INSTITUT D ETUDES POLITIQUES DE STRASBOURG
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Description

Niveau: Supérieur, Doctorat, Bac+8

  • mémoire


UNIVERSITE ROBERT SCHUMAN INSTITUT D'ETUDES POLITIQUES DE STRASBOURG LES MERES DE LA PLACE DE MAI, Un nouvel acteur politique dans l'Argentine post- dictatoriale. Laetitia Dumont Mémoire de 4ème année d'I.E.P. Direction du mémoire : Denis Rolland et Philippe Juhem Mai 2007

  • disparus de la dictature …………………………………………

  • face au refus prolongé des autorités

  • impunité des militaires …………………34

  • engagement des mères après la crise

  • membres d'associations de défense des droits de l'homme

  • pouvoir militaire

  • capital médiatique sur la scène nationale

  • capital éthique

  • développement du mouvement …………………………………………


Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 mai 2007
Nombre de lectures 81
Langue Français

Extrait

UNIVERSITE ROBERT SCHUMAN

INSTITUT D’ETUDES POLITIQUES DE STRASBOURG












LES MERES DE LA PLACE DE MAI,
Un nouvel acteur politique dans l’Argentine post-
dictatoriale.












Laetitia Dumont





èmeMémoire de 4 année d’I.E.P.


Direction du mémoire : Denis Rolland et Philippe Juhem




Mai 2007












































L'Université Robert Schuman n'entend donner aucune approbation ou improbation
aux opinions émises dans ce mémoire. Ces opinions doivent être considérées
comme propres à leur auteure.
2 SOMMAIRE

Introduction
…………………………………………………………………………………………5

Première partie. Une « quête de justice et de vérité » pour les disparus
de la dictature ………………………………………….………………14

Chapitre 1. La genèse du mouvement pendant la dictature (1976-1983) …………15
I. L’avènement de la dictature et la mise en place du « processus de
réorganisation nationale » ……………………………………………………15
II. La naissance du mouvement de recherche des disparus et la création de
l’association des Mères de la place de Mai ………………………………….21
III. Le développement du mouvement …………………………………………..24
IV. La fin de la dictature ………………………………………………………….29
Chapitre 2. Le retour à la démocratie et l’impunité des militaires …………………34
I. La transition démocratique sous Alfonsin …………………………………..35
II. La politique ménémiste ………………………………………………………39
Chapitre 3. Un rôle majeur dans la lutte contre l’impunité …..……………………44
I. Les Mères et le retour à la démocratie ………………………………………44
II. Une quête de justice …………………………………………………………..52
III. L’action spécifique des Grands-mères de la place de Mai ………………….61


Deuxième partie. Une légitimité réinvestie dans l’action
politique.........................................................................66
3
Chapitre 1. Le capital acquis ……………………………………………….………..67
I. Un capital symbolique : la notion de « mère » ………………………………67
II. Un capital éthique et moral : la lutte « pour la vérité et la justice » ………..70
III. Un capital politique …………………………………………………………..71
IV. Un capital médiatique sur la scène nationale et internationale, enjeu de
reconnaissance et de visibilité ………………………………………………..75
Chapitre 2. L’élargissement du champ d’intervention ……………….…………….78
I. Le développement de l’Association dans d’autres domaines ….…………...79
II. Les Mères sur la scène internationale ………………………………………..83
III. Un travail de mémoire : les mères face à l’oubli …………………………….90
Chapitre 3. L’engagement des Mères après la crise de 2001 …………………….....96
I. La crise de 2001 et l’arrivée de Kirchner au pouvoir ……………………….97
II. La réaction des Mères face au tournant pris par Kirchner vis-à-vis de
l’impunité …………………………………………………………………….101
III. Les 30 ans du mouvement ….……………………………………………….107

Conclusion ………………………………………………………………………......113

Sources
…………….…………………………………………………………………………117
Bibliographie
……………………………………………………………………………………….119
Annexes
………………………………………………………………………………………121
Table des Matières …………………………………………………………………140

4
1« Dans une douleur de mère, l’excès toujours menace »


Le mouvement des Mères de la place de Mai à travers les 30 dernières années de
l’histoire argentine.
2L’Argentine est un véritable « laboratoire du pouvoir militaire » . En effet,
depuis 1930, cinq régimes militaires se sont succédés. Les forces armées n’en sont
donc pas à leur banc d’essai lorsque le 24 mars 1976, une junte militaire s’installe
au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat contre le gouvernement d’Isabel Perón. Cette
junte, dirigée par le général Videla, devient le seul organe suprême de l’État et
l’acteur principal d’une répression visant, au nom de la doctrine de la sécurité
nationale, à attaquer toutes les personnes classées dans la catégorie de
« subversifs » : militants syndicaux, membres d’associations de défense des droits de
l’homme, intellectuels, étudiants… Dans la guerre "antisubversive", l’armée
argentine met au point, avec l’aide technique d’officiers français et d’instructeurs
nord-américains, la pratique de la disparition systématique des personnes. C’est une
arme terriblement efficace, car elle permet d’effacer les traces du crime, de
soustraire les corps des victimes à leur famille, d’effacer leur existence. Son impact
est d’autant plus grand que ce procédé a été utilisé massivement.
Face au refus prolongé des autorités de répondre aux familles quant au lieu
de détention et au devenir des disparus, et malgré la peur dans laquelle vit la société
argentine, un mouvement spontané de femmes, pour la plupart des mères de
disparus, émerge. Le 30 avril 1977 à 15 h 30, elles inaugurent une nouvelle forme
de protestation : quelques femmes — elles sont 14 — marchent silencieusement
autour du monument érigé au centre de la place de Mai à Buenos-Aires, face au
palais présidentiel. Dès lors, tous les jeudis à la même heure, ces femmes, de plus en
plus nombreuses, coiffées d’un foulard blanc sur lequel est inscrit le nom de leur

1 Nicole Loraux, Les Mères en deuil, Paris, Seuil, 1990, p. 24.
2 Franck Lafage, L’Argentine des dictatures (1930-1983), Pouvoir militaire et idéologie contre-révolutionnaire,
Paris, L’Harmattan, 1991, p.104.
5 enfant disparu, viennent protester en silence. Malgré les différences de milieux
sociaux qui sont représentées au sein de leur mouvement, leur conscience politique
souvent limitée et le risque de répression, elles persistent dans leur mobilisation. En
1980, elles sont plus de 2 000 à venir protester chaque jeudi. Elles occupent alors
toute la place. Les rondes hebdomadaires de celles que les militaires ont tôt fait de
qualifier de « folles de mai » permettent de sensibiliser l’opinion publique
internationale à la question des disparus.
En 1983, la dictature prend fin. Un lourd bilan de 30 000 disparitions amène
les Mères à agir pour que la vérité éclate sur ces disparitions et que les coupables
soient punis. Toutefois, malgré la mise en place en 1985 par le président Alfonsin
d’une commission d’enquête et la tenue d’un procès historique jugeant les
responsables de la répression, les militaires bénéficient rapidement d’une impunité
quasi-totale du fait de la promulgation des lois du « point final » et de l’« obéissance
due ». Les Mères de la place de Mai luttent dès lors contre l’amnistie quasi-totale
couvrant les crimes commis par les militaires, amnistie confirmée par le
gouvernement de Carlos Menem : en 1991 il gracie les militaires emprisonnés à la
suite du procès de 1985. De plus, elles combattent la corruption qui touche les
hommes politiques et prônent l’instauration d’une démocratie, d’« un régime
1politique dans lequel la souveraineté est exercée par le peuple » . Dans un pays
défini par l’ historien argentin Carlos Floria comme « une république incomplète
2dans une démocratie précaire » , le mouvement des Mères de la place de Mai
radicalise son discours et ses actions et étend ses revendications au domaine de la
justice sociale.
L’arrivée de Néstor Kirchner au pouvoir, à la suite des événements de
décembre 2001 en Argentine change la donne vis-à-vis des militaires responsables
de la répression. En effet, le nouveau Président, élu en 2003, décide de prendre un
tournant par rapport à ses prédécesseurs en matière d’impunité. Il abroge ainsi dès
le début de son mandat (fin 2003-début 2004) les lois garantissant l’impunité des


1 B. Badie, P. Birnbaum, P. Braud, G. Hermet, Dictionnaire de la science politique et des institutions
èmepolitiques, Paris, Armand Colin, 1994 (5 édition), 2001.
2 Carlos Floria, « L’Argentine à

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