Conflit entre pédiatres au Lakeshore
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Conflit entre pédiatres au Lakeshore

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Lakeshore
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le Dr Westwood ainsi que tout le person-
nel médical de l’hôpital. Dans les
semaines suivantes, il dépose une
demande de changement de statut de
« médecin actif » à « membre associé
avec privilèges d’admission ». Cette
requête sera accordée par le conseil
d’administration
du
Conseil
des
médecins, dentistes et pharmaciens
(CMDP) en janvier 1998. Comme il le
souhaitait, le Dr Neumann a alors moins
de responsabilités à l’hôpital. Il ne vien-
dra en pédiatrie que pour la visite des
nouveau-nés dont il est le pédiatre ou si
les parents le demandent expressément.
Le reste de ses activités se partagent
entre son bureau et la clinique médicale
de son fils, à Toronto, où il se rend la
dernière semaine de chaque mois.
En prenant de la distance, les relations
du Dr Neumann avec le personnel de
l’Hôpital général du Lakeshore auraient
dû s’améliorer. Mais de janvier à juin
1998, le Dr Neumann ne reçoit aucun
appel concernant des nouveau-nés.
Après cinq mois de silence de la part du
service de pédiatrie, le Dr Neumann se
doute que quelque chose ne tourne pas
rond, mais il préfère attendre d’avoir la
preuve que l'hôpital donne de la « fausse »
information aux parents. C’est un de ses
clients qui la lui apporte en juin 1998. Ce
dernier affirme qu’il a demandé à voir le
docteur Neumann, mais que l’hôpital ne
l’a jamais appelé. Quatre autres
patientes témoignent avoir accouché et
demandé à voir le Dr Neumann pendant
cette période. Qu’est-ce qui s’est alors
passé? Selon les témoins, le personnel
de l’hôpital les a avisés « que Dr
Neumann ne fait plus partie du person-
nel », qu’« il ne travaille plus à l’hôpital »
ou que « le personnel de l’hôpital ne lui
téléphone plus ».
Le Dr Neumann a enfin la preuve qu’il
attendait. Il envoie alors une lettre au Dr
Westwood, demandant des explications.
La réponse ne tardera pas. Pour le Dr
Westwood, la situation professionnelle
du Dr Neumann portait à confusion pour
les infirmières de l’hôpital. Puisque le Dr
Neumann n’a pas donné signe de vie
depuis décembre 1997, elles devaient
penser qu’il ne travaillait plus à l’hôpital,
ce que confirmera lors du procès Angèle
Robillard, infirmière chef du départe-
ment de pédiatrie de l’hôpital au
moment des faits. Pour le Dr Neumann,
pas de doute : depuis son départ, ses
collègues se sont concertés pour le met-
tre à l’écart et nuire à sa carrière.
Il est vrai que le Dr Westwood n’a pas
montré grand intérêt au cas du Dr
Neumann. N’est-ce pas dans ses fonc-
tions de s’assurer que tous les médecins
de son service exercent dans de bonnes
conditions? Pour rétablir la situation,
plusieurs notes de service seront
affichées dans la pouponnière, dès juil-
let 1998, pour informer le personnel du
cas particulier du Dr Neumann.
Lorsqu’un patient du pédiatre se
présente ou le demande, le personnel
doit en aviser le bureau du Dr
Neumann. Le docteur recommence à
recevoir des appels, mais leur nombre a
considérablement diminué par rapport
aux années précédentes. Et, pour le
pédiatre, cette perte de clientèle est
synonyme de perte de revenus.
En septembre 1999, le Dr Neumann
décide de poursuivre l’Hôpital général du
Lakeshore pour ne pas avoir respecté
son droit de médecin à voir ses clients,
ainsi que le Dr Westwood, pour conspi-
ration visant à lui voler sa clientèle. Pour
le pédiatre, ces négligences ou mau-
vaises intentions lui ont causé de lourdes
pertes financières, dont il veut être
dédommagé. C’est ici que commence la
lutte devant le Tribunal.
Conspiration ou paranoïa ?
La théorie du complot que défend le Dr
Neumann vise principalement le Dr
Westwood, son supérieur au service de
pédiatrie au sein de l’hôpital. Ce dernier
aurait volontairement omis d'aviser le Dr
Neumann lorsqu'un parent en faisait la
demande et aurait tenté de lui voler sa
clientèle. Le Dr Neumann lui reproche de
lui avoir caché des informations et
Î
La toile de fond
En 1995, le Dr Neumann est pédiatre à
l’Hôpital général du Lakeshore depuis
trente ans et assure régulièrement un
service de garde en collaboration avec le
département d’obstétrique. Mais cette
année-là, s’inquiétant de la baisse de
qualité des soins offerts aux enfants, il
décide de ne plus admettre de patients
au service de pédiatrie et de ne plus
assurer de gardes.
Deux ans plus tard, une série d’inci-
dents viennent directement toucher ses
patients. C’est le début d’une escalade
qui entraînera le docteur jusqu’au
procès. Tout commence en janvier
1997 lorsqu’un jeune patient du Dr
Neumann est admis aux urgences de
l’hôpital. Alors que son état se stabilise,
on administre à l’enfant une dose
exceptionnellement élevée d’antispas-
modique. Le Dr Neumann, alerté par
les parents inquiets, se tourne vers le Dr
Nadeau, médecin chef de l’urgence, et
demande des explications. Ce dernier
se rend compte de la faute et promet
d’envoyer une lettre d’excuses aux pa-
rents. Il affirme que le médecin respon-
sable de la surdose d’antispasmodique
ne travaillera plus à l’urgence. Pourtant,
les parents ne recevront jamais la
fameuse lettre et le médecin respon-
sable de l’incident restera en place aux
urgences. Les recommandations du Dr
Neumann n’ont pas été entendues.
Les tensions continuent au sein de
l’hôpital. En février et mars 1997, deux
adolescents se présentent à l’hôpital
pour des « overdoses » suite à leur ten-
tative de suicide. Le Dr Neumann
demande alors l’intervention d’un psy-
chiatre. Mais le département de psy-
chiatrie soutient que l’hôpital n’a pas de
psychiatre spécialisé dans le traitement
des enfants et des adolescents. Déçu et
furieux, il envoie une lettre de protesta-
tion au président du conseil d’adminis-
tration de l'hôpital. Pour le pédiatre, il
est inadmissible que ses patients ne
puissent pas recevoir de soins psychia-
triques au sein de l’hôpital.
Après ces événements, le Dr Neumann
commence à s’interroger sur son avenir
à l’Hôpital général du Lakeshore. Pour
limiter son implication au sein de l’hôpi-
tal, il veut changer de statut profession-
nel. Il se renseigne alors auprès de son
supérieur, le Dr Michael Westwood, chef
du département de pédiatrie, et du Dr
Shalaby, président du Conseil des
médecins, dentistes et pharmaciens
(CMDP). En octobre 1997, le Dr
Neumann démissionne de son statut de
« médecin actif ». Il en informe par lettre
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Conflit entre pédiatres au Lakeshore
Y a-t-il eu conspiration pour ruiner la carrière du Dr Neumann ?
Par Fanny Rollin
fanny.rollin@santeinc.com
Les conflits entre collègues de travail sont monnaie courante, mais ils peuvent parfois mener
très loin. C’est le cas du Dr Peter Z. Neumann, pédiatre à l’Hôpital général du Lakeshore de
Pointe-Claire, dans l’ouest de Montréal. À la suite d’une série d’incidents touchant ses patients,
le pédiatre est rempli de colère et de frustration vis-à-vis de l’hôpital. Il estime que la qualité
des soins offerts aux enfants s’est dégradée. Il décide alors de démissionner de son poste de
garde. Désormais, il interviendra à l’hôpital uniquement sur demande des patients. Mais cette
décision, au lieu d’apaiser des relations déjà tendues avec ses collègues, va accroître les malen-
tendus entre le docteur et l’équipe de pédiatrie, en particulier le Dr Michael Westwood, chef du
département de pédiatrie de l’Hôpital général du Lakeshore. Le Dr Neumann estime que ses col-
lègues le maintiennent volontairement à l’écart de ses patients depuis qu’il est moins présent
à l’hôpital. Il ira jusqu’à accuser le Dr Westwood de conspiration. Quant à l’Hôpital général du
Lakeshore, le Dr Neumann lui reproche des négligences qui l’ont empêché de voir sa clientèle.
Le Dr Neumann estime à près de 435 000 $ la perte de revenus liée à ces négligences. C’est
ce qui a amené la tenue d’un procès, le 4 janvier 2006, devant la Cour supérieure.
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