Quand l ordinateur remplace le divan & arnaque ou aubaine?
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Quand l'ordinateur remplace le divan & arnaque ou aubaine?

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Description


Frans Tassigny
Etre thérapeute en ligne signifie d'abord être thérapeute. Le praticien devra donc avoir la formation nécessaire et suffisante dans le type de travail qu'il propose. Il doit être clairement identifiable par son état civil, ses diplômes et son adresse hors ligne.
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Langue Français

Extrait

Les psys en ligne: arnaque ou aubaine?
Les psychothérapies via internet arrivent en France. Ces pratiques, qui comptent déjà de multiples adeptes dans les pays anglo-saxons, peuvent présenter quelques atouts par rapport aux thérapies classiques. Mais elles impliquent surtout un certain nombre de risques.
- In Treatment © Home Box Oice (HBO) -
Consulter son psy n'importe quand, n’importe où, obtenir des réponses rapides à ses demandes, sentir un véritable soutien au quotidien, tels sont les arguments mis en avant par les utilisateurs des thérapies en ligne. De nombreux sites d'« e-thérapie » ont vu le jour ces dernières années en France (exemples:http://votrepsyenligne.com/,http://www.monpsychanalyste.c om/,http://www.ecoute-psy.com/,http://www.psychologue-en-ligne.net). À travers ces pages, un ou plusieurs thérapeutes (psychiatre, psychologue, psychanalyste, psychothérapeute) proposent leurs services. Les moyens de communication utilisés sont l’échange de mails, le chat (via des services de messagerie instantanée), l’échange téléphonique et la visioconférence. Soit tout, sauf le traditionnel contact réel et direct entre le thérapeute et son patient.
Anonymat garanti et exibilité maximale
«J’avaîs besoîn d’une personne prête à m’écouter, maîs je ne pouvaîs pas luî montrer mon vîsage torturé. Le vîrtuel m’a aîdé à pousser la porte que je n’osaîs franchîr», témoigne une patiente dans la lettre demonpsychanalyste.com(une revue bimestrielle consultée par nos soins). L'anonymat est susceptible de motiver ceux qui, jusque-là, hésitaient à sauter le pas par peur du regard des autres. Pour Jean-
Pierre Begue, psychanalyste en ligne, la thérapie en ligne n’a pas vocation à se substituer aux pratiques en cabinet, mais constitue une ore complémentaire pour les personnes qui ne peuvent pas se déplacer ou qui sont plus à l’aise dans ce mode d’échange.
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«Certains patients trouvent un intérêt particulier à une communication par chat, par exemple des personnes isolées géographiquement, introverties, timides, handicapées ou encore phobiques» écrit Nathalie Noachovitch, psychothérapeute en ligne sur son sitevotrepsyenligne.com.
Une autre patiente de Jean Pierre Bègue témoigne sur son site (http://www.monpsychanalyste.com):«Je pense que vous écrire a permis de débloquer la partie en moi qui m’empêchait de parler aux thérapeutes que j’ai rencontrés antérieurement, je ne savais jamais quoi leur dire par peur de dire des choses stupides».
L'écrit ne convient pas à tout le monde, mais représente une véritable ouverture pour ceux qui s'expriment diIcilement à l'oral et dans un face à face. L’écran peut ainsi favoriser, paradoxalement, la désinhibition du patient et le rapprochement avec son thérapeute.«La distance permet de se libérer plus facilement d'un secret, comme par exemple pour les victimes d’abus sexuels», évoque Jean Pierre Bègue.
La plupart des sites proposent une réactivité imparable face aux demandes: là ou pour un entretien classique, il faut parfois patienter plusieurs semaines, on obtient un rendez-vous pour une conversation téléphonique ou un chat dans les 24h, une réponse aux mails dans la journée. Cela veut dire gain de temps, mais aussi gain d'argent, car on évite les déplacements. Les tarifs sont toutefois proches des tarifs en cabinet (environ 40€ pour une «séance» de 30 minutes par chat, téléphone ou webcam, entre 10 et 35€ pour un échange de mails).
Fin de la frustration
Les thérapeutes travaillant en cabinet expriment des doutes quant à ces nouvelles pratiques. Pour Michel Botbol, psychanalyste et secrétaire général de l'association française de Psychiatrie, «la thérapie en ligne n’a de sens que dans une relation déjà établie par le biais d’une rencontre préalable. Dans le cas d’un déménagement, par exemple, continuer une thérapie à distance vaut mieux que rompre un travail commencé.»
Concernant les sites de thérapie en ligne, plusieurs facteurs interpellent les professionnels de la Psychiatrie. PourJean Pierre Zobel, psychologue et membre dusyndicatnationaldespraticiensenpsychothérapie,«le processus thérapeutique fonctionne traditionnellement sur la frustration: devoir se déplacer, attendre, payer... Or, dans le tout tout de suite, il n'y a plus de frustration et donc plus de processus thérapeutique.»
Surtout, la uidité et spontanéité d’une relation directe disparaît. Plus de place non plus aux lapsus révélateurs de pensées ou sentiments inconscients qui donnaient une profondeur à la dialectique avec le thérapeute.
«La présence immédiate de l’autre me semble indispensable» assure Michel Botbol.«Ce qui est en cause, c’est de se servir de ses émotions durant l’échange pour essayer de mieux se comprendre».
L’écrit peut au contraire entraver la compréhension. Une part d'implicite subsiste, plus grande qu’à l’oral, ce qui peut être source de malentendus. Des interprétations inexactes, comme l'humour pris au premier degré, risquent d'induire en erreur le client et nuire à la relation thérapeutique, basée avant tout sur la conïance. «Une thérapie réduite à l'échange d’e-mails est malheureusement soumise à beaucoup de malaises, de mauvaises interprétations et malentendus des deux côtés dus aux décalages des réponses»,témoigne une patiente de Willi Roes, psychothérapeuteen ligne sur son site.
Pour Jean-Pierre Zobel, le transfert (processus par lequel le patient projette sur son analyste des sentiments qu’il a déjà éprouvé dans son enfance, crucial en analyse, ne peut se mettre véritablement en place dans un échange en ligne. «L'échange se limite à la voix ou une vision statique de l'autre, or le langage du corps est une partie non négligeable de la thérapie».
Selon Michel Botbol:
«L’échange par mail s’apparente davantage à une forme de soutien. La thérapie a une visée plus large qu’un simple soulagement que peut représenter l’écrit.»
Une solution de confort pour l’analyste
Botbol et Zobel s’accordent sur une chose, en termes de confort, le thérapeute en ligne y gagne assurément. «Il peut gagner sa vie tout en restant tranquille chez soi. J’espère qu’il y en a qui ont l’honnêteté de dire cela», lance Michel Botbol.
Alors que le confort, pour le patient, est loin d’être assuré – des mésaventures peuvent survenir. Les deux parties ont par exemple la possibilité de dissimuler leur véritable identité. Si un patient mineur peut prétendre être majeur et outrepasser une autorisation parentale pour consulter, surtout, de l'autre côté de l'écran, la garantie sur l’identité du praticien est légère. Le risque est grand de se satisfaire de réponses encourageantes sans faire la démarche de vériïer si l’interlocuteur est réellement un thérapeute formé à cette tâche.
En France, une simple déclaration surle site internet de l’URSSAFsuIt pour démarrer une activité de thérapeute en ligne. Pour cela, pas besoin de présenter de diplôme. Théoriquement n’importe qui peut donc faire cette démarche, d’où la nécessité d’être vigilant. Néanmoins, les psychologues et psychothérapeutes ont l’obligation d’enregistrer leurs diplômes au sein du répertoireADEL(Automatisation des Listes), géré par les Agences régionales de
santé (ARS). Les utilisateurs peuvent donc vériïer auprès de l’ARS de leur région, s’il s’agit vraiment d’un professionnel diplômé. Pour les psychiatres, il faut s’adresser à l’Ordre national des médecins pour cette démarche.
Dans une thérapie en ligne, la conïdentialité des échanges par mail ne peut être garantie. En eet, le client n'a aucune garantie que ses mails ne soient pas lus par d'autres personnes, les messageries pouvant être facilement piratées, les mails transférés, etc.
Des recommandations de bonnes pratiques
Aïn d’établir un cadre d’intervention des thérapies en ligne, la nternational Society for Mental Health Online (SMHO), fondée en 1997, a dressé un certain nombre de recommandations adressées aux thérapeutes. Elle préconise par exemple d'informer en amont les futurs clients sur les bénéïces et risques potentiels d'une thérapie en ligne, les limites de conïdentialité, les délais de réponse aux mails et la fréquence des rendez-vous. Le professionnel doit être identiïable par son nom et présenter ses diplômes sur son site.
L'SMHO déconseille formellement aux thérapeutes de prendre en charge des personnes sourant de troubles sévères (hallucinations, délire) ou ayant besoin d'un traitement médical, ainsi que des personnes en situation de risque suicidaire. La diIculté étant, bien sûr, qu’à travers un écran, ces risques-là sont bien plus diIciles à évaluer.
Marc Oeynhausen
Article mis à jour le 11 septembre 2012 à 18h30: une première version non-déînitive de cet article avait été mise en ligne par erreur. Nous prions les lecteurs qui l'ont lue de nous excuser.
Frans Tassigny
Etre thérapeute en ligne signiIe d'abord être thérapeute. Le praticien devra donc avoir la formation nécessaire et suîsante dans le type de travail qu'il propose. ïl doit être clairement identiIable par son état civil, ses diplômes et son adresse hors ligne. ïl devra être également suîsamment a l'aise dans l'utilisation des diérents dispositifs (chat, mail, forums…) qui existent sur ïnternet, et avoir une connaissance aiguë des spéciIcité de cet espace. Le praticien doit respecter les codes éthiques et déontologiques de sa pratique. Le praticien doit respecter les dispositions législatives du pays
dans lequel il exerce et les faire connatre à son client lorsqu'elle s'imposent à lui.
o
Jean-Christophe Dardarthttp://www.psyetgeek.com/a-propos-des-therapies-en-ligne
A propos des therapies en ligne
www.psyetgeek.com
Le journal Le Monde a publié dans son édition en ligne du 12 janvier 2009 un court papier sur les psychothérapies en ligne : Lorsque le face
Frans Frans TassignyToute personne sollicitant une aide en ligne doit être informée par le praticien auquel elle s'adresse sur le travail qui va lui être proposé en termes en coût, de délai de réponse, de durée et de processus engagés.
La présence sur nternet peut poser des problèmes dont il faut être conscient. La conïdentialité ne saurait être garantie de la même manière qu'au cabinet du praticien. Les échanges peuvent être perdus ou envoyé a un autre destinataire par erreur, ou encore la messagerie électronique des protagonistes peut être lue par un tiers. Le thérapeute doit prendre cet élément en compte en proposant par exemple l'utilisation d'un programme de cryptage.
Frans Frans TassignyMême si tous les échanges commerciaux de l'nternet sont basés sur l'avance faite par le client, il me semble plus sûr, dans le cadre du travail en ligne, que le paiement se fasse toujours après. Cela laisse ainsi à chacun la possibilité de rompre la relation avec le traitement sans être gêné par des histoires d'argent.
Des procédures à suivre en cas d'urgence devraient être discuter : qui joindre si le praticien en ligne n'est pas disponible ? Quel professionnel le praticien en ligne peut il joindre en cas d'urgence (tentative de suicide, délire, mises en danger de soi ou d'autrui)
Le praticien doit faire savoir quelles traces il garde des échanges, ce qu'il va en faire, des mesures de sauvegarde et de protection qu'il utilise.
Jean-Christophe DardartOui je suis d'accord, il me semble important que le thérapeute utilise du coup un système dont il a entière maîtrise l'idéal serait qu'il héberge lui même le serveur qui va servir à l'échange. l a accès ainsi aux informations et sauvegardes, tout comme les diérentes traces. Le cryptage GPG via un protocole Jabber me semble le plus adapté et réalisable.
Frans Frans TassignyBien, jadis j'avais pensé aussi au courrier SSL, très sécurisant. Quand au Dr W.Théaux, d'après Laurent Martin, il parraît qu'il procède chez lui à des" extractions "??? Mais peut-être nous en dira t il d'avantage ?
complément
Tous les textes et artîcles de ce sîte n'engagent que l'auteur: Leo Lavoîe
La thérapie en ligne sur le web se présente sous 4 formes principales : l y a la forme e-mail qui, selon certains, serait semblable à la supposée psychanalyse que Freud aurait fait en communiquant avec son ami Fliess par courrier.Je me (1) porte en faux contre cette allégation. l y a la forme en message instantané, avec les logiciels de message instantané (tchat ou chat) du type MSN ou Yahoo, CQ, ou autre, encryptés ou non. l y a la forme avec message instantané et caméra en direct, et pour terminer, il y a la forme avec caméra et son en temps réel. Les trois derniers; avec message instantané (tchat) et caméra ou non, ou caméra et son, exigent la prise d’un rendez-vous et d’une organisation du temps à l’entour de la consultation. Celle avec e-mail permet d’écrire n’importe quand et avec l’inspiration du moment; que ce soit en pleine nuit comme dans une période d’insomnie, ou au réveil d’un rêve, de façon à le communiquer le plus tôt possible pendant que le tout est frais à l'esprit.
Freud qui, comme Jung, croyait à la supériorité des interprétations des rêves, pour ce qui est de la psychanalyse, aurait bien aimé avoir cette option; au moins en surplus des visites en bureau de consultation.
En plus, la méthode écrite est extraordinaire dans le sens du fait bien connu que « les écrits restent » et, eectivement, ils restent assez longtemps pour bien en extraire le contenu potentiel qui se trouve aussi souvent « entre les lignes ». Dois-je ajouter que pour lire « entre les lignes » il faut des lignes? Naturellement, pour être thérapeute en ligne, il faut, en plus des qualiïcations de thérapeute, avoir de l’expérience de la communication en ligne et de son contenu à teneur psychologiquement signiïcative .
(1)Pour ce qui est de Freud et de Fliess, il y avait un « os » dans cette relation supposément thérapeutique. Fliess était médecin mais il n’était pas psychanalyste ni thérapeute analytique. À cette époque où Freud faisait la découverte en temps réel de la psychanalyse, il lui aurait fallu un autre psychanalyste, mais il n’y en avait pas d’autres encore. Et puis, il était connu que Freud voulait garder ce qu’il considérait comme une autorité sur ses « disciples » (se reporter à l'incident des analyses de rêves entre Freud et Jung en Amérique) ou, si l’on préfère, sur les adeptes de l’école psychanalytique de Vienne.
l ne s’agit PAS de se CONTENTER d’une thérapie en ligne par e-mail ou autrement. l s’agit d’en extraire tous les avantages et de proïter de chaque aspect diérentiel de cette méthode pour en faire une méthode à part entière en lui reconnaissant les qualités extraordinaires que la méthode en personne, en cabinet, ne possède PAS.
La méthode en « tchat » direct par MSN ou CQ est une autre méthode déjà que celle par e-mail. Une méthode dont j’élabore actuellement les règles pour pouvoir l’orir sur rendez-vous. Mais je ne crois pas l’orir avec la caméra ou le son. Je sais qu’elle se pratique mais je n’y vois aucun intérêt supérieur à la méthode en « tchat » sans caméra. En fait, elle n’a d’avantage, sur la méthode face à face en cabinet, que le fait de ne pas avoir à se déplacer. Elle ne proïte pas de toutes les possibilités de l’anonymat, de s’exprimer « à l’aveugle » et de toutes les possibilités de l’écrit. Quand à la méthode par email, elle possède toutes ses dernières qualités, plus la possibilité de s’exprimer ponctuellement dans le temps de crises ou de situations dont on oubliera les détails si l’on attend le rendez-vous « tchat » ou en cabinet face à face.
ajout
« Pyschanalyse en ligne : quand l'ordinateur remplace le divan|
Questions à JP Bègue psychanalyste en ligne
Vous êtes l’un des premiers psychanalystes a avoirinvesti le net pour y proposer l’analyse en ligne. Dans un contexte psychanalytique où le respect des règles constitue un cadre intangible à la pratique, comment vous est venue cette idée, pour le moins novatrice et audacieuse, de remplacer le divan par l’ordinateur ?
J’ai tout de suite compris les immenses possibilités qu’orait nternet pour avoir accès, en quelques clics de souris, à de formidables banques de données et pour
eectuer de chez soi de nombreuses tâches (achats en ligne, courses, démarches) mais ce qui m’avait le plus impressionné c’était la possibilité de communiquer avec une personne à l’autre bout du monde en la voyant sur un écran grâce au haut débit et à la webcam.
L’idée s’est alors imposée à moi comme une évidence : pourquoi ne pas faire le lien entre l’analyse et nternet en réunissant les 2 ; c’est de cette union qu’est née l’analyse en ligne.
Pouvez-vous décrire votre façon de procéder, comment se passe concrètement une séance d’analyse sur le net ?
Le premier contact se fait par mail, il correspond à la demande de la personne et à l’examen de la recevabilité de sa demande qui peut, dans certains cas, ne pas être recevable ou déboucher sur une période d’essai à l’issue de laquelle une décision sera prise.
Nous nous mettons ensuite d’accord sur les rendez-vous hebdomadaires (généralement 3), nous convenons de l’horaire et des modalités de paiement (chèque en début de mois).
Les séances ont lieu au jour et heure ïxés sur l’aire de rencontre de Yahoo ou de Messenger, la conïdentialité est bien protégée puisque le patient et moi sommes les seuls à utiliser cet espace qui nous est réservé.
Une fois le contact établi et les webcams mises en marche, la séance commence par un échange de bonjour en se voyant puis j’interromps d’un clic de souris la télétransmission de ma caméra aïn que le patient ne me voit plus, par contre, le patient lui reste sous mon regard par le biais de la caméra pendant les 45 minutes que dure la séance.
J’écoute mon analysant dont les paroles me parviennent par les écouteurs ; le micro dont je dispose me permet d’intervenir quand je le juge opportun tout comme je le ferais dans mon cabinet. A la ïn de la séance, je rebranche ma caméra, je redeviens visible pour mon patient et j’échange quelques mots avec lui avant de lui dire au revoir.
Votre description me fait associer sur l’hypnose avec l’écran de l’ordinateur comme pendule, l’interruption de la transmission de l’image par l’analyste me suggère la formule de l’hypnotiseur vos paupières sont lourdes de plus en plus lourdes et l’analyste redevenu visible à la în de la séance le réveillez-vous de l’hypnotiseur. N’est ce pas là un retour en arrière par rapport à l’avancée de Freud ?
Que l’évocation de la psychanalyse vous fasse associer sur l’hypnose me paraît normal puisque Freud l’a d’abord utilisée avec ses patients pour les aider à retrouver des souvenirs refoulés mais il a abandonné cette pratique pour celle de la libre association car de nombreux patients insensibles à la suggestion ne pouvaient pas être hypnotisés.
Dans la pratique de la psychanalyse en ligne, l’analyste ne cherche pas à endormir son patient mais plutôt à l’éveiller aux manifestations de l’inconscient pour lui permettre de reconnaître son désir avec comme eet un remaniement de sa subjectivité et une meilleure connaissance de soi.
La psychanalyse inventée par Freud a des règles bien précises qui concourent au bon déroulement de la cure. Ne craignez-vous pas que votre pratique sur le net soit considérée comme une rupture par rapport à l’analyse sur le divan dès lors qu’il n’y a plus la présence physique d’un analyste et d’un analysant dans le même espace. En un mot, il ne s’agirait plus de psychanalyse mais d’une variante au standard de la cure analytique. Peut-on encore parler de psychanalyse dans ce cas ?
Oui, je crois que l’on peut encore parler de psychanalyse dans ce cas.
Freud a toujours laissé la porte ouverte à d’autres dispositions techniques, il a même écrit que l’analyse était la seule technique appropriée à sa personnalité mais que cela ne voulait pas dire qu’un autre praticien constitué tout autrement que lui ne puisse pas être amené à prendre d’autres dispositions. l est même allé plus loin en préconisant d’adapter la technique psychanalytique si des conditions nouvelles apparaissaient ; il pensait alors à un accroissement du nombre d’analystes et des personnes ayant recours à eux.
Freud a inventé la psychanalyse pour traiter des maladies psychiques : hystérie, phobie, obsessions. Son but étant de guérir les patients de leurs symptômes.
Au ïl de la pratique, il s’est avéré que la guérison pouvait survenir pendant le traitement ou après la ïn de celui-ci, c’est-à-dire de surcroît ou pas du tout. Actuellement, un analyste connu (JB Pontalis) a déclaré dans un entretien récent : « l’analyse n’a pas de but thérapeutique au départ car elle n’en fait pas son objectif, elle doit permettre une meilleure connaissance de soi. »
Du point de vue de la technique, une modiïcation importante a été apportée par Lacan avec l’invention de la séance à durée variable. Quant à la neutralité bienveillante de l’analyste, elle est parfois transformée en manifestation d’aection ou à l’inverse en frustration de toute réponse à l’analysant.
Aujourd’hui avec l’apparition de l’analyse en ligne, l’évolution réside dans l’utilisation d’un nouveau moyen de communication à distance par le biais duquel la présence physique simultanée dans un même lieu n’estplus nécessaire pour pouvoir communiquer et se voir.
Autrement dit une analyse à distance semble possible en gardant les mêmes principes que l’analyse sur le divan : la présence d’un analyste en ligne le plus souvent silencieux dans une attitude de neutralité bienveillante et d’un analysant invité à dire tout ce qui lui vient à l’esprit spontanément sans appliquer aucune censure (règle de libre association) ; l’analyse des résistances c’est-à-dire les réticences ou les manquements à cette règle ainsi que tout ce qui, dans les actes ou les paroles, s’oppose à l’accès du sujet à son inconscient ; l’interprétation des rêves, des lapsus, des actes manqués ; l’analyse du transfert sur l’analyste de sentiments, d’émotions, de comportements et de désirs inconscients procédant de la relation aux ïgures parentales.
Nous connaissions l’analyse freudienne, l’analyse lacanienne, l’analyse jungienne, nous avons maintenant l’analyse en ligne. Reste à l’expérimenter et à en apprécier les avantages et les inconvénients.
Dans l’analyse, l’analysant est invité à dire les pensées parasites qui viennent interférer avec sa pensée rationnelle pendant la séance. La présence physique de l’analyste, sa poignée de main, son bureau, ses objetspersonnels, les bruits, les odeurs induisent ces pensées parasites qui témoignent d’un retour du refoulé. Dans votre approche ne vous privez-vous pas de ce qui constitue un des pivots de l’analyse ?
Vous avez raison, les éléments dont vous parlez peuvent, à certains moments, de la cure contribuer à induire des pensées parasites utiles au travail analytique. L’inconvénient majeur de l’analyse en ligne c’est de ne pas avoir la présence de l’autre, sa poignée de main, son apparence sexuée, le décor familier de son bureau et de nombreux autres détails.
Cet inconvénient paraît rédhibitoire au premier abord pourtant bon nombre d’internautes, habitués à tout faire de chez eux, peuvent apprécier l’analyse en ligne tout simplement parce qu’elle fait partie de ce qui est accessible à distance et qu’elle leur convient sous cette forme.
Pour d’autres personnes l’éloignement et la médiation de l’ordinateur constituent au contraire un avantage compte tenu de la nature de leurs diIcultés : timidité, phobie sociale, sentiments intenses de culpabilité et de honte liés à des abus sexuels, peur du regard et du jugement de l’autre. Ce dispositif leur permet de surmonter la peur qui les empêchait de consulter un praticien en ville ou de renouer avec une demande d’aide trop vite abandonnée.
l y a également les personnes sourant d’anorexie ou de boulimie, chez elles, le corps est au premier plan, son eacement dans l’analyse en ligne peut dans certains cas se révéler très positif en facilitant la démarche vers l’analyste et ultérieurement le travail dans le cadre de la cure.
D’autre part, la moindre quantité d’informations visuelles, l’absence de la présence physique de l’analyste derrière soi suscitent paradoxalement une plus grande activité imaginaire chez le sujet entraînant parfois un retour plus rapide du refoulé.
Enïn, pour atténuer l’absence de présence physique, il y a la possibilité pour l’analyste en ligne de prévoir des rencontres avec son patient selon une périodicité adaptée à sa disponibilité et à son éloignement géographique.
Lorsque vous évoquez les personnes qui ont des diïcultés spéciîques de type phobique ou celles qui ont des problèmes avec leur corps, ne croyez-vous pas que votre approche se met au service de leurs résistances et sert à éviter la relation à l’autre or ce sont bien ces résistances et leur analyse qui relèvent du travail dans la cure.
J’ai bien conscience qu’il s’agit de résistances dont le but est d’éviter le rapproché à l’autre mais que vaut-il mieux : laisser ces personnes dans leur sourance ou leur permettre de faire le premier pas vers une aide dont les modalités semblent leur convenir ?
Je crois qu’en leur évitant la confrontation avec ce qu’elles ne peuvent supporter, l’analyse en ligne les met en conïance, éveille leur intérêt et leur permet de faire un travail qu’elles n’auraient probablement jamais pu entreprendre dans le cadre traditionnel.
C’est cela qui me paraît important.
L’écran de l’ordinateur, dont on peut se demander si l’analyste est devant ou derrière, peut être considéré comme une protection or une des spéciîcités de l’analyse c’est précisément la présence de l’analyste et de l’analysant sans séparation matérielle ; ce qui donne à l’analysant la possibilité de rompre le contrat en s’asseyant, en se levant, en regardant son analyste. Il y a donc un risque où chacun s’expose à une éventuelle rupture du contrat, dans votre pratique ce risque parat inexistant.
Dans l’analyse en ligne, il y a également la possibilité que vous évoquez : le patient peut rompre le contrat en se levant pour disparaître du champ de la caméra ou en réclamant à son analyste de le voir en cours de séance ou bien encore en claquant la porte, en l’occurrence en se déconnectant. l existe encore bien d’autres façons de rompre le contrat.
L’écran de l’ordinateur n’a pas été mis en place pour servir de protection, il est là parce qu’il est nécessaire à l’analyse en ligne, dit-on de l’analyste qui se tient
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