Revue de l'histoire des religions - Année 2000 - Volume 217 - Numéro 4 - Pages 707-731Pourquoi les textes médiévaux à propos des croisades présentent-ils les adversaires musulmans comme des païens idolâtres ? Kerbogha, atabeg de Mossoul mis en déroute devant Antioche en juin 1098, devient, chez les chroniqueurs occidentaux, Corbaran, roi païen qui maudit ses idoles quand celles-ci ne lui procurent pas la victoire. La Chrétienté Corbaran va plus loin : Corbaran se convertit au christianisme, détruit les idoles qu'il avait adorées et livre bataille contre son suzerain, le « Calife de la Païenté ». À la fin du XIIIe siècle, malgré l'échec de chaque croisade, on rêve encore de convertir un puissant ennemi. L'histoire, semble-t-il, se répète, d'où l'importance de présenter ces ennemis musulmans comme des païens, susceptibles de se convertir à leur tour et - tels de nouveaux Constantins - de venir au secours de la chrétienté. The Baptism of a Pagan King in the Epics of the Crusades Why do medieval crusade epics and chronicles portray Muslim adversaries as pagan idolaters ? Kerbogha, atabeg of Mosul, was routed outside of Antioch in June 1098. Western chroniclers present him as Corbaran, a pagan king who curses his idols for failing to secure victory for him. The Chrétienté Corbaran goes further : it has him convert to Christianity, destroy the idols he once worshiped, and fight his former suzerain, the « Caliph of Paganism ». At the end of the thirteenth century, in spite of the failure of the crusades, the anonymous poet dreams of converting a powerful enemy. History, it seems, repeats itself : Muslim rulers are cast in the familiar guise of pagan kings who (as potential new Constantines) might convert and come to the aid of an embattled Christendom. 25 pages Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.