Prospectives européennes - article ; n°2 ; vol.45, pg 499-512
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Description

Politique étrangère - Année 1980 - Volume 45 - Numéro 2 - Pages 499-512
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

René Foch
Prospectives européennes
In: Politique étrangère N°2 - 1980 - 45e année pp. 499-512.
Citer ce document / Cite this document :
Foch René. Prospectives européennes. In: Politique étrangère N°2 - 1980 - 45e année pp. 499-512.
doi : 10.3406/polit.1980.2987
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1980_num_45_2_2987POLITIQUE ÉTRANGÈRE / 499
René FOCH* I PROSPECTIVES EUROPEENNES
Pour l'Europe, la décennie 1970-1980 aura été marquée
par trois ruptures — dont l'une au moins fut une sur
prise — lourdes de conséquences pour l'avenir :
— dans tous les pays de la Communauté, à l'exception de l'Irlan
de, le nombre annuel des naissances est tombé en dessous du
niveau nécessaire au remplacement de la population ; cette évolu
tion annonce à terme un déclin non plus relatif mais absolu de la
population européenne ;
— le contrôle du prix des hydrocarbures et des matières premières
est passé pour l'essentiel des mains des consommateurs aux
mains des producteurs ; il en résulte dès aujourd'hui de fortes
hausses de prix et une grande incertitude sur les approvisionne
ments futurs ;
— le perfectionnement par l'URSS des armes nucléaires dites
euro-stratégiques c'est-à-dire destinées uniquement au « théâtre
européen », la modernisation continue des forces conventionnelles
déployées en Europe de l'Est, la création plus récente de forces
d'intervention extérieures coïncident avec un affaiblissement rela
tif de la position américaine ;
— le déclin démographique, la dépendance en énergie et en mat
ières premières, la fragilité militaire sont les éléments les plus
sûrs de notre avenir. Ils marquent d'emblée la vulnérabilité de
l'Europe d'ici à la fin du siècle ».
Ces trois ruptures qui sont des raisons d'inquiétude pour l'Europe,
sont analysées dans un rapport que le Commissariat au Plan vient
de consacrer à l'Europe des vingt prochaines années1.
* Conseiller au Parti républicain pour les questions internationales.
1. Rapport d'un groupe de prospectives à long terme animé par Jacques Pelle
tier et Gérard Tardy : « l'Europe : les vingt prochaines années » , Documentation
française, 1980. 500 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Le déclin démographique et la dépendance énergétique
La situation va changer au cours des vingt années
à venir. A court-terme l'arrivée sur le marché du travail d'une
main-d'œuvre jeune, plus nombreuse, mieux formée serait un
atout si celui-ci n'était tragiquement gaspillé par le chômage des
jeunes. A plus long terme, la situation sera aggravée par la stagna
tion et le vieillissement de la population européenne, face au
Tiers-Monde en pleine expansion démographique : pour ne parler
que de nos proches voisins, « les rives sud et est de la Méditer
ranée (d'Itanbul à Gibraltar) auront en l'an 2000, 250 millions
d'habitants » autant que l'actuelle Communauté européenne.
Voici qui donne ses dimensions au dialogue euro-arabe...
Dans ces conditions écrivent lucidement nos auteurs, « le choix
des prochaines décennies ne sera sans doute pas entre le refus de
l'immigration et son acceptation mais entre l'organisation de et le développement de l'immigration clandestine ».
Ils citent l'exemple de l'Italie où depuis deux ans le nombre
d'immigrés clandestins en provenance de Yougoslavie, d'Afrique
et de Grèce se serait accru de 500 000. Ils auraient pu citer les
Etats-Unis où le nombre de Mexicains entrés clandestinement
dépasse 10 millions et où les autorités avaient envisagé — et reje
té — l'idée de construire un mur à la frontière... Si dans l'imméd
iat les conditions de l'emploi amènent la France comme ses
autres partenaires à limiter l'immigration autant que faire se peut,
à terme, c'est vraisemblablement dans la direction d'une immigrat
ion sélective et organisée qu'il faudra s'orienter. La France
d'ailleurs est une terre d'immigration traditionnelle. Elle est sans
doute, après les Etats-Unis, le pays au monde qui a la plus forte
capacité d'assimilation. Il faudra donc que la France fasse des
Français comme les rois de Prusse ont fait des Prussiens avec
des paysans polonais et des huguenots français.
Sur le plan de l'énergie, la situation actuelle telle que la décrit
le rapport de 1957 [1] prévoyait la dépendance croissante de
l'Europe vis-à-vis du pétrole du Moyen-Orient et annonçait en
termes prophétiques les dangers que ceci ferait courir à notre
indépendance politique. Il préconisait alors comme remède un
recours massif et accéléré à l'énergie nucléaire. Il fallut attendre
« le premier choc pétrolier » et le gouvernement Messmer pour
que la France suive ces sages conseils. Mais ce n'est qu'en 1985
que la moitié de l'électricité produite en France sera d'origine
nucléaire. Entre temps Anglais et Néerlandais ont trouvé leurs
propres sources d'approvisionnement dans la mer du Nord cepen
dant que le mouvement écologique provoque dans nombre de
pays un phénomène de rejet vis-à-vis du nucléaire. DOCUMENTS I 501
Le résultat est un certain isolement de la France dans sa politique
nucléaire. Le rapport du Plan souligne les risques de cet isolement.
Ceux-ci sont réels ; ils impliquent notamment un ajustement, d'ail
leurs en cours, de nos rapports avec la Communauté dans le
domaine nucléaire. Mais on pourrait tout aussi bien souligner les
atouts à l'exportation que cette situation donnera à la France, qui
aura non seulement maîtrisé la totalité du cycle de combustible
mais fait sur son sol la démonstration, à grande échelle, de la
fiabilité de la nouvelle énergie. Ces atouts prouveront leur valeur
le jour où il sera enfin clair à tous les gouvernements et même au
Congrès américain que la prolifération nucléaire et l'exportation
des centrales sont beaucoup moins liées qu'on veut bien le dire
et que les pays qui veulent se doter de la bombe n'ont nul besoin
d'un programme pacifique pour ce faire.
Le rapport récent de Y International Nuclear Fuel Cycle Evaluat
ion vient ici opportunément fournir une caution internationale
aux choix techniques de la France (retraitement et réacteurs sur
régénérateurs).
L'Allemagne pour sa part mise sur le charbon, choix qui nous est
interdit par la modicité et la cherté de nos ressources charbonnièr
es et on ne voit pas pourquoi ces choix différents devraient,
comme le craint le rapport, créer des tensions entre nos deux
pays. La France pourrait par contre se lancer avec la même
vigueur que l'Allemagne dans un programme d'économie d'énerg
ie. L'enjeu est de taille puisque le rapport estime que les gains
possibles par rapport aux consommations actuelles sont de :
— 20 à 35 % pour les transports,
— 15 à 35 % l'industrie et l'agriculture,
— 40 à 50 % dans les secteurs domestiques et le tertiaire.
Il s'agit là de véritables « gisements » que l'on a à peine commencé
à exploiter...
Tout le monde a pris conscience de la gravité de notre situation
énergétique mais l'un des mérites du rapport est d'attirer l'atten
tion sur les dangers similaires qui menacent notre approvisio
nnement en matières premières. Déjà à l'initiative de Claude
Cheysson, la Commission de la CEE avait alerté les gouverne
ments à ce sujet.
D'après la Banque mondiale il faudrait investir chaque année
environ 12 milliards de dollars (valeur 1975) pour assurer l'équi
libre entre l'offre et la demande. On n'en investit que 10 sur les
quels les sociétés européennes n'investissent que 500 millions de
dollars, « situation inquiétante si l'on sait que la Communauté est
le plus gros importateur mondial de matières premières ». 502 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Nous allons tout droit vers une répétition dans le secteur des
matières premières, de ce qui s'est passé dans le secteur énergé
tique : pour le moment, l'Amérique du Nord et l'Australie, dont
le sol contient, en quantité appréciable,

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