Diversification, recentrage et poids des activités de support dans les groupes (1993-2000)
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Vaut-il mieux devenir encore meilleur sur ce qu'on sait le mieux faire ou au contraire « ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier » ? Faire ou faire faire : vaut-il mieux maîtriser l'ensemble de la chaîne de production ou se concentrer sur quelques activités-clés et sous-traiter les maillons les moins stratégiques ? Ces choix déterminent la composition du portefeuille d'activités d'un groupe et caractérisent son mode de développement : diversification ou recentrage. Le rôle accru des marchés financiers pousserait au recentrage des groupes sur leur coeur de métier. Est-ce bien la stratégie effectivement adoptée par les groupes en France sur la période récente ? Il est difficile de construire des indicateurs statistiques pour mesurer ce phénomène car les nomenclatures d'activité captent mal les notions, telle le « coeur de métier », qui président aux logiques de recentrage. Cet article vise à surmonter ce constat d'inadéquation entre nomenclatures et concepts en proposant deux améliorations des outils de mesure. D'abord, en isolant les activités de support - ou activités fonctionnelles - dont le développement ne relève pas d'une véritable diversification. Ensuite, en tenant compte de la plus ou moins grande cohérence entre les différentes activités du groupe : la diversité du groupe sera réduite lorsque ses activités se retrouvent souvent associées de la même façon dans d'autres groupes. L'analyse porte sur près de 1500 groupes, de plus de 500 salariés. Il apparaît à cette aune que, hors activités fonctionnelles, les groupes sont relativement peu diversifiés sur le territoire français et que la diversité moyenne évolue peu entre 1993 et 2000 : certains groupes se diversifient, alors que d'autres se recentrent. Les activités de support, déjà très présentes en 1993, voient leur poids augmenter au cours de la période, et ce d'autant plus que le groupe se diversifie et/ou s'internationalise.

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Langue Français

Extrait

ENTREPRISES
Di v er sifi cation, recentrage
et poids des activités de support
dans les gr oupes (1993-2000)
Lucie Gonzalez * et Claude Picart **
Vaut-il mieux devenir encore meilleur sur ce qu’on sait le mieux faire ou au contraire
« ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier » ? Faire ou faire faire : vaut-il mieux
maîtriser l’ensemble de la chaîne de production ou se concentrer sur quelques activités-
clés et sous-traiter les maillons les moins stratégiques ? Ces choix déterminent la com-
position du portefeuille d’activités d’un groupe et caractérisent son mode de développe-
ment : diversifi cation ou recentrage. La stratégie choisie par le groupe peut varier dans le
temps et selon les acteurs. La réponse à ces questions pourrait en particulier ne pas être
forcément la même du point de vue des dirigeants ou de celui des actionnaires.
Le rôle accr u des marchés fi nanciers pousserait au recentrage des groupes sur leur cœur
de métier. Est-ce bien la stratégie effectivement adoptée par les groupes en France sur la
période récente ? Il est diffi cile de construire des indicateurs statistiques pour mesurer
ce phénomène car les nomenclatures d’activité captent mal les notions, telle le « cœur
de métier », qui président aux logiques de recentrage. Cet article vise à surmonter ce
constat d’inadéquation entre nomenclatures et concepts en proposant deux améliorations
des outils de mesure. D’abord, en isolant les activités de support - ou activités fonction-
nelles - dont le développement ne relève pas d’une véritable diversifi cation. Ensuite, en
tenant compte de la plus ou moins grande cohérence entre les différentes activités du
groupe : la diversité du groupe sera réduite lorsque ses activités se retrouvent souvent
associées de la même façon dans d’autres groupes. L’analyse porte sur près de 1500
groupes, de plus de 500 salariés.
Il apparaît à cette aune que, hors acti vités fonctionnelles, les groupes sont relativement
peu diversifi és sur le territoire français et que la diversité moyenne évolue peu entre
1993 et 2000 : certains groupes se diversifi ent, alors que d’autres se recentrent. Les acti-
vités de support, déjà très présentes en 1993, voient leur poids augmenter au cours de la
période, et ce d’autant plus que le groupe se diversifi e et/ou s’internationalise.

* Lucie Gonzalez appartient à la Mission Analyse Économique de la Dares.
** Claude Picart appartient à la division Marchés et Stratégies d’Entreprises de l’Insee.
Cette étude a été en partie effectuée lorsque les auteurs étaient à la Direction des Statistiques d’Entreprises de l’Insee.
Les auteurs remercient les relecteurs anonymes de la revue pour leurs précieux commentaires ainsi que Vincent Thollon-Pommerol et
Sébastien Roux.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 405/406, 2007 77 a di v ersifi cation est souvent perçue de recentrage s’il s’agit d’activités appartenant au Lmanière négative comme en témoignent la « cœur de métier » du groupe. Certaines études
décote imposée aux conglomérats sur les marchés tentent d’isoler certaines formes de diversité en
boursiers (1) ou les propos récurrents en faveur s’appuyant sur la notion de « fi lière » (Vassille,
du « recentrage sur le cœur de métier ». Déjà en 1983). Mais cela ne permet d’identifi er qu’un
1986, de Montmorillon notait que « la tendance type de diversité en relation étroite avec l’acti-
au début des années 1980 est au recentrage ». vité principale, pour reprendre la typologie de
Certains refusent cependant un discours qui vou- Ganidis. Elle ignore notamment les stratégies
drait imposer une norme qui s’appliquerait uni- d’utilisation des compétences liées à l’activité
formément à toutes les entreprises. Ainsi, Beffa principale vers d’autres domaines, que cette
(2002), PDG de Saint-Gobain, récuse l’idée de compétence soit de nature technologique ou de
convergence vers un modèle unique et assume le nature « connaissance des marchés ». Le décou-
caractère diversifi é de son groupe. On peut y voir page effectué par les groupes eux-mêmes capte
un simple effet de mode, fréquent dans la littéra- sans doute mieux ce qui est habituellement
ture du management et de la stratégie et qui permet regroupé sous l’appellation de « diversité liée »
à Batsch (1993) de relativiser : « La rhétorique du mais est sans doute contaminé par les stratégies
recentrage (« il convient d’être fort sur ses points de dévoilement de l’information des groupes
forts et de ne point s’embarrasser du reste… ») ainsi que par l’hétérogénéité et la volatilité de
1234567[qui] s’impose aujourd’hui, avec la même force ces pratiques déclaratives.
d’évidence qui recommandait hier la stratégie
Préalab le à une anal yse de la relation entreinverse (« il faut répartir les risques et se porter
diversité des activités et performance du entrant sur les marchés prometteurs… ») ».
groupe (non abordée ici), cette étude vise à
clarifi er la description de l’évolution des acti-Quels sont, au delà de ces discours, les résultats
vités des groupes sur la période récente, 1993-empiriques concernant le recentrage ? Il existe
2000 : observe-t-on effectivement un recours à un certain consensus sur l’aller-retour diversifi -
des stratégies de recentrage ? Existe-t-il bien cation-recentrage aux États-Unis (2) . Il ne sem-
une stratégie majoritaire ou assiste-t-on à la ble pas qu’un tel consensus existe à propos de
coexistence d’une multiplicité de schémas de
la France. Les études disponibles concluent soit
développement ? Ce travail de diagnostic s’ap-
à un mouvement dominant de diversifi cation
puie sur deux améliorations méthodologiques
(Amar , 1989 (3) ; Thollon-P ommerol, 1990 (4) ;
concernant la mesure de la diversité des activi-
Ganidis, 2004 (5) ) soit à la coexistence de mou- tés exercées par les groupes. Nous proposons
vements de diversifi cation et de mouvements de de garder comme point de départ le décou-
recentrage (Batsch, 1993). Cette divergence ne page en activités de la nomenclature offi cielle,
semble pas pouvoir être attribuée entièrement mieux approprié au traitement statistique d’un
à des différences de champ : les périodes se grand nombre de groupes, tout en l’améliorant
recouvrent et au moins deux auteurs, Ganidis de deux manières. D’abord en calculant un
et Batsch, travaillent sur les plus grands grou- indicateur de « proximités » entre les activités
pes industriels (respectivement 48 et 61 groupes présentes au sein d’un groupe, d’autant plus
industriels). Ceci pose un problème de mesure élevé que les activités se retrouvent fréquem-
qui sera au centre de cette étude. ment associées dans d’autres groupes. Ensuite
en isolant des activités, que nous nomme-
Les trois études constatant une di v ersifi cation rons « fonctionnelles » (Galliano (1995) parle
s’appuient toutes sur la nomenclature d’activité
(N AP (6) ou N AF (7) ) alors que Batsch part du
1. Pour une vision critique de cette décote, cf. Martin et Sayrak découpage en terme d’activités effectué par les
(2003).
groupes dans leurs rapports annuels. Le pro- 2. Ce point est développé dans l’encadré 1 de Gonzalez et
Picart (2006).blème des mesures de la diversité fondées sur
3. L ’étude porte sur 246 groupes industriels sur la période 1980-
une nomenclature d’activités est qu’elles ne 1985.
4. L’étude porte sur 319 groupes industriels sur la période 1974-permettent pas de distinguer entre les porte-
1986.
feuilles d’activités relevant d’une logique indus- 5. Suivi de 48 grands groupes industriels sur longue période. Il
conclut à une poursuite continue de la diversifi cation sur l’en-trielle (intégration verticale, activités « liées »)
esemble du XX siècle, quoique ralentie en p

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