Un nouveau chapitre des relations polono-allemandes - article ; n°2 ; vol.37, pg 197-219
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Description

Politique étrangère - Année 1972 - Volume 37 - Numéro 2 - Pages 197-219
Les accords sur Berlin ont préservé les chances d'un dialogue interallemand, dont on ne sait encore qui en bénéficiera à long terme. Or, la frontière occidentale de la Pologne, qui ne devrait pouvoir être modifiée par la force, mais qui pourrait l'être par consentement mutuel, dépendra principalement en fait, dans l'avenir, des relations entre les deux Allemagnes. Le traité de Varsovie aura le mérite de mettre fin à une longue période de griefs réciproques et de permettre l'espoir une réconciliation entre la Pologne et l'Allemagne. Dans la mesure où les puissances occidentales confirmeront le caractère intangible de la frontière occidentale polonaise, et où l'opinion publique ouest-allemande sera amenée à accepter définitivement cette frontière, cette réconciliation, selon l'auteur, est possible.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Zbigniew Rapacki
Un nouveau chapitre des relations polono-allemandes
In: Politique étrangère N°2 - 1972 - 37e année pp. 197-219.
Résumé
Les accords sur Berlin ont préservé les chances d'un dialogue interallemand, dont on ne sait encore qui en bénéficiera à long
terme. Or, la frontière occidentale de la Pologne, qui ne devrait pouvoir être modifiée par la force, mais qui pourrait l'être par
consentement mutuel, dépendra principalement en fait, dans l'avenir, des relations entre les deux Allemagnes.
Le traité de Varsovie aura le mérite de mettre fin à une longue période de griefs réciproques et de permettre l'espoir une
réconciliation entre la Pologne et l'Allemagne. Dans la mesure où les puissances occidentales confirmeront le caractère
intangible de la frontière occidentale polonaise, et où l'opinion publique ouest-allemande sera amenée à accepter définitivement
cette frontière, cette réconciliation, selon l'auteur, est possible.
Citer ce document / Cite this document :
Rapacki Zbigniew. Un nouveau chapitre des relations polono-allemandes. In: Politique étrangère N°2 - 1972 - 37e année pp.
197-219.
doi : 10.3406/polit.1972.1935
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1972_num_37_2_1935UN NOUVEAU CHAPITRE DES RELATIONS
POLONO-ALLEMANDES
par Zbigniew RAPACK1
Les accords sur Berlin ont préservé les chances d'un dialogue
interallemand, dont on ne sait encore qui en bénéficiera à long
terme. Or, la frontière occidentale de la Pologne, qui ne devrait
pouvoir être modifiée par la force, mais qui pourrait l'être par
consentement mutuel, dépendra principalement en fait, dans
l'avenir, des relations entre les deux Allemagnes.
Le traité de Varsovie aura le mérite de mettre fin à une longue
période de griefs réciproques et de permettre l'espoir d'une ré
conciliation entre la Pologne et l'Allemagne. Dans la mesure où
les puissances occidentales confirmeront le caractère intangible
de la frontière occidentale polonaise, et où l'opinion publique
ouest-allemande sera amenée à accepter définitivement cette front
ière, cette réconciliation, selon l'auteur, est possible.
Le pari fait par les promoteurs de l'« Ostpolitik » a été enfin tenu :
les quatre puissances se sont entendues sur les stipulations des accords
sur Berlin et les négociations interallemandes — après avoir mar
qué le pas — ont abouti en décembre à un accord, non sans une
contribution personnelle de M. Brejnev.
Qui plus est, M. Ulbricht, partisan d'une victoire totale, « à la
chinoise », a dû abandonner les rênes du pouvoir, faute d'une sou
plesse suffisante ; les dirigeants de Berlin-Est ont dû « avaler quel
ques couleuvres » et subir des avatars liés au fait qu'ils avaient perdu
la face tandis que l'appareil de propagande de la R.D. A. se livrait
à des ajustements considérables de tir.
Faut-il mettre cet état de choses sur le compte de la perspicacité
du gouvernement fédéral ? Il nous semble que le dénouement favora
ble soit plutôt dû au rapprochement sino-américain qui a rendu nécess
aire, du point de vue du Kremlin, un arrangement rapide en Europ
e. Aussi, au milieu de l'été 1971, les dirigeants soviétiques ont-ils
visiblement renoncé à appliquer, vis-à-vis de Bonn et de ses alliés, RAPACKI 198
la méthode des réflexes conditionnés qui était censée devoir assurer
l'acceptation progressive par la R.D.A. des conditions soviétiques.
Pour atteindre cet objectif, il leur a même fallu jeter du lest.
Toutefois, il convient de faire une distinction entre les incidences
à court et à long terme des accords sur Berlin et des arrangements
complémentaires interallemands.
Il est indéniable que les facilités de communications terrestres
entre Berlin-Ouest et la R.F.A., le rétablissement, pour les Berlinois,
du droit de visite à Berlin-Est et en R.D.A. ainsi que d'autres arran
gements qui leur font suite, constituent un grand succès pour le
gouvernement fédéral et ont un impact sur l'opinion allemande des
deux côtés de la ligne de partage du pays.
Pourtant, ce que la R.D.A. perd dans l'immédiat sur un tableau,
en acceptant à contre-cœur certaines stipulations, elle le regagnera
bientôt — et largement — sur un autre tableau. Son admission à
l'ONU et la reconnaissance en termes de droit international par les
puissances occidentales, et d'autres puissances, sont désormais affaire
de temps. Dès lors, le seul sacrifice à court terme se limite à l'aban
don de la tactique employée et de la dialectique précédemment en
honneur. Le paradoxe veut que M. Ulbricht, qui s'est identifié avec
la rigidité doctrinale et l'intransigeance dans le litige interallemand,
a dû céder sa place à la tête du parti, alors que c'est grâce à la
politique poursuivie par lui avec opiniâtreté depuis vingt ans que les
dividendes vont bientôt échoir à la R.D.A.
Ensuite, si les Berlinois, à juste titre, ressentent un grand soul
agement dans l'immédiat, l'avenir de leur ville n'est pas assuré pour
autant. La configuration géographique — Berlin vit et va continuer
à vivre coupé de son arrière-pays — n'autorise guère l'optimisme.
D'ailleurs, les conséquences de cet état de choses se font déjà sentir
depuis longtemps : les jeunes s'en vont et les capitaux ne rentrent
pas. L'écart du niveau de vie entre les Berlinois et leurs compatriotes
de la R.D.A. s'accentue et le maintien du standing berlinois à un
niveau supportable rend nécessaires des subventions énormes. Ces
dernières continueront-elles à être assurées alors que surgissent en
R.F.A. de graves difficultés économiques ? Vont-elles pouvoir être
maintenues à ce montant, dans une époque de détente et de rappro
chement, alors que les sacrifices indéniables qu'elles impliquent ont
été consentis à une époque où la menace d'étouffement pesait sur la
ville et sur ses habitants ? GERMANO-POLONAIS 199 TRAITÉ
Tout est là, et il est possible que l'on spécule au Kremlin sur le
facteur temps qui travaille en faveur des Soviétiques et qui est censé
faire tomber à terme Berlin, .tel un fruit mûr, dans les mains des
communistes est-allemands. C'est que pour les dirigeants communi
stes, malgré toutes les faiblesses inhérentes à leur gestion économiq
ue, l'horizon politique n'est pas limité par la prochaine échéance
électorale ; ils ne découpent pas le temps en tranches de durée
égale au mandat électif et dont chacune constitue une époque auto
nome.
De même, les perspectives des rapports interallemands paraissent
à présent prometteuses. Et pourtant, quand au début des années
soixante, si nos renseignements sont bons, les premiers fondements
de la future « Ostpolitik » ont été jetés, le contexte général d'alors
avait, comme toile de fond, le mur de Berlin fraîchement érigé et
comme donnée, semblait-il permanente, la supériorité tellement man
ifeste de la R.F.A. sur la R.D.A., que cette dernière, pour subsister,
a dû avoir recours à une vie en vase clos.
Il s'agissait dès lors d'accepter une bonne partie des conditions
posées par la partie adverse pour ne pas permettre que la rupture
entre les deux AUemagnes devienne définitive et pour préserver les
chances d'un dialogue interallemand. Mais rien n'est jamais définitif,
et depuis dix ans la situation a beaucoup changé. La R.D.A. s'est
singulièrement renforcée, alors qu'en R.F.A. sont apparus les symp
tômes d'une crise morale liée, en grande partie, aux problèmes de
la finalité de la civilisation de consommation. En effet, les Allemands,
peut-être plus que les autres peuples, ont besoin d'une claire vision
de leur destin collectif afin de fournir une justification ultime aux
efforts individuels. Or, une éthique sévère, le culte du travail et de
la discipline, de même qu'un autre modèle de distribution du revenu
national peuvent progressivement rehausser le prestige de la R.D.A.
aux yeux des jeunes Allemands de l'Ouest.
De prime abord, le régime est-allemand présente peu d'attraction
pour la population de la R.F.A., qu'il s'agisse des jeunes ou des

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