Quatrevingt-Treize
457 pages
Français

Quatrevingt-Treize

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Description

Quatrevingt-treize est le dernier roman de Victor Hugo. L'ouvrage connaît un succès immédiat : 8 000 exemplaires sont vendus dès les douze premiers jours. Paru en 1874, il a pour toile de fond les plus terribles années de la Révolution française : la Terreur. À l'origine, ce roman devait constituer le dernier volume d'une trilogie romanesque consacrée à la Révolution française, dont L'Homme qui rit constituerait le premier volume, mais Victor Hugo n'a pas mené ce projet jusqu'à son terme. Cette œuvre testamentaire nous prend la main, nous citoyens, et nous rappelle la naissance de notre fragile liberté, de notre fragile égalité et de notre fragile fraternité. Le 28 juin 1793, trois hommes étaient réunis autour d'une table dans cette arrière-chambre. Leurs chaises ne se touchaient pas 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 44
EAN13 9782824710839
Langue Français

Extrait

V ICT OR H UGO
QU A T REV I NGT - T REIZE
BI BEBO O KV ICT OR H UGO
QU A T REV I NGT - T REIZE
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1083-9
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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P REMI ÈRE P ART I E
EN MER
1I
LI V RE P REMI ER
LE BOIS DE LA
SA U DRAI E
2   jour s de mai 1793, un des bataillons p arisiens
amenés en Br etagne p ar Santer r e fouillait le r e doutable b ois deD la Saudraie en Astillé . On n’était p as plus de tr ois cents, car le
bataillon était dé cimé p ar cee r ude guer r e . C’était l’ép o que où, après
l’ Ar g onne , Jemmap es et V almy , du pr emier bataillon de Paris, qui était de
six cents v olontair es, il r estait vingt-sept hommes, du deuxième tr
entetr ois, et du tr oisième cinquante-sept. T emps des lues épiques.
Les bataillons env o yés de Paris en V endé e comptaient neuf cent douze
hommes. Chaque bataillon avait tr ois piè ces de canon. Ils avaient été
rapidement mis sur pie d. Le 25 av ril, Gohier étant ministr e de la justice
et Bouchoe étant ministr e de la guer r e , la se ction du Bon-Conseil avait
pr op o sé d’ env o y er des bataillons de v olontair es en V endé e  ; le membr e
de la commune Lubin avait fait le rapp ort  ; le 1 ᵉʳ mai, Santer r e était prêt
à fair e p artir douze mille soldats, tr ente piè ces de camp agne et un
bataillon de canonnier s. Ces bataillons, faits si vite , fur ent si bien faits, qu’ils
ser v ent aujourd’hui de mo dèles  ; c’ est d’après leur mo de de comp osition
qu’ on for me les comp agnies de ligne  ; ils ont chang é l’ancienne pr op
ortion entr e le nombr e des soldats et le nombr e des sous-officier s.
Le 28 av ril, la commune de Paris avait donné aux v olontair es de
San3atr e vingt- T r eize Chapitr e
ter r e cee consigne  : Point de grâce. Point de quartier. A la fin de mai, sur
les douze mille p artis de Paris, huit mille étaient morts.
Le bataillon eng ag é dans le b ois de la Saudraie se tenait sur ses g ardes.
On ne se hâtait p oint. On r eg ardait à la fois à dr oite et à g auche , de vant
soi et der rièr e soi  ; Kléb er a dit  : Le soldat a un œil dans le dos . Il y avait
longtemps qu’ on mar chait. elle heur e p ouvait-il êtr e  ? à quel moment
du jour en était-on  ? Il eût été difficile de le dir e , car il y a toujour s une
sorte de soir dans de si sauvag es hallier s, et il ne fait jamais clair dans ce
b ois-là .
Le b ois de la Saudraie était tragique . C’était dans ce taillis que , dès
le mois de no v embr e 1792, la guer r e civile avait commencé ses crimes  ;
Mousqueton, le b oiteux fér o ce , était sorti de ces ép aisseur s funestes  ; la
quantité de meurtr es qui s’étaient commis là faisait dr esser les che v eux.
Pas de lieu plus ép ouvantable . Les soldats s’y enfonçaient av e c pré
caution. T out était plein de fleur s  ; on avait autour de soi une tr emblante
muraille de branches d’ où tombait la char mante fraîcheur des feuilles  ; des
ray ons de soleil tr ouaient çà et là ces ténèbr es v ertes  ; à ter r e , le glaïeul,
la flamb e des marais, le nar cisse des prés, la gênoe , cee p etite fleur
qui annonce le b e au temps, le safran printanier , br o daient et p
assementaient un pr ofond tapis de vég étation où four millaient toutes les for mes
de la mousse , depuis celle qui r essemble à la chenille jusqu’à celle qui
r essemble à l’étoile . Les soldats avançaient p as à p as, en silence , en é
cartant doucement les br oussailles. Les oise aux g azouillaient au-dessus des
bay onnees.
La Saudraie était un de ces hallier s où jadis, dans les temps p aisibles,
on avait fait la Houiche-ba, qui est la chasse aux oise aux p endant la nuit  ;
maintenant on y faisait la chasse aux hommes.
Le taillis était tout de b oule aux, de hêtr es et de chênes  ; le sol plat  ; la
mousse et l’herb e ép aisse amortissaient le br uit des hommes en mar che  ;
aucun sentier , ou des sentier s tout de suite p erdus  ; des houx, des pr
unellier s sauvag es, des fougèr es, des haies d’ar rête-b œuf, de hautes r onces  ;
imp ossibilité de v oir un homme à dix p as. Par instants p assait dans le
branchag e un hér on ou une p oule d’ e au indiquant le v oisinag e des
marais.
On mar chait. On allait à l’av entur e , av e c inquiétude , et en craignant
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de tr ouv er ce qu’ on cher chait.
D e temps en temps on r encontrait des traces de camp ements, des
places brûlé es, des herb es foulé es, des bâtons en cr oix, des branches
sanglantes. Là on avait fait la soup e , là on avait dit la messe , là on avait p ansé
des blessés. Mais ceux qui avaient p assé avaient disp ar u. Où étaient-ils  ?
Bien loin p eut-êtr e  ? p eut-êtr e là tout près, cachés, l’ esping ole au p oing  ?
Le b ois semblait désert. Le bataillon r e doublait de pr udence . Solitude ,
donc défiance . On ne v o yait p er sonne  ; raison de plus p our r e douter
quelqu’un. On avait affair e à une forêt mal famé e .
Une embuscade était pr obable .
T r ente gr enadier s, détachés en é clair eur s, et commandés p ar un
serg ent, mar chaient en avant à une assez grande distance du gr os de la
tr oup e . La vivandièr e du bataillon les accomp agnait. Les vivandièr es se
joignent v olontier s aux avant-g ardes. On court des dang er s, mais on va
v oir quelque chose . La curiosité est une des for mes de la brav our e
féminine .
T out à coup les soldats de cee p etite tr oup e d’avant-g arde eur ent ce
tr essaillement connu des chasseur s qui indique qu’ on touche au gîte . On
avait entendu comme un souffle au centr e d’un four ré , et il semblait qu’ on
v enait de v oir un mouv ement dans les feuilles. Les soldats se fir ent signe .
D ans l’ espè ce de guet et de quête confié e aux é clair eur s, les officier s
n’ ont p as b esoin de s’ en mêler  ; ce qui doit êtr e fait se fait de soi-même .
En moins d’une minute le p oint où l’ on avait r emué fut cer né  ; un
cer cle de fusils braqués l’ entoura  ; le centr e obscur du hallier fut couché
en joue de tous les côtés à la fois, et les soldats, le doigt sur la détente ,
l’ œil sur le lieu susp e ct, n’aendir ent plus p our le mitrailler que le
commandement du ser g ent.
Cep endant la vivandièr e s’était hasardé e à r eg arder à trav er s les
br oussailles, et, au moment où le ser g ent allait crier  : Feu  ! cee femme
cria  : Halte  !
Et se tour nant v er s les soldats  : — Ne tir ez p as, camarades  !
Et elle se pré cipita dans le taillis. On l’y suivit.
Il y avait quelqu’un là en effet.
A u plus ép ais du four ré , au b ord d’une de ces p etites clairièr es r ondes
que font dans les b ois les four ne aux à charb on en brûlant les racines des
5atr e vingt- T r eize Chapitr e
arbr es, dans une sorte de tr ou de branches, espè ce de chambr e de feuillag e ,
entr’ ouv erte comme une alcô v e , une femme était assise sur la mousse ,
ayant au sein un enfant qui tétait et sur ses g enoux les deux têtes blondes
de deux enfants endor mis.
C’était là l’ embuscade .
― ’ est-ce que v ous faites ici, v ous  ? cria la vivandièr e .
La femme le va la tête .
La viva

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