H. Laoust. La profession de foi d Ibn Batta  ; n°2 ; vol.155, pg 251-252
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Revue de l'histoire des religions - Année 1959 - Volume 155 - Numéro 2 - Pages 251-252
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Publié le 01 janvier 1959
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Langue Français

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Georges Vajda
H. Laoust. La profession de foi d'Ibn Batta
In: Revue de l'histoire des religions, tome 155 n°2, 1959. pp. 251-252.
Citer ce document / Cite this document :
Vajda Georges. H. Laoust. La profession de foi d'Ibn Batta. In: Revue de l'histoire des religions, tome 155 n°2, 1959. pp. 251-
252.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1959_num_155_2_8936NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES 251
Henri Laoust. — La profession de foi d'Ibn ВаЦа (traditionniste
et jurisconsulte musulman, d'école hanbalite, mort en Irak à 'Ukbarâ
en 387-997), Damas, Institut français, 1958, grand in-8°, clii-204 p.,
93 p. de texte arabe, 4 pi. — Dans un ouvrage qui est considéré à
juste titre comme un des classiques de l'islamologie, l'orientaliste
hollandais A. J. Wensinck montrait le parti que l'on peut tirer de
l'étude critique des professions de foi, mises souvent sous l'invocation
de grandes personnalités religieuses, pour l'histoire des dogmes et
aussi de la sensibilité religieuse dans l'Islam (The Muslim Creed,
Cambridge, 1932).
M. Henri Laoust, qui a consacré le meilleur de son œuvre à l'étude
de la plus rigoureuse des écoles juridico-religieuses musulmanes, le
« rite » hanbalite- (le hanbalisme se trouve, rappelons-le, à la base
du mouvement dont est issu l'état actuel d'Arabie séoudite), a été
amené à examiner de près les nombreuses 'aqîda-s (c'est le nom des
professions de foi en arabe) colportées au sein de l'école en question
et dont une bonne demi-douzaine ont été attribuées au fondateur
même Ahmad Ibn Hanbal. Celle qu'il édite ici est, elle, d'attribution
sûre, et constitue et par sa simplicité relative et par sa situation dans
le temps un poste d'observation privilégié du haut duquel le regard
peut embrasser un passé déjà riche et percevoir les premières lueurs
d'une -évolution théologique singulièrement plus ample et plus
complexe qui s'étendra jusqu'au xive siècle.
En effet, la profession de foi du docteur irakien Ibn Batta, dont
l'activité se situe dans une période fort troublée de l'histoire du califat
abbasside et aussi de la vie religieuse et sociale de Bagdad, représente
encore," sans ces complications scolastiques auxquelles même les
théologiens les plus fidéistes échapperont difficilement par la suite,
la rigueur anti-intellectualiste des Hanbalites archaïques (l'école
a environ un siècle et demi d'existence à l'époque), leur refus de
s'arrêter à ce qui peut être, dans la tradition et dans l'histoire politique
de l'Islam, motif à dispute et à division. Mais rien n'étant immuable,
fût-ce au sein de l'orthodoxie la plus stricte, notre théologien s'écarte
tout de même parfois des opinions du fondateur en faveur de positions
soutenues un peu plus tard. L'annotation abondante et très précise
de M. Laoust met parfaitement au jour toutes ces nuances et varia
tions. La quintessence, peut-être, de toute la doctrine hanbalite (et
qui fait pressentir aussi le rôle de ce courant doctrinal dans le mysti
cisme musulman dès le xie siècle) se cache, trop modestement, dans
une note limpide du traducteur que nous croyons utile de reproduire :
« Nous touchons ici à quelques notions qui permettent de carac
tériser l'attitude d'esprit du hanbalisme : le point de départ, c'est le
lasdïq, un acte de foi dans le message divin transmis par le Prophète.
De là, en théodicée, le tafwïd, acte de confiance en Dieu ; on « s'en
remet à lui », pour l'intelligence du gaib, du mystère des choses. De là,
en usul al-fiqh [théorie générale de la jurisprudence], le iaqlïd, ou REVUE, DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS 252
esprit de fidélité à la tradition ; et, en morale, le taslïm, la soumission
totale à la volonté de Dieu, avec toutes les valeurs de détachement
qui en dérivent ; le but final est le tauhïd, non seulement la reconnais
sance de l'unité de Dieu, mais l'effort de tout être pour réaliser
l'unité de son propre moi, dans chacun de ses actes comme de ses
pensées, et porter ainsi témoignage de l'unité divine. » (p. 105, n. 2).
L'introduction de l'éditeur brosse un tableau magistral, non
seulement du mouvement théologique hanbalite, mais encore de bien
des aspects de la vie politique, sociale, religieuse et intellectuelle de la
capitale abbasside durant la seconde moitié du xe siècle ; elle donne
aussi un aperçu substantiel sur l'influence ultérieure de la profession
de foi d'Ibn Batta, éclairant ainsi une avenue fort mal connue jusqu'à
maintenant de la pensée théologique musulmane.
La valeur du commentaire aurait été accrue si les nombreux
hadït-s allégués par Ibn ВаЭДа avaient été localisés dans les grands
recueils, ne fût-ce que sous forme de références au Handbook et aux
Concordances de Wensinck, en notant au besoin les traditions « faibles »
non retenues par ces compilations. Ces recoupements auraient proba
blement évité au traducteur quelques interprétations difficilement
défendables à notre avis.
Ainsi (59, 1/108, 8-10) le hadït signifie : « Évoque-moi au milieu
d'une assemblée [c'est-à-dire parmi les hommes] et je t'évoquerai
dans une meilleure » [c'est-à-dire parmi les anges : al-mala1
al аЧп].г
60, 6/110, 2 est un hadïl connu (cf. Wensinck, Concordances, I,
375 b ; voir aussi maintenant F. Meier,, Die Fawďih.... des Nafim
ad-Dïn al-Kubrâ, Wiesbaden, 1957, p. 161 sq.) ; il faut- vocaliser
fa'aslama : « [mon génie] s'est fait Musulman. »
Dans 45, 18/758, 9, nous comprenons : wa'idâ halabu lam yuzaw-
wagu, « lorsqu'ils demandent une femme en mariage, ils essuyent un
refus ». Il n'est pas inutile de remarquer que tout ce morceau utilise
ou pastiche habilement les portraits de l'authentique ascète musulman
comme on en trouve dans la littérature pseudépigraphique mise
sous le nom de 'AH ; cf. par exemple, A. S. Yahuda, introduction à
Bahya Ibn Paquda, al-Hidâya- ilâ farďid al-qulub, Leyde, 1912,^
p. 93 sq.
P. 158, 10 de la traduction, il aurait été bon de, rappeler que
VisrâHliyya de Fudayl b. 'Iyàd (qui se rencontre souvent dans les
livres de zuhd) renferme implicitement un texte biblique : « Déchirez
votre cœur, et non vos vêtements » (Joël, II, 13).
Ces quelques menues critiques et d'autres réserves philologiques
trop secondaires pour être mentionnées ici n'amoindrissent point le
plaisir et le profit que nous a valus l'étude du remarquable ouvrage
de M. Laoust. Son livre a tous les titres d'occuper une place de choix
sur les premiers rayons de toute bibliothèque d'islamologue.
Georges Vajda.
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