Renforcement de la CSCE : la réponse aux rêves européens ? - article ; n°3 ; vol.55, pg 589-607
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Politique étrangère - Année 1990 - Volume 55 - Numéro 3 - Pages 589-607
A Strengthened CSCE : The Answer to Europe's Dreams ?, by Mark Lyall Grant
In the new European security environment, the CSCE is increasingly seen as the potential framework for a new peace order. At first sight, it is well placed to fulfill this rôle : it has the right membership, agenda and a credibility built up over 15 years of negotiation and cooperation. But without a concept of joint defence or enforcement mechanisms, the CSCE will not be able by itself to guarantee Western European security. Since the major Western powers, including France and UK, are not willing to take such a step towards supranationality in the defence field, the CSCE is condemned to playing a secondary, albeit important, role in the future security of Europe.
Dans le nouveau paysage stratégique européen, la CSCE renforcée apparaît de plus en plus comme le cadre potentiel d'un nouvel ordre de paix. A première vue, elle est bien placée pour tenir ce rôle : les pays qui en sont membres, son ordre du jour et sa crédibilité s'appuient sur quinze années de négociation et de coopération. Mais, sans théorie de défense commune et sans mécanismes d'exécution, elle ne pourra jamais garantir à elle seule la sécurité de l'Ouest. Comme les grandes puissances occidentales, notamment la France et le Royaume-Uni, ne sont pas disposées à faire un tel pas en direction de la supranationalité en matière de sécurité, la CSCE est condamnée à jouer un rôle important certes, mais de soutien seulement, dans la sécurité de l'Europe de demain.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mark Lyall Grant
Renforcement de la CSCE : la réponse aux rêves européens ?
In: Politique étrangère N°3 - 1990 - 55e année pp. 589-607.
Abstract
A Strengthened CSCE : The Answer to Europe's Dreams ?, by Mark Lyall Grant
In the new European security environment, the CSCE is increasingly seen as the potential framework for a new peace order. At
first sight, it is well placed to fulfill this rôle : it has the right membership, agenda and a credibility built up over 15 years of
negotiation and cooperation. But without a concept of joint defence or enforcement mechanisms, the CSCE will not be able by
itself to guarantee Western European security. Since the major Western powers, including France and UK, are not willing to take
such a step towards supranationality in the defence field, the CSCE is condemned to playing a secondary, albeit important, role
in the future security of Europe.
Résumé
Dans le nouveau paysage stratégique européen, la CSCE renforcée apparaît de plus en plus comme le cadre potentiel d'un
nouvel ordre de paix. A première vue, elle est bien placée pour tenir ce rôle : les pays qui en sont membres, son ordre du jour et
sa crédibilité s'appuient sur quinze années de négociation et de coopération. Mais, sans théorie de défense commune et sans
mécanismes d'exécution, elle ne pourra jamais garantir à elle seule la sécurité de l'Ouest. Comme les grandes puissances
occidentales, notamment la France et le Royaume-Uni, ne sont pas disposées à faire un tel pas en direction de la
supranationalité en matière de sécurité, la CSCE est condamnée à jouer un rôle important certes, mais de soutien seulement,
dans la sécurité de l'Europe de demain.
Citer ce document / Cite this document :
Lyall Grant Mark. Renforcement de la CSCE : la réponse aux rêves européens ?. In: Politique étrangère N°3 - 1990 - 55e année
pp. 589-607.
doi : 10.3406/polit.1990.3970
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1990_num_55_3_3970POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 589
Renforcement de la CSCE
Mark LYALL GRANT la réponse aux rêves
européens ?
Une Europe physiquement et idéologiquement divisée, deux blocs
militaires respectivement équilibrés et soudés, une Union soviétique
hostile et puissante... toutes ces certitudes politiques et militaires
sur lesquelles reposait la sécurité de l'Europe de l'Ouest depuis quarante
ans s'effritent à grande vitesse. Les perspectives actuelles sont beaucoup
plus incertaines : une Allemagne réunifiée qui a un pied dans chacune des
deux alliances militaires, au moins temporairement ; la marée montante du
nationalisme dans les pays d'Europe de l'Est, qui cherchent désespérément
à instaurer des systèmes démocratiques de gouvernement et des structures
économiques efficaces ; enfin l'éclatement (peut-être violent) de l'Union
soviétique, dont le chef d'Etat semble avoir renoncé à toute intention
hostile envers l'Europe occidentale.
Le rythme du désarmement s'accélère en Europe, dans un effort pour
s'adapter au cours des événements. Les Etats-Unis et l'URSS espèrent
signer des accords sur la limitation des armements stratégiques (START) et
l'interdiction des armes chimiques lors d'un sommet bilatéral qui se tiendra
au mois de mai ; parallèlement, les négociations sur les forces conventionn
elles en Europe (FCE) et les mesures de confiance et de sécurité (MCS)
devraient se conclure avec succès d'ici l'automne.
A plus long terme, ce processus de désarmement et de démocratisation
devrait réduire les tensions en Europe. Mais il ne pourra jamais garantir la
paix à lui seul. Il risque même d'accroître l'instabilité pendant la période de
transition difficile qui s'ouvre actuellement. En même temps qu'ils s'attèlent
à ces problèmes immédiats, les dirigeants politiques s'interrogent donc sur
une question plus fondamentale : quelles sont les structures politiques et de
sécurité qui préserveront le mieux la paix en Europe pendant les quarante
prochaines années ?
En théorie, le choix est ouvert entre trois grands types d'accords de
sécurité. Le premier consiste à établir un équilibre des puissances entre
deux blocs opposés (ou davantage). Les conflits surgissant au sein du même
bloc sont résolus pacifiquement (comme par exemple la question de Gibralt
ar entre la Grande-Bretagne et l'Espagne). Les conflits éclatant entre les
* Premier secrétaire à l'ambassade de Grande-Bretagne à Paris.
Cet article a été écrit à titre personnel alors que l'auteur était en stage à TIFRI en mars 1990. 590 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
blocs sont désamorcés par la menace d'une guerre générale (par exemple la
crise des missiles de Cuba). C'est le système qui a fonctionné avec succès
pendant plus de quarante ans et qui s'effondre actuellement. Le deuxième
consiste à laisser aux nations le soin de défendre leurs propres intérêts,
grâce à de puissantes armées nationales ou à des alliances bilatérales contre
des ennemis potentiels. Les conflits entre nations sont résolus par la voie
diplomatique (par exemple le conflit austro-prussien sur le Schleswig-Hols-
tein, résolu à la conférence de Londres en 1852), ou, au pire, par un conflit
d'envergure limitée (par exemple la guerre franco-prussienne de 1870). C'est
le système qui a prévalu pendant une grande partie du XIXe siècle et qui a
volé en éclats en 1914. Le troisième consiste à instaurer un système de
sécurité coopératif ou intégrationniste impliquant tous les principaux pays
européens. Les membres de ce système agissent alors de concert pour parer
à toute menace extérieure et règlent les conflits qui peuvent surgir entre
eux selon un mécanisme d'arbitrage prédéfini. La Société des Nations, qui a
fonctionné entre les deux guerres, en est l'exemple historique le plus
proche, un exemple imparfait, puisqu'elle n'est pas parvenue à empêcher
l'éclatement de la guerre en 1939.
Les idées émises ces derniers mois se concentrent essentiellement sur un
concept coopératif de sécurité : Jacques Delors propose une Europe en trois
cercles concentriques — une Communauté européenne fédérale (y compris
la RDA), des liens institutionnels avec l'AELE et un statut associatif spécial
pour tous les pays d'Europe de l'Est qui le souhaiteront ; le président Bush
souhaite une Europe « libre et entière », dans la continuation de l'OTAN
(sous réserve d'aménager peut-être un statut spécial pour l'Allemagne
réunifiée) et entend créer un lien institutionnel entre les Etats-Unis et la
Communauté ; de manière plus radicale, mais encore vague, le président
Mitterrand en appelle à la création d'une « confédération » de tous les Etats
européens et le président Gorbatchev parle d'une « maison commune euro
péenne ».
Quelle que soit la diversité de leurs conceptions, les milieux politiques
s'accordent généralement à considérer que la Conférence sur la sécurité et
la coopération en Europe (CSCE) aura un rôle important à jouer [1]. Un
accord de principe s'est fait jour pour la tenue d'un sommet de la CSCE (le
premier depuis Helsinki en 1975) à la fin 1990. L'ordre du jour n'est pas
encore fixé. Les 23 chefs de gouvernement de l'OTAN et du pacte de
Varsovie signeront sans aucun doute l'accord sur les FCE (et peut-être
même un accord sur les cieux ouverts), et les 35 pays signataires concluront
un accord sur les MCS. Les débats porteront sur la question allemande (les
participants prendront peut-être acte de l'accord obtenu dans le cadre des
négociations « 2 -I- 4 » ?) et sur l'éventualité d'un deuxième mandat FCE II.
Il est également possible que des propositions soient formulées pour le
renforcement de l'institution même de la CSCE, dans l'optique d'en faire le
cadre d'un « nouvel ordre de paix en Europe ».
Cet article se propose d'examiner dans quelle mesure il est réaliste d'avoir
ces ambitions pour la CSCE et comment le renforcement de la CSCE
pourrait satisfaire les principales exigences de sécurité de la Grande-Bre
tagne et de la France. RENFORCEMENT DE LA CSCE I 591

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