Les populations diverses du Liban, séance du 27 juillet 1883 - article ; n°3 ; vol.27, pg 286-302
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1883 - Volume 27 - Numéro 3 - Pages 286-302
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1883
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Victor Guérin
Les populations diverses du Liban, séance du 27 juillet 1883
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 27e année, N. 3, 1883. pp. 286-
302.
Citer ce document / Cite this document :
Guérin Victor. Les populations diverses du Liban, séance du 27 juillet 1883. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie
des Inscriptions et Belles-Lettres, 27e année, N. 3, 1883. pp. 286-302.
doi : 10.3406/crai.1883.68908
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1883_num_27_3_68908— — 286
ici, me réservant de revenir sur ce groupe de Je m'arrête
bronze, quand je pourrai mettre sous les yeux de l'Académie
l'original ou du moins un bon dessin.
LES POPULATIONS DIVERSES DU LIBAN, PAR M. VICTOR GDÈRIN.
La population exacte du Liban est difficile* à estimer, parce
qu'en Orient les statistiques sont fort incertaines; mais je crois
qu'on peut l'évaluer d'une manière approximative à trois cent
soixante mille habitants pour la Montagne seulement, et à cinq
cent mille, si l'on fait entrer en ligne de compte également
les villes de la côte , dont je parlerai en traitant de la Phénicie.
Cette population se compose de Maronites, de Grecs catho
liques, de Grecs schismatiques , de Druses, de Métoualis, de
Musulmans, de Juifs et d'un petit nombre d'Arméniens et
d'Européens. Disons d'abord un mot des Maronites, qui fo
rment, à eux seuls, plus de la moitié de la population totale,
puisquHls atteignent le chiffre de deux cent quatre-vingt mille
âmes.
Les Maronites tirent leur nom et leur origine d'un saint
anachorète , appelé Maroun , qui existait vers la fin du ivc siècle ,
et qui fonda sur les bords de l'Oronte une grande laure dont
on voit encore les restes. Théodoret , qui a écrit sa vie , exalte
sa piété; les Pères du concile de Ghalcédoine le mentionnent
avec éloge, et saint Jean Chrysostome, dans sa trente-sixième
lettre, loue sa vertu et se recommande à ses prières. Le Mé-
nologe grec et le Martyrologe romain le placent au nombre
des saints. Après sa mort, on érige des églises à sa mémoire
et de nombreux disciples perpétuent son nom et ses enseigne
ments dans différents monastères. Le plus célèbre de ces cou
vents avoisinait la ville d'Apamée. C'est de là que sortirent les — — 287
trois cent cinquante martyrs, qui, sous les empereurs Sévère
et Anastase, versèrent courageusement leur sang pour la foi
orthodoxe, comme le constate le Martyrologe romain, à la
date du 3 1 juillet.
Plus tard, au commencement du vne siècle, paraît Jean
Maroun, originaire des environs d'Anlioche. Il étudie dans
cette ville, puis au monastère de Saint-Maroun , sur les bords
de l'Oronte. Sa science et sa piété le font élire, quelques an
nées après, supérieur de ce couvent. Appelé, dans la suite, à
l'évêché de Botroun, il fonde la nation et la puissance des
Maroniles. Le patriarcat d'Antioche étant devenu vacant, il
est élevé lui-même bientôt à cette haute dignité. En même
temps qu'il gouverne son peuple avec beaucoup de sagesse,
en qualité de prince spirituel dont la juridiction s'étendait
depuis le Taurus au nord jusqu'au Carmel au sud, il arme,
comme prince temporel , des troupes , et défait celles de Justi-
nien II à Amioun, dans le district de Koura. Grâce à son ex
cellente et habile administration, les Mardaïtes se rendirent
très redoutables. Ainsi appelait-on quelquefois ses sujets, à
cause de leur révolte contre l'empereur de Gonstantinople,
qui voulait les tenir assujettis à son pouvoir, sans défendre ni
leurs intérêts ni leurs droits : le mot mardaiti, en effet, dans
la langue arabe et syriaque, signifie rebelles. Les proscrits de
tous les pays voisins et les orthodoxes opprimés vinrent alors
en foule se réfugier derrière les pics inaccessibles du Liban et
au sein de ce vaillant peuple, qui prit, vers cette époque, le
nom de Maronite, en souvenir à la fois du premier Maroun,
dont la tête avait été rapportée du couvent de l'Oronte et dé
posée dans l'église d'un autre couvent, appelé Déïr Mar Maroun
(couvent de Saint-Maroun), non loin de Botroun, et par r
econnaissance aussi pour Jean Maroun, héritier du nom et des
vertus de ce saint anachorète.
Lorsque les Arabes eurent conquis la Syrie, les Maronites — — 288
se retranchèrent dans leurs montagnes, d'où ils sortirent
bientôt, à plusieurs reprises, pour entreprendre avec eux des
luttes acharnées. Il serait trop long de les raconter toutes ici,
et de suivre à travers les siècles l'histoire de cette valeureuse
nation. A l'époque des Croisades , lors de la première expédi
tion et après la prise d'Antioche par les Latins , ceux-ci , s'étant
avancés jusqu'au pied du Liban, furent accueillis avec en
thousiasme par les chrétiens de la montagne. Raymond d'A
giles, chapelain du comte de Toulouse, nous apprend que les
croisés, en passant près de Tripoli, furent traités comme des
frères par des Syriens, au nombre de soixante mille, qui ha
bitaient le Liban. Ces chrétiens s'offrirent à leur servir de
guides et leur indiquèrent trois routes pour se rendre à Jéru
salem : la première par Damas , facile et assez abondante en
vivres; le seconde par la montagne, sûre, mais très pénible
pour les bêtes de somme; la troisième, le long de la mer, la
plus courte des trois, mais remplie de défilés, où quelques
musulmans pourraient arrêter le genre humain tout entier.
«Néanmoins, ajoutaient ces montagnards, si vous êtes cette
nation dont parle notre évangile de saint Pierre et qui doit
conquérir Jérusalem, vous devez passer le long de la mer,
bien que cette route nous paraisse impossible à suivre. » (Geste
Dei per Francos, édition Bongars, p. 171.)
Les Maronites firent ensuite partie du royaume latin de
Jérusalem, et quarante mille d'entre eux, selon leurs chro
niques, payèrent de leur sang et même de leur vie l'honneur
de combattre avec les croisés. C'est un glorieux souvenir que
leurs descendants aiment à évoquer encore maintenant, et
qui m'a été plus d'une fois rappelé par eux pendant mon der
nier voyage.
Guillaume de Tyr, Jacques de Vitry et Marinus Sanutus
prétendent que les Maronites furent pendant de longs siècles
hérétiques et qu'ils abjurèrent seulement en 1182, entre les — — 289
mains d'Amaury, patriarche latin d'Antioche, les erreurs du
monothélisme. Mais les Maronites rejettent bien loin une pa
reille assertion. Selon eux, elle a d'abord été soutenue faus
sement par l'annaliste arabe Eutychius, puis répétée après lui
par les auteurs que je viens de citer, qui, à leur tour, ont été
suivis par d'autres. Divers ouvrages très importants ont été
composés sur ce sujet par plusieurs de leurs écrivains les plus
distingués. L'un des plus récents et des plus complets est
celui qu'a publié'en arabe, en 1871, Mgr Debs, actuellement
archevêque de Beyrouth, et qu'a traduit en latin Mgr Dahdah,
aujourd'hui archevêque de Damas, l'un et l'autre prélats mar
onites fort instruits. Dans cet ouvrage, qui a pour titre en
latin : Summa confutationum contra assertiones sacerdotis Josephi
David, l'auteur, en réfutant les assertions émises en 1870,
dans un écrit dû à la plume d'un prêtre syrien catholique,
chorévêque de Mossoul, nommé Joseph David, et où le pré
tendu monothélisme des anciens Maronites est nettement af
firmé, réfute en même temps toutes les objections alléguées
antérieurement par d'autres écrivains contre l'orthodoxie pri
mitive de la nation maronite, et oppose à chacune de ces
objections des réponses qui paraissent décisives. Je me suis
entretenu longuement sur ce point délicat avec Mgr Dahdah
lui-même et avec Son Eminence Mgr Pierre-Paul Masaad, le
vénérable patriarche de la nation; tous deux m'ont démontré
par des arguments qui semblent indiscutables et, entre au
tres, par les témoignages formels de plusieurs papes, que les
Maronites n'avaient jamais failli dans leur foi, et qu'en 1 182
ils avaient non pas abjuré des erreurs qu'ils n'avaient à au
cune époque partag

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