La fondation de l université catholique de Paris en 1875 - article ; n°13 ; vol.3, pg 1-37
38 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La fondation de l'université catholique de Paris en 1875 - article ; n°13 ; vol.3, pg 1-37

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
38 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1912 - Volume 3 - Numéro 13 - Pages 1-37
37 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1912
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Alfred Baudrillart
La fondation de l'université catholique de Paris en 1875
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 3. N°13, 1912. pp. 1-37.
Citer ce document / Cite this document :
Baudrillart Alfred. La fondation de l'université catholique de Paris en 1875. In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 3.
N°13, 1912. pp. 1-37.
doi : 10.3406/rhef.1912.2008
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1912_num_3_13_20084
LA FONDATION
DE L'UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DE PARIS
EN 1875 ■
Le 12 juillet 1875, date importante dans l'histoire de l'Église
de France ! Ce jour-là, en effet, par cinquante voix de major
ité, l'Assemblée nationale accorda aux catholiques, qui depuis
si longtemps la revendiquaient, la liberté de l'enseignement
supérieur. Qu'allaient en faire les évêques ? ""
Était-il possible de fonder tout de suite une ou plusieurs
Universités ? D'après quelles idées directrices les devait-on con
cevoir ? A quel personnel s'adresser ? Tels étaient les trois pro
blèmes principaux en face desquels ils se trouvaient. Sur aucun
des trois l'opinion catholique n'était unanime. Sur le nombre
d'abord : « De très bons esprits, lisons-nous dans une étude
de M. E. Lefébure 1, n'étaient pas sans inquiétude. Ils procla
maient bien haut que cette question de la liberté de l'enseign
ement supérieur était d'intérêt général, que toutes les considé
rations locales, traditions glorieuses à reprendre, devaient céder^
pour le moment du moins, à l'impérieuse nécessité de débuter
tout d'abord par un succès, c'est-à-dire d'avoir une Université
dont le personnel égalât au moins celui des Universités exi
stantes et dont les élèves fussent supérieurs à ceux formés par les
programmes de l'État ; que si l'on y parvenait, la cause était
définitivement gagnée devant l'opinion publique, et l'incompat
ibilité de la foi et de la science, cette grande calomnie de ce siè-
1. Bulletin de la Société générale d'éducation, 1875, n. 6.
ANALECTA, 1912, t. III. 1 péremptoirement réfutée par des faits indiscutables. Les cle,
partisans de cette opinion concluaient donc à la mise en com
mun de tous les efforts, de tous les dévouements, pour la créa
tion d'une Université unique, dont le siège serait à Paris, parce
qu'à Paris on pourrait trouver plus facilement de l'argent, des
professeurs et des élèves.
« Dans dix ans, ajoutaient-ils, quand nous aurons laborieus
ement conquis notre place au soleil, ce sera l'heure des créations
multiples et leur réussite sera d'autant plus probable qu'un
premier succès acquis rendra plus facile l'obtention des capi
taux et des dévouements rassurés sur l'avenir. Qu'est-ce que
dix ans de patience pour assurer le maintien d'une institution
qui doit durer des siècles ? »
Sur le caractère. Les uns avaient surtout en vue les étudiants
laïques et la préparation des grades ; pour eux, l'Université
n'était guère que la continuation du collège. D'autres élevaient
plus haut leur regard ; ce qui primait tout à leurs yeux, c'é
tait la question de doctrine, la nécessité de remettre en pleine
lumière la conception chrétienne des choses, la théologie catho
lique et par conséquent de s'attacher plus encore à la forma
tion du clergé qu'à celle des laïques. Avant la fin de 1875, le
P. Didon, dans un article du Correspondant *, exprimait élo-
quemment leur pensée.
« Lorsqu'on a lu, écrivait-il, avec l'attention qu'ils méritent,
les débats du Parlement au sujet dp l'enseignement supérieur,
on reste convaincu que ce qui a poussé les catholiques à récl
amer la liberté, c'est surtout une pensée de préservation... La
tâche doctrinale de nos Universités est immense. Est-elle comp
rise de peux-là mêmes qu'elle devrait le plus intéresser ?...
C'est par la supériorité intellectuelle que les peuples arrivent
à la prééminence... Lors donc qu'attentifs au mouvement des
choses divines et humaines, vous voyez le niveau intellectuel
s'abaisser dans un peuple et la doctrine perdre son rang d'hon
neur dans l'intelligence des croyants, lorsque, pour employer
une image des saints Livres, le soleil s' obscurcit comme un sac de
crin, tremblez pour ce peuple et craignez pour cette croyance :
l'un et l'autre déclinent ; ils seront bientôt finis... »
Ce que redoutait le P. Didon, c'était que nos Universités, ne
1. 10 décembre 1875. LA FONDATION DE L UNIVERSITE CATHOLIQUE D.P PARIS d
fussent la simple copie des Universités de l'État, soucieuses
sans doute de respecter le dogme, mais sans autre originalité
et sanç esprit doctrinal infusé partout î
« Ce qu'il nous faut, disait-il encore, ce sont des, maîtres comme nous
les entendons et des Universités de notre style... Or, dans les Universités
que nous avons en vue, il n'y a de changé que le maître seul ; j'en conclus
que ce sont plutôt des Universités fondées et régies par des catholiques
que des Universités proprement dites. . . Elles augmenteront un peu nos
forces défensives ; elles ne nous donneront point cette offensive hardie
sans laquelle nous ne reprendrons jamais la direction intellectuelle et
religieuse du monde. . . Ce qu'il nous importe de fonder, ce ne sont pas des
succursales de l'Université de l'État dirigées par des catholiques, mais
des Universités catholiques vraiment dignes de ce nom,.. Des Univers
ités catholiques qui se fonderaient en ne regardant que le passé ne
comprendraient pas la mission qui leur est échue ; vieilles en naissant,
elles ne pourraient aspirer à séduire ni à entraîner la jeunesse, et le
jour de leur inauguration serait celui de leur décès. »
Que voulait-il donc ? Une Université « éminemment théo
logique, » c'est-à-dire, en premier Heu, une Université « dont la
pierre angulaire fût une Faculté de théologie dans laquelle se
raient largement enseignées toutes les sciences de l'ordre divin,»
c'est-à-dire, en second lieu, une Université dont tout l'enseign
ement fût dominé par la doctrine chrétienne, refît, « en la
rajeunissant, la vieille synthèse doctrinale du xme siècle, » et
constituât « la synthèse nouvelle de tout la savoir humain. »
« Les Universités libres, concluait le P, Didon, sont la preuve la
plus décisive que le catholicisme puisse donner aujourd'hui de
sa vitalité. C'est dans ces foyers lumineux qu'il révélera sa d,oo-
trine gi peu connue souvent de ceux-là mêmes qui la professent
et la défendent : c'est de là qu'il pourra s'imposer aux esprits
par l'autorité çle l'intelligence... La lutte est ouverte: le champ
clos, c'est le pays ; l'arme, les Universités. Le catholicisme et le
positivisme vont se disputer l'âme de la France. »
La question du personnel enseignant n'était pas moins com*
plexe.
Si l'on ne voulait sombrer dans le ridicule, après la vigou*
reuse campagne des années précédentes en faveur de la, liberté
de l'enseignement supérieur et contre l'Université, il importait REVUE D'HISTOIRE DE L* ÉGLISE DE FRANCE 4
de présenter au public un corps professoral distingué. Mais com
ment le recruter ? Dans l'enseignement secondaire libre ?
Assurément il comptait des hommes de valeur, cependant à
quelques exceptions près, d'une notoriété bien peu étendue.
Dans l'Université ? Mais comment vaincre les répugnances, les
préjugés, les délicatesses même de ceux à qui on s'adresserait ?
Il ne fallait pas compter sur la bonne volonté du gouvernement,
si conservateur et si bien disposé qu'il fût pour l'Église. Le
ministre de l'Instruction publique en particulier, M. Wallon,
très ferme catholique, n'en était pas moins un universitaire con
vaincu, jaloux des droits et des privilèges du corps dont il était
le chef et auquel il avait donné toute sa vie. Nul doute, qu'il
ne fallût choisir entre les deux enseignements et renoncer à
tous les droits acquis dans l'u

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents