Deux rites tantriques dans une communauté d intouchables au Rajasthan - article ; n°4 ; vol.211, pg 443-462
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Revue de l'histoire des religions - Année 1994 - Volume 211 - Numéro 4 - Pages 443-462
Two tantric rituals in an untouchable community in Rajasthan
Two secret rituals practised by members of an untouchable caste of Rajasthan are described here. Known as kundā panth, they are closely related to tantrism, in particular to practices observed among some ascetics of the Nāth sect and the so called Shākta, worshippers of the Goddess. One of these rites also shows a number of similarities with the ghat-pāth ceremony traditionnally practised by Nizari Isma'ilis in the Indian subcontinent. For the latter, as for the untouchable Hindus, the ritual culminates when all followers partake of consecrated water respectively called pāval and pāyal. The aim is to bring closely together the members of the community regardless of their social status.
On a choisi de décrire ici deux rituels secrets pratiqués par les membres d'une communauté d'intouchables du Rajasthan appelée kundā panth. Ces rites sont étroitement associés aux pratiques tantriques, en particulier telles qu'on les observe chez certains ascètes de l'ordre Nāth et chez les shākta adorateurs de la Déesse. L'un de ces rituels présente par ailleurs un certain nombre de similarités avec la cérémonie du ghat-pāth traditionnellement pratiquée par les Ismaéliens nizariens du sous-continent indien. Chez ces derniers, comme chez les intouchables hindous, les initiés absorbent lors du cérémonial de l'eau consacrée appelée respectivement pāval et pāyal. Le but est de souder entre eux les membres de la communauté, quel que soit leur statut social.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Dominique-Sila Khan
Deux rites tantriques dans une communauté d'intouchables au
Rajasthan
In: Revue de l'histoire des religions, tome 211 n°4, 1994. pp. 443-462.
Abstract
Two tantric rituals in an untouchable community in Rajasthan
Two secret rituals practised by members of an untouchable caste of Rajasthan are described here. Known as "kundā panth", they
are closely related to tantrism, in particular to practices observed among some ascetics of the "Nāth" sect and the so called
"Shākta", worshippers of the Goddess. One of these rites also shows a number of similarities with the "ghat-pāth" ceremony
traditionnally practised by Nizari Isma'ilis in the Indian subcontinent. For the latter, as for the untouchable Hindus, the ritual
culminates when all followers partake of consecrated water respectively called "pāval" and "pāyal". The aim is to bring closely
together the members of the community regardless of their social status.
Résumé
On a choisi de décrire ici deux rituels secrets pratiqués par les membres d'une communauté d'intouchables du Rajasthan
appelée "kundā panth". Ces rites sont étroitement associés aux pratiques tantriques, en particulier telles qu'on les observe chez
certains ascètes de l'ordre "Nāth" et chez les "shākta" adorateurs de la Déesse. L'un de ces rituels présente par ailleurs un
certain nombre de similarités avec la cérémonie du "ghat-pāth" traditionnellement pratiquée par les Ismaéliens nizariens du sous-
continent indien. Chez ces derniers, comme chez les intouchables hindous, les initiés absorbent lors du cérémonial de l'eau
consacrée appelée respectivement "pāval" et "pāyal". Le but est de souder entre eux les membres de la communauté, quel que
soit leur statut social.
Citer ce document / Cite this document :
Khan Dominique-Sila. Deux rites tantriques dans une communauté d'intouchables au Rajasthan. In: Revue de l'histoire des
religions, tome 211 n°4, 1994. pp. 443-462.
doi : 10.3406/rhr.1994.1387
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1994_num_211_4_1387DOMINIQUE-SILA KHAN
Institute of Rajasthan Studies, Jaipur
DEUX RITES TANTRIQUES
DANS UNE COMMUNAUTÉ D'INTOUCHABLES
AU RAJASTHAN
On a choisi de décrire ici deux rituels secrets pratiqués
par les membres d'une communauté d 'intouchables du Rajasthant
appelée kundâ panth. Ces rites sont étroitement associés aux
pratiques lanlriques, en particulier telles qu'on les observe
chez certains ascètes de V ordre Nâth et chez les shâkta adorateurs
de la Déesse. L'un de ces rituels présente par ailleurs un certain
nombre de similarités avec la cérémonie du gha^-path tradi
tionnellement pratiquée par les Ismaéliens nizariens du sous-
continent indien. Chez ces derniers, comme chez les intouchables
hindous, les initiés absorbent lors du cérémonial de Veau
consacrée appelée respectivement pâval et payai. Le but est de
souder entre eux les membres de la communauté, quel que soit
leur statut social.
Two tantric rituals in an untouchable community
in Rajasthan
Two secret rituals practised by members of an untouchable
caste of Rajasthan are described here. Known as kundâ panth,
they are closely related to iantrism, in particular to practices
observed among some ascetics of the Nâth sect and the so called
Shâkta, worshippers of the Goddess. One of these rites also
shows a number of similarities with the ghat-pâ^h ceremony
traditionnally practised by Nizari Isma'ilis in the Indian
subcontinent. For the latter, as for the untouchable Hindus,
the ritual culminates when all followers partake of consecrated
water respectively called pâval and payai. The aim is to bring
closely together the members of the community regardless of
their social status.
Revue de l'Histoire des Religions, ccxi-4/1994, p. 443 à 462 Rajasthan, Etat situé au nord-ouest de l'Inde, on Au
entend parler d'une mystérieuse secte, le kundâ panth, que
l'on dit surtout répandue parmi les intouchables, en parti
culier les tisserands et travailleurs du cuir (Meghwâl, Regar,
Kolî, etc.)1. Il est extrêmement difficile d'obtenir à ce sujet
des informations précises, car la mauvaise réputation de
cette secte n'a d'égale que l'aura de mystère qui l'entoure.
Une longue enquête, menée auprès des chefs religieux
de la caste Meghwâl et de leurs gourous les Kâmad, m'a fin
alement permis de rassembler un certain nombre de données
sur le kundâ panih. En fait, il s'agit moins d'une secte au
sens de tradition religieuse que d'un ensemble de rites pra
tiqués par des adeptes ayant reçu une initiation particulière.
Il va de soi que le caractère secret de ces pratiques cons
tituait dès l'abord un obstacle de taille pour l'enquêteur.
D'autre part, les silences et réticences des informateurs ne
pouvaient qu'évoquer le mystère entourant certaines cér
émonies tantriques rassemblant des adorateurs de la Déesse
dits shâkta (s.)2 — en particulier celles qui sont connues
sous le nom de « rites de la main gauche » (vám márg).
Mais quelle était exactement, dans le contexte étudié, la
teneur de ces rites ?
Interrogés sur ce point, mes informateurs réagissaient
de diverses façons, mais s'arrangeaient toujours pour éluder
adroitement la question. Certains accueillaient mon enquête
par un rire gêné avant de détourner la conversation, tandis
1. Sur ces castes, voir Hardayâl et Devî Prasâd Munshî, Report mardum
shumârî (Census Report of Marwar), Jodhpur, 1891, vol. III, p. 527-546.
2. Pour la « religion shâkta », voir par exemple Narendra Nath Bhatta-
charyya, History of the Sakta Religion, New Delhi, Munshiram Manoharlal,
1974. Sur le tantrisme en général il existe de nombreuses études, mais on pourra
consulter avec profit André Padoux, Le tantrisme, in Le Grand Atlas des reli
gions, Paris, Encyclopaedia Universalie, 1988, p. 308, et A survey of tantric
hinduism for the historian of religions, History of Religion (University of Chi
cago), 20, 4, p. 345-360. Deux rites iantriques 445
que d'autres, la majorité, préféraient défendre un point
de vue différent : le kundâ panth n'avait rien de reprehens
ible moralement, sa mauvaise réputation étant le résultat
de viles calmonies ; si l'on ne pouvait en divulguer les détails
c'est que seul l'adepte, dûment initié, était à même de
comprendre le sens profond de ces cérémonies ; dans l'e
nsemble celles-ci consistaient à chanter des chants dévotion-
nels (saisang) et à réciter le gâyatrï manira (s.)3. La plupart
des personnes interrogées rattachaient le kundâ panth au
culte de leur divinité tutélaire, Râmdeo qui lui-même aurait
été un adepte de la « secte » (panth)*.
Par la suite, sans savoir davantage de quoi il s'agissait,
j'appris qu'il existait en fait deux rites bien distincts dési
gnés par ce même nom. Celui que l'on évoquera en premier
représentait en quelque sorte la forme parfaite du kuniâ
panth, raison pour laquelle on l'appelait aussi bïsâ panth
(« secte vingt », ce chiffre étant l'expression d'une totalité)
ou mahâpanth (litt. « grande secte »)5 ; mais selon mes infor
mateurs, ce rite devenait de plus en plus rare au Rajasthan.
Quant à la forme « incomplète », elle avait reçu l'appellation
de dasâ panth (litt. « secte dix »).
Selon un chef religieux de la communauté Meghwal, la
« grande forme » du кипфа panth existant depuis la première
3. La Gâyairi est une formule d'invocation et de prière hindoue, « un vers
particulièrement sacré du Rig-veda que chaque Brahmane se doit de répéter
mentalement lors de ses dévotions matin et soir », comme l'écrit John Dowson,
A Classical Dictionary of Hindu Mythology and Religion, Calcutta, nouv. éd.,
Rupa & Co., 1991, p. 111. Les intouchables n'ont, en principe, pas le droit de
réciter ce mantra ; dans le cas présent, il s'agit probablement d'un chant dévo-
tionnel de la tradition ismaélienne (à laquelle les adorateurs de Râmdeo étaient
autrefois affiliés), auquel on a donné le même nom, à ce sujet, voir Azim Nanji,
The Nizari IsmaHli Tradition in the Indo-Pakistan Subcontinent, New York,
Delmar, Caravan Books, 1

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