Commerce et industrie dans la vallée moyenne de la Dordogne - article ; n°258 ; vol.45, pg 591-606
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Description

Annales de Géographie - Année 1936 - Volume 45 - Numéro 258 - Pages 591-606
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1936
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Paul Fénelon
Commerce et industrie dans la vallée moyenne de la Dordogne
In: Annales de Géographie. 1936, t. 45, n°258. pp. 591-606.
Citer ce document / Cite this document :
Fénelon Paul. Commerce et industrie dans la vallée moyenne de la Dordogne. In: Annales de Géographie. 1936, t. 45, n°258.
pp. 591-606.
doi : 10.3406/geo.1936.11442
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1936_num_45_258_11442591
COMMERCE ET INDUSTRIE
DANS LA VALLÉE MOYENNE DE LA DORDOGNE
De Mauzac à Bergerac (fig. 1), à la sortie des méandres qu'elle
décrit dans les calcaires crétacés du Périgord, la Dordogne coule
auprès d'une douzaine d'établissements industriels. La voie ferrée de
Bordeaux à Aurillac, le canal latéral de Mauzac à Tuilière et la route
nationale de Bergerac à Sarlat longent ses rives. Sur une distance de
moins de 30 km., trafic et industrie coïncident et vivent dans une
étroite dépendance mutuelle : les matières premières drainées à
travers la vallée sont en grande partie destinées aux usines locales,
qui entretiennent à leur tour d'importants départs de produits ouvrés.
En amont et en aval, cette association se dénoue, l'industrie dispar
aît, le paysage redevient purement agricole.
I. Les conditions physiques. — Usines et voies de communicat
ion ne pouvaient se grouper de la sorte, ni en amont de Mauzac,
ni en aval de Bergerac. A l'Est de Mauzac, la vallée est sinueuse, le
cours d'eau heurte tantôt les collines de la rive droite, tantôt celles de
la rive gauche, les communications par voie de terre deviennent
difficiles. Au xvine siècle, l'Inspecteur des Manufactures François
de Paule Latapie, allant de Couze à Trémolat, dut longer, sur un
mulet, un cingle1 si escarpé qu'il faillit plusieurs fois rouler dans l'eau
avec sa monture2. Aussi la route de Bergerac à Aurillac se déta-
che-t-elle de la vallée quelques kilomètres à l'Ouest de Mauzac,
à Sauvebœuf, pour gravir le plateau et l'emprunter presque con
tinuellement jusqu'en Auvergne. Pour traverser les lobes des méand
res entre Calés et le Buisson, les rails doivent passer sous deux
tunnels et sur cinq ponts : c'est le début des travaux d'art qui, ren
dant si coûteuse la voie ferrée de Bordeaux au Lioran, ont empêché
d'en faire un tronçon de la grande artère du 45e parallèle.
En amont de Mauzac, la circulation des marchandises devient
donc difficile et très onéreuse.
En aval de Bergerac, le cours d'eau, dispensateur de force motrice,
manquant de pente, ne peut plus alimenter en énergie les installa
tions industrielles. Ses affluents sont également incapables d'entraîner
les turbines ou les roues à aubes, car la rivière coule presque au niveau
de ses berges, et, lorsqu'elle coupe une terrasse de 12 à 15 m. qui per
mettrait une chute assez considérable, le ruisseau qui débouche en
cet endroit a déjà eu le temps de creuser un lit assez profond pour se
priver lui-même d'une pente appréciable.
1. Cingle (de cingulum = « ceinture ») : rive convexe du cours d'eau, escarpée et
arrondie.
2. Archives historiques de la Gironde, t. XXXV, p. 314. ANNALES DE GÉOGRAPHIE 592
Au contraire, entre Bergerac et Mauzac, trafic et industrie pou
vaient se soutenir mutuellement. Sur la rive droite, une terrasse de
12 à 15 m. de hauteur relative porte, hors d'atteinte des inondations,
une voie ferrée, une route et un canal. L'absence de forte déclivité ou
d'accidents naturels a rendu leur établissement facile et permet le
transport commode des marchandises. Les installations industrielles
ont trouvé également dans cette section de la vallée des conditions
favorables. Entre Mauzac et Bergerac, la Dordogne redevient torrent
ielle. Par suite d'une reprise d'érosion à l'endroit où les calcaires cré
tacés font place aux marnes et aux mollasses tertiaires, le lit du cours
d'eau descend de 40 m. d'altitude absolue à 16 m., entre le barrage de
Mauzac et celui de Tuilière, soit 24 m. de chute en moins de 15 km.
La pente n'est d'ailleurs pas régulière. Elle s'accentue dans trois
séries de rapides appelés par les riverains le Grand Thoré, la Gra-
tusse et les Pesqueyroux1. Le cours d'eau s'enfonce ainsi par saccades
dans ses anciennes terrasses dont la pente est moins forte que la
sienne. A Mauzac il coule pendant Fétiage à 5 ou 6 m. en contre-bas
du lit moyen qu'il peut inonder aisément. Vers Couze et Mouleydier,
il est encaissé de 12 à 15 m., et ses plus fortes crues ne sortent pas du
lit mineur. Les ruisseaux de la Couze et du Caudeau, qui le rejoignent
dans cette partie de son cours et n'ont pas encore raccordé leur profil
longitudinal à celui de la Dordogne, font à leur embouchure une
chute de 10 m.
Ainsi le cours d'eau principal et ses affluents offrent à l'indus
trie une force motrice importante, variable sans doute avec leur
débit, mais toujours appréciable. On peut l'estimer en moyenne
pour la Dordogne à 100 000 GV et pour le Caudeau et la Couze à
2 000 CV. Cette force motrice ne peut être utilisée qu'en partie, à
cause des défectuosités du lit fluvial et des nécessités techniques.
Néanmoins de Mauzac à Bergerac, et là seulement, les conditions
physiques étaient favorables à l'association du commerce et de l'i
ndustrie. Les riverains, qui ne disposaient parfois que d'un sol ingrat,
n'ont pas manqué d'en tirer parti.
IL Le commerce. — La vallée de la Dordogne présente le grand
avantage de joindre des régions différentes dont les produits se comp
lètent. Le Limousin et l'Auvergne sont riches en bois, en bétail et
en minerais, mais pauvres en vin, blé, sel et produits manufactur
és. Au contraire, dans le « Pays Bas », comme disent les Périgour-
dins, les cultures ont réduit l'étendue des forêts, l'élevage est insuffi
sant à alimenter les villes nombreuses et peuplées; c'est enfin le dé
bouché de l'intérieur du continent vers l'Océan et tous les pays du
1. E. Labroue, De Libourne à Bergerac, Bordeaux, 1880. DE GÉOG. XLVe ANNÉE. 38 ANN. 594 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
monde par l'estuaire de la Gironde. Un trafic normal entre terres
chaudes et terres froides, entre pays d'élevage et pays de cultures,
entre continent et Océan devait s'établir dans la vallée de la Dor-
dogne.
Au sujet de la batellerie, le silence règne, presque complet, dans
les documents jusqu'à la guerre de Cent ans. A partir de cette époque,
les Jurades de Bergerac1 fournissent de nombreux détails sur le
trafic fluvial de la Dordogne. Elles permettent de se représenter les
barques qui sillonnaient le cours d'eau, la vie des bateliers exposés
aux remous des rapides, la variété des produits transportés et l'ac
tivité des deux ports de Bergerac. Au xvie siècle, la taxe prélevée
sur chaque embarcation passant sous le pont de Bergerac et le total
des recettes permettent de croire qu'il passait chaque année devant
la ville au moins 400 ou 500 bateaux jaugeant en moyenne 40 à 50 t.
chacun. Mais c'est au xvine siècle et durant les premières années du
xixe siècle que cette batellerie connut sa plus grande prospérité 2.
Le matériel employé était composé de barques de deux sortes.
Les unes, solidement construites en bois de chêne et de hêtre, pou
vaient résister à la pression du courant ; elles étaient à fond plat,
longues, avec des extrémités pointues et relevées. Selon le tonnage,
on distinguait les cour pets, barques de 7 à 8 m. de long jaugeant 8 tx ;
les coujadours, qui mesuraient 16 à 18 m. de long, 4 de large et conte
naient 18 tx ; enfin au xixe siècle apparurent les naus de 20 m. de
long sur 4 m. 50 de large, pouvant transporter 100 à 150 t. de mar
chandises. Une seconde catégorie comprenait des gabarres légères,
sortes de caisses flottantes équipées sommairement pour la descente
et qui ne pouvaient résister à la montée. Du nom de leur lieu d'ori
gine, les riverains les appelaient des argentats ; on les démolissait à
l'arrivée pour en faire du bois de chauffage. Les mariniers ou gabar-
riers se recrutaient surtout en Auvergne ; mais chaque village situé
près du cours d'eau en fournissait quelques-uns.
Mauzac, Lalinde, Couze possédaient, comme Bergerac, un p

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