Préserver l action au sein de la clôture : le compromis des Ursulines de Toulouse (1604-1616) - article ; n°2 ; vol.221, pg 175-190
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Préserver l'action au sein de la clôture : le compromis des Ursulines de Toulouse (1604-1616) - article ; n°2 ; vol.221, pg 175-190

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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 2004 - Volume 221 - Numéro 2 - Pages 175-190
En 1604, la congrégation ursuline de Toulouse se soustrait au modèle monastique pour catéchiser les filles de la ville. Or, en 1609, les congrégées décident de se cloîtrer. Comment comprendre cette décision a priori paradoxale ? C'est que, loin de souffrir la claustration comme un fardeau, les Ursulines la célèbrent comme moyen de préservation d'une vocation apostolique féminine alors en danger. En 1616, elles gagnent et la sécurité du statut religieux et la permission papale d'ouvrir quotidiennement leurs classes aux externes. Alliant ainsi leur vocation de catéchistes à la stabilité du couvent, les Ursulines deviennent l'une des congrégations religieuses les plus illustres de la France d' Ancien Régime.
Preserving action within the cloister : The compromise of the Toulouse Ursulines, 1604-1616
In 1604, the Ursuline congregation of Toulouse refused the monastic model to focus upon the catechising of local girls. Yet, in 1609, the congrégées decided to become cloistered nuns. What led them to this seemingly paradoxical decision ? At a time when their female apostolic mission was a stake, the Ursulines embraced claustration as a means to preserve their vocation. By 1616, they obtained papal permission to open the convent doors and teach day classes to externs ; in this way, they allied their catechising vocation with monastic stability and became one of the most renowned religious congregations of Ancien Régime France.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 46
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Laurence Lux-Sterritt
Préserver l'action au sein de la clôture : le compromis des
Ursulines de Toulouse (1604-1616)
In: Revue de l'histoire des religions, tome 221 n°2, 2004. pp. 175-190.
Résumé
En 1604, la congrégation ursuline de Toulouse se soustrait au modèle monastique pour catéchiser les filles de la ville. Or, en
1609, les congrégées décident de se cloîtrer. Comment comprendre cette décision a priori paradoxale ? C'est que, loin de
souffrir la claustration comme un fardeau, les Ursulines la célèbrent comme moyen de préservation d'une vocation apostolique
féminine alors en danger. En 1616, elles gagnent et la sécurité du statut religieux et la permission papale d'ouvrir
quotidiennement leurs classes aux externes. Alliant ainsi leur vocation de catéchistes à la stabilité du couvent, les Ursulines
deviennent l'une des congrégations religieuses les plus illustres de la France d' "Ancien Régime".
Abstract
Preserving action within the cloister : The compromise of the Toulouse Ursulines, 1604-1616
In 1604, the Ursuline congregation of Toulouse refused the monastic model to focus upon the catechising of local girls. Yet, in
1609, the "congrégées" decided to become cloistered nuns. What led them to this seemingly paradoxical decision ? At a time
when their female apostolic mission was a stake, the Ursulines embraced claustration as a means to preserve their vocation. By
1616, they obtained papal permission to open the convent doors and teach day classes to externs ; in this way, they allied their
catechising vocation with monastic stability and became one of the most renowned religious congregations of "Ancien Régime"
France.
Citer ce document / Cite this document :
Lux-Sterritt Laurence. Préserver l'action au sein de la clôture : le compromis des Ursulines de Toulouse (1604-1616). In: Revue
de l'histoire des religions, tome 221 n°2, 2004. pp. 175-190.
doi : 10.3406/rhr.2004.1400
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_2004_num_221_2_1400■
■■
LUX-STERRITT. LAURENCE
Université de Lancaster:
Préserver l'action au \ sein \ de la clôture :
le compromis des Ursulines de Toulouse
(1604-1616)
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The compromise of the Toulouse Ursulines, 1604-1616
In 1604, the Ursuline congregation of Toulouse refused the monast
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Ancien ■ Régime France:
Revue de l'histoire des religions. 221 - 2/2004, p. 175 à 190 .
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1 76 LAURENCE LUX-STERRITT
Après les troubles des guerres de religion (1562-1598),* une ère
nouvelle s'annonce ; au début . du xvirv siècle, alors que le pieux
mouvement visant à renouer les liens entre l'Église catholique et
le peuple français gagne , tout le. royaume.. Partout se créent des;
salons et des cercles dévots, souvent sur l'initiative des femmes ;
partout de nouvelles écoles qui,. pour contrecarrer les établiss
ements protestants, se vouent à l'instruction religieuse des garçons
mais aussi des filles, inscrivant ainsi la femme dans l'impulsion
missionnaire, et pédagogique du* renouveau catholique fran
çais1. C'est ce qu'Elizabeth < Rapley appelle « la féminisation de •
l'Église », phénomène marqué à la fois par l'engouement renou
velé pour le couvent et par la multiplication de compagnies fémi
nines séculières et non cloîtrées. .
L'essor de la Contre-Réforme permet aux femmes, religieuses
comme laïques, de dépasser les limites des rôles qui leur sont tr
aditionnellement attribués : outre les œuvres charitables et la vie
monastique; elles peuvent désormais prendre part à l'effort génér
al, missionnaire et apostolique, pour re-catholiciser la France.
En , fer de . lance de: la mission éducatrice de la . Contre-Réforme, ,
les < Ursulines, qu'Elizabeth' Rapley. désigne ; comme « la congré
gation , féminine enseignante', par excellence »2. Or, si maints
ouvrages se penchent' sur. la communauté de Paris, celle de Toul
ouse demeure fort mal ? connue. Elle mérite ; pourtant ~ quelque
attention puisqu'elle est la première fondation ursuline française
hors de la Provence et du Comtat Venaissin : elle offre toute une
richesse de documentation permettant de faire plus de lumière
sur la genèse du nouveau i modèle - de , la ; religieuse enseignante,
modèle innovateur qui transforme la place de la femme au sein
de l'Église et marque du même coup les premiers pas de la péda
gogie féminine du XVIIe. siècle3.
1. Voir, entre autres," les travaux de Henri Brémond, Histoire littéraire
du sentiment religieux en France depuis la fin des guerres de religion jusqu'à
nos jours, 11. vol., Paris, 1971 ; Pierre Chaunu, L'Église, culture et société :
essai sur Réforme et. Contre- Réforme, Paris, 1984,* et René Taveneaux, Le
catholicisme dans la France classique,- 1610-1717, 2 vol., Paris; 1980, 1,' 22-28.'
2. Elizabeth Rapley, The Dévotes ; Women • and^ Church ; in - Seven
teenth-Century France, Kinston,- Ont, 1990,- p. 48.'
3." 221H-4.* Archives départementales de la Haute-Garonne (adhg), .
PRÉSERVER L'ACTION AU SEIN DE LA CLÔTURE 177
ENSEIGNANTES ET CATÉCHISTES PLUS QUE RELIGIEUSES
Venues d'Avignon où, à mi-chemin entre laïcité et religion,
elles enseignaient la doctrine catholique aux jeunes filles4, Marg
uerite de , Vigier ( 1 575- 1 639) et Françoise de Blanchet arrivent ;
à Toulouse en octobre 1604,' sur la requête du conseiller, parle
mentaire Arnaud Bourret5, . épaulé par le cardinal-archevêque
François de Joyeuse6. À l'origine, elles sont reçues dans la*
demeure personnelle de leur 7 protecteur, Arnaud Bourret, qui -.
leur, fait bientôt don d'une maison ' dans la rue des Trois-Rois-
Vieux. Sans perdre de temps, elles y fondent un pensionnat où
elles accueillent : les filles de familles suffisamment aisées pour
payer leur pension ; mais c'est . leur externat * ouvert . à toutes,
même les plus humbles, qui représente leur trait le . plus dis-
tinctif7. Axe central de la mission de reconquête de la Contre-
Réforme, la catéchisation , des masses est au cœur même de la -,
vocation des Ursulines de Toulouse. Bien qu'elles enseignent les.
rudiments de la lecture; de l'écriture . et de l'aiguille, l'essence
véritable: de leur école réside; qu'on' ne s'y- trompe pas, dans
l'enseignement de la ^ doctrine catholique. Les Constitutions de
l'établissement' sont claires à ce sujet : « [Les Ursulines de Toul
ouse] enseigneront auxdites filles la doctrine chrétienne; la piété
et la pratique des vertus ; à ces fins, elles leur apprendront à
lire, . écrire et coudre le mieux qu'il leur sera possible. »8 C'est ;
donc l'instruction religieuse plutôt que l'éducation laïque qui
importe : si l'enseignement séculier fait bien partie des devoirs :
4. С A; Sarre,. Vivre sa soumission/ L'exemple des Ursulines provençales 1997." et comtadines 1592-1792, Paris,
■■ vie du 5. In -Augustin , Riboti, Examen ; d'un livre . qui a pour, titre la
P. Romillon avec plusieurs 

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