Lamennais et les ordonnances du 16 juin 1828 - article ; n°8 ; vol.2, pg 145-161
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Lamennais et les ordonnances du 16 juin 1828 - article ; n°8 ; vol.2, pg 145-161

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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1911 - Volume 2 - Numéro 8 - Pages 145-161
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1911
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Paul Dudon
Lamennais et les ordonnances du 16 juin 1828
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 2. N°8, 1911. pp. 145-161.
Citer ce document / Cite this document :
Dudon Paul. Lamennais et les ordonnances du 16 juin 1828. In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 2. N°8, 1911. pp.
145-161.
doi : 10.3406/rhef.1911.1966
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1911_num_2_8_1966LAMENNAIS 145
LAMENNAIS
ET LES ORDONNANCES DU 16 JUIN 1828
Lorsque les ordonnances parurent qui interdisaient aux jésuites
tout enseignement et réglementaient l'existence des petits sémi
naires de France, Lamennais était à Turin, où il faisait visite à
ses bons amis, le comte et la comtesse de Senfït. Il les quitta le
4 juillet, pour rentrer à Paris. Sur la route, il lit halte à Lyon, où
l'attirait Mgr de Pins, administrateur du diocèse. Dès le (5, il
écrivait au comte de Seniït :
J'arrivai hier soir chez l'archevêque, d'où je vous écrit. Nous avons
immédiatement causé des affaires de l'Eglise, je l'ai trouvé dans les meil
leures dispositions, résolu à faire son devoir, quoi que puissent dire ceux
qui penchent toujours vers les conseils de faiblesse. S'il se trouve seul
ement trente évêques fermes, ils embarrasseront terriblement les persécut
eurs. Au moment de la crise, le dauphin a dit au roi :« II est temps de
nous débarrasser enfin de tous ces gens-là. » Je saurai plus de détails à Paris,
où j'arriverai samedi matin \
Mgr de Pins, plus encore que le comte de Senlît, était curieux
de connaître, pour ainsi dire jour par jour, la marche des événe
ments. Son ami, Mgr de Forbin-Janson, ne manquait pas de l'en
instruire. L'évêque de Nancy était d'ailleurs bien placé pour savoir,
étant membre d'une commission épiscopale formée, au lende
main des ordonnances, sous la présidence de l'archevêque de Paris.
Mais Lamennais voulut aussi payer par une chronique l'hospital
ité reçue à Lyon. Très en défiance sur le courage des évêques
il avait tout d'abord cru qu'ils ne s'entendraient pas pour résister 2.
Mais assez vite il avait changé d'avis et auguré autrement. Le
20 juillet,, il mandait de Paris à Mgr de Pins :
1. Forgues, t. i, p. 455.
2.t. i, p. 458. Lettre du 17 juillet, au comte de Senfït.
ANALBCTA, 1911, T. H. 10 REVUE D'HISTOIRE DE l'ÉGLISE DE FRANCE 146,
J'ai tardé un peu, Monseigneur, à vous remercier des bontés que vous
avez eu pour moi pendant mon séjour à Lyon. Je désirais pouvoir -vous
mander quelque chose de positif sur l'état des affaires qui vous intéressent.
Vous avez dû en être instruit directement par la personne qui déjà vous
a fait passer des notes et qui continue de s'occuper, avec un zèle admirab
le, de la cause de Dieu et de son Église. Comme on devait le prévoir,
1' episcopal est divisé ; cependant les faibles sont un plus petit nombre.
Ils ont à leur tête les deux archevêques de Bordeaux et d'Alby. Aucun
néanmoins n'ose conserver de liaison publique avec Feutrier qui n'a?
autour de lui que ce qu'il y a de plus décrié dans le clergé. Un député me
disait hier que ce malheureux prélat, loin d'être ramené par l'isolement
où le laissent ses confrères, s'en irritait et s'enfonçait de plus en plus dans
le mal. Il paraît certain que jusqu'ici les mesures de vigueur ont pour
elles la majorité de l'épiscopat. La difficulté est de s'entendre pour agir
de concert et vite. Vous avez lu la lettre de l'évêque de Chartres. Son
exemple fera beaucoup de bien. Uhomme qui ne vous aurait pas avoué
certaine chose devant témoin n'inspire pas une confiance entière. On lui
croit, non sans de graves motifs, des arrière-pensées et des vues qui embar
rassent et compliquent étrangement sa conduite x.
Il y a deux points sur lesquels je trouve tout le monde d'accord ; l'un
qu'il est impossible que la persécution s'arrête au point où elle est main
tenant, d'où ils suit que la résistanoe ne saurait commencer trop tôt, afin
d'être efficace ; l'autre que l'exécution de l'ordonnance relative aux pe
tits séminaires est, dans tous les sens, inexécutable. La force des choses
et la conscience les repoussent également. Les impies mêmes en sont con
vaincus.
Je ne vous en dirai pas davantage, Monseigneup,d'autre8 s'étant chargés
plus naturellement de vous faire connaître ce qui se passe. Pour moi je
me hâte de me débarrasser des affaires que j'ai en ce pays-ci où je ne resterai
désormais que fort peu de jours. Je compte me mettre en route le 25 pour
la Bretagne. Si M. l'évêque de Metz est encore à Lyon, oserais-je vous
prier, Monseigneur, de lui faire agréer mes tendres et respectueux hom
mages. Veuillez permettre aussi que je joigne sous ce pli une lettre pour
M. le curé de Genève 2, dont la santé m'inquiète. Je l'adresse à Fernexpour
le cas où il ne serait plus près de vous.
J'ai l'honneur d'être, etc. 3.
*\
La commission épiscopale avait commencé par solliciter l'avis
de tous les prélats sur la conduite à tenir. La note confidentielle
1. Peut-être s'agit-il dans ce passage de Frayssinous.
2. M. l'abbé Vuarin.
3. Cette lettre est inédite. LAMENJVAIS 147
envoyée à tous suggérait, comme le plus opportun, de garder un
silence absolu sur les mesures édictées par le gouvernement et de
les considérer comme non avenues. Par la suite, une autre opinion
prévalut. Il parut meilleur d'expliquer au roi pourquoi l'épiscopat
ne pouvait accepter les ordonnances. Quélen rédigea un mémoire
qui fut imprimé, signé par le cardinal de Clermont-Tonnerre,
archevêque de Toulouse, et remis secrètement à Charles X. Le
document ne tarda pas à devenir public ; c'était inévitable. Les
résolutions des évêques y étaient exprimées avec déférence, mais
avec fermeté.
Les évêques sont en droit de conclure et ils concluent presque à l'unani
mité qu'il paraît répugner à leur conscience de soumettre à la sanction
du roi la nomination des supérieurs et directeurs de leurs petits sémi
naires, parce que cette obligation est contraire à la pleine et entière l
iberté dont les évêques doivent jouir dans la direction de ces établisse?
ments, en raison même de leur nature et de leur destination.
Les évêques concluent secondement qu'il ne leur paraît pas non plus
possible de concilier, avec cette sainte et pleine indépendance, l'obligation
de fournir des déclarations individuelles de la part des directeurs et supé
rieurs qu'ils y appelleraient.
En troisième lieu,les évêques concluent que la conscience ne leur permet
pas davantage de coopérer d'une manière active aux articles 1 et 3 de
la seconde ordonnance qui limitent le nombre des élèves dans les écoles
secondaires ecclésiastiques, et qui en excluent les externes ; parce que ce
serait vouloir en quelque sorte limiter les vocations et mettre des obstac
les à une grâce dont ils doivent, au contraire, autant qu'il est en eux,
favoriser les progrès et assurer la fin.
Après avoir mis sous les yeux du prince les conséquences funestes
qui dérivaient des ordonnances pour la religion des peuples, les
prélats disaient en terminant :
Sire,quelque profonde que soit l'affliction des évêques de se trouver dans
la pénible nécessité de contrister peut-être Votre Majesté, en lui deman
dant d'apporter aux mesures qu'elle a ordonnées, des tempéraments
qui dissipent leurs alarmes, ils se consolent cependant et se rassurent par
la pensée que ces mesures n'ont été prises qu'à regret et dans cette persua
sion que, si elles pouvaient s'allier aux devoirs du christianisme, elles deve
naient indispensables à cause de la rigueur de6 temps. Ils ne s'abusent donc
pas en espérant que les conseils de Votre Majesté, plus éclairés par les ob
servations de l'épiscopat, s'empresseront de lui proposer des modifica
tions capables de satisfaire à la fois à ce qu'exigent la dignité souveraine REVUE d!hISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE 148
et l'autorité de la conscience, la paix publique

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