E. Trocmé. Le « Livre des Actes » et l'Histoire ; n°1 ; vol.153, pg 107-109

A. Jaubert

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Revue de l'histoire des religions - Année 1958 - Volume 153 - Numéro 1 - Pages 107-109
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• Philosophie et théologie

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• Publié le: 01 janvier 1958
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A. Jaubert
E. Trocmé. Le « Livre des Actes » et l'Histoire
In: Revue de l'histoire des religions, tome 153 n°1, 1958. pp. 107-109.
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Jaubert A. E. Trocmé. Le « Livre des Actes » et l'Histoire. In: Revue de l'histoire des religions, tome 153 n°1, 1958. pp. 107-109.
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entièrement christocentrique. Il n'est pas un déterminisme. C'est la
réponse des hommes à l'appel du Christ qui le fixe dans les ténèbres
ou le fait passer des ténèbres à la lumière. Le drame fondamental
est celui de l'autonomie du monde qui s'établit dans l'illusion et le
mensonge. Ce drame de l'autonomie existe chez les adversaires juifs
de Jésus ; il se traduit en opposant au Christ la révélation écrite,
brisant ainsi l'unité de la révélation en transformant les paroles de
Moïse en « bastion de leur autonomie ». Le chapitre sur la morale de
l'homme nouveau aborde le même problème que posait. Nygren dans
Eros et Agapé, celui de l'exclusivisme johannique. Mais cette fois
la réponse serre les textes : la morale de Jean est la morale d'une
eschatologie déjà réalisée. Jean actualise le jugement eschatologique.
Aussi l'agapé est-elle le commandement éternel de la communauté
eschatologique. C'est pourquoi elle est l'amour des frères.
Le livre de M. Prunet est d'un théologien, non d'un historien. On
aurait aimé qu'il abordât de première main l'étude des soubassements
juifs de l'Évangile. C'est là le point faible du livre; mais ce n'était
certainement pas l'objectif de l'Auteur. L'essentiel est que ses ana
lyses de théologien soient souvent d'une remarquable pénétration.
Elles témoignent d'un contact intime avec les textes et sont personn
elles dans un domaine où l'originalité est difficile»
A. Jaubert.
E. Trocmé. — Le « Livre des Actes » et l'Histoire (Études d'his
toire et de philosophie religieuses publiées sous les auspices de la
Faculté de Théologie < protestante de l'Université de. Strasbourg),
Paris, Presses Universitaires de France, 1957, 240 p. — II manquait
en français un ouvrage de synthèse qui fît actuellement le point sur les
problèmes historiques du Livre des. Actes. Le commentaire de Loisy
était vieilli, celui de Jacquier trop « bon esprit », l'exposé de Goguel
dépassé. L'étude récente deDom Dupont constituait seulement un
état — fort utile — de la question. L'ouvrage de M. Trocmé répond à
un besoin et apporte une réponse personnelle. Dans une matière aussi
touffue, l'auteur évolue avec une clarté et une fermeté de style dont on
lui saura gré. Son information est très étendue, mais l'ouvrage restant
d'un format très maniable, l'auteur a été obligé de limiter certains points
à l'essentiel et de renvoyer à d'autres travaux. Le but de l'A. est de déter
miner la valeur d'un document capital pour les origines chrétiennes.
Après un bref aperçu sur l'histoire de l'interprétation et des
travaux critiques depuis 1800, M. E. Trocmé donne un bon résumé
des problèmes posés par le texte des Actes, puis il passe au « dessein
de l'auteur ». L'œuvre ad Theophilum (qui comprend IIIe Évangile,
et Actes) est l'œuvre d'un auteur unique dont le but est d'être d'un
bout à l'autre un « évangile », c'est-à-dire un exposé d'ensemble de
« l'intervention décisive de Dieu dans l'histoire » (p. 48) ; l'auteur ad
Theophilum décrit « le temps sacré s'étendant de la venue du Précur- 108 REVUE DE L'HISTOIRH DES RELIGIONS
seur au rejet final d'Israël, et dont le ministère terrestre et la résur
rection de Jésus forment le noyau central » (p. 117). Cette œuvre n'est
pas dépourvue d'un caractère apologétique en ce qui concerne les
autorités romaines, mais bien davantage par la place importante qu'y
occupe Paul. Selon Trocmé, l'ouvrage était « destiné à répondre à
des attaques lancées contre la fidélité de Paul au judaïsme et contre
son autorité apostolique ;- en revanche, il se préoccupait peu des
grands problèmes théologiques sur lesquels Paul était opposé aux
judaïsants » (p. 59) ; il aurait été écrit vers 80-85.
Étudiant la méthode de l'auteur des Actes, M. Trocmé souligne
l'importance de la ville de Jérusalem dans le cadre chronologique et
géographique du IIIe Évangile et des Actes ; il serait « tenté de consi
dérer l'ensemble Luc-Actes comme une vaste composition symétrique
où la capitale juive et son temple sont devenus les symboles d'Israël
élu et rejeté; c'est-à-dire d'une grandeur théologique » (p. 86). Sur le
problème fameux de la chronologie réciproque de Gai., I, 18- II, 10,
et des visites de Paul à Jérusalem selon les Actes, M. Trocmé penche
pour lai solution d'une troisième visite de Paul à Jérusalem en Ac,
XV; l'Épître aux Galatesest donc reportée avant cette troisième
visite (hypothèse Galatie du Sud) (p. 93-94).
L'auteur ad Theophilum est un écrivain « édifiant » qui entend
conter une histoire sainte et, pour ce faire, supprime ou atténue
certains épisodes ; mais le terme ne doit pas être péjoratif, car l'auteur
« a de son sujet une vue grandiose qui est d'un théologien » ; le livre
des Actes est tout entier marqué dans sa seconde partie de la « doctrine
de l'élection des païens et du rejet d'Israël »(p. 117). Gela ne compromet
pas non plus la qualité d'historien de l'auteur qui apparaît — malgré
quelques erreurs eť surtout des imprécisions — comme sérieux et
très proche de ses sources. Le problème est de1 savoir ce que valent
les sources. C'est le sujet d'un long exposé (p. 122-214).
Dans une première partie • sont '• étudiées les sources des cha
pitres XVI à XXVIII des* Actes.- D'une discussion serrée sur les
rapports de l'auteur ad Theophilum et des fragments en «nous »,
M. Trocmé déduit que la source en « nous » serait un diaire, notes de
voyage rédigées par différents compagnons de Paul, parmi lesquels
figurerait l'auteur ad Theophilum; entré en possession du journal
de voyage, il l'aurait refondu en y imposant son style propre. Rien
ne s'oppose finalement à ce que l'auteur ad Theophilum, compagnon
tardif de Paul, soit celui que la tradition désigne sous le nom de Luc.
Pour les chapitres I à XV des Actes, il est difficile de déterminer
les sources. Plus que dans les chapitres XVI-XXVI II on y distingue
des récits populaires où se mêlent des éléments merveilleux et édi
fiants, mais les sources de Luc paraissent fort anciennes ; elles pro
viennent des traditions des églises de Jérusalem, Césarée et Antioche,
mais il les a probablement disposées dans un cadre chronologique et
géographique arbitraire. NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES 109
A. la suite de J. Schmitt, M. Trocmé utilise les découvertes de
Qumrân pour l'interprétation de ■ l'épisode d'Ananie et de Saphire :
la faute des deux époux c'est d'avoir cherché par un mensonge. à
entrer, dans un groupe de « parfaits, qui. formaient peut-être le noyau
de la communauté jérusalémite et devaient jouir de pouvoirs et d'une
considération particulière ». « Les jeunes gens » (Ac, V, 6-10) «seraient
des novices chargés des besognes impures comme l'inhumation des
cadavres». De même le récit de l'élection de Matthias, avec l'organi
sation de la communauté chrétienne qu'il suppose, se trouve éclairé
parla connaissance d'un milieu juif nouveau à structure hiérarchique.
Ce sont là « analogies d'ensemble, révélant un même état d'esprit
plutôt qu'une filiation directe ». Mais ces correspondances attestent
que « c'est dans la tradition palestinienne qu'il faut chercher l'origine
de ces quelques récits » (p. 198-200). Finalement, si le cadre impos&#