Peut-il encore y avoir une politique étrangère de la France ? - article ; n°4 ; vol.67, pg 915-929
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Politique étrangère - Année 2002 - Volume 67 - Numéro 4 - Pages 915-929
Le 11 septembre a profondément modifié les caractéristiques des politiques étrangères nationales en opérant un clivage binaire, ordonnateur d'une nouvelle configuration mondiale où la question du soutien aux Etats-Unis fait offce de ligne de partage. La marge de manœuvre de la France, qui entretient traditionnellement une certaine volonté de distinction en matière de politique étrangère, s'en trouve réduite. En dépit d'un volontarisme certain, qui s'est apparenté, avec Hubert Védrine puis Dominique de Villepin, à une solidarité critique vis-à-vis de Washington évoluant vers l'élaboration d'une capacité d'entraînement sur la scène internationale, les contraintes à la fois nationales, régionales et globales réduisent le champ des possibles. Les récentes prises déposition de Jacques Chirac (sur l'Irak ou l'avenir de l'Union européenne) marquent pourtant la revendication maintenue d'un espace d'expression et d'un créneau diplomatique propres à la France.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Charillon
Peut-il encore y avoir une politique étrangère de la France ?
In: Politique étrangère N°4 - 2002 - 67e année pp. 915-929.
Résumé
Le 11 septembre a profondément modifié les caractéristiques des politiques étrangères nationales en opérant un clivage binaire,
ordonnateur d'une nouvelle configuration mondiale où la question du soutien aux Etats-Unis fait offce de ligne de partage. La
marge de manœuvre de la France, qui entretient traditionnellement une certaine volonté de distinction en matière de politique
étrangère, s'en trouve réduite. En dépit d'un volontarisme certain, qui s'est apparenté, avec Hubert Védrine puis Dominique de
Villepin, à une solidarité critique vis-à-vis de Washington évoluant vers l'élaboration d'une capacité d'entraînement sur la scène
internationale, les contraintes à la fois nationales, régionales et globales réduisent le champ des possibles. Les récentes prises
déposition de Jacques Chirac (sur l'Irak ou l'avenir de l'Union européenne) marquent pourtant la revendication maintenue d'un
espace d'expression et d'un créneau diplomatique propres à la France.
Citer ce document / Cite this document :
Charillon. Peut-il encore y avoir une politique étrangère de la France ?. In: Politique étrangère N°4 - 2002 - 67e année pp. 915-
929.
doi : 10.3406/polit.2002.5237
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_2002_num_67_4_5237.
POLITIQUE ÉTRANGÈRE 4/2002
Peut-il encore y avoir
Frédéric CHARILLON une politique étrangère
française ?
Le 11 septembre a profondément modifié les caractéristiques des politiques étran
gères nationales en opérant un clivage binaire, ordonnateur d'une nouvelle confi
guration mondiale où la question du soutien aux Etats-Unis fait off ce de ligne de
partage. La marge de manœuvre de la France, qui entretient traditionnellement
une certaine volonté de distinction en matière de politique étrangère, s'en trouve
réduite. En dépit d'un volontarisme certain, qui s'est apparenté, avec Hubert
Védrine puis Dominique de Villepin, à une solidarité critique vis-à-vis de
Washington évoluant vers l'élaboration d'une capacité d'entraînement sur la scène
internationale, les contraintes à la fois nationales, régionales et globales réduisent
le champ des possibles. Les récentes prises deposition de Jacques Chirac (sur l'Irak ou
l'avenir de l'Union européenne) marquent pourtant la revendication maintenue
d'un espace d'expression et d'un créneau diplomatique propres à la France.
Politique étrangère
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916 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
taires ou mafieuses. La rapidité extrême de la transformation des cadres
de l'action internationale n'est pas moins saisissante : essor, puis crise
du multilatéralisme ; régionalisation de la politique étrangère marquée
par l'interdépendance croissante entre voisins, mais également renatio
nalisation de cette même politique étrangère, rattrapée par les
contraintes du « front domestique » - contraintes des finances ou de
l'opinion publique ; multiplication des crises internationales comme
autant de chocs externes, de la guerre du Golfe aux attentats du 1 1 sep
tembre 2001 en passant par les conflits balkaniques et en attendant,
peut-être, une attaque américaine sur l'Irak ; volte-face incessantes de
la politique américaine et mutations des configurations régionales de la
puissance, depuis la montée aux extrêmes en Asie du Sud jusqu'au
retour du « Grand jeu » en Asie Centrale...
A tel point que l'on peut se demander, dans un premier temps et
au-delà du seul exemple français, quels types de politique étrangère
sont encore possibles aujourd'hui. Puis, dans cette typologie des
possibles, comment compte se positionner la France en ce début du
XXIe siècle, au lendemain d'une longue cohabitation et à la veille des
bouleversements européens à venir. Et enfin, se demander si le volon
tarisme français en la matière a tout simplement des chances d'aboutir,
et à quelles conditions.
Les politiques étrangères : une typologie des possibles
N'importe quel Etat peut-il avoir, aujourd'hui, n'importe quelle poli
tique étrangère ? Assurément non, et il semble qu'à cet égard, le
11 septembre 2001 ait, au moins partiellement, changé la donne.
Jusqu'à cette date, trois types de politique semblaient pouvoir être
distingués : des politiques étrangères de projection, des politiques étran
gères de protection, et enfin des politiques étrangères de compromis2.
Les premières, que nous avons choisi de qualifier de politiques étran
gères de projection, consistaient a. projeter délibérément, à l'extérieur du
territoire national, une influence politique, économique ou culturelle.
Les notions de « prestige », de « rayonnement », de « grandeur », de
puissance, y tenaient une place importante. La dimension symbolique
2. Pour un développement plus précis de cette typologie voir F. Charillon, « Introduction », in F. Charillon
(dir.), Les Politiques étrangères : ruptures et continuités, Paris, La Documentation française, 2001 :
!
PEUT-IL ENCORE Y AVOIR UNE POLITIQUE ÉTRANGÈRE FRANÇAISE ? / 917
y était forte, et faire entendre sa différence, son exception ou son carac
tère « indispensable » demeurait un but avoué. C'est sans aucun doute
dans cette catégorie que se trouvait — ou que voulait se trouver coûte
que coûte - la France. Son problème étant qu'elle y était accompagnée
d'un room mate particulièrement encombrant et aux moyens autr
ement plus développés : les Etats-Unis. La volonté d'entretenir une
vision globale et non seulement régionale, la croyance qu'une présence
mondiale sert éminemment les intérêts nationaux, étaient communes
aux deux diplomaties, même si leur tailles respectives rendaient imposs
ible une réelle comparaison et donnaient parfois aux efforts de la
diplomatie hexagonale un caractère pathétique aux yeux de l'étranger3.
Forte d'une histoire qui rapproche sa tradition diplomatique de ces
schémas, la Grande-Bretagne pouvait également se ranger parmi ces
rares diplomaties « extraverties », même si son alignement sur
Washington soulignait une filiation avec le « grand frère » américain
davantage qu'il ne lui conférait une voix à part. Il se dessinait alors, au
fil des crises internationales des années 1990, une sorte de triangle
Washington-Londres-Paris, toujours prêt à intervenir là où d'autres
partenaires ne le souhaitaient ou ne le pouvaient pas toujours.
Car les autres politiques étrangères existantes étaient de natures
profondément différentes. On trouvait d'abord des politiques étran
gères de protection : plutôt que de projeter une présence dans le
monde, elles visaient à se préserver d'agressions ou d'ingérences exté
rieures. Axées sur les notions de sécurité ou d'intégrité territoriale, ces
diplomaties étaient celles d'Etats qui se percevaient comme des sanc
tuaires aux marche

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