Problèmes africains - article ; n°2 ; vol.27, pg 140-150
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Description

Politique étrangère - Année 1962 - Volume 27 - Numéro 2 - Pages 140-150
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1962
Nombre de lectures 23
Langue Français

Extrait

Barbara Ward
Problèmes africains
In: Politique étrangère N°2 - 1962 - 27e année pp. 140-150.
Citer ce document / Cite this document :
Ward Barbara. Problèmes africains. In: Politique étrangère N°2 - 1962 - 27e année pp. 140-150.
doi : 10.3406/polit.1962.6164
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1962_num_27_2_6164PROBLÈMES AFRICAINS
L'examen des problèmes actuels de l'Afrique peut être ut
ilement abordé à partir de la conférence de Lagos qui vient
de se terminer. Cette conférence montre, en effet, à quel poiiit
l'idée de l'unité africaine est un fait politique déterminant,
bien que très difficile à analyser. Les Africains eux-mêmes
n'arrivent pas à préciser ce qu'ils entendent par « unité afri
caine », mais c'est une notion que nul chef africain ne peut
négliger, même si certains en ont actuellement le désir. J'en
ai rencontré qui diraient volontiers : « Que mes voisins se
débrouillent ! On a assez à faire chez soi ! » Ceci est vrai par
ce que chaque pays africain se trouve sans doute dans une
crise de réorganisation presque totale. Toutefois, en tant que
force politique, aucun ne peut négliger la poussée vers l'unité ;
et c'est la raison pour laquelle les nations dites de Monrovia
se sont réunies à Lagos et ont fait des efforts considéra
bles pour réaliser cette unité. Il ne faut pas oublier le voyage
de Houphouët Boigny au Mali et xelui de Abukabar en Gui
née ; ils ont fait des efforts marqués pour que le Groupement
dit de Casablanca participe lui aussi à cette Conférence de
Lagos. Ils ont échoué pour des raisons que j'envisagerai plus
loin.
Le fait principal sur lequel je voudrais insister c'est qu'au
cun des chefs africains ne peut négliger cette poussée vers une
unité qui n'est pas encore définie mais qui est déjà une base
de la politique du continent africain. Comment expliquer ce
fait ?
Je crois que c'est avant tout une réaction contre l'ancien
colonialisme. Ces pays, parce qu'ils ont été soumis à des na
tions étrangères, redoutent, faute d'unité, de retomber dans un
système néo-colonialiste, un système de domination exté
rieure. AFRICAINS 141 PROBLÈMES
D'autre part, beaucoup de ces Etats ne peuvent vivre dans
leurs frontières actuelles. Ce sont de petits Etats et ils ne peu
vent se développer économiquement sans avoir de liens avec
un groupement plus important.
L'Afrique a besoin surtout du développement interne de son
marché. Cela ne peut se réaliser sans un gros effort de coopé
ration économique. Ajoutons à cela que l'idée du marché com
mun est maintenant à la mode : il y aura un
mun en Amérique Latine, il y a un marché commun en Eu
rope. Et quand on devient indépendant, on veut être en même
temps moderne.
Cette unité n'est toutefois pas facile à réaliser. Difficultés
économiques en premier lieu, car tous ces pays africains, sans
exception, ont encore une économie coloniale. Ils sont encore
presque totalement dépendants de l'Europe, sauf la Guinée.
Leurs échanges avec d'autres pays sont si minimes qu'ils ne
figurent pas dans les statistiques. On peut dire d'eux : éco
nomie de traite, de forme purement coloniale.
Si l'on examine la carte de l'Afrique, comme d'ailleurs la
carte de l'Amérique Latine, que voit-on ? Toutes les routes,
toutes les voies de communication s'en vont vers la mer, vers
la seule grande ville, qui est toujours un port. Les matières
premières sont exportées et en retour le port reçoit de l'étran
ger les produits manufactués. Ce genre d'échanges est encore
le type général de ces économies africaines.
Il faut également souligner que ces pays ne sont en rien
complémentaires, et si les plans prévus sont mis à exécution,
ils le seront encore moins dans l'avenir. En effet, si l'on exa
mine ces plans nationaux, on s'aperçoit que chacun d'eux pré
voit de faire du cacao, du café, du caoutchouc ; de pousser la
culture des ananas ou des cocotiers. En d'autres termes, ces
plans n'ont pour but que la multiplication de produits qui,
déjà, risquent la surproduction. Et il vaut mieux passer sous
silence les perspectives qu'ouvre le progrès scientifique car si
l'on appliquait les méthodes étudiées dans les Centres de Re
cherches — où l'on a obtenu des résultats admirables, — on
arriverait pour chacun de ces produits à un surcroît de pro
duction comparable aux surplus agricoles américains. On peut
même dire que, s'il n'y a pas un changement radical de direc- CHARLES SALZMANN 142
lion, dans 10 ans, les problèmes de production des produits
tropicaux en Afrique seront aggravés puisqu'ils seront mult
ipliés par 4, 5 et même 10, par rapport à ce qu'ils sont au
jourd'hui.
Ce n'est pas seulement en agriculture que les économies de
ces pays sont peu complémentaires. En ce qui concerne les
matières premières, on trouve partout de la bauxite, et sou
vent du minerai de fer. Le charbon, en revanche, manque
presque totalement. Seuls la Nigeria orientale et le Gabon ont
du pétrole. Toutefois, les possibilités hydro-électriques sont
assez bien réparties et pourraient être, en théorie au moins,
à la base d'une coopération à travers les frontières. On prévoit
déjà le danger que tous ces Etats veuillent fabriquer les mê
mes articles, développer les mêmes grosses industries.
A côté des difficultés économiques, les difficultés politiques.
D'abord la contradiction entre nationalisme et tribalisme. Il
est très difficile à ces Etats de devenir une nation parce que
presque tous constituent des ensembles de tribus. Et même
lorsque nous rencontrons des groupements plus importants,
comme en Nigeria par exemple avec les Ibos à l'Est, les Yo-
roubas à l'Ouest, les Foulbé et les Haoussas au Nord. Nous
sommes en présence d'une juxtaposition de tribus, d'un me
lange de peuples qui fait que chaque frontière a déjà quelque
chose d'arbitraire.
C'est la raison pour laquelle je crois que les Etats qui dé
clarent qu'ils ne changeront pas les frontières nationales ont
raison, parce qu'il n'est pas possible, en Afrique, à mon avis,
de refaire les frontières, ce qui ne ferait que reposer d'autres
problèmes.
Il faut donc accepter les frontières telles qu'elles sont, mê
me si elles sont arbitraires — d'ailleurs toutes les frontières
sont arbitraires. Il y aura toujours une opposition sourde entre
tribus comme on le constate au Kenya où de nombreuses dif
ficultés ont surgi depuis que l'indépendance est devenue une
possibilité immédiate : les tribus Kikouyou et Luo s'opposant
aux Masaï. C'est un problème pour les chefs d'amalgamer une
substance qui naturellement ne fait pas corps. Partout, dans
l'Afrique de l'Ouest, on trouve de tels conflits entre tribus à
l'intérieur de l'Etat. AFRICAINS 143 PROBLÈMES
Entre États, les problèmes sont surtout posés par la rivalité
entre les chefs de ces nations un peu arbitraires et cela nous
amène directement au conflit entre les groupes de Casablanca
et de Monrovia.
Sur quoi repose cet antagonisme ? Jusqu'à un certain point
la chose paraît étrange. Les deux groupements parlent un mê
me langage économique : ils tendent vers un marché commun,
le développement de leurs communications ; leurs program
mes économiques se ressemblent. Pourquoi deux groupements
dont les buts politiques sont les mêmes ? Le groupe de Casa
blanca, aussi bien que celui de Monrovia, insistent sur la fin
totale du colonialisme en Afrique. Si vous parlez au Sénégal
ou en Guinée de l'Angola, vous aurez la même réaction de
colère et de dégoût.
De même, antipathie totale envers l'idée d'un « bastion
blanc » au Sud de l'Afrique.
En quoi consistent les différences ?
On ne peut pas dire que le Groupe de Casablanca soit host
ile à des contacts plus étroits avec l'Ouest puisque le Mali, qui
fait partie du Groupe de Casablanca, vient de signer avec Par
is des accords qui constituent un régime préférentiel et pré
voient une aide française assez importante.
D

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