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Chapitre 1 Choisir une Bible Si vous avez décidé de lire la Bible, la première étape consiste évidemment à vous en procurer une. Ce n’est pas aussi simple qu’il y paraît. On trouve aujourd’hui des Bibles dans de nombreux endroits : les hypermarchés, les grandes librairies, la FNAC, les Maisons de la Bible, les librairies La Procure ou les officines de tel ou tel mouvement religieux. D’où vient alors la difficulté ? Incontesta- blement, de la variété de l’offre. On dispose aujourd’hui en français d’environ trente versions différentes de la Bible, sans compter les multiples éditions d’une même traduction. On trouve des Bibles de mille pages comme des Bibles de trois mille pages ; des Bibles en un volume, comme des Bibles en deux ou trois volumes ; des Bibles avec des cartes, des notes en bas de page, des glossaires, comme des Bibles totalement dépouillées ne livrant que le texte à l’état brut. Côté budget, ça n’est pas plus simple : il existe des Bibles à moins de 10 euros comme des Bibles à plus de 100 euros. Le lecteur non initié est donc surpris, pour ne pas dire désemparé. Une Bible de trois mille pages est-elle la même qu’une Bible de mille pages ? Pourquoi ces différences ? Pourquoi une telle multiplicité ? Où est la vraie Bible, l’authentique ? La Bible : un livre traduit La Bible n’a pas été rédigée en français. La première partie de la Bible, l’Ancien Testament, a été écrite essentiellement en hébreu. 2Quelques chapitres ont été rédigés en araméen . Plusieurs livres, 2 Les passages appelés deutérocanoniques par les catholiques et apocryphes par de Daniel 2.4 à 3 7.28 et Esdras certains protestants, ont été rédigés en grec . La deuxième partie de 4.6 à 6.18 sont la Bible, le Nouveau Testament, a été écrite en grec. Du coup, sauf rédigés en ara- méen. pour ceux qui maîtrisent parfaitement ces trois langues (ne soyez pas complexés, ils sont assez peu nombreux), obligation de passer 3 Voir p. 32. par une traduction. Vous avez déjà là une réponse à la question de la multiplicité des Bibles disponibles : la Bible est un livre traduit. On peut faire de la Bible autant de traductions que l’on veut. 11 Pourquoi tant de traductions de la Bible ? Sont-elles toutes fiables ? Laquelle choisir ? On n’a d’ailleurs pas attendu les temps modernes ou l’invention de l’imprimerie pour traduire. L’Ancien Testament était encore en formation que déjà les Hébreux se mirent à traduire leurs textes. Au fil du temps, au gré de leurs exils et de leurs déportations, l’hé- breu était devenu une simple langue liturgique, utilisée exclusive- ment dans le temple et les synagogues. L’araméen était devenu la langue parlée en Israël, le grec, la langue parlée en Egypte, où une très importante colonie juive avait migré. Du coup, on traduisit les livres de l’Ancien Testament de l’hébreu en araméen. Ainsi naquirent les targums. On fit la même chose en grec, ce qui donna la fameuse traduction des Septante. Non seulement on peut, mais on doit sans cesse traduire la Bible, et cela pour les raisons suivantes : 1. Des manuscrits de plus en plus nombreux Nous ne possédons pas et ne posséderons jamais le texte ori- ginal de la Bible en hébreu, en araméen ou en grec. Nous ne dis- posons que de copies de copies. Nous verrons plus loin que cela ne remet pas en cause le sérieux de la Bible. Au contraire, cela en confirme l’importance. eJusqu’au milieu du XX siècle, les traducteurs de la Bible, en français comme dans toutes les autres langues, n’avaient à leur disposition qu’un petit nombre de manuscrits, quasiment les mêmes que ceux qu’avaient utilisés les traducteurs au temps de la e eRéforme, au XVI et au XVII siècles. Or voilà qu’en 1947, on a découvert près de la mer Morte une col- lection importante de manuscrits de l’Ancien Testament. Tous les livres de l’Ancien Testament sont présents, que ce soit de manière partielle (quelques versets) ou complète (les fameux rouleaux d’Esaïe). Des manuscrits non bibliques en très grand nombre font 4aussi partie de cette découverte . Il ne s’agit pas des originaux, mais 4 Pour une toujours de copies, mais bien plus anciennes que celles dont on dis-édition complète des textes de posait jusqu’alors. Elles permettent d’approcher plus précisément Qumrân, voir encore le texte initial. Car plus les manuscrits sont nombreux, plus Michael Wise, Martin Abegg, ils permettent aux spécialistes de se rapprocher du texte de base. Edward Cook, D’où la nécessité de traduire la Bible en tenant compte des Les manuscrits de la mer Morte, découvertes les plus récentes. Paris : Plon, 2001. 2. Une meilleure connaissance des langues anciennes L’hébreu, l’araméen et le grec bibliques ne sont plus des langues parlées telles quelles aujourd’hui. Leur apprentissage était initia- 12 13 lement réservé à quelques spécialistes — la plupart du temps des gens d’Eglise, mais aussi de littératures anciennes. Mais, depuis plusieurs décennies déjà, cet apprentissage est grandement facilité. D’abord parce que l’hébreu a cessé d’être une langue morte. Les Israéliens l’ont d’une certaine manière ressus- citée, de sorte qu’on la connaît bien mieux aujourd’hui. Ensuite, les cours de langues anciennes se sont multipliés. Des instruments de travail de toute première qualité ont été édités : dictionnaires, lexiques, grammaires. L’informatique est aussi entrée en lice. Elle permet des comparaisons, des recoupements linguistiques qui peuvent aider à une meilleure compréhension des textes. Sans compter les éditions interlinéaires où, sous le texte en langue ori- 5ginale, on fait figurer une traduction mot à mot en français . 5 Voir par exem-Ainsi, des erreurs ou des maladresses de traducteurs n’ont ple le Nouveau quasiment plus cours aujourd’hui. En lisant le livre des Psaumes Testament interlinéaire grec/dans les anciennes traductions, on voyait apparaître très souvent français, Villiers- l’expression « mon âme », traduction littérale de l’hébreu naphshi. le-Bel : Alliance biblique univer-Dans le Psaume 6, par exemple, Louis Segond traduisit le verset 4 selle, 1993. comme suit : « Mon âme est toute troublée. » Aujourd’hui, on se contente de traduire plus simplement et plus correctement l’hébreu naphshi par le pronom personnel « je » : « Je suis tout épouvanté » (Nouvelle Bible Segond). Il ne s’agit pas ici d’un abandon de sens mais plus simplement de la prise en compte du fait que le mot français âme, qui traduit effectivement le mot naphshi, est aujourd’hui chargé d’un sens beaucoup plus lourd que l’hébreu. D’où la nécessité de traduire la Bible en tenant compte des progrès dans la connaissance des langues anciennes. 3. Une évolution évidente de la langue française On ne parle pas aujourd’hui le français comme on le parlait il y a cinquante ans. Des mots disparaissent des dictionnaires. D’autres y font leur entrée. D’autres enfin changent de sens. On évite aujourd’hui l’imparfait du subjonctif, les phrases longues. On préfère un style plus direct, des phrases plus courtes, souvent ellip- tiques. Or, si traduire c’est d’abord bien maîtriser la ou les langues sources (dans le cas qui nous occupe l’hébreu, l’araméen et le grec), c’est aussi bien connaître la langue cible (pour nous le français). Si Jésus pouvait être nommé « le chef et le consommateur de la foi » (Epître aux Hébreux 12.2) dans la traduction de Louis Segond de 1880, il ne peut plus porter ce titre aujourd’hui, à l’époque des orga- nisations de défense des consommateurs, car le mot consomma- teur n’avait absolument pas la même connotation qu’aujourd’hui. 12 13 Le maintenir au début du troisième millénaire, c’est conduire le lecteur sur une fausse piste. D’où la nécessité de traduire la Bible dans un langage qui corresponde à l’usage courant. 4. Une meilleure connaissance des lieux, des us et coutumes Difficile de traduire les yeux fermés, sans connaître par exem- ple les lieux et les pays mentionnés par le texte biblique : Israël, la Turquie, l’Egypte, la Jordanie, le Liban, la Syrie, la Grèce, l’Iraq, l’Iran, l’Italie. Difficile encore de traduire un mot sans savoir ce qu’il peut désigner. Imaginez par exemple un traducteur africain, isolé dans un petit village équatorial, qui n’aurait jamais visité la France, qui ne connaîtrait le français que d’une manière scolaire, et qui devrait traduire dans sa langue un texte en français dans lequel figureraient les initiales T.G.V. S’il n’a jamais vu au mini- mum une photo d’un T.G.V., ou un film promotionnel sur ce train à grande vitesse, il lui est quasiment impossible de comprendre ce que ces initiales veulent dire et donc d’en traduire le sens. Il en est de même avec les traducteurs de la Bible. Connaître le milieu biblique les aide considérablement. D’où la nécessité de traduire la Bible en tenant compte de tous les apports de la géographie, de l’histoire, de la sociologie et de la politique. 5. Des publics diversifiés qu’il faut prendre en compte La préoccupation essentielle et fort louable des anciens tra- ducteurs était de mettre la Bible à la disposition de tous ceux qui savaient lire. Aujourd’hui, la situation a changé. Il n’y a plus un public, mais des publics, avec des capacités de lecture et de com- préhension différentes. La fracture sociale est aussi une fracture culturelle. Le fossé entre l’élite brillante et la masse populaire de moins en moins cultivée s’accroît de jour en jour. En France, plus de 10% de la population ne peut lire et comprendre un texte sim- ple en rapport avec la vie quotidienne. Et que dire des jeunes géné- rations, fascinées par l’image au détriment de toute forme écrite ! Faut-il réserver la Bible aux lettrés et négliger les lecteurs occasionnels rebutés par un volume initialement peu attirant ? Faut-il aussi laisser de côté les foules des pays du Sud, assoiffées de Bible, pour lesquelles le français n’est pas la langue maternelle mais qui lisent la Bible en et ont besoin d’un autre type de traduction
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