il
propose (rythme intérieur, temps intersubjectif, temps biographique, temps objectivé en catégories, temps historique) dessine le
cadre d'une sociologie phénoménologique du temps. Cette construction ouvre de nouvelles perspectives dans l'exploration de la
question du sens ordinaire de l'histoire car le temps historique, inséré dans le cadre plus englobant de la structuration des
identités, y trouve une reformulation originale et rigoureuse.
Citer ce document / Cite this document :
Luckmann Thomas. Les temps vécus et leurs entrecroisements dans le cours de la vie quotidienne. In: Politix. Vol. 10, N°39.
Troisième trimestre 1997. pp. 17-38.
doi : 10.3406/polix.1997.1682
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_1997_num_10_39_1682Les temps vécus
et leurs entrecroisements
dans le cours de la vie quotidienne
Thomas Luckmann
Université de Konstanz
IL N'EST PAS RARE que certaines manières de penser non
interrogées, tenues pour autant d'évidences, demeurent longtemps
à l'arrière-plan des recherches scientifiques. Quand, pour diverses
raisons, elles sont mises au jour, par exemple lors d'un changement de
paradigme dans telle ou telle discipline scientifique, elles s'imposent à
l'attention et perdent, du même coup, leur caractère d'évidence. À y
regarder de plus près, il apparaît la plupart du temps que, lorsqu'elles
sont questionnées, ces évidences ne sont ni totalement dénuées de sens,
ni bien sûr totalement recevables. Elles conservent souvent un noyau
auquel on peut continuer à se référer, bien qu'il n'ait guère plus de
consistance qu'une tautologie. La force expressive qui se dégage de ce
noyau n'est souvent pas examinée plus avant. Lorsque ce qui fut la
prémisse d'une interrogation concrète est, elle-même, concrètement
problématisée, elle perd son pouvoir heuristique spontané, produisant
d'autres évidences d'arrière-plan.
Le temps historique est-il une exception historique ?
Un observateur extérieur ne s'étonnera pas de découvrir de nombreuses
quasi-tautologies à l'arrière-plan des interrogations concrètes de la
science historique. Pour un non historien, il semble qu'une de ces
évidences consiste depuis toujours à concevoir implicitement l'Histoire et
la conscience historique dans une relation de constitution réciproque. À
Cet article est la traduction par Danny Trom (avec l'aide de Pascale Laborier et Jean-
Philippe Heurtin) de «Gelebte Zeiten - Und deren Überschneidungen im Tages- und
Lebenslauf», in Koselleck (R.), Herzog (R.), Epochenschwelle und Epochenbewußtsein,
Poetik und Hermeneutik XII, München, Wilhem Fink, 1987, p. 283-303. De manière
classique, Erfahrung a été traduit par «l'expérience» et Erlebnis par «le vécu» ou
«l'expérience vécue». Lebenswelt est souvent traduit par «monde vécu» ; la traduction plus
littérale «monde de la vie» sera ici préférée car elle permet d'éviter toute interprétation
psycho logisante de la notion (Cf. Pharo (P.), «Les fondements phénoménologiques de la
sociologie comprehensive», dans Le sens de l'action et la compréhension d'autrui, Paris,
L'Harmattan, 1993).
Politix, n°39, 1997, pages 17 à 38 17 Se référer au passé
coup sûr, si l'on cherche à expliciter l'affirmation selon laquelle l'Histoire
se «fait» avec la conscience d'agir dans l'Histoire, celle-ci n'apparaît plus
aussi évidente. On pourra tenter d'opposer à cette quasi-tautologie
qu'en effet chaque histoire est une histoire d'actions, un récit d'actions,
et que l'agir n'est pas seulement «conscient», mais consciemment et
signifïcativement orienté vers une fin. On n'agit pas aveuglément en
direction d'un but. On sait - parfois confusément - à quels résultats les
actions passées, les nôtres et celles des autres, ont abouti ; on a
entendu des histoires à leur propos, on les a raconté nous-mêmes. En ce
sens très général, tout agir est donc «historiquement conscient» et
chaque «histoire» s'origine bien dans un agir historique conscient.
Assurément, cela ne signifie pas plus que l'agir possède une structure
de sens temporelle spécifique, et que l'on peut reconstruire les
structures temporelles originelles, typiques et particulières, des
conséquences de l'agir.
Si l'«Histoire» était cela, et si la «conscience historique» était cela, alors
elles appartiendraient toutes deux à cette manière d'être humain, qui
lie dans l'action le souvenir et le projet. En revanche, si l'«Histoire» n'est
«faite» qu'en pleine conscience, et n'émerge que dans ce cas, elle ne
concerne alors plus que certaines sociétés, et encore depuis une courte
période. Car, dans cette hypothèse, l'agir, conscient (dans le souvenir et
le projet) des conséquences voulues ou non voulues, ne suffit plus. En
effet, sont alors requises des constructions du sens autrement plus
complexes, dépassant les actions singulières et la vie d'un seul individu.
L'«Histoire» elle-même apparaîtrait alors comme une construction
historique requérant plus ou moins des constructeurs professionnels.
Ainsi, seules les sociétés dotées de scribes de l'histoire, d'experts
dispensant du sens (et du non-sens) aux configurations d'actions dans
le temps social, auraient de l'«Histoire». Dans la même mesure, la
«conscience historique» serait non quelque chose que l'on a, mais
quelque chose que l'on doit apprendre et acquérir, l'une des choses les
plus tardivement acquises par l'espèce humaine.
La formulation rudimentaire selon laquelle seules les sociétés qui
écrivent l'histoire ont une Histoire ne trouve aujourd'hui plus guère
d'écho, pour la bonne et simple raison que l'on a découvert les
différentes historiographies orales des sociétés sans écriture. Pour
autant, cette formulation n'est pas complètement dénuée de sens ; elle
en a plus, en tout cas, que celle qui supposerait, par exemple, qu'il
n'existe d'«Économie» que dans les sociétés qui peuvent produire des
économistes, voire des ministres de l'économie. Car le lien systématique
entre action, sens de l'action et représentation de l'action (les
reconstructions fabulatrices, légitimantes, etc.) et le sens de ce lien, est,
dans le cas de l'«Histoire», beaucoup plus serré que dans le cas de
l'«Economie». Dans le cas de l'Histoire, en effet, l'agir seul ne suffit pas :
on doit pouvoir aussi raconter cet agir, raconter des histoires qui aient
une forme de cohérence. L'expression «une forme de» dissimule bien
18 Thomas Luckmann
entendu les véritables problèmes. Car, «fabriquer des histoires» et
«raconter des histoires» d'une part, et «faire l'Histoire» et «raconter
l'Histoire», d'autre part, peuvent recevoir des significations différentes.
La question peut être

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