La déviation de la 4e Croisade vers Constantinople. Note additionnelle : La Croisade et les guerres persanes d Héraclius - article ; n°1 ; vol.147, pg 50-61
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La déviation de la 4e Croisade vers Constantinople. Note additionnelle : La Croisade et les guerres persanes d'Héraclius - article ; n°1 ; vol.147, pg 50-61

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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1955 - Volume 147 - Numéro 1 - Pages 50-61
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1955
Nombre de lectures 23
Langue Français

Extrait

A. Frolow
La déviation de la 4e Croisade vers Constantinople. Note
additionnelle : La Croisade et les guerres persanes d'Héraclius
In: Revue de l'histoire des religions, tome 147 n°1, 1955. pp. 50-61.
Citer ce document / Cite this document :
Frolow A. La déviation de la 4e Croisade vers Constantinople. Note additionnelle : La Croisade et les guerres persanes
d'Héraclius. In: Revue de l'histoire des religions, tome 147 n°1, 1955. pp. 50-61.
doi : 10.3406/rhr.1955.7195
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1955_num_147_1_7195déviation de la 4e Croisade La
vers Constantinople
NOTE ADDITIONNELLE
La Croisade et les guerres persanes d'Héraclius1
L'intérêt que les barons francs attachaient au souvenir
des guerres persanes d'Héraclius fournit un argument parti
culier en faveur de la thèse que l'on vient de présenter. La
démonstration repose sur un nombre relativement important
de témoignages. Nous y avons trouvé matière à un appendice,
destiné à compléter notre exposé sans en interrompre le
développement.
Le Moyen Age se plaisait — on le sait — à reconnaître une
série d'analogies et de rencontres plus ou moins provident
ielles entre les événements de l'heure présente et les grandes
dates du passé. L'Ancien Testament proposait aux croisés
en guise de modèles, des guerriers, comme Josué ou les frères
Maccabées2. Byzance offrait l'exemple de l'empereur qui avait
reconquis la croix enlevée par les Perses en 614, à Jérusalem.
Il se trouve que la leçon était de nature à favoriser, en même
temps, le détournement de l'expédition de 1203 vers la cité
qui détenait désormais la plus grande partie conservée de
l'instrument du Salut. Imiter Héraclius c'était vaincre les
Infidèles, c'était aussi entrer en possession de l'insigne relique.
Une remarque s'impose ici d'emblée. Le rapprochement
ainsi proposé n'était nullement arbitraire aux yeux des
1) Cf. RHR, GXLV, p. 168-187; CXLVI, p. 67-89, 194-219.
2) Rousset, Les origines, pp. 89, 94 sq. LA DÉVIAI ION DE LA QUATRIÈME CROISADE 51
contemporains et ne nous paraît pas tel encore aujourd'hui,
si différents qu'eussent été par ailleurs les protagonistes et les
conditions dans lesquelles les événements se sont déroulés de
part et d'autre. L'essor de la Croisade rejoignait et prolongeait,
sous plus d'un rapport, les guerres byzantines du début du
viie siècle. On distingue, à la fois, une identité de structure et
une sorte de filiation.
La rencontre est d'autant plus évidente que l'Église
orientale < se refusait de sanctionner — nous l'avons déjà
rappelé' — l'idée d'une lutte armée contre les ennemis de la
Foi1. Les canonistes grecs imposaient une pénitence à tous ceux
dont les mains avaient été souillées de sang, encore que le
combat ait eu lieu « pour la sagesse et la piété »2. Les Byzantins
n'ont connu qu'à titre d'exception et à de rares intervalles des
mouvements de ferveur guerrière aussi ardente que celle qui
avait lancé, à la fin du xie siècle, les chevaliers latins dans les
déserts de la Syrie. En contrevenant à la règle, Héraclius
inaugurait sans le savoir la tradition suivie par l'Occident
au temps des croisades.
Peu importent • les. diverses manifestations religieuses,
inséparables de la stratégie du Moyen Age, dont font état les
récits relatifs aux expéditions du grand empereur3. Que les
combattants fussent Grecs ou Latins, les puissances célestes
étaient nécessairement invoquées, à cette époque, dans le
péril de toute bataille, et toute victoire était suivie d'actions
de grâces4. L'attention est davantage retenue par le discours
1) Voir les ouvrages cités ci-dessus, t. CXLVI (deuxième article), p. 83.
2) Saint Basile de Césarée, Epist. CLXXXVIII, 13, Migne, PG, XXXII,
col. 681 (cité par Laurent, op. cit., p. 93).
3) Par exemple Théophane, Chronographia, éd. G. de Boor, Leipzig, 1883,
I, pp. 303 et 307 (cf. pp. 316 et 318 la description de victoires obtenues xfj топ 0eoS
8uvá(zst xai tJj $O7j6eia tîjç ©еотохои) et Kedrenos, Bonn, I, pp. 719, 727-728.
Voir aussi E. Gerland, Die persischen Feldzuge des Kaisers Herakleios, Byz.
Zeit., III, 1894, p. 348 et L. Bréhier, dans A. Flïche-V. Martin, Histoire de
l'Église, V, Paris, 1938, p. 91-92.
4) Voir notamment, pour Byzance, J.-R. Vieillefond, Les pratiques rel
igieuses dans l'armée byzantine d'après les traités militaires, Bévue des Études
anciennes, XXXVII, 1935, p. 322 sq. Divers exemples relatifs à la « vertu mili
taire » de la Vierge sont réunis dans Rev. de VHisloire des Religions, GXXVII, 1944,
p. 94 sq. Les manifestations analogues du culte de la croix ont été étudiées par
G. Millet, Les Iconoclastes et la Croix, à propos d'une inscription de Cappadoce, 52 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
prononcé par Héraclius devant ses ; troupes en > 622, où il
paraissait énoncer le principe même de la guerre sainte en
proclamant la nécessité « d'accepter la-ioi qui tue le meurtre w1..
De son côté, le poète officiel, du règne, Georges Pisidès, a
utilisé la formule xoXáCcov ttjv á[xapTÍav, qui correspond à la
lettre au peccaiis exigentibus par lequel les historiens et les
docteurs occidentaux expliquaient les revers des croisés2.
Enfin, la croix qui apparaît, sur les émissions monétaires
postérieures à 614, accompagnée de* légendes nicéphores,
nouvelles dans la numismatique byzantine, èv тоитсо vbca sur
des pièces en bronze3 et Deus adiuta Romanis sur le « double
miliaresion »4, ne manque pas de rappeler le signe sacré arboré
Bull, de Correspondance hellénique, XXXIV, 1910, p. 96 sq., et par J. Gagé,
vixo7Toioç, La victoire impériale dans l'Empire chrétien, Rev. d'histoire et de phi1933,' p. 370 sq. losophie religieuse,
1) Aa^couev tuCouv TUv «póvwv cpoveuxpíav (Théophane, éd. de Boor, I, p. 307).
Cf. la désignation suggestive de la croix ôtcXov ttjç sÊpTjvrçç, dans un kontakion
de l'office grec du 14 septembre composé apparemment sous le règne ď Héraclius :
Mtjvocïov Ss7UTS(z3piou, Athènes, 1905, p. 98 ; J.-B. Pitra, Analecta sacra spicilegio
Solesmensi parata, I, Paris, 1876, p. 507-508.
2) L. Sternbach, Georgii Pisidae carmina inedita, Wiener Studien, XIII,
1891, p. 5, v. 32. Pour l'emploi de la formule analogue chez les auteurs occidentaux,
voir notamment Faral, G. de Villehardouin... sa sincérité, p. 368 sq. C'est le par
pechié de Robert de Clari, le grěchovií našichu rádi des textes slavons.
3) W. Wroth, Catalogue of Imperial Byzantine Coins, Londres, 1908, pi. XXVII,
20 ; cf. Gagé, op. cit., p. 372 et la littérature indiquée par Laurent, op. cit., p. 88.
Des monnaies du même type ont été frappées sous le règne de Constant II (Wroth,
ibid., p. XXXI, 15). Les émissions de Constance II et de Vetranion présentent déjà"
la légende fin/ hoc signo victor eris, accompagnant, il est vrai, non pas la croix mais
des effigies impériales (H. Cohen, Description historique des monnaies frappées sous
V Empire romain, Paris, 1888, VII, p. 461, .VIII, p. 5). A partir du règne de Cons
tantin V et de Léon IV, on voit apparaître dans la numismatique byzantine la
croix entourée d'une inscription apparentée en caractères latins Ihsus Xristus nica
(Wroth, ibid., pi. XL IV, 4 sq.). Formules grecques analogues dans l'épigraphie
monumentale, dès le règne de Léon III et de Constantin IV : H. Lietzmann, Die
Landmauer von Konstantinopel, Abhandlungen d. preus. Akad. d. Wissensch.,
1929, Phil.-hist. Klasse, 2, p. 21 (on trouvera des exemples plus anciens en Syrie
du Nord, notamment à il-Umtâ'ïyeh et à Midjleyyà). Pour une époque plus récente,
voir aussi les émissions monétaires d'Alexis Ier Comnène, avec la légende отосире
ouvépyei (3aciXet 'AXs^ico (Wroth, ibid., pi. LXVI, 4-5; cf.pl. LXVI, 1, une croix
patriarcale accompagnée de sigles qu'il convient, peut-être, de compléter de la
façon suivante : [£таире] 'A[Xé£iov] A[ecrreÓT7]v] K[opivÝ)vov] Ф[иХаоое]).
4) Wroth, op. cit., pi. XXIII, 20-21 et p. 195 (pour l'identification a

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