Trois interactions hétérodoxes sur les marchés à la criée du MATIF. Rationalité locale et rationalité globale - article ; n°52 ; vol.13, pg 99-119
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Trois interactions hétérodoxes sur les marchés à la criée du MATIF. Rationalité locale et rationalité globale - article ; n°52 ; vol.13, pg 99-119

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Politix - Année 2000 - Volume 13 - Numéro 52 - Pages 99-119
Three Heterodox Interactions on the Open Outcry Markets of the MATIF. Local Rationality and Global Rationality Jean-Pierre Hassoun Ethnographical fieldwork from 1997-1998 on the open outcry markets trading of the International Term Markets of France (MATIF), located in the Parisian Stock Exchange (la Bourse), permitted to observe various trade interactions and to collect the local subjective meanings the actors themselves gave to them. Three recurrent interactions are established as examples here : « share a line », « to squeeze » and « earning round-trip » (reciprocal trading) are the jargon designating them. We qualify them as « heterodox » because these trade practices are far from the officiai market rules. Beyond the logic of individualistic interests (material or symbolic), they reveal the existence of social trade relations attached to local norms and values collectively internalised, which permit this place of work and production - which is also a market - to effectively accomplish the functions it was ascribed. The concept of rationality on these markets is therefore often cleaved : a global rationality (or macro rationality) concerned with the Rules and a local rationality (or micro rationality) concerned with Interactions. To the extent that the second rationality participates indirectly in the finality of the first, the relationship between them would not necessarily be contradictory.
Trois interactions marchandes hétérodoxes sur les marchés à la criée du MATIF. Rationalité locale et rationalité globale Jean-Pierre Hassoun Une enquête ethnographique en 1997-1998 sur les marchés à la criée du MATIF (Marché à terme international de France) localisés dans le palais de la Bourse de Paris a permis d'observer différentes interactions marchandes et de collecter les sens subjectifs que les acteurs concernés leur accordent. Trois interactions récurrentes sont prises ici en exemples : « Partager une ligne », « squeezer », « allers-retours gagnants » sont les trois termes de jargon qui les désignent. Nous les qualifions « d'hétérodoxes » dans la mesure où ces pratiques de négociation sont éloignées de l'orthodoxie réglementaire. Par-delà les logiques d'intérêts individuels (matériels ou symboliques), elles révèlent l'existence de « rapports marchands sociaux » rivés à des normes et à des valeurs locales collectivement intériorisées qui permettent à ce lieu de travail et de production qu'est aussi un marché, de mieux remplir les fonctions qui lui ont été assignées. Sur ces marchés, le concept de rationalité est donc souvent clivé : une rationalité globale (ou macro rationalité), celle de la règle, et une rationalité locale (ou micro rationalité), celle de l'interaction. Dans la mesure où la seconde participe pour une part aux finalités de la première, la relation entre les deux ne serait pas nécessairement contradictoire.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 63
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Pierre Hassoun
Trois interactions hétérodoxes sur les marchés à la criée du
MATIF. Rationalité locale et rationalité globale
In: Politix. Vol. 13, N°52. Quatrième trimestre 2000. pp. 99-119.
Citer ce document / Cite this document :
Hassoun Jean-Pierre. Trois interactions hétérodoxes sur les marchés à la criée du MATIF. Rationalité locale et rationalité
globale. In: Politix. Vol. 13, N°52. Quatrième trimestre 2000. pp. 99-119.
doi : 10.3406/polix.2000.1121
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_2000_num_13_52_1121Résumé
Trois interactions marchandes hétérodoxes sur les marchés à la criée du MATIF. Rationalité locale et
rationalité globale
Jean-Pierre Hassoun
Une enquête ethnographique en 1997-1998 sur les marchés à la criée du MATIF (Marché à terme
international de France) localisés dans le palais de la Bourse de Paris a permis d'observer différentes
interactions marchandes et de collecter les sens subjectifs que les acteurs concernés leur accordent.
Trois interactions récurrentes sont prises ici en exemples : « Partager une ligne », « squeezer », «
allers-retours gagnants » sont les trois termes de jargon qui les désignent. Nous les qualifions «
d'hétérodoxes » dans la mesure où ces pratiques de négociation sont éloignées de l'orthodoxie
réglementaire. Par-delà les logiques d'intérêts individuels (matériels ou symboliques), elles révèlent
l'existence de « rapports marchands sociaux » rivés à des normes et à des valeurs locales
collectivement intériorisées qui permettent à ce lieu de travail et de production qu'est aussi un marché,
de mieux remplir les fonctions qui lui ont été assignées. Sur ces marchés, le concept de rationalité est
donc souvent clivé : une rationalité globale (ou macro rationalité), celle de la règle, et une rationalité
locale (ou micro rationalité), celle de l'interaction. Dans la mesure où la seconde participe pour une part
aux finalités de la première, la relation entre les deux ne serait pas nécessairement contradictoire.
Abstract
Three Heterodox Interactions on the Open Outcry Markets of the MATIF. Local Rationality and Global
Rationality
Jean-Pierre Hassoun
Ethnographical fieldwork from 1997-1998 on the open outcry markets trading of the International Term
Markets of France (MATIF), located in the Parisian Stock Exchange (la Bourse), permitted to observe
various trade interactions and to collect the local subjective meanings the actors themselves gave to
them. Three recurrent interactions are established as examples here : « share a line », « to squeeze »
and « earning round-trip » (reciprocal trading) are the jargon designating them. We qualify them as «
heterodox » because these trade practices are far from the officiai market rules. Beyond the logic of
individualistic interests (material or symbolic), they reveal the existence of social trade relations
attached to local norms and values collectively internalised, which permit this place of work and
production - which is also a market - to effectively accomplish the functions it was ascribed. The concept
of rationality on these markets is therefore often cleaved : a global rationality (or macro rationality)
concerned with the Rules and a local rationality (or micro rationality) concerned with Interactions. To the
extent that the second rationality participates indirectly in the finality of the first, the relationship between
them would not necessarily be contradictory.Trois interactions hétérodoxes
sur les marchés à la criée du MATIF
Rationalité locale et rationalité globale*
Jean-Pierre HASSOUN
Ala fois institutions sociales, formes économiques et entités culturelles, les
foires et les marchés sont avant tout des systèmes originaux de relations
sociales, autant que des expressions d'une vie économique caractérisée par
un certain nombre de traits écrivait Isac Chiva en 1986 en ouverture d'un
numéro de la revue Etudes rurales consacré aux foires et marchés ruraux1.
Egalement en 1986, l'observation d'un marché agricole « modernisé » par
l'informatique, donnait l'occasion à Marie-France Garcia de s'interroger sur
le statut des facteurs sociaux, mais aussi sur la place des théories
économiques dans ce type d'univers2. Bien que chacun de ces auteurs se
situe dans des cadres disciplinaires et de réflexion distincts, ils ont en
commun d'inscrire « le marché » dans un cadre compréhensif multifactoriel,
c'est-à-dire aussi « total » que possible.
Mais pour les marchés financiers les plus urbains, les plus récents et les plus
sophistiqués, ce type d'interrogation est-il pertinent ? Le paradigme du
social est-il fondé quand il s'agit de comprendre ces machineries complexes
* Je remercie Alain Quemin et Valérie Revest, ainsi que les lecteurs de la revue Politix, pour
leurs remarques sur une première version de ce texte.
1. Chiva (I.), « Les places marchandes et le monde rural », Etudes rurales, 78-79-80, 1986, p. 11.
2. Garcia (M.-F.), « La construction sociale d'un marché parfait : le marché au cadran de
Fontaine-en-Sologne », Actes de la recherche en sciences sociales, 65, 1986.
Politix. Volume 13 - n° 52/2000, pages 99 à 119 Politix n° 52 100
que sont devenues les marchés financiers ? Il est vrai que la technicité
toujours plus sophistiquée, tant des modalités de négociation que des
produits financiers eux-mêmes, a tendance à laisser dans l'ombre, plus
encore qu'auparavant, la chaîne sociale opératoire qui permet la production
des cours. Ces marchés existent dans le champ économique et social
principalement à travers des séries ininterrompues de phrases répétitives et
codées, mais surtout de statistiques et de pourcentages qui ne traduisent que
leurs résultats finaux. Cette présentation chiffrée des marchés renforce « les
effets de rationalité » et a pu décourager ou effrayer pendant un temps
l'investigation sociologique de ces univers que rien pourtant n'interdit de
considérer comme n'importe quel lieu de travail.
Une fois adopté ce dernier point de vue, on peut s'interroger pour savoir si
la nécessaire organisation technique et réglementaire - telle qu'elle existe
dans tous les univers de production - est suffisante pour assurer à ces
marchés leur pleine efficacité ? Adaptée aux marchés financiers, cette
question incite à enquêter sur les modes d'articulation et de congruence
entre cadre technique, principes éthiques et interactions marchandes réelles.
La rationalité des produits financiers (le fait qu'ils soient objectivement bien
adaptés aux finalités économiques qui leur sont assignées) impose-t-elle de
façon mécanique, et à tous moments, une « rationalité » des relations
marchandes qui ne pourrait elle-même que strictement se conformer aux
règles officielles et constitutives de ces « institutions » (règles qui sont elles-
mêmes pensées par les autorités et organisateurs des marchés comme
rationnelles car adaptées à la négociation des produits ou instruments
financiers considérés) ? Ou bien l'ensemble des conditions et objectifs de
production de ces marchés (déterminés principalement par le niveau des
volumes d'ordres) oblige-t-il les acteurs à sortir, régulièrement ou
ponctuellement, du cadre réglementaire et éthique imposé et à emprunter les
détours d'autres règles et d'autres normes qu'ils auraient eux-mêmes
façonnées ? Dans ce cas, cette rationalité « parallèle » fait-elle nécessairement
rupture avec la rationalité globale et doit-elle être réduite à son
détournement occasionnel ou permanent ou bien s'agit-il de considérer la
rationalité et les règles de marché comme un objet de recherche bicéphale3 ?
Une enquête ethnographique4 conduite sur les marchés à la criée de produits
dit « dérivés5 » du MATIF (Marché à terme international de France) localisés
3. L'ensemble de ce questionnement n'a pas été posé préalablement à l'enquête. Il s'est imposé
au fur et à mesure de l'enquête et des analyses. Il est placé en tête de l'article pour des raisons
didactiques.
4. Cette enquête a duré plus d'un an (1997-1998) au p

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