Vers un nouvel ordre économique international - article ; n°1 ; vol.42, pg 63-76
15 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Vers un nouvel ordre économique international - article ; n°1 ; vol.42, pg 63-76

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
15 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politique étrangère - Année 1977 - Volume 42 - Numéro 1 - Pages 63-76
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Mayer
Jean-Jacques Subrenat
Vers un nouvel ordre économique international
In: Politique étrangère N°1 - 1977 - 42e année pp. 63-76.
Citer ce document / Cite this document :
Mayer Pierre, Subrenat Jean-Jacques. Vers un nouvel ordre économique international. In: Politique étrangère N°1 - 1977 - 42e
année pp. 63-76.
doi : 10.3406/polit.1977.1694
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1977_num_42_1_1694VERS UN NOUVEL ORDRE ÉCONOMIQUE
INTERNATIONAL ?
par Pierre MAYER
et Jean- Jacques SUBRENAT
Si la formule d'un « nouvel ordre économique international » est
devenue banale, son contenu n'est ni évident, ni perçu de pareille
façon par les pays en développement et les pays industriels. Certains
experts le définissent ainsi : apporter aux mécanismes économiques
des modifications techniques telles que la réforme du système monét
aire international ; ou remettre enfin à jour les règles qui régissent
le commerce international ; ou encore, trouver un meilleur équilibre
entre la production d'énergie et sa consommation. D'autres, parmi
les représentants des pays en développement, pensent au contraire
qu'un nouvel ordre ne peut se mettre en place qu'à la condition
de prendre appui sur des bouleversements politiques, en même temps
que sur de nécessaires améliorations économiques ou techniques.
Il est rare qu'une amélioration technique se suffise à soi-même :
il lui faut aussi une volonté politique et un projet social. Or, préci
sément, la période actuelle se distingue par une difficulté accrue de
mettre en rapport les moyens et la nécessité. Dans un monde où la
trame des interdépendances se trouve resserrée par la vitesse, la mult
iplication des incertitudes apparaît comme une contradiction lourde
de conséquences. La question est souvent posée de savoir si l'ordre
économique actuel pousse les différents acteurs à coopérer ou à
s'affronter : il s'agit plutôt de savoir si X absence de cohésion et d'or
ganisation, la disparité des situations, la multiplication des aléas en
tous genres, ne se traduira pas par une période d'inévitable transit
ion, dont il faudra limiter les inconvénients majeurs. P. MAYER - J.-J. SUBRENAT 64
A - PERSPECTIVES ET RISQUES
D'UN NOUVEL ORDRE
Toute explication optimiste tient pour acquise la résorption de la
crise sans l'intervention de changements fondamentaux ; c'est croire
qu'il suffit de négocier une nouvelle péréquation entre les besoins
énergétiques du monde industriel et la nouvelle puissance de mar
chandage des exportateurs de pétrole. Les pessimistes sont persuadés,
au contraire, que les conséquences de la crise pétrolière d'octo
bre 1973 ne sont pas encore clairement perçues, qu'elles ont été
camouflées par l'inflation, par une certaine mise en scène, et par
des progrès techniques qui réduisent le sentiment de dépendance
vis-à-vis du pétrole.
A-t-on sous-estimé la crise pétrolière et, à travers elle, le danger
latent d'une expansion économique nourrie de carburants bon
marché ?
Au cours de l'année 1974, on s'en souviendra, deux explications
contradictoires étaient élaborées à l'envi : les économies industrielles
tenaient le quadruplement du prix du pétrole pour responsable de
la crise économique ; les producteurs de pétrole rétorquaient que
leur action ne faisait que mettre en relief, avec une douloureuse
acuité, la crise d'un système monétaire inadapté, donc moribond.
En toute logique, les effets de la crise pétrolière auraient dû être
répercutés immédiatement sur la plupart des pays et à tous les
niveaux d'activité : un transfert massif de ressources aurait dû se
faire pour transformer le surplus payé par les consommateurs en
excédents équivalents pour les pays producteurs et exportateurs
de pétrole. Or, si cela a bien été le cas, ni l'ampleur ni la rapidité
du phénomène n'ont été suffisantes pour faire éclater un système
que les épreuves successives depuis 1945 ont endurci. La différence
aurait dû se traduire par une symétrie entre le pouvoir d'achat accru
des producteurs et une déperdition concommitante chez les pays im
portateurs. Or, les transferts ont eu un effet limité sur la capacité
d'investissement productif des « nouveaux riches », qui se sont ré
fugiés dans des dépenses de prestige, de souveraineté ou de spéculat
ion. Quelles ont été les formes de ce camouflage involontaire ?
Tout d'abord, l'inflation, exacerbée par le quintuplement du prix
du pétrole, a repris indirectement une partie de l'avantage des NOUVEL ORDRE ÉCONOMIQUE 65
pays producteurs. Si, entre 1960 et 1973, la dérive annuelle des
prix variait de 2,6 % aux Etats-Unis à 6 % au Japon, elle s'était
accusée partout après 1974, atteignant 11 % en 1975 dans les
sept grands pays de l'O.C.D.E., non sans marquer des écarts ex
trêmes aux Etats-Unis, en France, en Italie et en Angleterre avec,
respectivement 9,3, 14, 17,5 et 27,3 %. Une telle situation était
peu propice à la prise en compte équilibrée du choc subi, et à la
concertation nécessaire entre les nations en vue d'un nouvel ordre
économique mondial.
De même, le déficit de la balance des paiements des pays indust
riels a mis en évidence des situations fort disparates : en 1974, par
exemple, l'espérance de vie des réserves financières de la France
était d'un an et demi, celles du Japon un peu plus d'un an, de huit
mois seulement pour d'Italie et de Grande-Bretagne, mais de
14 ans pour les Etats-Unis et de 40 ans pour la Belgique.
A l'heure actuelle, la hausse différenciée décidée à Doha en dé
cembre 1976 représente pour les pays industriels un coût supplé
mentaire dont la charge pèse de façon inégale, accentuant par là
les difficultés des pays déjà touchés. Si l'on retient, pour simplifier,
une hausse moyenne de 8,5 % (compte tenu des masses de pétrole
vendues respectivement par les tenants du 10 % et ceux du 5 %), cela
représente 9,4 milliards de dollars supplémentaires. Le degré de
dépendance vis-à-vis des importations d'énergie détermine le mont
ant de la surcharge pour un pays : 4 milliards pour la Communauté
européenne (dont environ 1 milliard pour la France), 2,2 milliards
pour les Etats-Unis, 1,4 milliard pour le Japon, 1,2 milliard pour les
pays en développement non-producteurs, et 1/2 les
autres pays européens de l'O.C.D.E. hors communauté. On retien
dra surtout, pour les comparer, la surcharge que devra assurer
Washington et le double qui incombe aux pays de la C.E.E.
Les implications politiques de la crise ont également tardé à appar
aître, faussées qu'elles étaient par la passion des débats ainsi suscit
és. Si les pays en développement se sont scindés encore plus nette
ment entre ceux qui pouvaient s'attendre à une solution convenable
de leur crise et ceux dont le relèvement est plus aléatoire, la scission
des pays industriels n'est pas moins significative. L'Allemagne
Fédérale, les Etats-Unis et le Japon se caractérisent désormais par
une relance économique que contemplent de loin la France, la
Grande-Bretagne et l'Italie. Les excédents de la balance des paie- P. MAYER - J.-J. SUBRENAT 66
ments de Bonn et de Tokyo sont même considérés comme anormaux,
compte tenu notamment du climat de concurrence exacerbée qui
caractérise des marchés à expansion limitée (construction navale,
production d'acier, ventes d'automobiles). Les premières rumeurs
de protectionnisme se font entendre, dont l'amplification pourrait re
mettre en cause les principes mêmes du libre-échange, soubassement
de bien des concepts politiques.
Quant aux pays en développement, le souci demeure plus que
jamais, de réduire les obstacles qui les séparent d'une existence
plus assurée. Les thèmes économiques ont servi d'armes politiques
à nombre de pays — par exemple au cours de la Conférence des
Non- Alignés, Colombo 1976 — pour tenter de formuler en revendi
cations les besoins du Tiers-Monde, ce qui a également contribué
à masquer l'ampleur de la discontinuité si

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents