Prélats français contre religieux mendiants. Autour de la bulle : « Ad fructus uberes » (1281-1290) (suite) - article ; n°53 ; vol.11, pg 471-495
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Prélats français contre religieux mendiants. Autour de la bulle : « Ad fructus uberes » (1281-1290) (suite) - article ; n°53 ; vol.11, pg 471-495

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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1925 - Volume 11 - Numéro 53 - Pages 471-495
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1925
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Paul Glorieux
Prélats français contre religieux mendiants. Autour de la bulle : «
Ad fructus uberes » (1281-1290) (suite)
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 11. N°53, 1925. pp. 471-495.
Citer ce document / Cite this document :
Glorieux Paul. Prélats français contre religieux mendiants. Autour de la bulle : « Ad fructus uberes » (1281-1290) (suite). In:
Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 11. N°53, 1925. pp. 471-495.
doi : 10.3406/rhef.1925.2371
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1925_num_11_53_2371PRELATS FRANÇAIS CONTRE RELIGIEUX MENDIANTS
AUTOUR DE LA BULLE : AD FRUCTUS UBERES "
(1281-129O)*
IV. — L'offensive généralisée (1286-1288) :
Réunions de décembre 1286 à Paris; controverse d'Orléans;
préparatifs de l'ambassade romaine.
Avant de détailler les épisodes de cette nouvelle phase,
qu'il soit permis de relever chez le maître séculier Henri
de Gand la façon dont il expose cette conversion de front
effectuée par les évêques : c'est à la fois une page d'histoire
et une page de psychologie intéressante qu'il écrit à la tro
isième question de son Quodlibet X. Il y justifie d'ailleurs
pleinement les nouvelles mesures qu'ils ont cru nécessaire
d'adopter, tout en livrant l'arrière-pensée qui les leur a
suggérées. « Les prélats, dit-il en réponse à une question
qu'un assistant lui avait posée sur ce sujet brûlant, regardent
comme une chose évidente, incontestable, que les fidèles qui
ont reçu l'absolution des frères, en vertu du privilège possédé
par ceux-ci, sont tenus cependant à avouer, au moins une
fois dans l'année, à leur propre prêtre, les péchés ainsi
confessés aussi bien que tous ceux qui ne l'auraient pas encore
été. Ceci étant, les prélats ont le devoir, sans l'ombre d'une
hésitation, de refuser l'accès de l'église pendant leur vie, et
de priver de la sépulture ecclésiastique après la mort, tous
ceux qui s'étant confessés aux frères, n'ont pas voulu satis
faire à l'autre obligation. Si les termes du privilège accordé
aux religieux étaient ambigus, s'ils pouvaient laisser croire
au rappel du statut Omnis utriusque sexus, les prélats ne
pourraient évidemment pas faire jouer les peines dont il vient
d'être question; mais il n'en est pas ainsi... Et si dès le début,
alors que les frères commençaient seulement à se servir de
leur privilège, les évêques en avaient agi de la sorte, je suis
intimement persuadé que les frères qui, à présent, se refusent
* Voir ci-dessus, p. 309 à 331. REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE 472
à demander à Rome, avec eux, le vrai sens de la bulle, en ce
qui concerne les deux articles sur lesquels roule le différend,
se seraient immédiatement précipités vers le pape pour se
plaindre des évêques; on aurait obtenu, par là, l'interpréta
tion souhaitée sur les points contestés. Je pense, pour ma
part, que procéder ainsi, par ces mesures pénales, est pour
les prélats un moyen autrement rapide et sûr que d'aller
demander au pape d'expliquer le privilège. Dès que les
évêques seront effectivement entrés dans cette voie, ils enten
dront immédiatement des plaintes s'élever contre eux; ils se
verront ainsi cités au jugement du pape, et ils obtiendront
enfin une interprétation en leur faveur, et ceci, à mon avis,
sans tarder bien longtemps ».
Cette explication fournie par un des maîtres les plus
réputés de la Faculté de théologie de Paris, devant l'auditoire
considérable que ne pouvait manquer d'attirer sa dispute
quodlibétique de décembre 1286, au moment même où toutes
ces mesures se décidaient, ne trahit ni la pensée ni l'arrière-
pensée des évêques. S'opposer de toutes façons aux préten
tions des religieux, frapper des foudres de l'Eglise les fidèles
qui ne se soumettraient pas à l'enseignement episcopal sur
la réitération de la confession, soulever par la même occasion
une opposition violente qui intenterait en cour de Rome un
procès ardemment désiré, telle est la tactique que les évêques
de France adoptent en décembre 1286 et qu'ils mettent
immédiatement à exécution. Pour donner à ces décisions une
solennité extrême, il était nécessaire de convoquer le ban et
l'arrière-ban de l'épiscopat. C'est ce qui fut fait80.
Au commencement de décembre 1286, vingt-quatre prélats
se trouvèrent réunis à Paris : quatre archevêques et vingt
évêques. Parmi les archevêques sont mentionnés les seigneurs
de Sens, Reims et Bourges31. Les évêques qui n'avaient pu se
rendre, à la convocation avaient commis à ceux-là pleins pou
voirs pour agir et décider en leur nom : c'était donc vraiment
tout l'épiscopat qui se trouvait réuni. De longues délibérations
30. Nous empruntons tous les détails qui suivent à la relation faite
par Godefroid de Fontaines quelques mois plus tard, et aux déclarations
de Guillaume de Mâcon faites à Orléans et consignées dans sa lettre
encyclique de février 1287.
31. Le quatrième est peut-être celui de Rouen, qui toujours se montra
dans cette lutte, acharné contre les religieux. PRÉLATS FRANÇAIS CONTRE RELIGIEUX MENDIANTS 473
eurent lieu afin de s'entendre sur un plan d'action unique;
de ces délibérations nous savons l'existence, sans avoir,
malheureusement, d'acte qui en donne les conclusions. Et
pourtant, celles-ci peuvent être reconstituées grâce aux indis
crétions ou aux déclarations faites volontairement par la
suite. Le plan de campagne qui fut adopté dans cette impor
tante réunion se ramène aux cinq points suivants : refus
d'autorisation ou tout au moins restrictions opposés aux
demandes de prêcher et de confesser; application des peines
canoniques (refus des sacrements, refus de sépulture rel
igieuse) aux fidèles qui se confesseraient aux religieux et
prétendraient ne pas réitérer leur confession; reprise sur un
plan plus vaste, et dans des conditions à déterminer ultérieu
rement, des démarches en cour de Rome pour obtenir la
révision ou le rappel du privilège; action énergique à exercer
dans l'Université pour la gagner toute à la cause des prélats;
intensification, par les discussions publiques et les prédicat
ions, de la campagne destinée à éclairer l'opinion. Les deux
premiers points ne faisaient que généraliser la législation
introduite à Bourges par Simon de Beaulieu, et l'étendre à
toute la France : le texte déjà cité d'Henri de Gand en fait
foi, et les plaintes exprimées par les religieux, et dont bientôt
l'auteur de Renart le Nouvel se fera l'interprète, montrent
que ces mesures furent appliquées. D'ailleurs, dans sa lettre-
circulaire écrite deux ou trois mois plus tard, Guillaume
de Mâcon rappelait ces décisions prises d'un commun accord,
et insistait auprès de ses correspondants pour qu'on les fît
observer envers et contre tout : « Et quod ordinatum fuit
Parisius per vos et alios faciatis in vestra provincia viriliter
observari, et per curatos vestros, religiosos et alios; nec faciem
eorum timeant aliqui, immo defendant. » La troisième déci
sion, visant les démarches à tenter encore en Curie, fera
l'objet de consultations nouvelles dans le courant de 1287;
nous en reparlerons alors. Quant aux deux dernières résolu
tions, elles étaient d'ordre plus immédiatement pratique; \es
prélats n'attendirent pas pour les réaliser.
% L'Université était un centre d'influence important entre
y neutraliser l'action des tous; il fallait la gagner; il fallait
religieux qui, possédant plusieurs chaires dans la Faculté de
théologie, pouvaient profiter de cette tribune pour discuter, 474 REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE
faire valoir leurs arguments, réfuter les raisons des prélats
et surprendre ainsi, peut-être, la bonne foi des étudiants qui
se rendaient à leurs leçons ou à leurs disputes. Pour se couvrir,

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