Invention et interprétation dans la réécriture spinozienne de la métaphysique des Principia philosophiae / Invention and interpretation in Spinoza s rewriting of the metaphysics of the Principia philosophiae - article ; n°1 ; vol.58, pg 67-85
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Invention et interprétation dans la réécriture spinozienne de la métaphysique des Principia philosophiae / Invention and interpretation in Spinoza's rewriting of the metaphysics of the Principia philosophiae - article ; n°1 ; vol.58, pg 67-85

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Revue d'histoire des sciences - Année 2005 - Volume 58 - Numéro 1 - Pages 67-85
RÉSUMÉ. — L'exposé de la métaphysique cartésienne que Spinoza présente dans la première partie de ses Principia philosophiae cartesianae se développe suivant une reconstruction rationnelle des arguments de Descartes, qui révèle les faiblesses que Spinoza a cru repérer dans le texte de Descartes. Spinoza a essayé de remédier à ces faiblesses grâce à un choix parmi les textes de Descartes lui-même. En outre, Spinoza a essayé d'utiliser Descartes pour construire une théologie rationnelle qui s'appuie sur la théorie de la libre création des vérités éternelles.
SUMMARY. — The account of Descartes' metaphysics given in the first part of Principia philosophiae cartesianae evolves as a rational reconstruction of the French philosopher's arguments, suggesting that Spinoza believed to have found some conceptual weaknesses in the work commented on. Spinoza seeks to provide an answer by calling on selected passages from Descartes himself. He again draws on Descartes in an attempt to articulate a rational theology based on the theory of the free creation of eternal truths.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2005
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

MME EMMANUELA SCRIBANO
Invention et interprétation dans la réécriture spinozienne de la
métaphysique des Principia philosophiae / Invention and
interpretation in Spinoza's rewriting of the metaphysics of the
Principia philosophiae
In: Revue d'histoire des sciences. 2005, Tome 58 n°1. pp. 67-85.
Résumé
RÉSUMÉ. — L'exposé de la métaphysique cartésienne que Spinoza présente dans la première partie de ses Principia
philosophiae cartesianae se développe suivant une reconstruction rationnelle des arguments de Descartes, qui révèle les
faiblesses que Spinoza a cru repérer dans le texte de Descartes. Spinoza a essayé de remédier à ces faiblesses grâce à un
choix parmi les textes de Descartes lui-même. En outre, Spinoza a essayé d'utiliser Descartes pour construire une théologie
rationnelle qui s'appuie sur la théorie de la libre création des vérités éternelles.
Abstract
SUMMARY. — The account of Descartes' metaphysics given in the first part of Principia philosophiae cartesianae evolves as a
rational reconstruction of the French philosopher's arguments, suggesting that Spinoza believed to have found some conceptual
weaknesses in the work commented on. Spinoza seeks to provide an answer by calling on selected passages from Descartes
himself. He again draws on Descartes in an attempt to articulate a rational theology based on the theory of the free creation of
eternal truths.
Citer ce document / Cite this document :
SCRIBANO EMMANUELA. Invention et interprétation dans la réécriture spinozienne de la métaphysique des Principia
philosophiae / Invention and interpretation in Spinoza's rewriting of the metaphysics of the Principia philosophiae. In: Revue
d'histoire des sciences. 2005, Tome 58 n°1. pp. 67-85.
doi : 10.3406/rhs.2005.2236
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0151-4105_2005_num_58_1_2236Invention et interprétation
dans la réécriture spinozienne
de la métaphysique
des Principia philosophiae
Emanuela Scribano (*)
RÉSUMÉ. — L'exposé de la métaphysique cartésienne que Spinoza présente
dans la première partie de ses Principia philosophiae cartesianae se développe sui
vant une reconstruction rationnelle des arguments de Descartes, qui révèle les fai
blesses que Spinoza a cru repérer dans le texte de Descartes. Spinoza a essayé de
remédier à ces faiblesses grâce à un choix parmi les textes de Descartes lui-même.
En outre, Spinoza a essayé d'utiliser Descartes pour construire une théologie
rationnelle qui s'appuie sur la théorie de la libre création des vérités éternelles.
MOTS-CLÉS. — Descartes ; Spinoza ; Principia ; métaphysique.
Descartes' metaphysics given in the first part SUMMARY. — The account of
of Principia philosophiae cartesianae evolves as a rational reconstruction of the
French philosopher's arguments, suggesting that Spinoza believed to have found some
conceptual weaknesses in the work commented on. seeks to provide an ans
wer by calling on selected passages from Descartes himself He again draws on Des
cartes in an attempt to articulate a rational theology based on the theory of the free
creation of eternal truths.
KEYWORDS. — Descartes ; Spinoza ; Principia ; metaphysics.
À propos de la réécriture spinozienne du texte des Principia, on
a parlé d'un ouvrage de « reconstructivisme logique », à savoir du
genre de travail qui est pratiqué dans le cadre des études d'histoire
de la philosophie d'inspiration analytique (1). Il s'agit d'un travail
grâce auquel on essaye d'améliorer les arguments des philosophes
du passé, en utilisant - si possible - surtout des matériaux offerts
(*) Emanuela Scribano, Universita di Siena, Facoltà di lettere, via Roma 47,
53100 Siena, Italie.
(1) Hubertus G. Hubbeling, Spinoza comme précurseur du reconstructivisme logique
dans son livre sur Descartes, Studia leibnitiana, XII (1980), 88-95.
Rev. Hist. Set, 2005, 58/1, 67-85 68 Emanuela Scribano
par ces mêmes philosophes, ou qui auraient pu être utilisés par ces
philosophes. Malgré la nouveauté de la dénomination de cette pro
cédure, l'hypothèse que Spinoza ait suivi une telle méthode dans
son exposé des Principia cartésiens n'est pas nouvelle. Déjà Etienne
Gilson l'avait proposée concernant la réécriture spinozienne de la
preuve cartésienne de l'existence des corps. Je ne m'écarterai pas de
cette interprétation, pour laquelle j'ai proposé des arguments ulté
rieurs dans mon édition italienne des Principia de Spinoza (2), et je
me limiterai ici, premièrement, à présenter un exemple de cette
méthode dans le cas de la doctrine de l'erreur ; deuxièmement, je
reviendrai sur les pages de Gilson pour vérifier son hypothèse sur le
niveau de l'intervention de Spinoza dans le texte cartésien, et, fina
lement, je m'arrêterai sur les questions que posent quelques textes
qui ne se plient pas à cette lecture. Dans les deux premiers cas, on
aura quelques exemples des problèmes qui se cachent dans
l'argumentation cartésienne, précocement quoique indirectement
signalés par Spinoza.
Lodewijk Meyer, dans sa préface aux Principia de Spinoza,
avait averti que la première partie de cet ouvrage n'avait pas sa
source immédiate uniquement dans les Principia cartésiens (3). En
fait, la métaphysique de la première partie de l'exposé spinozien
des Principia provient presque entièrement des Meditationes, et de
l'exposé more geometrico inséré à la fin des secondes réponses.
On peut proposer plusieurs explications à cette situation. Pre
mièrement, étant donné que Descartes lui-même a donné un exposé
géométrique de sa propre métaphysique, Spinoza aurait pu avoir
jugé inutile de donner une nouvelle présentation more geometrico.
Mais on pourrait aussi penser que Spinoza avait jugé meilleur
l'exposé de la métaphysique cartésienne des Meditationes. Or,
même si les deux explications ne s'excluent pas, la seconde se révèle
la plus vraisemblable, étant donné que Spinoza suit les Meditatio
nes même là où il ne peut pas compter sur l'appui de l'exposé géo
métrique des secondes réponses. C'est le cas des doctrines de
l'erreur et de la justification de Dieu par rapport au défaut que entraîne avec elle, qui sont réécrites par Spinoza suivant le
(2) Baruch Spinoza, Principi délia filosofia di Cartesio : Pensieri metaflsici, éd. Eman
uela Scribano (Bari-Roma : Laterza, 1990).
(3) Baruch Spinoza, Renaît Des Cartes Principiorum philosophiae, dans Baruch Spinoza,
Opera, éd. Carl Gebhardt (Heidelberg : Carl Winter Universitaetsbuchhandlung, 1925),
dorénavant Principia, vol. I, 130. Dans la réécriture spinozienne... 69
texte de la quatrième Méditation. En fait, l'exposé spinozien de la
justification de Dieu par rapport à l'erreur serait impossible si Spi
noza avait suivi les Principia. Le choix spinozien, cette fois-ci, met
en évidence les nuances qui séparent les Principia des Meditationes.
Dans la proposition XIV de la première partie des Principia phi-
losophiae cartesianae, Spinoza avait reproduit l'analyse cartésienne
de l'erreur et de l'innocence divine : l'erreur se produit à cause d'un
mauvais usage du libre arbitre ; Dieu n'est pas responsable de
l'erreur parce que l'assentiment aux idées obscures, duquel Dieu est
la cause, considéré en soi, est un bien. Suivant Descartes :
«[...] пес denique etiam conquerendi debeo, quod Deus mecum
concurrat ad eliciendos illos actus voluntatis, sive ilia judicia, in qui-
bus fallor : illi enim actus sunt omnino veri et boni, quatenus a Deo
dependent, et major in me quodammodo perfectio est, quod illos pos-
sim elicere, quam si non possem. » La forme de l'erreur est une pri
vation qui consiste dans la difformité de l'action par rapport au
précepte inscrit dans la lumière naturelle, et, par conséquent,
expression de la volonté divine, qui impose « perceptionem intellec-
tus praecedere semper debere voluntatis determinationem (4) ».
Descartes reprend l'explication traditionnelle de l'innocence
divine : les actes de la volonté sont tous bons, le mal étant dans le
fait que l'action ne se conforme pas à la loi ; or la différence entre
l'action et la loi n'a pas en soi une réalité positive, et donc elle ne
requiert pas de cause. Cette différence étant la conséquence d&#

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