N. Loraux. Les enfants d’Athéna : idées athéniennes sur la citoyenneté et la division des sexes. E. Montanari, Il mito dell’autoctonia : Linee di una dinamica mitico-politica ateniese  ; n°1 ; vol.200, pg 75-81
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N. Loraux. Les enfants d’Athéna : idées athéniennes sur la citoyenneté et la division des sexes. E. Montanari, Il mito dell’autoctonia : Linee di una dinamica mitico-politica ateniese ; n°1 ; vol.200, pg 75-81

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Revue de l'histoire des religions - Année 1983 - Volume 200 - Numéro 1 - Pages 75-81
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Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 30
Langue Français

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Christian Jacob
N. Loraux. Les enfants d’Athéna : idées athéniennes sur la
citoyenneté et la division des sexes. E. Montanari, Il mito
dell’autoctonia : Linee di una dinamica mitico-politica ateniese
In: Revue de l'histoire des religions, tome 200 n°1, 1983. pp. 75-81.
Citer ce document / Cite this document :
Jacob Christian. N. Loraux. Les enfants d’Athéna : idées athéniennes sur la citoyenneté et la division des sexes. E. Montanari, Il
mito dell’autoctonia : Linee di una dinamica mitico-politica ateniese. In: Revue de l'histoire des religions, tome 200 n°1, 1983.
pp. 75-81.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1983_num_200_1_4567COMPTES RENDUS
Nicole Loraux, Les enfants d'Athéna : idées athéniennes sur la
citoyenneté et la division des sexes, Paris, Maspero, 1981, 287 p.
Enrico Montanari, // miio delV auloctonia : Linee di una dinamica
miiico-politica ateniese, Rome, Bulzoni Editore, 1981, 2e éd.,
242 p.
Comment naît-on Athénien ? Comment la cité pense-t-elle son
origine, sa perpétuation, son identité ? Idéologie civique et mythol
ogie nationale sont indissociables : récits historiques, discours officiels,
mythes, sans cesse réactualisés sur la scène tragique ou comique, de
nombreux textes situent cette origine dans 1' « autochtonie » du pre
mier Athénien, Erichthonios, qui s'étend à l'ensemble des citoyens,
unis à leur territoire par un lien étroit et inaliénable de filiation.
L'imaginaire athénien de l'autochtonie vient de faire l'objet de
deux livres qui, loin de se redoubler, diffèrent par le point de vue et les
méthodes adoptés, la problématique suivie et les choix qu'elle implique.
Nicole Loraux et Enrico Montanari lisent les textes grecs en historiens
de l'Antiquité. Mais E. M. s'oriente vers une forme d'histoire pure
ment politique, alors que N. L. adopte un point de vue plus socio
logique, sinon anthropologique, son projet étant, pour une part, de
dégager les « structures élémentaires de la parenté » dans l'imaginaire
grec. E. M. veut repérer l'évolution d'un cadre « mythico-politique »,
d'Hérodote à l'Empire romain, analyser des ruptures et des inversions
par rapport au schéma de départ. N. L., elle, se limite à une approche
synchronique, pour confronter, en jouant de leur diversité même,
tous les discours qui traitent de l'autochtonie : la topographie de la
cité athénienne, riche en valeurs symboliques, les représentations
Revue de l'Histoire des Religions, col/1983 76 Comptes rendus
figurées sur les vases, perpétuant le mythe primordial, les cérémonies
(Panathénées, Funérailles civiques), l'éloquence officielle (les logoi
epitaphioi), la tragédie (Ion d'Euripide) et la comédie (Lysistrata
d'Aristophane).
E. M. ouvre son enquête sur la « préhistoire » de l'idéologie clas
sique, sur l'époque où la cité athénienne se constitue et cherche son
identité dans une série de traits spécifiques : choix des fondateurs, de
l'éponyme, du système social et politique. L'auteur se situe explic
itement dans la perspective des travaux de Jean-Pierre Vernant1 et
surtout de Pierre Levêque et de Pierre Vidal-Naquet2. Dans une pre
mière partie, E. M. élabore une grille de lecture pour la partie des
Histoires d'Hérodote consacrée au monde grec. Le monde ionien se
veut d'origine autochtone, mais il se définit ainsi comme un peuple
(ethnos), dont le nom dérive de celui d'Ion, fils de Xouthos. Or
Hérodote témoigne du processus par lequel les Athéniens vont sortir
de ce cadre « ethnique », refusant le statut de véritables Ioniens et une
société définie par une organisation duodécimale et un dieu tutélaire,
Poséidon. Grâce au roi Erechthée, « né de la terre », les Athéniens vont
en effet se placer sous la protection de la déesse Athéna.
Une telle problématique permet ainsi de repérer une série d'oppos
itions entre Athènes — où prédominent la « terre attique », une
divinité poliade, la souveraineté territoriale — et le monde ionien,
caractérisé par son ouverture sur la mer et ses activités, une divinité
ethnique, la souveraineté « gentilice » des grandes familles. E. M. ana
lyse selon ce modèle la rivalité d' Athéna et de Poséidon sur l'acropole
d'Athènes, et le choix de l'olivier plutôt que de la mer par les indi
gènes, mais aussi le déroulement des hostilités entre Athènes et Egine
dans le récit hérodotéen (v. 82-89). Il étudie également le sens profond
des réformes de Clisthène et le rôle opératoire de l'autochtonie et
d' Erechthée, conditions indispensables pour l'établissement de la
démocratie, pour le nom même d'Athènes. Révélant le clivage profond
entre les valeurs politico-démocratiques d'Athènes et les valeurs
ethnico -gentilice s de la dodécapole d'Asie Mineure, Hérodote, selon
E. M., « est le premier à réaliser une élaboration totale des rapports
entre événements et nations, et à rendre entièrement logiques les
structures de ces rapports » (p. 110).
Dans une seconde partie, consacrée à l'œuvre d'Euripide (Ion et
les fragments d' Erechthée) , E. M. recherche toutes les variations
introduites dans le schéma initial : quel est le rôle d'Erichthonios
autochtone véritable et père d' Erechthée ? Ce dernier meurt ense
veli dans le sol de l'acropole, puni par Poséidon pour le meurtre
d'Eumolpos. Le dieu est toujours le protecteur de Veihnos ionien,
1. Les origines de la pensée grecque, Paris, 1962 ; Mythe et pensée chez les
Grecs, Paris, 1965.
2. Clisthène V Athénien, Paris, 1964.
Revue de l'Histoire des Religions, cc-1/1983 rendus 11 Comptes
mais se trouve très étroitement associé au roi athénien, comme en
témoigne le culte de Poséidon Erechtheus. Euripide attesterait donc
l'achèvement du concept athénien d'autochtonie, l'association cultuelle
d'Athéna et de Poséidon, impensable pour Hérodote, permettant
enfin d'identifier la terre, le démos, Yethnos (p. 141). L'analyse porte
ensuite sur Ion et la figure d'Apollon, ancêtre de tous les Athéniens.
L'autochtonie se révèle être une légitimation mythique de l'impéria
lisme de la cité athénienne. L'ouvrage d'E. M. se referme sur une
étude de la philosophie du ive siècle et du processus d'abstraction qui
conduit à une nouvelle transformation des concepts d'autochtonie et
de démocratie.
Ce livre dégage donc les temps forts d'une « dynamique socio-
politique », et montre comment, à travers des textes qui probléma-
tisent l'histoire contemporaine ou passée, les Grecs ont pu penser
l'établissement de la démocratie athénienne et sa spécificité. Mais le
modèle construit présente à la fois les avantages et les inconvénients
d'une grille de lecture certes opératoire, néanmoins trop systématique.
En effet, l'étude d'E. M. ne porte que sur de grandes unités de texte,
des séquences, voire des récits entiers. Certes, il faut se situer à ce
niveau pour repérer des structures générales, des opérations logiques
et les transformations qu'elles provoquent, mais on perd un peu de
vue la spécificité des discours étudiés, de leur rhétorique et du lexique
employé, autant d'éléments qui permettraient de préciser l'analyse
et d'affiner les conclusions. Se proposant de suivre l'évolution d'un
ensemble de représentations « mythico-politiques », l'auteur lit les
textes d'un point de vue interne, sans se préoccuper de leurs rapports
avec des discours contemporains. L'autochtonie, dans la cité classique,
ne peut se réduire à la seule problématique sociopolitique dégagée par
E. M. Pour saisir le sens de cette notion, il faut faire un détour par
les discours officiels, les mythes, l'imagerie, réfléchir sur leur place
et leur rôle spécifiques dans l'imaginaire collectif. Cela nous conduit
d'ailleurs à nous interroger sur le niveau de réalité auquel corre
spondent les structures dégagées par E. M. Faut-il postuler une aut

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