Les évêques français et Victor Duruy : les cours secondaires de jeunes filles - article ; n°159 ; vol.57, pg 267-304
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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1971 - Volume 57 - Numéro 159 - Pages 267-304
38 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Madame Françoise Mayeur
Les évêques français et Victor Duruy : les cours secondaires de
jeunes filles
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 57. N°159, 1971. pp. 267-304.
Citer ce document / Cite this document :
Mayeur Françoise. Les évêques français et Victor Duruy : les cours secondaires de jeunes filles. In: Revue d'histoire de l'Église
de France. Tome 57. N°159, 1971. pp. 267-304.
doi : 10.3406/rhef.1971.1872
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1971_num_57_159_1872LES ÉVÊQUES FRANÇAIS ET VICTOR DURUY :
LES COURS SECONDAIRES DE JEUNES FILLES.
L'organisation en 1867 de cours secondaires pour les jeunes
filles, à l'initiative de Victor Duruy, alors ministre de l'Instruc
tion publique depuis quatre ans, déchaîna dans l'Église de France
un mouvement de protestation d'une remarquable ampleur. Ce
mouvement, dont Mgr Dupanloup fut l'âme, a déjà été décrit 1.
Il ne nous a pas paru inutile d'y revenir pour essayer d'en déter
miner plus précisément le caractère. Quelle fut la signification
exacte des prises de positions épiscopales devant l'innovation ?
L'unanimité fut-elle si grande qu'on le croit ? Les évêques, le
clergé, les congrégations directement intéressées ou non, les laïcs
mêmes ont-ils tranché d'un problème moral seulement, ou ont-
ils vu plus loin ? Ce que l'on sait des options politiques des uns
et des autres et plus profondément de leur conception des rap
ports entre religion et monde profane a-t-il eu une influence sur
leur attitude ? C'est dans l'espoir d'apporter quelques éléments
de réponse à ces questions que nous avons entrepris l'étude de
la fameuse « levée de boucliers » contre l'œuvre de Victor Duruy.
Nommé en 1863 ministre de l'Instruction publique, Victor
Duruy eut à faire face, à différentes reprises, à l'hostilité du clergé.
Il était membre de l'Université : cette appartenance faisait de lui
l'adversaire naturel des congrégations enseignantes, du moins
celles qui n'avaient pas déjà leur place dans l'enseignement pri
maire. Il était, comme beaucoup d'universitaires, personnellement
sceptique en matière religieuse et ne s'en cachait pas. Les actes
de son ministère ne furent pas de nature à calmer les appréhens
ions du clergé. Cependant aucun des conflits qui l'ont opposé
aux autorités ecclésiastiques ne semble avoir eu la portée de celui
de 1867 qui, à terme, contribua fortement à son départ.
1. Dans la thèse de J. Maurain, La politique ecclésiastique du Second
Empire de 1852 à 1869 (Paris, Alcan, 1930, li-989 p.) et dans J. Rohh, Vic
tor Duruy (Paris, 1967), p. 133-4 et 166-7. Cf. une évocation dans P. Ger-
bod, La condition universitaire en France au XIXe siècle (Paris, PUF, 1965,
720 p.). 268 F. MAYEUR
Au printemps de 1867, les catholiques désireux de se dé
barrasser de Duruy crurent trouver un terrain de lutte fa
vorable dans l'enseignement supérieur. Au mois de mai est
lancée une pétition au Sénat contre le matérialisme de l'ense
ignement à la Faculté de médecine 2 ; le récent licenciement de
l'École normale, suspecte elle aussi de matérialisme, justifie les
alarmes catholiques : nous voici aux origines de la Société d'édu
cation et d'enseignement. Au même moment, Victor Duruy, qui
ne s'était jamais désintéressé de l'enseignement secondaire des
filles puisqu'il l'évoquait dans sa lettre à l'Empereur de 1863
et que l'enquête sur cet enseignement dans les pensionnats date
de 1864, annonce son intention de favoriser la fondation de cours
lors d'un discours au Corps législatif : on n'enregistre alors aucune
réaction particulière. Dans le courant de l'été 1867, le ministre
charge confidentiellement les inspecteurs généraux de sonder les
municipalités pour savoir où pourraient s'ouvrir des cours patron
nés par elles. Car il tient à ce que l'initiative ne semble pas venir
de l'Instruction publique, mais au contraire résulter des vœux
de l'opinion. Cette mission accomplie, les recteurs aussi sont priés
d'agir : en octobre tous les milieux intéressés sont au fait des
intentions ministérielles. Malgré ces démarches préliminaires qui
n'ont pas pu rester ignorées du clergé, nous n'avons pas trace
d'une intervention épiscopale avant la circulaire du ministre, si
nous exceptons les visites de l'évêque d'Orléans lui-même chez
le proviseur 8.
La circulaire aux recteurs du 30 octobre 1867 ouvre de larges
perspectives. Après avoir traité des classes de persévérance et ,
des cours professionnels, ce qui insère significativement l'œuvre
nouvelle dans un ensemble et donc en fait ouvertement l'élément
d'une politique, le ministre en vient à l'enseignement secondaire
des filles. Semblable par son contenu à spécial
créé le 21 juin 1865, cet enseignement, dispensé par les 3.000 pro
fesseurs de lycées ou de collèges, « formerait un ensemble régulier,
divisé en trois ou quatre années ». L'ambition va donc, dès le
départ, bien au delà de ce qui put se faire en réalité. Le 2 novemb
re, une circulaire confidentielle s'étend sur les avantages de tous
ordres qu'en retireront les professeurs et l'Université, comme
sur les précautions à prendre pour n'avoir pas l'air « d'imposer
un ordre nouveau d'enseignement » et pour ne heurter personne,
d'où la nécessité de choisir judicieusement les professeurs. Nous
2. On peut rapprocher de cette démarche une « Note relative à la loi sur
l'enseignement primaire du 10 avril 67 », manuscrit rédigé par l'évêque de
Nantes (Arch. Nat., F 19 3972).
3. Rapport du vice-recteur, 30 septembre. F 17 8756. Dupanloup revint
deux fois à la charge. LES ÉVÊQUES FRANÇAIS ET VICTOR DURUY 269
aurons contribué, conclut la circulaire, à faire disparaître « le
divorce intellectuel » entre mari et femme.
Les deux textes sont d'abord passés inaperçus dans la plupart
des milieux ecclésiastiques. Dans les premiers jours de novembre,
le Monde, Y Univers sont muets sur ce sujet. L'explication est
aisée : l'attention est accaparée par l'expédition romaine qui
aboutit, le 4 novembre, à la bataille de Mentana. Aucune décla
ration épiscopale n'est antérieure à l'opuscule de Dupanloup paru
sous le titre : M. Duruy et V éducation des filles) le 16 novembre
1867. Pourquoi l'évêque d'Orléans ? A cette époque, il fait figure
de chef de file de l'épiscopat français, ou plutôt de cette fraction,
numériquement la plus importante, qui peut être opposée au gou
vernement impérial, mais n'est pas pour autant intransigeante
au point de vue religieux, et même se montre hostile à certains
aspects de la politique et de la théologie de Pie IX *. D'autre part,
en matière d'instruction féminine dans les classes aisées, Dupanl
oup passe pour un oracle : n'a-t-il pas écrit De la haute éducation 5
et Femmes savantes et femmes studieuses e où il s'en prenait vive
ment au caractère superficiel de la formation donnée aux femmes
de la société ? Enfin, il a d'autant mieux préparé une réplique
que la circulaire ne l'a pas pris au dépourvu : il est intéressant
de constater que bien avant toute prise de position de l'évêque
d'Orléans, le vice-recteur de Paris ait vu dans Orléans la seule
ville du Loiret où les cours pourraient être organisés avec quelque
chance de succès 7. Dès le 27 juillet, le maire donne un local pour
les cours, le règlement de l'association des professeurs paraît dans
le Journal du Loiret du 12 août. C'est seulement en septembre
que l'évêque essaie de détourner le proviseur de l'entreprise.
L'interprétation, qui fut fréquente dans la presse de l'époque et
même dans les communiqués ministériels, de l'installation des
cours à Orléans comme une réplique aux brochures de l'évêque,
n'est donc pas exacte. Mais, signe de l'importance accordée à
4. Cependant, au moment précis de la seco

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