Du rendement à la rentabilité en grandes cultures
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La tendance à la baisse des prix pour la plupart des céréales et grandes cultures est plus que jamais d'actualité : l'accord de Berlin de mars 1999 a décidé de nouvelles baisses, et les discussions à venir dans le cadre de l'Organisation Mondiale du Commerce s'inscrivent également dans cette perspective. Les producteurs vont devoir s'adapter à cette nouvelle donne, en ayant recours à des stratégies différentes. Dans quelles mesures la productivité, au sens de rendements physiques élevés, est-elle liée à la rentabilité, dont une des dimensions est la baisse des coûts de production ? La baisse des coûts en valeur a coïncidé avec une hausse des rendements, mais aussi avec un accroissement des revenus, grâce aux subventions de la PAC à partir de 1993. Cette tendance d'ensemble n'est pas homogène au sein des exploitations. Au-delà des techniques culturales, un rôle majeur est joué par l'exploitation elle-même : lorsqu'elle obtient de meilleurs rendements pour une culture, elle obtient en général de meilleurs résultats pour les autres cultures. L'autre dimension sur laquelle repose la rentabilité est la valorisation du produit, très dépendante du niveau de qualité du produit lui-même. Les subventions peuvent aussi jouer un rôle-clé dans la rentabilité des exploitations du fait de leur nature exogène. Des modifications dans leur mode d'attribution pourraient avoir des conséquences à ce niveau.

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Langue Français

Extrait

AGRICULTURE
Du rendement à la rentabilité
en grandes cultures
La tendance à la baisse des prix pour la plupart des céréales et grandes culturesPascale Pollet*
est plus que jamais d’actualité : l’accord de Berlin de mars 1999 a décidé
de nouvelles baisses, et les discussions à venir dans le cadre de l’Organisation
Mondiale du Commerce s’inscrivent également dans cette perspective.
Les producteurs vont devoir s’adapter à cette nouvelle donne, en ayant recours
à des stratégies différentes. Dans quelles mesures la productivité, au sens
de rendements physiques élevés, est-elle liée à la rentabilité, dont une des dimensions
est la baisse des coûts de production ?
La baisse des coûts en valeur a coïncidé avec une hausse des rendements,
mais aussi avec un accroissement des revenus, grâce aux subventions de la PAC
à partir de 1993. Cette tendance d’ensemble n’est pas homogène au sein des exploitations.
Au-delà des techniques culturales, un rôle majeur est joué par l’exploitation elle-même :
lorsqu’elle obtient de meilleurs rendements pour une culture, elle obtient en général de
meilleurs résultats pour les autres cultures.
L’autre dimension sur laquelle repose la rentabilité est la valorisation du produit,
très dépendante du niveau de qualité du produit lui-même. Les subventions
peuvent aussi jouer un rôle-clé dans la rentabilité des exploitations du fait de leur
nature exogène. Des modifications dans leur mode d’attribution pourraient avoir
des conséquences à ce niveau.
près la mise en place de la Politique Agricole matique de différentes catégories d’engrais et de
* Pascale Pollet apparte- ACommune (PAC), au début des années 60, les produits de protection des cultures. La palette desnait à la division Agricul-
ture de l’Insee au moment agriculteurs ont été encouragés à produire davan- variétés de semences s’est aussi étendue, offrant aux
de la rédaction de l’article.
tage en modernisant leurs méthodes de production. producteurs des arbitrages supplémentaires entre laL’auteur remercie le re-
lecteur pour ses conseils. En effet, l’un des objectifs de la Communauté qualité et la quantité de produit récolté.
européenne en matière agricole était d’atteindre
l’autosuffisance le plus rapidement possible et Cette forte progression des rendements s’est
notamment pour les céréales. Or, à la différence accompagnée d’une diminution des coûts et des
des États-Unis, la superficie disponible en terres prix de production en termes réels. Avant 1992, le
arables est assez limitée en Europe. Les exploitants système des prix garantis encourageait les agricul-
européens ont donc adopté des modes de produc- teurs à dégager des gains de productivité impor-
Les noms et dates entre tion intensifs, pour rechercher des rendements éle- tants, pour préserver leur revenu (Butault, 1999).
parenthèses renvoient à
vés. Cet objectif, stimulé par de nombreuses avan- Mais cette politique de soutien n’a pas permis unla bibliographie en fin
d’article. cées agronomiques, a conduit à l’utilisation systé- maintien des revenus agricoles. Les excédents de
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 329-330, 1999-9/10 127production générés par ce dispositif et leurs coûts, production, et sur les années 1992-1996 marquées
d’une part, et les négociations internationales en par la réforme de la PAC ? Deux groupes de fac-
matière agricole, d’autre part, ont entraîné une teurs vont contribuer à expliquer la rentabilité
réforme en profondeur de la PAC en 1992. Des- d’une exploitation : de façon endogène à l’exploi-
tinée à limiter le développement des excédents et à tation, ses performances productives ; de façon
rapprocher le système de prix de production euro- exogène et indépendamment de ses performances,
péens des niveaux internationaux, elle s’est tra- le montant des transferts ou subventions qui lui
duite par une baisse très importante du prix reviennent dans le cadre de la PAC.
d’intervention des céréales et des oléagineux. Pour
maintenir les revenus de ces producteurs, des sub-
Un revenu brut moyen par cultureventions prenant la forme d’aides directes à l’hec-
tare leur ont été distribuées. en progression entre 1993 et 1996
Cette nouvelle politique de soutien n’a pas infléchi Parmi les onze cultures prises en compte dans
la dynamique de baisse des coûts de production et l’étude, les principales, produites par la majorité
de hausse des rendements. Cependant, la dispari- des exploitations de grandes cultures, sont le blé
tion des exploitations agricoles les moins rentables tendre, le maïs, le tournesol, le colza, les légumes
s’est accentuée et un mouvement de concentration de plein champ et la betterave sucrière (cf. enca-
sensible a entraîné l’augmentation de la superficie dré 1). Le choix des produits, dont les évolutions de
moyenne par exploitation. Le revenu moyen des coûts de production et de revenus sont présentées
exploitations céréalières et de grandes cultures a ici, résulte d’un arbitrage entre la position occupée
ainsi mécaniquement augmenté. Cette hausse a été par ceux-ci dans les exploitations françaises et la
amplifiée par le niveau des subventions qui ont sur- qualité de l’estimation de leurs coûts de production
compensé, en moyenne, la baisse des prix. En effet, et revenus.
le cours des céréales est resté à un niveau plus élevé
que celui qui avait servi de base au calcul des aides En effet, il n’existe pas de données représentati-
directes. De façon plus générale, le mécanisme de ves à l’échelon national sur les coûts de produc-
compensation de la baisse des prix garantis par tion par produit. Pour les obtenir, on a donc
l’octroi de subventions a eu pour conséquence de recours à un modèle qui ventile les différentes
mettre en évidence les sommes engagées pour sou- charges fixes et variables entre les produits,
tenir certaines productions. moyennant certaines hypothèses simplificatrices
(cf. annexe). On suppose que toutes les exploita-
À l’heure actuelle, une nouvelle réforme, inscrite tions disposent de la même fonction de production,
dans le cadre plus général de « l’Agenda 2000 », se puisque, dans une première étape, des coefficients
met en place à la fois pour tenir compte de l’insatis- de production sont estimés pour chacun des pro-
faction manifestée par certains États membres sur duits retenus. De plus, les rendements d’échelle
le financement de la PAC, et pour préparer divers sont aussi supposés constants. Ces hypothèses sont
aménagements à venir, comme les négociations cependant en partie levées grâce à la deuxième
internationales dans le cadre de l’Organisation étape du processus d’estimation, qui consiste à
Mondiale du Commerce (OMC), ou dans une pers- imputer des coûts par produit au niveau individuel
pective plus lointaine, l’intégration des Pays de l’exploitation en utilisant les résultats du
d’Europe Centrale et Orientale (PECO) à l’Europe modèle. Cette étape a l’avantage de réintroduire de
des Quinze. La pression à la baisse des prix l’hétérogénéité dans les fonctions de production et
demeure donc d’actualité et souligne la nécessité d’améliorer l’estimation de certains postes, comme
de s’interroger sur l’évolution des coûts de produc- les subventions, mal ventilées dans la première
tion, la modulation et la dégressivité des aides étape. Cette méthode atteint ses limites pour certai-
directes appartenant à la panoplie des mesures nes productions, notamment les légumes de plein
envisagées. champ qui recouvrent plusieurs types de produits
cultivés selon des techniques différentes. L’hypo-
Dans un tel contexte, cette étude éclaire sur le lien thèse de départ se révèle alors trop simplificatrice
entre productivité (1) et rentabilité en céréales et
grandes cultures, produits fortement subventionnés
par la PAC et sur lesquels la France a, au sein de 1. Il s’agit d’une productivité moyenne, ici la productivité de la terre
ou encore le rendement qui constitue l’une de ses mesures : ellel’Europe, des ava

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