Une paix asiatique est-elle possible sans architecture régionale ? - article ; n°1 ; vol.66, pg 83-93
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Politique étrangère - Année 2001 - Volume 66 - Numéro 1 - Pages 83-93
Is an Asian Peace Possible Without a Régional Framework? by François Godement Will the 21st century witness the triumph of peace and prosperity in Asia or is there a risk that the region will descend into chaos and war? Everything depends on the way in which three emergent factors, pertinent to regional stability, evolve : the first is the opening up to the market economy, which has yet to happen in Vietnam and North Korea, and whose continuation in China is leading to an interdependence with other states in the region; the second is the process of modernisation of political institutions, initiated on the Korean Peninsula and also in Indonesia, the Philippines, Taiwan and even in China, and which, if continued, could also tip the balance in favour of peace. The third is the slow conversion, observed in the entire region, to the idea of regional economic co-operation based on formal agreement. Still, there is nothing to suggest that these three factors for peace will be powerful enough to overcome the risks of conflict, which weigh heavy upon Asia, such as the question of the Strait of Formosa and nuclear rivalry among India, Pakistan and China .
Le XXIe siècle verra-t-il la paix et la prospérité triompher en Asie ou la région risque-t-elle de basculer dans la crise et la guerre ? Tout dépendra de la façon dont évoluent les trois nouvelles données de l'équilibre régional : le premier, c'est l'ouverture à l'économie de marché, qui reste à faire au Vietnam et en Corée du Nord, dont la poursuite en Chine mène à une interdépendance avec les différents Etats de la région ; le deuxième, c'est le processus de modernisation des institutions politiques, amorcé sur la péninsule coréenne ainsi qu'en Indonésie, aux Philippines, à Taiwan et même en Chine, et qui, s'il se poursuit, peut lui aussi faire pencher l'équilibre en faveur de la paix. Le troisième, enfin, c'est la lente conversion, observée dans l'ensemble de la région, à l'idée d'une coopération économique régionale fondée sur des accords en bonne et due forme. Mais rien ne dit que ces trois facteurs de paix seront assez puissants pour surmonter les risques de conflit que font encore peser sur l'Asie la question du détroit de Formose et la rivalité nucléaire entre l'Inde, le Pakistan et la Chine.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 52
Langue Français

Extrait

François Godement
Une paix asiatique est-elle possible sans architecture régionale
?
In: Politique étrangère N°1 - 2001 - 66e année pp. 83-93.
Citer ce document / Cite this document :
Godement François. Une paix asiatique est-elle possible sans architecture régionale ?. In: Politique étrangère N°1 - 2001 - 66e
année pp. 83-93.
doi : 10.3406/polit.2001.5046
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_2001_num_66_1_5046Résumé
Le XXIe siècle verra-t-il la paix et la prospérité triompher en Asie ou la région risque-t-elle de basculer
dans la crise et la guerre ? Tout dépendra de la façon dont évoluent les trois nouvelles données de
l'équilibre régional : le premier, c'est l'ouverture à l'économie de marché, qui reste à faire au Vietnam et
en Corée du Nord, dont la poursuite en Chine mène à une interdépendance avec les différents Etats de
la région ; le deuxième, c'est le processus de modernisation des institutions politiques, amorcé sur la
péninsule coréenne ainsi qu'en Indonésie, aux Philippines, à Taiwan et même en Chine, et qui, s'il se
poursuit, peut lui aussi faire pencher l'équilibre en faveur de la paix. Le troisième, enfin, c'est la lente
conversion, observée dans l'ensemble de la région, à l'idée d'une coopération économique régionale
fondée sur des accords en bonne et due forme. Mais rien ne dit que ces trois facteurs de paix seront
assez puissants pour surmonter les risques de conflit que font encore peser sur l'Asie la question du
détroit de Formose et la rivalité nucléaire entre l'Inde, le Pakistan et la Chine.
Abstract
Is an Asian Peace Possible Without a Régional Framework? by François Godement
Will the 21st century witness the triumph of peace and prosperity in Asia or is there a risk that the region
will descend into chaos and war? Everything depends on the way in which three emergent factors,
pertinent to regional stability, evolve : the first is the opening up to the market economy, which has yet to
happen in Vietnam and North Korea, and whose continuation in China is leading to an interdependence
with other states in the region; the second is the process of modernisation of political institutions,
initiated on the Korean Peninsula and also in Indonesia, the Philippines, Taiwan and even in China, and
which, if continued, could also tip the balance in favour of peace. The third is the slow conversion,
observed in the entire region, to the idea of regional economic co-operation based on formal agreement.
Still, there is nothing to suggest that these three factors for peace will be powerful enough to overcome
the risks of conflict, which weigh heavy upon Asia, such as the question of the Strait of Formosa and
nuclear rivalry among India, Pakistan and China .POLITIQUE ÉTRANGÈRE 1/2001
repères
Une paix asiatique est-elle
François GODEMENT possible sans architecture
régionale ?
Le XXIe siècle verra-t-il la paix et la prospérité triompher en Asie ou la région
risque-t-elle de basculer dans la crise et la guerre ? Tout dépendra de la façon dont
évoluent les trois nouvelles données de l'équilibre régional : le premier, c'est
l'ouverture à l'économie de marché, qui reste à faire au Vietnam et en Corée du
Nord, dont la poursuite en Chine mène à une interdépendance avec les différents
Etats de la région ; le deuxième, c'est le processus de modernisation des institu
tions politiques, amorcé sur la péninsule coréenne ainsi qu'en Indonésie, aux
Philippines, à Taiwan et même en Chine, et qui, s'il se poursuit, peut lui aussi
faire pencher l'équilibre en faveur de la paix. Le troisième, enfin, c'est la lente
conversion, observée dans l'ensemble de la région, à l'idée d'une coopération éc
onomique régionale fondée sur des accords en bonne et due forme. Mais rien ne
dit que ces trois facteurs de paix seront assez puissants pour surmonter les risques
de conflit que font encore peser sur l'Asie la question du détroit de Formose et la
rivalité nucléaire entre l'Inde, le Pakistan et la Chine.
Politique étrangère
L'avènement du XXIe siècle en Asie — un siècle souvent annoncé
comme celui de PAsie-Pacifique - s'est déjà avéré riche en évé
nements et en revirements inattendus. Il y eut d'abord la
grande crise financière de 1997, dont l'impact menace toujours sys
tèmes et marchés financiers à travers la région, ravivant partout des
problèmes sociaux que l'expansion rapide avait effacés. Il y eut encore
François Godement est professeur des universités à l'Institut national des langues et civilisations orientales
(INALCO) et chercheur associé à l'Ifri (godement@ifri.org). .
84 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
l'épanouissement de la rivalité balistique et nucléaire entre l'Inde et le
Pakistan, qui mine le processus de désarmement global et n'est pas
sans effet sur la course aux armements dans le détroit de Formose et
la péninsule coréenne. On ne peut sous-estimer, enfin, la réapparition
de l'instabilité politique en Asie du Sud-Est, qu'il s'agisse de la remise
en cause des régimes ou des Etats eux-mêmes (explosion de Timor et
d'autres régions potentiellement sécessionnistes de l'Indonésie), de
l'affaire de Jolo, médiatisée à travers le monde, et qui révèle la société
philippine pour ce qu'elle est, ou de l'âpre contestation installée au
cœur du système Mahathir, en Malaisie. On y ajoutera, pour faire
bonne mesure, la perte d'initiative et d'influence du Japon, affecté par
sa plus longue stagnation économique depuis l'ère Meiji, phénomène
sans précédent depuis cinquante ans. Et aussi, bien sûr, les sautes
d'humeur géopolitiques des dirigeants chinois, écartelés entre la pré
servation de leur légitimité et l'ouverture sur le monde. Dans ces
conditions, l'Asie peut sembler dangereuse aujourd'hui, et la préser
vation d'une architecture de défense fondée exclusivement sur le
soutien bilatéral des États-Unis plus que jamais indispensable.
Les signes du renouveau
Mais l'adoption d'une telle analyse pourrait conduire à négliger les
évolutions positives, qui furent pourtant nombreuses au cours de ces
dernières années, notamment du fait de la crise financière asiatique
elle-même, tant il est vrai que toute crise est aussi l'occasion d'une
purge salutaire. L'ouverture désordonnée des marchés asiatiques,
accompagnée d'un optimisme à la Pangloss chez les zélateurs du
« miracle asiatique », avait en effet créé un danger systémique global.
Aujourd'hui, au contraire, ré-émergent à travers l'Asie nombre d'en
treprises assainies, des participations étrangères qui ne sont plus
autant de paris pris à l'aveuglette, et une prise de conscience du degré
de transparence nécessaire à la bonne marche des affaires : quel spec
tacle, par exemple, que de voir à Singapour le senior minister Lee
Kuan-yew, naguère défenseur de la « voie et des valeurs asiatiques »,
recommander brutalement aux actionnaires singapouriens et étrangers
de vendre leurs titres des principales banques de la cité-État, si celles-
ci ne réforment pas plus vite leur gestion1 !
1 Asian Wall Street Journal, 30 octobre 2000. UNE PAIX ASIATIQUE SANS ARCHITECTURE RÉGIONALE ? / 85
Ce nouveau réalisme est même perçu par ceux qui cherchent, à tra
vers l'Asie, à différer l'apurement des comptes de la crise financière,
en raison d'une addition politiquement ou fiscalement insup
portable. On en verra pour preuve deux conversions récentes et
simultanées au fonctionnement régulier du marché : en Chine, le
gouvernement a fait volte-face en reconnaissant la responsabilité de
débiteur de la Gitic, organisme parapublic dont la cessation de paie
ment, depuis 1998, a provoqué la plus grave rupture de confiance
avec les créanciers internationaux ; en Malaisie, le gouvernement
Mahathir a aboli la taxe sur les sorties de capitaux, instaurée en 1998,
et qui freinait l'investissement financier dans ce pays. Ce néo
réalisme a également touché le Japon, où l'acquisition d'entreprises
nippones par des firmes étrangères (qu'il s'agisse de l'opération
Renault-Nissan ou d

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