santiago de compostela
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Récit de mes deux mois et demi de pélerinage d'Annemasse à Saint Jacques de Compostelle.

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Publié le 10 mars 2014
Nombre de lectures 54
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Santia… go !
Compostelle 2011 Par cédric BOCCARD
La via GebennensisFinalement, je ne sais plus vraiment pourquoi j’ai décidé de partir. En fait, l’idée du chemin s’est peu à peu imposée à moi comme une évidence, et, petit à petit, j’ai réussi à réunir toutes les conditions nécessaires pour mener à bien cette fabuleuse expérience. Lundi 25 avril, départ d’Annemasse à 8h30, arrivé à Charly, 29 km Nous sommes le lendemain de pâques, il est au environ de 8 heures du matin, mon appartement est en ordre, tout est rangé, les volets fermés, le frigo vidé. J’ai enfilé ma tenue de pèlerin, mon sac est prêt et mes chaussures rôdées. J’attends mes parents, ils doivent me rejoindre afin de faire le début du chemin ensemble. Ca y est, je tourne la clef dans la serrure, j’abandonne mes habitudes, mes certitudes. Les 20 premiers kilomètres je les connais comme ma poche, cela fait déjà plus d’un mois que j’habitue mon corps à marcher et forcément, je suis déjà passé parlà: l’église SaintAndré, les sentiers ombragés près de l’Arve, puis la route qui longe le Salève qui monte gentiment mais sûrement. Loin d’être lassé par ce chemin, j’apprécie le panorama et le fait de pouvoir partager ce moment avec mes parents. Arrivé à Blecheins, un banc nous attend, c’est l’heure du cassecroûte. Alors que ce petit hameau perdu semble inhabité, une riveraine nous accoste pour taper la discute, première rencontre sympathique. Puis nous repartons. Arrivé au croisement du chemin venant de Genève, c’est l’heure de la séparation. Mes parents doivent me quitter pour redescendre sur SaintJulienenGenevois et prendre le train afin de rejoindre Annemasse, l’accompagnement de cette première journée s’arrête ici. Je dois continuer seul vers l’inconnu, les premiers mètres sont moralement difficiles. L’émotion est au rendezvous, c’est quand
je quitte les personnes que j’aime le plus que je m’aperçois combien je tiens à elles. C’est un grand moment de solitude pendant lequel un petit doute s’installe. Je sais que l’aventure dans laquelle je me lance est réalisable, mais je ne sais pas comment cela va se passer concrètement, ni si ça va réellement me plaire. Néanmoins je décide de continuer à marcher, découvrant alors l’église de Beaumont, la forêt de Pomier avec sa chartreuse et tous ces chemins totalement nouveaux pour moi, parfaitement bien balisés. Peu à peu je reprends confiance jusqu’à mon arrivée à Charly où le gîte municipal est fermé. Il n’y a pas grand monde dans ce village, juste les voisins vers lesquels je décide de me tourner pour m’informer. Or ceuxci s’avèrent être les détenteurs de la clé du gîte, apparemment, ils ont été désignés volontaires pour faire l’accueil. Tant mieux, me voilà rassuré. L’endroit est correct, bien entretenu, fonctionnel et assez spacieux, il y a même quelques denrées alimentaires qui me dépanneront bien pour mon premier dîner ainsi qu’une bouteille de vin entamée laissée par un précédent pèlerin. Première nuit tranquille donc, tout seul. Mardi 26 avril, départ à 7h15, arrivé aux Côtes, 34 km Le lendemain, c’est reparti, après un bon petit déjeuner, il faut remettre le sac qui tire sur les trapèzes et continuer à avancer. Autant je m’étais habitués à marcher quelques heures d’affilées avant de partir, autant j’avais complètement oublié de prendre en compte le fait inhabituel de devoir porter un sac de ce poids et forcément, les premiers jours, le corps doit s’adapter, non sans mal d’ailleurs. Toujours estil que le beau temps est encore au rendezvous. Je suis étonné de marcher aussi longtemps dans des endroits si paumés loin de toutes grandes agglomérations. Le parcours est très beau, à la fin de mon étape j’en profite même pour faire une pause afin d’admirer le paysage. Ce soir le gîte est une ancienne colonie de vacances réaménagée, mais le dîner se prend dans la maison de mon hôte située à cinq minutes de marche. A la table je suis en compagnie de trois autres personnes qui travaillent dans le coin sur une retenue d’eau à Seyssel. Ils ont décidé de prendre ce gîte plutôt qu’un hôtel car, selon eux, c’est plus convivial et ils ont bien raison. L’ambiance est très
bonne pour mon premier repas en commun. Au menu : du pâtée, suivi d’un gratin et de son poulet, pour finir sur un dessert à la framboise, le tout agrémenté de vin maison. La soirée ne se finit pas trop tard ce qui me permet d’entamer rapidement une seconde nuit bien réparatrice. Mercredi 27 avril, départ à 8h, arrivé à Montagnin, 28 km Et voilà, les jours s’enchaînent, je prends mes repères pendant la première semaine. Tous les matins je repars sur le chemin, je trouve toujours de quoi manger en route, un endroit sympathique ou casser la croûte et suffisamment de point d’eau. Je rencontre peu de pèlerins ou de randonneurs et les accueils jacquaires sont supers. Un soir je dors dans un ancien moulin rénové à côté d’un atelier artistique, pour dire c’est sûrement plus grand que mon appartement. Un autre soir dans une grande maison en rénovation. Puis, je partage des chambres inoccupées dans des maisons de particuliers. A chaque fois je suis surpris par l’accueil chaleureux et par la confiance réciproque qui s’installe immédiatement. A tel point d’ailleurs que je me demande si je serais capable d’en faire autant. Bref, mes inquiétudes primaires concernant l’hébergement, la nourriture et l’eau sont vite dissipées. Peu à peu mon unique souci est de trouver le meilleur moyen de marcher sans me fatiguer pour arriver jusqu’au bout. Jeudi 28 avril, départ à 7h30, arrivé à St Maurice de rotherens, 26 km Au chapitre des anecdotes, le couple d’hôtes qui m’a accueilli dans leur moulin ne mange plus avec les pèlerins tellement l’ambiance est bonne. A force de soirées tardives et arrosées, ils ont dû se résoudre à ne plus y participer car les lendemains étaient souvent trop difficiles. Après Yenne, le chemin s’élève pour me faire profiter d’un superbe panorama sur le Rhône. C’est d’ailleurs à cet endroit, dans la forêt, à l’abri des chasseurs, pendant le piquenique, que je rencontre ma première pèlerine, une suisse allemande qui s’appelle Liselotte. Nous discutons un petit moment avant que l’atmosphère frisquette nous oblige à reprendre le chemin. Nos rythmes diffèrent, peu importe, nous nous retrouverons le soir même à SaintMauricedeRothérens où l’accueil, par cette sympathique famille très soudée, est génial. Le feu
qui remplit l’énorme cheminée autour de laquelle nous dînons ne fait qu’apporter un peu plus de chaleur à cette ambiance déjà forte agréable. Vendredi 29 avril, départ à 8h, arrivé à Valencogne, 31 km Le lendemain, seul sur le chemin, je suis très surpris d’être aussi ému en entrant dans cette petite église de Saint Genix sur Guiers. J’en ressors tout bouleversé pour continuer à marcher sous un ciel de plus en plus menaçant. Heureusement le terme de mon étape est proche, et j’arrive juste à temps pour me réfugier dans l’église de Valencogne tandis que l’orage se met à gronder. Samedi 30 avril, départ à 8h, arrivé à Brézins, 37 km Première grosse erreur d’aiguillage, cette foisci l’accueil jacquaire se trouve hors chemin. Arrivé à La CôteSaintAndré je m’aperçois que j’ai poussé un peu trop loin. Il n’est pas trop tard et je n’ai pas envie de revenir en arrière, je décide alors de prendre la tangente par des petites routes non balisées. J’arrive finalement à Brézins bien fatigué mais assez fière de mon sens de l’orientation. Le détour est de taille mais l’accueil, le charme de cette immense maison et la partie de billard du soir me feront vite oublier ce petit désagrément. Dimanche 1 mai, départ à 8h, arrivé à Reveltourdan, 31 km L’étape suivante est très belle, notamment grâce à l’étang de Faramans et à la jolie forêt avant l’arrivée à RevelTourdan. J’en profite pour me reposer à l’ombre d’un platane vers la mairie. C’est dimanche et le snack bar du coin est encore fermé, le propriétaire arrive tout juste d’une virée à moto avec ses collègues pour nous accueillir, moi et les deux Monique. Ce sont deux annéciennes croisées en chemin avec qui je dine ce soir. Après ce repas, une bonne nuit de sommeil et un petit déjeuner correct, nous repartons d’ailleurs tous les trois ensembles.
Lundi 2 mai, départ à 8h30, arrivé à Clonassurvarèze, 30 kmMais là encore, nous n’avons pas le même rythme, et nous finissons par nous séparer après avoir cependant bien discuté pendant la première partie de l’étape. Hormis le très joli site de SaintRomainde Surieu, cette foisci, le parcours n’a pas trop d’intérêts. C’est pourquoi je me mets à réfléchir sur les raisons qui m’ont amené à partir. Petit retour en arrière. A la fin de mes études, j’étais monté dans le traintrain quotidien et il filait à toute allure: la société est fière de vous accueillir dans son TGV express, il desservira les gares du mariage, des enfants, de la maison, du crédit et de la retraite avant d’arriver à la mort, terminus de ce train. J’ai vite compris que la locomotive s’appelait Micheline et qu’il fallait aller au charbon pour la faire avancer. Seulement voilà les rails étaient posés, et à quelques aiguillages près, la route toute tracée. Malgré toutes les voies disponibles, j’ai alors eu l’impression qu’aucunes d’entre elles ne me correspondaient réellement. J’ai alors profité de l’arrêt à la gare du chômage pour descendre du train. J’avais besoin de faire un break, de prendre mon temps, de me poser certaines questions, de découvrir de nouveaux paysages, de nouvelles personnes, de voir autres choses, à ma manière, à mon rythme. C’est pourquoi je me retrouve en ce moment à jouer au Rummikub avec mes hôtes d’un soir devant un match de l’ETG, la soirée se passe bien. Mardi 3 mai, départ à 8h, arrivé à Stjulienmolinmolette, 27 km Malgré cela, le lendemain matin je suis déphasé, j’ai fait un sale cauchemar et rien ne va, le temps est gris, ma gourde est vide et je me dirige dans un parcours urbain en direction d’une centrale nucléaire. J’avance sans convictions, en ayant l’impression de faire du surplace. Soudain je croise un riverain accoudé au portail de son pavillon, je n’ai pas envie de le saluer, pourtant c’est lui qui m’aborde pour me proposer un café. En deux secondes, après avoir échangé quelques mots et rempli ma gourde, tout va mieux, la journée peut enfin commencer. Après Chavannay, en montant à travers les vignes, le
parcours devient intéressant jusqu’à la croix de sainte Blandine ou deux bénévoles sont occupés à la restaurer. Mercredi 4 mai, départ à 8h30, arrivé à Etiennety, 33 km Une nuit plus tard, passée en compagnie d’un couple d’allemands, ça continue, et j’apprécie tout particulièrement la partie après Saint Sauveur sur des chemins, en forêt de sapins, totalement perdus. C’est très beau et vraiment déroutant, j’ai l’impression de ne jamais en sortir et, alors que je ne l’attends plus, le gîte apparait comme par enchantement, en sortie de clairière, dans un petit hameau isolé, à côté de Moscou. Ce soir, je partage la table de cette gentille famille qui m’accueille aujourd’hui, l’ambiance est tellement bonne que je ne vois pas l’heure passer, c’est la première fois que je vais me coucher si tard. Jeudi 5 mai, départ à 8h, arrivé à Araules, 34 km C’est le coin des terres froides, et le lendemain matin une petite couche de givre recouvre les champs. Etape tranquille pendant laquelle je me rends compte que je suis devenu plus attentif à certaines choses: le gazouillement des oiseaux, l’odeur de la terre, des champs, des forêts, la beauté des paysages. J’ai vraiment l’impression d’appartenir à la Terre, de faire partie de la nature, d’être en harmonie avec elle. Plus de télévision, de musique, de publicités, de bruit, d’agitations inutiles, tous mes sens ne sont plus artificiellement sollicités et du coup ils sont plus éveillés. Mon cerveau n’est plus assailli par tous ces stimulis, je n’ai plus de contraintes, mon esprit est ailleurs. Je ne réfléchis pas à tout le chemin parcouru, ne me préoccupe pas de tout ce qu’il me reste à faire, je pense au présent, à rien. Le cerveau déconnecté je me laisse guider par mon cœur, c’est peut être ça le lâcher prise. Je m’aperçois alors que je marche assez vite sans me fatiguer, que l’esprit, tout comme le sac, doit être léger pour avancer. Jeme remémore le slogan de cette assurance rappelant que c’est avec l’esprit libre qu’on avance. Je revois tous ces pratiquants de sport extrême à la recherche du moment parfait. Mais
tout est là, maintenant. Le moment parfait c’est l’instant présent, à condition d’en être pleinement conscient. C’est admirer la beauté du village de Montfaucon, prendre le temps de piqueniquer au bord d’un cours d’eau, être bien accueilli par d’aimables personnes dans une maison bien charpentée, partager, apprendre l’origine du nom de la Lozère, profiter d’une bonne nuit de sommeil et repartir pour la dernière étape. Vendredi 6 mai, départ à 8h, arrivé au PuyenVelay, 32 km Et oui, c’est vendredi, et ce soir je retourne à Thonon car il faut que je sois présent au mariage de ma sœur. Gentiment, mon oncle s’est proposé de venir me chercher au Puy en Velay, et bêtement je me mets la pression. Aller vite pour ne pas être en retard, je replonge dans la réalité, ses impératifs horaires, son stress. A la différence que, cette foisci, arrivé au Puy, je me rends compte de l’absurdité de la situation. Cette journée est un peu à l’image de l’idée que je me fais de la vie. A force de vouloir aller vite, de ne pas prendre le temps de s’arrêter pour réfléchir, de ne pas être attentif aux signes, on s’égare, on prend le mauvais chemin. Bien sûr au final nous atteignons notre but, bien sûr que j’arrive au Puy en Velay mais je suis conscient de m’être fatigué inutilement sans en avoir profité autant que j’aurais pu, que j’aurais dû. Heureusement, à l’arrivée je suis récompensé par la découverte de la ville et de sa magnifique cathédrale. En y entrant, je suis stupéfait par l’architecture, je suis conscient de vivre un grand moment, de ne pas être qu’un simple visiteur, j’en profite un maximum. Et c’est le retour, en voiture, en quatre heures, je me retrouve deux semaines en arrière. Mais cette manière de me déplacer ne me convient plus, je trouve ça nul, et j’ai vraiment l’impression de me traîner. Bref, petit weekend festif, beau mariage, belle fête.
La via Podiensis Ensuite le lundi, c’est le retour au Puy, toujours en voiture mais en compagnie de ma sœur, de son nouveau mari et de leur gamine. Le trajet me paraît encore plus long, il faut dire que nous sommes tous bien fatigués après ces deux jours de noce. Je ne pète pas la forme et je crains de peiner quelque peu sur le chemin demain matin. Mais arrivé à destination, la magie opère, juste après m’être extirpé de l’auto et enfilé mon sac à dos, tout va mieux, plus aucuns doutes ne subsistent, direction le gîte SaintFrançois. Ici l’ambiance est totalement différente, ça me change de mes deux semaines précédentes, il faut que je me réadapte à la situation. Le plus souvent, jusqu’à présent, j’étais tout seul, je m’y étais habitué, cela me convenait, mais maintenant il va falloir composer avec les autres pèlerins. Ce soir nous sommes une dizaine. A ma table, un groupe de trois quinquagénaires, Annie qui essaie de mettre un peu d’ambiance et les fameuses lentilles du Puy accompagnées d’une salade de pâtes et de fromages. Je ne m’attarde pas trop car j’ai du sommeil en retard et je ne me fais pas prier pour rejoindre mon lit. Mardi 10 mai, départ à 8h, arrivé à St privat d’allier, 23 km Une bonne nuit et un petitdéjeuner plus tard, j’assiste à la messe de sept heures du matin pour la bénédiction des pèlerins, ça fait partie du folklore, tout comme le premier départ en masse d’ailleurs. Ca me fait tout drôle de voir autant de personnes en marchant, en deux minutes je vois plus de monde que depuis mon départ, il y a deux semaines. La première partie du chemin m’a permis de me redécouvrir, maintenant je découvre les autres. L’ambiance est à la franche rigolade et, en compagnie d’un toulousain et de quatre marseillais durant une bonne partie de l’étape, je ne vois pas le temps passer jusqu'à l’arrivée à
SaintPrivat. Ici, c’est la première fois que j’entre dans une église qui ne résonne pas, c’est très particulier. Le château dans lequel je vais dormir ce soir se trouve d’ailleurs juste en face. Le propriétaire, un artiste, l’a réaménagé en une galerie d’art avec suffisamment de couchages pour accueillir les deux parisiens et les quatre vosgiennes qui m’accompagnent ce soir. Le repas se passe dans une auberge en contrebas où nous rencontrons une suissesse, une anglaise et où nous découvrons une nouvelle recette de lentilles. Mercredi 11 mai, départ à 9h, arrivé à La clauze, 25 km Le lendemain matin, le réveil est très tardif pour mes compagnons de chambrées, c’est la première et dernière fois que je me lève si tard. Notre hôte vient tout juste de se réveiller et nous ramène seulement deux bouts de baguettes pour huit. C’est donc avec le ventre un peu vide que je reprends le chemin. Durant la journée je recroise une bonne partie des gens vus la veille ainsi qu’un couple accompagné de leurs enfants en bas âge et d’un âne, le tout en costume d’époque. Belle étape, à noter la grosse descente sur Monistrol qui nous oblige ensuite à entamer une bonne remontée. Sur la fin je retombe sur Annie, rencontrée au Puy, accompagnée de la première jeune que je vois depuis le début. Ca fait plaisir, d’ailleurs cette toulousaine a l’air aussi contente que moi car elle me fait la bise. Bref, nous continuons donc tous les trois jusqu’à la Clauze, lieu de mon escale, sous un ciel menaçant. Tandis qu’elles doivent continuer jusqu’au prochain gîte, j’en profite pour découvrir celui qui m’hébergera ce soir. Je ne suis pas déçu de m’être arrêté ici. L’hôte est un passionné aux petits soins avec les pèlerins, plein de bons conseils, et je ne pense pas que les deux couples de normands et la Montpelliéraine qui m’accompagnent ici me contrediront. Dehors la pluie tombe drue, mais peu importe, nous sommes bien là, tous ensemble, à l’abri, en train de déguster une bonne tourtade. Jeudi 12 mai, départ à 8h, arrivé aux estrets, 30 km La nuit n’a pas suffit à purger totalement le ciel qui est très gris ce matin. Quelques gouttes se mettent à tomber, juste de quoi sortir le
parapluie pendant cinq minutes. En chemin je rencontre une hollandaise prénommée Brigitte, au look sportif, on papote un peu en anglais, mais très vite je m’aperçois que son rythme est trop soutenu pour moi et je décide de la laisser filer aux alentours du Sauvage. Ensuite à la chapelle SaintRoch je retrouve la Montpelliéraine d’hier soir avec qui je chemine jusqu’à Saint Alban, terme de son étape. Le soleil est revenu, j’en profite pour chausser mes sandales, mes lunettes de soleil et tomber les jambières. Arrivé au gîte, j’ai tout de suite l’impression d’une drôle d’ambiance trop commerciale, touristique. Je ne sais pas si cela vient de moi, des autres pèlerins ou de l’endroit, mais le lieu n’est pas propice aux échanges. Heureusement, durant le repas, trois niçois retraités membres de la même chorale mettent un peu d’ambiance en entonnant des chansons en piémontais. Vendredi 13 mai, départ à 8h, arrivé à Montgros, 31 km Au petit matin, après un départ dans le brouillard, je me retrouve très vite sur le magnifique plateau de l’Aubrac avec un temps qui l’est tout autant. Le paysage est tellement beau qu’il m’aspire littéralement, j’ai l’impression d’être immobile, ce n’est pas moi qui avance mais le chemin qui défile sous mes pieds. L’impression que ce sont mes pieds qui font tourner la terre, le globe sous moi, à la manière d’un hamster dans sa roue ou plutôt sur sa roue. J’en profite un maximum tout en marchant assez vite sans me fatiguer. Je ressens le flux crée par tous ces pèlerins, nous faisons tous partie du même mouvement, du même groupe, ceux de devant nous protègent et ceux de derrière nous poussent. Tour à tour les rôles s’inversent, comme en vélo lors d’une prise de relais, à la différence près qu’ici il n’y a pas de compétition et qu’au contraire un certain élan solidaire se crée afin que chacun puisse atteindre son but. Pour moi, ce soir, ce sera la maison de Rosalie. Comme il est encore assez tôt, je suis seul et je m’habitue peu à peu au calme du lieu. Soudain surgis un groupe de treize retraités, et étant seul dans une chambre capable d’accueillir encore cinq autres personnes, je crains d’être envahi. Mais non, tout se passe bien, le gîte est suffisamment grand pour que je n’aie pas à utiliser mes boules Quies, accessoire inutile ce soir.
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