Médias et construction de la paix au Sud-Kivu
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MEDIAS ET CONSTRUCTION DE LA PAIX AU SUD-KIVU: Mise en évidence des pratiques des acteurs. Par: AKSANTI CIRHIBUKA Dieu Merci Assistant à la Faculté des Sciences Sociales, Politiques et Administratives Département de Sociologie à l’Université Officielle de Bukavu O. INTRODUCTION Cette étude traite de la contribution des médias à la transformation des conflits vers une construction de la paix .Il s’agit d’une étude analytique et évaluative du rôle des médias en périodes de conflits au Sud-Kivu et ce, en mettant en exergue les pratiques des professionnels de médias. Des années durant, les conflits et diverses violences qui ravagent le monde ont retenu l’attention des spécialistes en communication, des diplomates, des négociateurs, des pacifistes et de bien d’autres scientifiques de divers horizons. Ceux-ci ont étudié le phénomène de conflit et ont même développé une compréhension sophistiquée de sa nature, ses manifestations et ses conséquences ; d’où l’existence d’une littérature féconde y afférente. Ainsi : Ross Howard(2004) note que la mission des journalistes professionnels n’est pas de réduire les conflits.

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Publié le 03 juin 2013
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                MEDIAS ET CONSTRUCTION DE LA PAIX AU SUD-KIVU:                    Mise en évidence des pratiques des acteurs.  Par:AKSANTI CIRHIBUKA Dieu Merci Assistant à la Faculté des Sciences Sociales, Politiques et AdministrativesDépartement de Sociologie à l’Université Officielle de Bukavu    
O. INTRODUCTION Cette étude traite de la contribution des médias à la transformation desconflits vers une construction de la paix .Il s’agit d’une étude analytique et évaluative du rôledes médias en périodes de conflits au Sud-Kivu et ce, en mettant en exergue les pratiques desprofessionnels de médias. Des années durant, les conflits et diverses violences qui ravagent lemonde ont retenu l’attention des spécialistes en communication, des diplomates, desnégociateurs, des pacifistes et de bien d’autres scientifiques de divers horizons. Ceux-ci ontétudié le phénomène de conflit et ont même développé une compréhension sophistiquée de sanature, ses manifestations et ses conséquences ; d’où l’existence d’une littérature féconde yafférente. Ainsi :                               Ross Howard(2004) note que la mission des journalistes professionnelsn’est pas de réduire les conflits. Leur mission est plutôt de diffuser des informations exactes etimpartiales mais toutefois, poursuit-il qu’une bonne pratique du journalisme peut mener à laréduction d’un conflit. L’auteur souligne en outre que quand un conflit violent menace unesociété, le journaliste fait face à des difficultés plus grandes car les protagonistes s’efforcentobstinément de contrôler les médias ; d’où l’information peut être fiable, dénaturée et mêmecensurée. Pour cet auteur, fournir des informations fiables au public en périodes de conflitsexige des compétences journalistiques complémentaires comme la maitrise de la genèse d’unconflit et son développement.                           Francis Rolt et Ross Howard(2005) font remarquer que la plupartd’évolutions qui surviennent dans une société s’accompagnent d’interrogations et des débatssur les mérites du changement. Selon ces auteurs, le désaccord en soi n’est pas une mauvaisechose ; mais lorsque les points de vue des partisans du changement et de ses opposantsdivergent à un point tel que l’un de deux camps tente de s’imposer ou de résister par laviolence, alors le conflit devient un problème. Ce qui importe le plus, c’est la manière dont ceconflit est géré. Ces auteurs soutiennent que la responsabilité des médias est déterminantelorsqu’en analysant un conflit, les journalistes professionnels arrivent à obtenir desprotagonistes une bonne manière de gérer ce conflit et ce ; en poussant, en incitant les partiesau conflit à développer une approche commune concernant le rythme et l’ampleur duchangement auxquels conduiraient le conflit.
 
 
                          Institut Panos Paris et Médias pour la Paix(2002) montrent que larecherche de la paix par la transformation des conflits n’est pas seulement une affaired’hommes politiques ou de la société civile. C’est une arène d’actions collectives ouprofessionnels des médias et autres intervenants dans les médias doivent de concert conjuguerdes efforts et ce, en passant par l’autocensure, l’exactitude et l’impartialité dans ce qu’ilsdiffusent au quotidien dans leurs organes de presse.                        Eckhart Tolle (2001) révèle que dans une communauté humaine quelconque,les problèmes de réconciliation ne peuvent être résolus de façon durable que par une actioncollective longuement préparée par une masse critique composée des groupes ayant comprisque la porte de sortie du marasme se trouve à l’intérieur de chacune des forces en présence.Pour lui, l’homme est un nœud de relations et que la communication est un processusd’évolution intérieure, un changement de regard qui change et affecte les valeurs, lescroyances, les perceptions des uns et des autres vers une approche commune decollaboration. Ceci, selon l’auteur, nécessite toujours des espaces publics médiateurs etréparateurs que sont les médias en vue de rapprocher et partager l’expression de tous lesmembres de communauté. Depuis toujours, l’information, sa diffusion, sa rétention et sa manipulationont constitué des armes puissantes en périodes de conflits. L’apparition des médias de masse adécuplé ces potentiels en rendant possibles de vastes opérations de propagandes etd’embrigadement des esprits. A l’inverse ,elle a aussi permis de renforcer les mécanismesdémocratiques en éveillant les consciences citoyennes, en développant les capacités depression de la population sur ses dirigeants, en permettant le contrôle critique de la gestion dela chose publique et en facilitant la circulation et l’accès à l’information pour tous. Les médiassont des armes à double tranchant : particulièrement dans les sociétés en mutations,déstabilisées par des conflits ou traversées par des processus de libéralisation politique, ilspeuvent être des instruments de stratégies destructrices, ou, au contraire constructrices.L’histoire fournit pléthore d’exemples où des journalistes ont pu, retranchés derrière leurmicro ou leur plume, appeler à la haine, susciter des mouvements de foule violents, manipulervolontairement l’information pour servir de stratégie de guerre, promouvoir des réflexes nondémocratiques ou encrer, de manière plus ou moins consciente et perverse, des scissionsprofondes au sein d’une société(Mathien,2001). A contrario, il est aussi arrivé que des professionnels de l’information contribuentà consolider les ébauches de démocratie, à restaurer la paix dans les régions troublées, àinstaurer le respect et le dialogue entre les forces en présence, changeant les « belligérants »d’hier en interlocuteurs dans un processus de conciliation. Ce faisant, dans les pays en crises,la capacité des médias à aggraver les tensions ou à les apaiser reste donc indéniable. Au Sud-Kivu cependant, où les conflits enveniment les relations entre communautés,il s’observe depuis une décennie un foisonnement des médias souvent taxés aux yeux des unset des autres de propagandistes et/ou d’agitateurs. Ce qui a valu à certains médias des actes desabotage, de confiscation du matériel et même de fermeture temporelle (interdiction dediffusion pour une durée déterminée). Cela étant, sur une dizaine de médias dont trois chaines
 
 
de télévision et douze chaines de radios, avec quatre journaux (presse écrite), seules les radiosMaendeleo, Sauti ya rehema, Iriba FM , la RTNC et la radio Okapi, ont pu intégrer dansleurs grilles respectives de programmes des émissions et tribunes traitant des questions depaix, cohabitation et réconciliation entre communautés jadis rivales alors que d’autres médiasne se sont que prévalus et contentés des microprogrammes produits par le Search forCommon Ground via le Centre Lokolé. Ainsi, partant de ces faits empiriques, il sied de dégager lesinterrogations suivantes :-Quel est le rôle des médias pour l’érection de l’édifice de la paix au Sud-Kivu ?- Quels sont les facteurs limitant ce rôle ? Au vu de la problématique ci-haut dégagée, nous partons desconsidérations suivantes en guise d’hypothèses :-Ce rôle est déterminant en ce qu’il consiste à rapprocher les parties en conflit à se parler enface à partir des tribunes qui servent d’exutoire salutaire aux émotions et perceptionserronées des protagonistes en vue de trouver un consensus.-Ce rôle est entravé et /ou limité par la politisation des entreprises de presse et de leurspréposés, la restriction et le bâillonnement de la liberté de presse ainsi que l’amateurisme deshommes de médias.   Cette étude souscrit au structuro fonctionnalisme répondant au protocoledescriptif suivant : La fonction d’adaptation du système d’action aux conditions globales de sonenvironnement physique. C’est donc la recherche de l’équilibre des ressources disponiblespour assurer la survie de l’ensemble social et ses parties constitutives. Ainsi, traitant desquestions spécifiques de la vie des populations meurtries par les effets néfastes des conflits,les médias peuvent arriver à obtenir des protagonistes la définition des conditions optimalespour une paix durable comme la répartition équitable des ressources entre communautés pouréviter des frictions et mécontentements des uns et des autres ; ce qui assurera la survie de toutl’ensemble et la préservation de la paix sociale. La fonction de réalisation des fins collectives qui est la définition des objectifs que lasociété se fixe pour elle-même et pour ses parties constitutives. A travers la libertéd’expression accordée à tout le monde dans les médias, les parties au conflit peuvent arriver às’inscrire dans la dynamique de recherche de la paix et la cohabitation pacifique. La fonction d’intégration interne au système d’action qui organise la contribution dechaque partie (individus ou groupes) pour la bonne marche de la société. C’est la recherche dela stabilité sociale par la transmission des modèles culturels, mêmes valeurs à travers lasocialisation. Celle-ci est opérationnelle lorsque la compréhension des tâches et des
 
 
responsabilités dévolues à chacune des composantes (parties au conflit) est rendue possiblegrâce à la redéfinition commune du conflit en proposant des nouvelles alternatives possibles. La fonction de maintien des modèles de contrôle assurant la stabilité normative (modèlesculturels) ; c’est-à-dire les valeurs, systèmes symboliques partagés entre les membres de lacommunauté. Ainsi, les médias avec comme fonctions régaliennes d’informer, d’éduquer etde divertir la population contribuent à la pérennisation des normes sociales en ce sens qu’endéveloppant et diffusant des programmes éducatifs, la population serait mobilisée en vued’adopter un comportement conséquent au regard des défis à relever pour l’intérêt de lacommunauté.  Outre cette méthode, nous avons également mobilisé la théorie de l’AgirCommunicationnel deJürgen Habermas afin de déceler comment à travers une activitéconfrontant arguments et contre-arguments dans un espace public de communication que lesquestions de portée pratique trouvent des réponses capables de prétendre à une forme devérité.I. GENERALITES.I.1. Précisions théorico-conceptuellesA .MédiasC’est un support de diffusion de l’information tel que la radio, la télévision, la presseécrite(les journaux, les magazines, etc.). Il s’agit ici des instruments et techniques de diffusionau-delà de ceux qui sont à l’usage courant du bas-peuple. A la notion des médias, s’ajouteégalement le concept de « mass-médias » qui sont de technique de diffusion collective secaractérisant par la périodicité de l’information, la rapidité, l’instantanéité, l’ubiquité etl’inaltérabilité du contenu de l’information(Warrenet al, 1989,p441).B. PaixC’est un concept polysémique selon qu’il s’agit des paixologues, des pacifistes, desdiplomates, des théologiens, etc. Dans le cadre de cette étude, nous considérons lacompréhension typologique deRaymond Aron (1962, pp159 -167). Pour cet auteur, la paixse présente sous sept formes dont la paix d’équilibre, la paix d’hégémonie, la paix de terreur,la paix impériale, la paix de puissance, la paix d’impuissance et la paix de satisfaction. -la paix d’équilibre : elle est caractérisée par le fait que les différentes forces en présences’équilibrent ; c’est-à-dire qu’une des forces en présence ne s’impose sur l’autre. -la paix hégémonique : elle est caractéristique du fait que les forces en présence sont endéséquilibre ; c’est dans ce sens que certaines d’elles par le jeu d’alliances, dominent lesautres. -la paix impériale : il s’agit du fait que l’une des forces domine l’autre.
 
 
 -la paix de terreur : elle se caractérise par le fait que chacune des forces en présencedétient une capacité de porter des coups mortels à l’autre ; il en résulte le fait que chacune desforces en présence se tient tranquille en ne cherchant pas à provoquer l’autre. -la paix de puissance : c’est la capacité d’une des forces en présence d’imposer à l’autre savolonté par l’usage de la force ou de la menace. -la paix d’impuissance : elle se caractérise par le fait que l’une des forces en présence sesoumet à la volonté de l’autre considérée comme puissante qu’elle. -la paix de satisfaction : c’est le fait que chacune des forces en présence est satisfaite dustatu quo établie.Néanmoins, Raymond Aron note que la paix et la guerre (conflit) fonctionnent comme deuxphénomènes intimement liés comme l’endroit et l’envers d’une pièce d’étoffe ; d’où, lesmêmes acteurs de la guerre peuvent être en même temps artisans de la paix.C. ConflitCe concept a deux racines à en croireMadeleine Grawitz (1990, p56) :« Confligere » signifiant se heurter, opposition d’intérêts entre deux Etats dont la résolutionpeut être soit par des mesures de violences (représailles, guerres) , soit des négociations, soitpar l’intervention d’une tierce puissance ou de l’ONU(arbitrage, médiation), soit enfin parl’appel à un tribunal international.« Conflictus » qui signifie opposition ou affrontement plus ou moins aigu ou violent entredeux ou plusieurs parties.Au sens figuré, « conflit » signifie lutte des sentiments contraires ; antagonismes.On parlera ainsi de conflit d’intérêts, de devoir ; problème moral posé par un acte qui est exigépar certaines lois, mais reprouvé par d’autres. Dans ce même prolongement, le dictionnaire Encarta (2003, pp6-8) propose trois orientations : la première sous-entend les oppositionset/ou les antagonismes entre personnes ou entre générations. La seconde quant à elle, traduitune lutte armée entre deux ou plusieurs Etats. Enfin, la troisième qui est du domainepsychologique et psychanalytique explique la présence simultanée des motivationsinconciliables et contradictoires entre acteurs (individuels ou collectifs) aux intérêtsmomentanément incompatibles à la possession ou à la gestion des biens rares matériels ousymboliques.  Au demeurant, les conflits sociaux (toutes rivalités confondues, déclarées à enjeuxpolitiques, économiques ou sociaux, d’intensité et de violence variables) ne sont pas desconséquences nécessaires des conditions objectives qui les engendrent: ils n’apparaissent quedans la mesure ou l’un des partenaires veut imposer sa volonté contre la résistance de l’autre.Les marxistes inscrivent même le conflit dans la nature sociale et soutiennent essentiellementque la contradiction entre rapports socio-historiques conduirait inéluctablement auxrévolutions transformatrices de l’organisation économique, politique et sociale (R .Boudon,2003, p46). Dans l’œuvre de Marx, Ralf Dahrendorf (2008, p14) relève quelques
 
 
contributions fondamentales à la sociologie des conflits laquelle sous-tend avec la sociologiede la communication cette étude. L’on peut citer : -La permanence des conflits dans toutes les sociétés car les conflitsaccompagnent toujours la vie. Tout ce qui vit connait sans arrêt des états de conflit ; lasociété, réalité animée par des êtres vivants, n’échappe pas à cette règle. -Les conflits sociaux étant des conflits d’intérêts, opposent nécessairement deuxgroupes et deux seulement car, dans la société, tout conflit d’intérêt se ramène en définitive àune opposition entre ceux qui ont intérêt à ce que se maintienne et se perpétue une situationdont ils bénéficient, ceux qui ont intérêt ou croient avoir intérêt à ce que la situation change. Emile Durkheim voit dans les conflits un effet pathologique d’unaffaiblissement de la solidarité sociale lorsque l’anomie ; consécutive aux crises duchangement social remplace la coopération par la concurrence faute des règles collectivess’imposant aux acteurs. Ce mode général d’analyse montre que l’ordre social résulte d’uneinstitutionnalisation des normes et des valeurs propres à prévenir les conflits toujours latents,et les divergences ou oppositions d’interprétations par les acteurs. (R. Boudon, idem) En somme, la notion de conflit traduit une situation de non satisfaction ou un jeud’intérêts non satisfaits entre acteurs ou entre classes sociales. C’est pourquoi l’on noteraque la conception marxiste s’appuie sur le jeu d’intérêts entre classes sociales comme basedes conflits. Ainsi, les marxistes soutiennent même que les conflits sont une clé pour unesociété de justice et d’équité voire un moteur de développement social. I.2 Survol de l’espace médiatique du Sud-Kivu.  A. Typologie des médias.               Dans le domaine de la communication, il n’y avait que l’Etat qui décidait de ceque le peuple pouvait écouter, lire et voir. Maintenant, avec l’avènement de la libéralisationdes ondes, l’on retrouve des nouveaux acteurs, la presse indépendante et, dans une moindreéchelle les radios communautaires. D’une manière générale, Francis Balle(1992) distingue trois familles demédias .La première famille est celle des médias autonomes. Il s’agit des supportsmédiatiques qui n’ont besoin d’aucun raccordement à un réseau quelconque: le livre, le livre,le journal, le disque, etc. La deuxième famille regroupe les médias de diffusion. Ilsfonctionnent grâce à des émetteurs et autres relais qui font rayonner les ondes hertziennesporteuses du message à sens unique. Enfin, la troisième famille est celle qui rassemble lesmédias de communication. Il s’agit des moyens de communication à distance et à double sensà travers lesquels nait une relation : relation entre deux individus ou deux groupes, etc. Au Sud-Kivu comme partout ailleurs en RDC, une typologie particulière estde mise :a. Médias publics : Comme dit supra, historiquement les moyens de communicationaudio visuels appartenaient à l’Etat. Leur mission principale consistait d’abord à
 
 
relayer, promouvoir et défendre la politique des régimes en place. On ne parlait que de« médias publics » ou de radiotélévision de l’Etat (Marthoz et al, 2005, p37).Progressivement, chaque conquête d’espace de liberté s’accompagnait d’une remise encause de ce monopole de l’Etat. C’est ainsi que l’instauration d’un régimedémocratique de type libéral traduite par la reconnaissance de l’initiative privée enmatière de l’audio visuel laisse apparaitre à coté du secteur public, un secteur privé.De plu, on verra que les médias dits « publics » à savoir la Radiotélévision NationaleCongolaise, l’Agence Congolaise de Presse et très récemment Télé 50(télévision ducinquantenaire), sont guidés dans une large mesure, par des politiques officielles quine sont orientées que par des intérêts des gouvernants de l’heure. b. Médias privés : C’est vers les années 1990 avec l’av=nement de la libéralisation desondes dans l’espace médiatique congolais que la RDC toute entière et le Sud-Kivu enparticulier ont connu une floraison des médias audiovisuels et la presse écrite, tous duressort de l’initiative privée ;cela dans l’objectif de colmater les brèches du déficitcommunicationnel et de la désinformation résultant des dérives notoires danslesquelles excellaient les médias publics. Ainsi au Sud-Kivu, du coté de la RTNC etde l’ACP, apparaitront les radios Maendeleo, Kahuzi, Sauti ya Rehema, Maria EstCongo, Neno la Uzima et un peu plus tard les chaines de radiotélévision RTVGL,Vision Shala, Star, Vovolib FM, Iriba FM, Radio Universitaire/ISDR et les journauxcomme Le Souverain, Syfia Grands-Lacs, Kivu Safari, Médiastours, La voix de lajeunesse du Kivu, etc.(Rateco,2008).Cependant dans la catégorie de médias privés l’on retrouve :1. Les médias privés commerciaux : Ici, l’introduction des formes commerciales deradiodiffusion n’a pas fondamentalement changé la situation puisqu’elles sont restéesdans leur grande majorité, urbaines et à caractère lucratif appartenant à des couchessociales financièrement aisées. Dans le contexte particulier de Bukavu à titreillustratif, les médias commerciaux à l’instar de la radio Star sont, quant à eux,conduits par l’intérêt commercial qui décide de leur survie dans un environnementéconomique très affaibli.2. Les médias privés confessionnels : Ce sont des médias qui répondent à des directivesinhérentes à la philosophie et à l’idéologie de leurs églises respectives dont ellesdépendent financièrement. Dans le cas de figure, on retrouve les radios Maria EstCongo de l’Archidiocèse Catholique de Bukavu, Neno la Uzima et Sauti ya Rehemadu ressort protestant.3. Les médias communautaires et/ou associatifs : Ceux-ci sont une émanation de ladynamique participative dans le monde communicationnel; dynamique qui semble êtrela vision du futur en vue de donner « la voix aux sans voix ». Ces médias à l’exempledes radios Maendeleo, Iriba FM, fonctionnent sur base des principes de service à lacommunauté dans une perspective trilogique informer-communiquer et développer.             B. La propriété des médias et le facteur culturel
 
 
 Si l’on admet le fait que la communication n’est pas seulement unprocessus unidirectionnel ou même dialogique entre les « informations riches » et les« informations pauvres » (même au niveau national), mais une combinaison des modes quivont des moyens de communication traditionnels aux nouvelles technologies de l’informationet de la communication, on ne peut qu’accepter le facteur culturel comme un élément centraldans la démocratisation de la communication. Ainsi, réflexions et débats sur les moyens decommunication sont depuis des lustres centrés sur la réelle capacité des entreprisesmédiatiques à jouer un rôle déterminant dans la démocratisation des sociétés et la mobilisationcommunautaire participative, à la mise en évidence de l’identité nationale et culturelle ainsiqu’à la promotion effective de l’expression et du dialogue créatif.(Schudson,1997,p14). Eu égard au fait que les gouvernements fonctionnent sur base desprincipes de l’unité nationale, on constate qu’ils ne peuvent pas reconnaitre facilement ladiversité culturelle. Partout, on ne peut laisser de coté ce fait, notamment dans un pays qui vitdes conflits permanents. Dans ce cas, la fonction de l’Etat deviendrait incompatible avec lesréalités vécues par la population. Il ya là une diversité réelle, car les conflits entrecommunautés sont souvent le résultat de leur diversité et de leur lutte pour des espaces qu’ilsconsidèrent vitaux. Qui plus est, partant du principe que les fréquences sont un bien de laNation, et par conséquent elles doivent être distribuées en tenant compte de l’intérêt général,il est évident que l’attribution de la propriété et des moyens doivent également évoluer. Ainsi,les formes traditionnelles de propriété sont donc mises en cause, et cela a des implicationsmajeures en ce qui concerne le traitement de l’information et la maitrise de la communicationdans le processus de la construction de la paix.II.VERS UNE CONSTRUCTION DE LA PAIX AU SUD-KIVU Institut Panos Paris et Médias pour la Paix estiment que les médias de parleurs fonctions régaliennes, ne doivent et ne peuvent exister en autarcie et œuvrer enpropagandistes ; ils doivent plutôt être porteurs de l’opinion publique (IPP et MPP, op cit).Ceci étant, on peut penser que les médias ne travaillent pas en vase clos et le contexte social,politique et économique dans lequel ils évoluent est déterminant pour leurs actions en faveurde la paix et du développement. Il est déterminant par ce que nécessaire dans l’établissementdu dialogue social ; donc dans la création des synergies et l’agrégation des énergies pour latransformation des conflits. Ainsi, diffuser seulement les faits bruts d’un conflit violent, lescomprendrons seulement le conflit en ces termes ; mais si les acteurs médiatiques cherchentdes informations allant au- delà des faits bruts et présentent plus d’informations aux citoyenset même aux parties en conflit, y compris des solutions possibles, ceux-ci peuvent alors voir leconflit en des termes différents ; cela par le fait que les professionnels des médias doivent etsont tenus à montrer comment le conflit a affecté la vie des gens ordinaires pour obtenir ainsileurs avis sur le conflit : les professionnels de médias devront alors faire des reportages sur lesnouvelles tentatives déployées pour mettre fin au conflit au conflit et fournir des informationsmettant ainsi ces faits bruts. A ce titre, Ross Howard (Op Cit, p17) pense que les nouvellesrapportées peuvent être destructrices pour une communauté si elles privilégient la peur et la
 
 
violence. Par contre, elles peuvent être constructrices en informant mieux les citoyens et parlà même, les sécurisant ; avec des reportages sur les efforts faits pour promouvoir laréduction de l’ampleur et l’escalade de violence. C’est le journalisme sensible au conflit. II.1. Pratiques des acteurs médiatiques (Actions concrètes) au Sud-Kivu. Face à un Sud-Kivu déliquescent, instable sur tous les plans (social, politique,économique, etc.) et secoué de conflits explosifs de toutes natures, les médias ont un rôle suigeneris car ils pèsent aujourd’hui un poids non négligeable et représentent une force deproportion qu’il est indispensable de prendre dans le processus de pacification et dereconstruction sociales et ce, car ils constituent un cadre, un espace d’expressioncollective(société civile, acteurs politiques, groupes opposés ou conflictuels). De nos enquêtes et analyses faites, il ressort qu’un certain nombre d’efforts estfourni par certaines entreprises de presse en diffusant des informations conformes à la réalité,à la vérité ; en faisant preuve de neutralité, d’impartialité en humanisant le conflit parl’identification des intérêts sous-jacents des parties, en corrigeant les perceptions des campsopposés en vue de consolider leur confiance mutuelle, en amenant les protagonistes àredéfinir le conflit dans une perspective de trouver des solutions à partir d’un consensuscollectif au préalable.II.2 Evaluation des résultats selon le Conseil Supérieur de l’Audio-visuel et de laCommunication.Le CSAC (ancienne Haute Autorité des Médias), instance de régulationdes médias en RDC soutient que beaucoup de choses restent encore à faire en dépit desrésultats, jugés par ailleurs satisfaisants. Cela se justifierait par le fait que pendant la périodeau cours de laquelle des conflits violents sont en branle dans tout le pays et au Sud-Kivu enparticulier, beaucoup d’entreprises de presse qui s’illustraient dans des dérives et autresbévues se voyaient interdites soit d’émettre(suspension momentanée s’il s’agit des médiasaudio-visuels), soit de paraitre (s’il s’agit des journaux) pour une durée jugée nécessaire parl’autorité régulatrice, soit enfin à la rigueur la participation aux débats radiodiffusés outélévisés d’un acteur politique ayant versé dans les dérapages. Cela étant, l’on notera quecertains médias jouent le rôle très capital en rapprochant les protagonistes à travers destribunes de libre expression à leur sein.Renchérissant ces résultats, l’organisation Search for Common Ground via son projetdénommé Radio for Peacebuilding in Africa lancé depuis 2004 note que l’utilisation destechniques de construction de la paix par la radio a fait ses preuves partout au monde et à l’Estde la RDC. Au cours d’une vaste enquête y afférente, il ressort qu’une bonne pratique dujournalisme responsable facilite la réduction d’un conflit violent et par là, contribue à laconstruction de la paix.II.3. Limites du rôle des médias à l’édification de la paix Pour Francis Rolt (op cit, p29), analyser un conflit violent dans les médias avec despersonnes de différentes tendances n’est pas chose facile. Difficulté est aussi de concilier laprésentation des faits et d’opinions avec la censure imposée par le patriotisme, les lois
 
 
sécuritaires ou des préoccupations liées à la sécurité personnelle des hommes de médias. C’estpourquoi, en tant que membres du monde de la presse, les professionnels des médias ontl’obligation de présenter des informations exactes qui devancent leurs préférencespatriotiques, culturelles ou familiales. Ils devront résister à la censure car celle-ci contraintsouvent les médias à relater des demi- réalités ou à éviter des questions importantes aux yeuxde la communauté. Cette censure détruit donc la crédibilité alors que l’une des stratégies envue d’aborder des sujets brulants ou politiquement sensibles et susceptibles de poser desrisques de censure préalable ou de représailles consisterait à les introduire progressivement àpetites doses et étalés sur plusieurs émissions. Cela offre comme avantages aux présentateurset aux producteurs de tester les réactions. Ainsi, parmi les facteurs limitants l’on retrouve :-La politisation des entreprises de presse et leurs préposés : certaines maisons de presses’illustrent souvent en juges et parties au point que leurs préposés engagent leur honneur pourdes raisons de positionnement en face des aubaines offertes par l’un des acteurs aux conflits(attaché de presse, porte parole,… ) ;--L’appartenance voilée à certains hommes de médias à formations politiques-Les carences matérielles et/ou manque des moyens conséquents (sous-équipement,démotivation du personnel par un salaire dérisoire,…) ;-L’amateurisme, incompétence et complaisance dans l’exercice professionnel: cela se traduitpar un manque criant d’une formation adéquate des hommes de médias ;-L’absence de l’autorégulation et de l’autocensure : ces deux préalables semblent êtreégalement au reste de la communauté sociétale le souci que ce corps de métier a de sa granderesponsabilité et sa volonté de s’acquitter au mieux du rôle qui leur est dévolu. Il en résulteraitune confiance accrue qui permet dès que le besoin s’en fait sentir, de jeter utilement lespasserelles entre les médias et la société ; voire les instances politiques. Ceci fait dire àDomitille Duplat (2002, pp30-31) que le rôle des médias au sein d’un corps social n’est plus àdémontrer car en effet, les mass médias peuvent nourrir des germes de conflits et lesentretenir en attisant le feu des inimitiés ; l’exemple le plus frappant demeure à cet égard celuide la Radio de Mille Collines au Rwanda. En outre poursuit l’auteur que les médias peuventégalement être vecteurs de paix et de cohésion sociale en jouant leur rôle premier au sein de lasociété ; le rôle de médiateur.     
 
 
 CONCLUSION Nous voici au terme de cette étude portant sur l’analyse des pratiques desacteurs médiatiques dans la dynamique de construction de la paix au Sud-Kivu. Pour atteindreles objectifs de cette réflexion, nous avons souscrit au structuro fonctionnalisme del’orientation parsonienne dont le protocole descriptif nous a permis de scruter les fonctionsrégaliennes des médias, leur rôle dans le processus de transformation des conflits ; cela du faitque les pratiques des professionnels de médias doivent être inscrites dans une logique dusystème général d’actions tel que soutenu par le sociologue américain Talcott Parsons. L’orientation théorique ayant servi de soubassement à cette étude est cellede la théorie de l’Agir Communicationnel de Jürgen Habermas ; cela en effet pour analysercomment les médias peuvent participer à la refondation d’une raison normative pour desquestions d’ordre moral, social et même politique en période des conflits et ce, en analysantcomment à travers une activité confrontant arguments et contre-arguments dans un espacepublic de communication que les questions de portée pratique trouvent des réponses capablesde prétendre à une forme de vérité dans l’objectif de changer les belligérants d’hier eninterlocuteurs d’aujourd’hui via le déclenchement des procédures délibératives(résolutionpacifique des conflits). Tout compte fait, cette étude fait ressortir que dans la recherche de la paix auSud-Kivu, le rôle des médias reste indéniablement capital ; lequel rôle a été appréciéglobalement par trois approches à savoir :- L’instruction par laquelle chaque camp connait les difficultés de l’autre camp pour pouvoirévoluer vers une réconciliation. Les médias qui, sondant les difficultés particulières de chaquecamp en ce qui concerne sa politique ou ses intérêts primordiaux peuvent instruire l’un oul’autre camp et l’aider à éviter d’avancer des demandes ou des solutions simplistes etimmédiates.- La consolidation d’une confiance mutuelle. Ici, les médias tentent de réduire les suspicionsen enquêtant sur des sujets brulants puis secrets à craindre ; d’où les opérateurs médiatiquespourront montrer aux belligérants que des solutions sont possibles pour une véritableréconciliation.   -La redéfinition du conflit et l’établissement de l’équilibre de forces. Ainsi, les médiasparviennent à recadrer les différends et ce, en s’écartant de la malveillance, le soudoiement etla diffamation. Somme toute, cette étude décline sur un paradigme selon lequel il est puséconomique de prévenir un conflit que de ramener la paix : c’est la reconnaissance alors durôle primordial de la communication en relation avec la paix du fait que la communicationcomme processus d’échange entre partenaires sociaux reste essentielle dans l’établissementdu dialogue social comme soubassement de la construction de la paix sociale. Celle-ci est unprocessus d’ensemble ne pouvant pas être résolu individuellement par aucun des acteurs demanière isolée. La mission des médias donc avant tout celle d’informer pour former. Il va
 
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