[RAPPORT] Sortir la politique française de la préhistoire
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Contribution présentée à l’UMP par la Boîte à Idées @BoiteIdees Rédigée par Amélie de Montchalin JURASSIC PARK Sortir la politique française de la préhistoire : 5 leçons à tirer d'expériences américaines Les partis politiques qui structurent la vie politique française et« concourent à l’expression du suffrage universel »ressemblent de plus en plus à ces grands dinosaures du Jurassique, qui se sont éteints faute de s’adapter à leur nouvel environnement. La défiance est partout ? Les adhésions sont en baisse ? L’abstention massive ? Qu’importe pour nos partis, qui restent figés à l’ère préhistorique, et en appellent mollement au « devoir civique » en attendant que les électeurs reviennent. Notre conviction est que les électeurs ne reviendront pas, sans deux inflexions majeures. La première, essentielle, touche à la crédibilité de la parole publique : nos concitoyens qui perçoivent le décalage entre les discours mobilisateurs et rassurants, et la réalité d’un pays qui stagne, ont le sentiment assez juste d’être trompés depuis trente ans. La deuxième inflexion touche aux méthodes et aux stratégies de mobilisation mises en œuvre par les partis, qui ne pourront pas indéfiniment s'extraire de leur temps et de ses pratiques. À l'heure des réseaux sociaux qui savent tout de nous, des algorithmes qui prévoient nos décisions, et de la publicité personnalisée qui anticipe nos besoins, la politique doit évoluer, pour adopter de nouveaux outils.

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Publié le 09 février 2015
Nombre de lectures 251
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Contribution présentée à l’UMP par la Boîte à Idées @BoiteIdees
Rédigée par Amélie de Montchalin
JURASSIC PARK Sortir la politique française de la préhistoire : 5 leçons à tirer d'expériences américaines
Les partis politiques qui structurent la vie politique française et« concourent à l’expression du suffrage universel »ressemblent de plus en plus à ces grands dinosaures du Jurassique, qui se sont éteints faute de s’adapter à leur nouvel environnement. La défiance est partout ? Les adhésions sont en baisse ? L’abstention massive ? Qu’importe pour nos partis, qui restent figés à l’ère préhistorique, et en appellent mollement au « devoir civique » en attendant que les électeurs reviennent. Notre conviction est que les électeurs ne reviendront pas, sans deux inflexions majeures. La première, essentielle, touche à la crédibilité de la parole publique : nos concitoyens qui perçoivent le décalage entre les discours mobilisateurs et rassurants, et la réalité d’un pays qui stagne, ont le sentiment assez juste d’être trompés depuis trente ans. La deuxième inflexion touche aux méthodes et aux stratégies de mobilisation mises en œuvre par les partis, qui ne pourront pas indéfiniment s'extraire de leur temps et de ses pratiques. À l'heure des réseaux sociaux qui savent tout de nous, des algorithmes qui prévoient nos décisions, et de la publicité personnalisée qui anticipe nos besoins, la politique doit évoluer, pour adopter de nouveaux outils. Après 15 ans d'érosion de la participation électorale aux Etats-Unis, de nombreuses expériences – isolées ou massives – y ont été menées. La psychologie et l’économie comportementale ont été mises à contribution pour aider les principaux partis à remettre sur le chemin des bureaux de vote des millions d'électeurs. Ce sont ces expériences - innovantes, surprenantes et réussies - que nous présentons. Ces méthodes nouvelles ne peuvent souvent pas être importées telles qu’elles en France, pour des raisons culturelles ou légales. Elles peuvent néanmoins guider les pouvoirs publics et les partis politiques dans l’organisation des campagnes, pour les inscrire dans notre époque et parler aux électeurs d'aujourd'hui.
www.la-bai.fr
FÉV. 2015
Représentants : Maël de Calan Enguerrand Delannoy Matthieu Schlesinger
Contacts : mael.decalan@labai.fr enguerrand.delannoy@labai.fr matthieu.schlesinger@labai.fr
@BoiteIdees
LA BOÎTE À IDÉES Le think tank de l’UMP
La BAI est un groupe de réflexion et d’action rassemblant la jeune garde de l'UMP. Soutenue par des parlementaires de premier plan et des militants issus de toutes les fédérations, elle poursuit deux objectifs :
Elaborer le programme de redressement national dont la France a besoin. En 2017, l’état de la France nécessitera l’application d’un programme de rupture, précis, réaliste et cohérent. Une centaine d’experts issus de la haute fonction publique et du secteur privé travaillent à son élaboration.
Faire en sorte que ce programme soit au cœur de l’UMP. La BAI veut peser sur la ligne politique de l’UMP. Elle associe à ses travaux les principaux responsables du parti, et rassemble des trentenaires qui s’impliquent au sein du mouvement sur le terrain et contribueront demain à la reconquête.
Née en septembre 2012 à l’initiative d’un groupe qui avait travaillé aux côtés de Nicolas Sarkozy à l’élaboration de sa plateforme présidentielle, la BAI a été l’une des 6 motions candidates au Congrès de 2012 où elle a rassemblé près de 10% des voix. Elle anime depuis le débat public et publie régulièrement des propositions pour réformer la France et rénover le système politique.
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Sommaire
SORTIR LA POLITIQUE FRANCAISE DE LA PRÉHISTOIRE# LE RAPPORT FÉVRIER 2015
1. A quelle heure irez-vous voter ? 4 ..........................................................................................................................................................
Lutter contre l'abstention passive......................................................................................................................................................4 A quelle heure irez-vous voter ?............................................................................................................................................................4
2. Etre ou ne pas être un électeur 5 ............................................................................................................................................................
3.
Are you talking to me ?....................................................................................................................................................................................5 Les blondes pour Obama..............................................................................................................................................................................6
Big brother is watching you 6 ......................................................................................................................................................................
Every vote you make, I’ll be watching you................................................................................................................................6
4. La force de l’habitude 7 ..................................................................................................................................................................................................
Keep voting..................................................................................................................................................................................................................7 Fier d’être un électeur......................................................................................................................................................................................8
5. Faire participer les foules 8 ....................................................................................................................................................................................
Du crowd-funding au crowd-militanting....................................................................................................................................8 9 Identifier les swing states..............................................................................................................................................................................
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1. À QUELLE HEURE IREZ-VOUS VOTER ?
VOULOIR VOTER NE SUFFIT PAS POUR ALLER VOTER : CE N'EST PAS SEULEMENT SUR LA MOTIVATION QU'IL FAUT PESER POUR RÉDUIRE L’ABSTENTION, MAIS SUR LE PASSAGE À L’ACTE. Acte moral et civique, devoir envers la patrie, aller voter est pourtant, à y regarder de plus près, un acte complè-tement irrationnel. D'après des chercheurs américains, la probabilité de mourir dans un accident de la route en rejoignant son bureau de vote un jour d’élection natio-nale serait en effet supérieure à celle d’avoir la moindre influence sur le résultat du scrutin. Vu sous cet angle, notre « devoir civique » devient un peu angoissant : on se trouverait presque des raisons de s'abstenir.
Et des raisons de s'abstenir, les Français semblent en trouver de plus en plus. Face à cette démobilisation, les partis de gouvernement sont plongés dans la perplexité, et s’interrogent sur leurs méthodes de communication, les valeurs qu’ils incarnent ou encore les leaders qui les portent. Beaucoup plus rarement sur les leviers pra-tiques qui peuvent inciter les citoyens à voter.
LUTTER CONTRE L'ABSTENTION PASSIVE Des chercheurs d’Harvard et de l’University of Notre Dame 1 ont étudié les ressorts de l’abstention , et sont parvenus au travers de leur expérience conduite en Pennsylvanie pendant la primaire démocrate de 2008, à augmenter significativement la participation des électeurs victimes d’abstention « passive » (différents des abstentionnistes « militants » bien décidés à faire de leur silence un acte politique en soi).
Les chercheurs en psychologie et théorie de la décision ont observé de longue date et dans de nombreux domaines quevouloir agirn’est souvent pas suffisant pour que l’action se produise. De nombreuses études (sur la vaccination contre la grippe par exemple, moins de la moitié de ceux qui disent vouloir se faire vacciner le faisant effectivement) confirment ce qu’on sait intuitive-ment : de la volonté à l’action, il y a un pas parfois difficile à faire.
SORTIR LA POLITIQUE FRANCAISE DE LA PRÉHISTOIRE# LE RAPPORT FÉVRIER 2015
C’est souvent en mettant les individus en condition pour qu’ils réfléchissent par avance à tout ce qu’ « agir » impli-quera concrètement que l’on favorisera le passage à l’acte. En imaginant ce moment précis où ils agiront, les individus concernés éliminent en effet mentalement les principaux obstacles susceptibles de générer de la passivité.
À QUELLE HEURE IREZ-VOUS VOTER ? Dans le cas des élections, à la place des messages télé-phoniques(« demain, n’oubliez pas d’aller voter »)répétés à des millions d’Américains lors des désormais fameuses opérations de « get out the vote » organisées par les deux principaux partis politiques (littéralement, « aller chercher les voix »), les chercheurs ont testé l’effet de questions précises permettant aux électeurs de réfléchir aux modalités pratiques de ce vote :« à quelle heure prévoyez-vous d’aller voter ? », « que ferez-vous avant d’aller voter ? », « d’où viendrez-vous en arrivant au bureau de vote ? ».
Sans être uniformes, les effets de l’expérience sont très nets : +4 points de participation sur l’ensemble de l’échantillon concerné par ces questions précises. Une hausse dopée notamment par l'effet impressionnant (+9 points) sur les électeurs vivant seuls. L’expérience montre en effet que ces méthodes n’ont pas d’effets significatifs sur les ménages dans lesquels vivent plu-sieurs électeurs, et qui sont amenés de toutes façons à se poser ce type de questions.
Impact moyen sur la participation de différentes méthodes de mobilisation par téléphone
Lecture : Pour les individus vivant seuls, poser des questions précises sur leur plan de vote augmente leur participation de 9,1 points. Si on ne leur diffuse que des messages génériques (« n’oubliez pas d’aller voter »), leur participation recule en moyenne de 0,7 point (résultat non significatif). Source : Etude réalisée en Pennsylvanie lors des élections à la primaire démocrate de 2008, sur un échantillon de 287 228 personnes représentatives et préidentifiées comme démocrates. Source : David W. Nickerson and Todd Rogers (2010). “Do You Have a Voting Plan? Implementation Intentions, Voter Turnout and Organic Plan Making.” Psychological Science 21(2):194-99.
1. La participation aux Etats-Unis étant chroniquement faible : un record a été atteint en 2012 avec 57,5% lors de la réélection de Barack Obama, contre une participation moyenne aux scrutins présidentiels de 54% entre 1980 et 2008.
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Sans transposer purement et simplement ces méthodes de campagnes en France – de nombreux obstacles juridiques, financiers et techniques existent, à commencer par l’absence de fichiers téléphoniques regroupant les électeurs – pourquoi ne pas chercher à les adapter, pour aider les électeurs en puissance à le devenir dans les faits ?
A titre d’exemples peu onéreux, les préfectures pourraient ajouter à l’envoi des programmes, de petits pense-bêtes à pré-remplir pour détailler son « plan de vote » et préparer son agenda personnel pour le dimanche d’élection. Les partis politiques pourraient aussi encourager leurs militants à poser ce type de questions concrètes, qui auront bien plus d’effet sur les électeurs qu'un énième appel à voter pour tel ou tel candidat. Les campagnes télévisées pourraient en outre être modernisées pour diffuser ces questions à la veille des élections.
2. ÊTRE OU NE PAS ÊTRE UN ÉLECTEUR
POUR INCITER AU VOTE, IL EST PLUS EFFICACE DE S'ADRESSER À L'INDIVIDU QUE DE METTRE L'ACCENT SUR L'ACTION DE VOTER. VALORISER L'ÉLECTEUR PERMET D'EN FAIRE PLUS QU'UNE SIMPLE VOIX : UN VÉRITABLE ALLIÉ. « Je suis ce que je fais » : cette affirmation sur laquelle plancheront pendant encore des années les candidats à l’épreuve de philosophie du bac, est probablement avé-rée en matière électorale. Le fait de voter en dirait en effet beaucoup sur l’électeur, ses valeurs et ses aspira-tions, bien sûr, mais aussi sur la façon dont il se perçoit lui-même à travers ses actions.
Les chercheurs en psychologie cognitive ont déjà démontré qu’il était plus efficace, pour convaincre un individu d’entreprendre une action, d’en appeler aux caractéristiques qu’il s’attribue et à l'image qu’il a de soi, qu’à l’action elle-même (aussi louable soit-elle). Prenons l'exemple des campagnes de financement d’associations caritatives : un appel direct aux donateurs« indispensa-bles et généreux »serait ainsi bien plus efficace qu'un slogan plus pragmatique invitant à« donner 100¤ pour nourrir 2 enfants ».
SORTIR LA POLITIQUE FRANCAISE DE LA PRÉHISTOIRE# LE RAPPORT FÉVRIER 2015
Appliqué à la politique, ce phénomène psychologique explique pourquoi il est plus efficace de motiver les « élec-teurs » plutôt que d’appeler à « voter ».
ARE YOU TALKING TO ME ? Des chercheurs d’Harvard et Stanford ont testé cette hypo-thèse lors des élections présidentielles de 2008 en Californie et pour le poste de Gouverneur du New Jersey en 2009, en posant différentes questions la veille du scrutin. Le résultat est sans appel, avec une participation qui peut varier de 10 points en fonction de l'orientation du message.« Serez-vous un électeur demain ? »fonctionne ainsi bien mieux que« Voterez-vous demain ? », et« A quel point est-ce important pour vous d’être un électeur demain ? »s'avère bien plus efficace que« A quel point est-ce important pour vous de voter demain ? »,pourtant assez proche.
Taux de participation observé en fonction des uestions osées aux électeurs
Lecture : 82% des électeurs à qui ont été posés des questions axées sur l’action (par exemple « voterezvous demain ? ») se sont déplacés pour voter aux élections présidentielles de 2008 en Californie. Source : L’étude en Californie a porté sur un échantillon de 133 personnes volontaires pour répondre sur Internet à la veille de l’élection. L’étude dans le New Jersey s’est faite sur un échantillon tiré au sort et représentatif de 214 personnes, les questions ayant été administrées par téléphone la veille et le jour de l’élection. Les listes électorales étant publiques aux EtatsUnis, il a ensuite été très simple de vérifier lesquels des participants avaient ou non voté. Source : Christopher J. Bryan, Gregory M. Walton, Todd Rogers and Carol W. Dweck (2011). “Motivating Voter Turnout by Invoking the Self”.
Remplacer un verbe par un nom peut paraître une subti-lité linguistique sans grande portée. Mais en s'adressant à la personnalité de l’électeur, on invoque tout ce qu' « être quelqu’un qui vote » signifie : être responsable, actif, altruiste, porteur de valeurs et de convictions. Ce qui s'avère bien plus motivant que de lui demander de faire « son devoir », l’accent étant alors mis sur une action mas-sifiée, que l’électeur peut associer à beaucoup d’autres « bonnes actions » de sa vie en société (payer ses impôts, s’impliquer dans une association ou respecter la loi).
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LES BLONDES POUR OBAMA Pour les partis politiques, cela suppose d’infléchir la communication électorale vers une valorisation beau-coup plus poussée des électeurs, de leur engagement et de leur personnalité. Bien plus que des « voix », un can-didat à la présidentielle devrait chercher des alliés, des partenaires et des soutiens.
Cette différence entre la France et les Etats-Unis était palpable en 2012. D’un côté, les tracts de Nicolas Sarkozy ou François Hollande mettaient en avant des arguments politiques généraux, et soulignaient les qualités person-nelles des candidats. De l'autre, Barack Obama et ses soutiens distribuaient des millions de T-shirts « Teachers for Obama », « Nurses for Obama », ou même des plus inattendus « Texans for Obama ». Ils amenaient ainsi les électeurs à individualiser leur soutien au candidat. Parce que complètement irrationnel, ce slogan pourrait-être décliné à l'infini et l'on n'est pas à l'abri de voir apparaître des « Blond girls for Hillary » aux prochaines élections.
En France, ce principe pourrait amener à « personnaliser » fortement la communication électorale, en soulignant auprès des Français combien le fait d’être « électeurs », constitue l’aboutissement logique et nécessaire de tous leurs autres engagements (familiaux, associatifs, etc.).
Bien entendu, ces évolutions ne suffiront pas à elles-seules à ré-enchanter la vie politique française, ni à réparer la relation de plus en plus artificielle qui se crée entre les Français et leurs responsables politiques. Il reste qu’elles permettraient de construire une vie démocratique à la fois plus dynamique et plus engageante : un système dans lequel chaque électeur se sent respecté pour ce qu’il est, et pour le pouvoir individuel que les élections lui confèrent. Un système dans lequel ce qui compte est l’électeur, et non seulement le bulletin qu’il dépose dans une urne.
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3. BIG BROTHER IS WATCHING YOU
LOIN D’ÊTRE UN ACTE PUREMENT INDIVIDUEL, VOTER EST UN PROCESSUS COLLECTIF, QUI RÉPOND AUX PRESSIONS SOCIALES QUI S’EXERCENT SUR L’ÉLECTEUR. A l’abri de l’isoloir, au moment de glisser dans l’enve-loppe son bulletin, nous avons le sentiment de réaliser l’acte le plus personnel qui soit. Pourtant, si le vote est individuel, la démarche de voter s’inscrit en réalité dans un mouvement collectif et social. Certes, nous votons pour défendre nos convictions et nos valeurs. Mais nous votons aussi – ou surtout ? – pour « faire société ».
Aux Etats-Unis, une école de pensée économique et comportementale s’est développée sous l’impulsion de chercheurs tels que Dan Ariely au MIT, ou Richard Thaler à Harvard. Selon eux, nos actes seraient souvent la réponse personnelle et prévisible à des normes sociales.
Plus que partout ailleurs, les Américains sont constam-ment amenés à comparer leurs comportements à ceux de leurs concitoyens. Une comparaison qui les invite, de façon plus ou moins implicite, à se conformer à la norme. Ainsi, une compagnie d’eau ou d’électricité va comparer votre consommation à celle des habitants de votre quar-tier. Une commune va vous inviter à tondre votre pelouse « comme vos voisins», et les services des impôts locaux vous relanceront en cas de retard de paiement, en vous rappelant que « 80 % des habitants ont payé leurs impôts à l’heure ».
EVERY VOTE YOU MAKE, I’LL BE WATCHING YOU Dans le champ politique, une série d’expériences a été menée par des chercheurs de Yale en 2006, lors des pri-maires pour l’élection du Gouverneur du Michigan. Pour tester l’importance des normes sociales sur l’abstention, quatre courriers différents ont été envoyés avant le scru-tin. Tous ces courriers incitaient les électeurs à aller voter, mais chacun appliquait un degré différent de pres-sion sociale :
Le premier se bornait à rappeler que l’abstention gagnait du terrain, et appelait l’électeur à « faire son devoir » ; Le second reprenait la même formulation, mais ajoutait qu’une « étude anonyme pour mieux comprendre l’abs-tention serait menée dans la circonscription » ; Le troisième rappelait en outre que l’identité des votants et des abstentionnistes était publique, comme c’est la loi aux Etats-Unis, et incluait un récapitulatif de l’histo-rique de participation de l’électeur lors des 3 derniers scrutins ;
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