Dictionnaire philosophique
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Extrait

Dictionnaire philosophique
Voltaire
1764
Textes entiers : I, II, III, IV
Avertissement
Avertissement de Beuchot
Préface
Introduction
Avertissement de la collection
Index alphabétique
A - B - C - D - E - F - G - H - I - J - K - L
M - N - O - P - Q - R - S - T - U - V - Y - Z
Index par tome
Tome 17 : A - Biens d’église
Tome 18 : Blasphème - Esclaves
Tome 19 : Espace - Lois criminelles
Tome 20 : Lois (esprit des) - Zoroastre
Dictionnaire philosophique : Avertissement pour la
présente édition
Dictionnaire philosophique
Voltaire
1764
AVERTISSEMENT
POUR LA PRÉSENTE ÉDITION.
________
Pour répandre ses idées dans le monde, pour les faire pénétrer jusque parmi le
vulgaire, il n’est rien de tel que de les rassembler sous forme de dictionnaire. Aussi,
quand ce projet d’un dictionnaire philosophique fut jeté, un peu à la légère, au milieu
d’un souper du roi de Prusse, Voltaire ne le laissa-t-il point tomber ; il s’y attacha
sérieusement, il le réalisa en composant d’abord un volume assez mince pour êtreun livre de poche, un manuel. Le sous-titre que portèrent beaucoup d’éditions : la
Raison par alphabet, caractérisait l’ouvrage. C’était le catéchisme de l’école
encyclopédiste.
L’ouvrage alla grossissant peu à peu, et bientôt le Dictionnaire portatif cessa de
mériter ce titre. Mais ce n’est que dans l’édition de Kehl qu’il reçut, comme Bouchot
l’explique ci-après, les proportions considérables qu’on lui voit aujourd’hui.
Bien que formé de plusieurs ouvrages de Voltaire, il offre un ensemble très-
homogène, une unité très-saisissante à l’esprit.
Ce livre est resté bien plus vivant qu’on ne l’imagine. Si vous l’ouvrez et que vous
commenciez à le parcourir, il vous tient bientôt et vous entraîne. La variété des
connaissances qui s’y déploient, le mouvement rapide de la pensée et la vivacité
du style, vous empêchent de lâcher prise. Il semble qu’on assiste à ces
conversations de Voltaire dont les contemporains rapportent les séductions
irrésistibles. C’est Voltaire « sachant instruire et amuser en même temps », comme
disait le grand Frédéric, s’intéressant à tout, parlant de tout, non pas
dogmatiquement, mais avec abandon et légèreté, et se livrant à l’impression
instantanée que reçoit de chaque objet sa vive et mobile imagination.
Imprimé sous la rubrique de Londres, publié dans l’été de 1764, le Dictionnaire
portatif se répandit, comme tous ces ouvrages de combat, avec une rapidité
singulière. Un zèle de prosélytisme et de propagande contribuait à leur divulgation.
Le canton de Genève notamment était inondé de ces opuscules défendus. « Vous
achetiez, dit M. Desnoiresterres, un ballot de livres chez un libraire ; rentré chez
vous, en l’ouvrant, vous vous aperceviez qu’il s’était grossi de ces pernicieux livrets.
On en glissait sous les portes, on en pendait aux cordons de sonnettes, les bancs
des promenades en étaient couverts. Dans les lieux d’instruction religieuse, ils se
trouvaient substitués comme par enchantement aux catéchismes ; et, jusque dans
le temple de la Madeleine, des Dictionnaires portatifs, habillés comme des
psautiers, traînaient sur les banquettes, où ils ne laissaient pas d’être ramassés par
quelqu’un. On est pris de vertige rien qu’en lisant (dans l’ouvrage de M. Gaberel :
[1]Voltaire et les Genevois ) l’énumération abrégée de ces piéges continuels tendus
par « l’infernal vieillard » sous les pas de l’innocence et de la piété. Mais nous
voulons croire que tout cela est quelque peu enflé. Les horlogers surtout, ces
horlogers qui formèrent la population du Ferney naissant, étaient des distributeurs
actifs et les agents de cette propagande clandestine. « On en trouvait des piles
(des piles de libelles) dans les cabinets d’horlogers, et les petits messagers
avouaient qu’un monsieur leur avait donné six sous pour déposer le paquet sur
l’établi du patron. » Si ces brochures étaient dévorées par les hommes, les
femmes, plus dociles aux exhortations des pasteurs, les avaient en une sainte
horreur ; et pour les sauver de quelque auto-da-fé, il n’était que prudent de les tenir
sous triple verrou. Un de ces braves gens était parvenu à réunir toute une
bibliothèque de ces petits livres, dont il ne se serait pas dessaisi pour des trésors.
Un jour, après le dîner, sa mère, avec laquelle il vivait, lui dit : « Il était bon le fricot, il
avait bon goût, n’est-ce pas ? — Mais oui, très-bon, et surtout chaud à point, répond
celui-ci. — Ah ! chaud, je le crois bien ! Si tu veux savoir de quel bois je l’ai chauffé,
va voir ta cachette à Voltaire. « La vieille avait découvert le coin, selon l’expression
genevoise, et tout y avait passé ! »
Le grand conseil menaçait de brûler le Portatif. « Un magistrat, écrivait Voltaire à
[2]d’Argental , vint me demander poliment la permission de brûler un certain Portatif ;
je lui dis que ses confrères étaient bien les maîtres, pourvu qu’ils ne brûlassent pas
ma personne, et que je ne prenais nul intérêt à aucun Portatif. »
Voltaire le désavouait énergiquement. Bien mieux, suivant une habitude déjà
ancienne, il dénonçait lui-même l’ouvrage incriminé, et adressait, le 12 janvier
1765, la lettre suivante aux autorités de la république : « Je suis obligé d’avertir le
Magnifique Conseil de Genève que, parmi les libelles pernicieux dont cette ville est
inondée depuis quelque temps, tous imprimés à Amsterdam, chez Marc-Michel
Rey, il arrive lundi prochain chez le nommé Chirol, libraire de Genève, un ballot
contenant des Dictionnaire philosophique, des Évangile de la raison, et autres
sottises qu’on a l’insolence de m’imputer, et que je méprise presque autant que les
[3]Lettres de la montagne . Je crois satisfaire mon devoir en donnant cet avis, et je
m’en remets entièrement à la sagesse du Conseil, qui saura bien réprimer toutes
les infractions à la paix publique et au bon ordre. » Pendant que la saisie se faisait
chez le libraire Chirol, ajoutent les chroniqueurs genevois, une autre cargaison plus
considérable, à l’adresse du libraire Gando, avec lequel Chirol s’était entendu,
franchissait la frontière du côté opposé et versait impunément son contenu dans le
canton.En France et à Paris, les procédés de divulgation étaient à peu près les mêmes.
Les sévérités du Parlement et les recherches de la police n’y pouvaient rien. Le
Dictionnaire philosophique portatif n’était guère paru que depuis un an, lorsqu’il fut
compromis dans une terrible affaire, celle du chevalier de La Barre. Il fut trouvé
parmi les livres du malheureux chevalier, en compagnie de Thérèse philosophe, le
Portier des Chartreux, la Religieuse en chemise, la Tourière des Carmélites, le
Sultan Misapouf, Thémidore, La Princesse Grisemine, le Cousin de Mahomet, la
Belle Allemande, le Canapé couleur de feu, les Dévirgineurs, ou les Trois Frères,
etc., tous ouvrages plus licencieux encore qu’irréligieux. Il avait place sur ces
tablettes devant lesquelles le chevalier était accusé de faire des génuflexions
comme devant un tabernacle : il fut condamné à être jeté avec tous les autres livres
dans le bûcher qui consuma le corps de La Barre.
Cette affaire causa à Voltaire un grand effroi. « Mon cher frère, écrit-il à
[4]Damilaville mon cœur est flétri ; je suis atterré. Je me doutais qu’on attribuerait la
plus sotte et la plus effrénée démence à ceux qui ne prêchent que la sagesse et la
pureté des mœurs. Je suis tenté d’aller mourir dans une terre où les hommes soient
moins injustes. Je me tais ; j’ai trop à dire. »
Et le 12, il reprenait : « Je suis incapable de prendre aucun plaisir après la funeste
catastrophe dont on veut me rendre en quelque façon responsable. Vous savez que
je n’ai aucune part au livre que ces pauvres insensés adoraient à genoux. »
Il alla passer quelque temps, pour se tranquilliser, aux bains de Rolle, en Suisse. Il
rêva de chercher un refuge dans la ville de Clèves, sous la protection du roi de
Prusse, et d

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