Le clou réservé dans la maison vendue. De Ğuhā à Rabbi Jacob Joseph de Polonnoyé - article ; n°2 ; vol.185, pg 179-189
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Le clou réservé dans la maison vendue. De Ğuhā à Rabbi Jacob Joseph de Polonnoyé - article ; n°2 ; vol.185, pg 179-189

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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1974 - Volume 185 - Numéro 2 - Pages 179-189
Dans deux développements concernant l'intégrité de la vie intérieure et sa préservation de toute atteinte du mal, Jacob Joseph de Polonnoyé, l'un des premiers théoriciens du hassidisme polono-ukrainien, illustre son propos par une allusion à une anecdote qui se révèle comme provenant du cycle des historiettes facétieuses centrées autour des figures de Guhà ou de Nasreddin Hodja. En même temps qu'elle traduit et commente les textes afférents du Rabbi hassidique, la présente étude cherche à retracer l'itinéraire plausible de l'apologue en cause depuis sa patrie nord-africaine ou anatolienne jusqu'aux confins de la Moldavie et de l'Ukraine.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 40
Langue Français

Extrait

Georges Vajda
Le clou réservé dans la maison vendue. De Ğuhā à Rabbi
Jacob Joseph de Polonnoyé
In: Revue de l'histoire des religions, tome 185 n°2, 1974. pp. 179-189.
Résumé
Dans deux développements concernant l'intégrité de la vie intérieure et sa préservation de toute atteinte du mal, Jacob Joseph
de Polonnoyé, l'un des premiers théoriciens du hassidisme polono-ukrainien, illustre son propos par une allusion à une anecdote
qui se révèle comme provenant du cycle des historiettes facétieuses centrées autour des figures de Guhà ou de Nasreddin
Hodja. En même temps qu'elle traduit et commente les textes afférents du Rabbi hassidique, la présente étude cherche à
retracer l'itinéraire plausible de l'apologue en cause depuis sa patrie nord-africaine ou anatolienne jusqu'aux confins de la
Moldavie et de l'Ukraine.
Citer ce document / Cite this document :
Vajda Georges. Le clou réservé dans la maison vendue. De Ğuhā à Rabbi Jacob Joseph de Polonnoyé. In: Revue de l'histoire
des religions, tome 185 n°2, 1974. pp. 179-189.
doi : 10.3406/rhr.1974.10137
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1974_num_185_2_10137Le clou réservé
dans la maison vendue
V _
De Guha à Rabbi Jacob Joseph de Polonnoyé
Dans deux développements concernant l'intégrité de la vie,
intérieure et sa préservation de toute atteinte du mal, Jacob
Joseph de Polonnoyé, Vun des premiers théoriciens du hassidisme
polono-ukrainien, illustre son propos par une allusion à une
anecdote qui se révèle comme provenant du cycle des historiettes
facétieuses centrées autour des figures de ôuhà ou de Nasreddin
Hodja.
En même temps qu'elle traduit et commente les textes afférents
du Rabbi hassidique, la présente élude cherche à retracer l'it
inéraire plausible de l'apologue en cause depuis sa patrie nord-
africaine ou analolienne jusqu'aux confins de la Moldavie et
de l'Ukraine.
A la mémoire de
Jean de Menasce
ob. 23-XM973
auteur de Quand Israël aime Dieu.
Dans son Tôldôl Ya'aqôb Yôsëf, commentaire homilétique
du Pentateuque selon l'esprit du nouveau hassidisme, Rabbi
Jacob Joseph de Polonnoyé1' interprète à la lumière de sa
doctrine spirituelle, issue de l'enseignement de Rabbi Israël
В a al Šěm 15b (mais orchestrée et enrichie par la culture rab-
binique et kabbalistique beaucoup plus ample du disciple),
l'instruction pour la confection de la robe (me'ïl) sacerdotale,
dans Exode, XXVIII, 31-35.
1) Vers 1720 ("?)-1782 ; cf. l'article le concernant dans la nouvelle Encyclo
pedia Judaica, t. 9, 1971, col. 1228-1230 (Moshe Hallamish), où l'on trouvera
l'essentiel de la bibliographie ; voir aussi S. Ettinger, The Hassidic Move
ment — Reality and Ideals, dans le volume collectif, Jewish Sociely through
Ihe Ages, publié sous la direction de II. II. Ben Sasson et S. L'ttinc.kr, Londres,
1971, pp. 251-256. REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS 180
Avant d'essayer de traduire ce morceau1, citons pour plus
de clarté le texte biblique (en y ajoutant Ex., XXXIX, 22-26,
qui relate l'exécution du travail prescrit dans le premier pas
sage). Nous reproduisons la version de la « Bible du Rabbinat »,
parce qu'elle reflète l'exégèse traditionnelle juive (Targum,
Rachi) qui sous-tend de toute évidence l'interprétation sym
bolique proposée par le rabbi hassidique.
« 31Tu feras la robe de l'éphod, uniquement d'azur.
32L'ouverture supérieure sera infléchie ; cette ouverture sera
garnie, tout autour, d'un ourlet tissu, et sera faite comme
l'ouverture d'une cotte de mailles, pour qu'elle ne se déchire
point. 33Tu adapteras au bord, tout autour du bord, des gre
nades d'azur, de pourpre et d'écarlate, et des clochettes d'or
entremêlées, tout à l'entour. 34Une clochette d'or, puis une
grenade, au bas de la robe, à l'entour. 35Aaron doit la porter
lorsqu'il fonctionnera, pour que le son s'entende quand il
entrera dans le saint lieu devant le Seigneur et quand il en
sortira, et qu'il ne meure point.
« 22Ensuiteon fit la robe de l'éphod selon l'art du tisserand,
tout en étoffe d'azur. 23L'ouverture de la robe était infléchie
comme celle d'une cotte de mailles, et garnie d'un ourlet tout
autour, afin de ne pas se déchirer. 24On disposa, au bas de la
robe, des grenades d'azur, de pourpre et d'écarlate, à brins
retors ; 25et l'on fit des clochettes d'or pur, et l'on entremêla
les clochettes aux grenades, au bas de la robe, tout autour,
entre les grenades : une clochette, puis une grenade ; une clo
chette, puis une grenade, au bord de la robe, tout autour, pour
le saint ministère, ainsi que l'Eternel l'avait ordonné à Moïse. »
Fidèle à sa méthode habituelle, l'auteur commence par
proposer des « dubitations » (sefëqôt), des difficultés ou objec
tions si l'on préfère, qui sont, en l'occurrence, au nombre de
six. Il les résoudra toutes, faut-il le dire, victorieusement, et
les solutions forment précisément la trame de l'homélie. Fai-
1) Toldôl Ya'aqôb Yôsëf, péricope Tesawweh, fol. 64 c-d de l'impression
de Korec (Korzec), 1780 (reproduction photographique, Jérusalem, 1966). LE CLOU RÉSERVÉ DANS LA MAISON VENDUE 181
sons remarquer que l'une des « dubitations » mises en avant
ici revient constamment chez notre rabbi1 : à première vue,
le commandement édicté ou l'événement relaté dans le pas
sage en question de la Tora n'a qu'une validité limitée dans le
temps, lorsqu'il s'agit de préceptes impraticables après la
destruction du Temple ou hors de la Terre Sainte, ou bien un
intérêt purement anecdotique dont on ne saisit pas d'emblée
la portée spirituelle « pour tout homme et en tout temps ».
Voici donc, transposées en langage accessible, plutôt que
littéralement traduites, les six « dubitations ».
1. La « robe » et l'éphod sont chacun un ornement sacerdotal
distinct. Comment entendre alors « la robe de l'éphod » ? Expliquera-
t-on, avec Rachi, que l'éphod étant mis sur la robe, en guise de cein
ture, l'ensemble est nommé « robe de l'éphod » ? L'expression n'en
fera pas moins difficulté, car alors on aurait attendu « l'éphod de la
robe » puisque c'est l'éphod qui ceint la robe.
2. D'après une exégèse (deras) de nos Sages2, à propos de tous
les ustensiles du Tabernacle il est écrit « tu feras », alors que s'agissant
de l'Arche, le texte dit « ils feront » (afin de signifier par cette diff
érence dans l'expression) que quiconque veut mériter la couronne
de la Tora a la possibilité de l'obtenir. Or cette même tournure se
lit au sujet de l'éphod3. Comment l'interpréter "?
3. Le terme kâlll (vs. 31)4 requiert éclaircissement ; on aurait
attendu « en entier » (kullô) d'azur ; kâlll est le terme propre lorsqu'il
s'agit d'holocauste5 ; ici, il s'agit d'autre chose.
4. Pourquoi l'insistance sur la couleur « azur » (tekëlet) ? La
difficulté n'est pas grave, car, on le sait, il y a un mystère divin6
là-dessous. Mais il n'est pas mauvais de déterminer un motif quand
il est possible de le faire.
Г). Tous les éléments qui constituent le verset 32 demandent à
être éclaircis.
1) II écrit lui-même, Nasô\ 122 d : Signôn seli lehaqšfít zeli bekol miswôl
.se'enân bekol zemân. {('Л., pour plus de détails, l'ouvrage de S. Dresner, cité
infra, p. 187, n. 1, appendice, pp. 247 sq.)
2) L'auteur rapporte, sans s'astreindre à la citer littéralement, une exégèse
midrašique tirée de Semai Rabhnh, 34, 3, sur Ex., XXIV, 10 'cf. XXXI, 7) ;
voir M. M. Kasiier, Tôrâh Selemâh, t. 20, p. 24, n° '.)4, et les commentaires de
Moïse ben Nahman et de Bahyé ben Ašer au verset en cause ; ces commentateurs
interprètent le deraš dans un sens tout différent de ce qui est dit ici.
3) Ex., XXVIII, fi.
4) De même Ex., XXXIX, 22 et Nombr., IV, fi.
i>) Par exemple Lév., VI, 15-16 et I Sam., VII, Í».
fi) Kabšň derahmâna (.cf. Berâkôl, 10 a; ; l'aut

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