Élasticité de la production au capital informatique : estimations à l aide de données d entreprises
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Dans le cadre de la comptabilité de la croissance, un paramètre essentiel, l'élasticité de la production au capital informatique, est calibré en utilisant la part de la rémunération du capital informatique dans la valeur ajoutée (Mairesse, Cette et Kocoglu, 2000). L’objectif du papier est d’estimer économétriquement ce paramètre clé. Nous utilisons ici des données d'entreprises très riches, issues des déclarations fiscales des Bénéfices Réels Normaux et des Déclarations Annuelles de Données Sociales, pour estimer ce paramètre économétriquement. Ces données fournissent, entre autres, des informations sur le stock d’immobilisations corporelles en matériel de bureau, mobilier et informatique. C’est à partir des données sur ce poste des immobilisations qu’est construite notre mesure du capital informatique. Nos résultats suggèrent une élasticité de la production de 0,9 % au capital informatique, soit significativement supérieure à la part de la rémunération du capital informatique dans la production qui est de 0,5 %. Différents tests de robustesse corroborent ce résultat, dont l’origine semble liée à l’existence probable de rendements excédentaires (« excess return ») du capital informatique, que ne permet pas de mesurer la méthode traditionnelle de la comptabilité de la croissance. Enfin, utilisant cette mesure de l’élasticité, nous dégageons une estimation de la contribution agrégée du capital informatique à la croissance de la valeur ajoutée de l’ordre de 0,7 %.

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Langue Français

Extrait

ÉCONOMIE
Élasticité de la production au capital
informatique : estimations à l’aide
de données d’entreprises
Yoann Barbesol*, Thomas Heckel** et Simon Quantin*
Dans le cadre de la comptabilité de la croissance, un paramètre essentiel, l’élasticité
de la production au capital informatique, est calibré en utilisant la part de la rémunéra-
tion du capital informatique dans la valeur ajoutée (Mairesse, Cette et Kocoglu, 2000).
L’objectif du papier est d’estimer économétriquement ce paramètre clé.
Nous utilisons ici des données d’entreprises très riches, issues des déclarations fscales
des Bénéfces Réels Normaux et des Déclarations Annuelles de Données Sociales, pour
estimer ce paramètre économétriquement. Ces données fournissent, entre autres, des
informations sur le stock d’immobilisations corporelles en matériel de bureau, mobi-
lier et informatique. C’est à partir des données sur ce poste des immobilisations qu’est
construite notre mesure du capital informatique.
Nos résultats suggèrent une élasticité de la production de 0,9 % au capital informati-
que, soit signifcativement supérieure à la part de la rémunération du informa -
tique dans la production qui est de 0,5 %. Différents tests de robustesse corroborent ce
résultat, dont l’origine semble liée à l’existence probable de rendements excédentaires
(« excess return ») du capital informatique, que ne permet pas de mesurer la méthode
traditionnelle de la comptabilité de la croissance.
Enfn, utilisant cette mesure de l’élasticité, nous dégageons une estimation de la contri -
bution agrégée du capital informatique à la croissance de la valeur ajoutée de l’ordre de
0,7 %.
* Insee, Département des études économiques d’ensemble, Division Marchés et stratégies d’entreprise.
** Banque de France.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 419–420, 2008 55es Technologies de l’Information et de la de comptabilité de la croissance, peuvent L Communication (TIC, qui comprennent conduire à remettre en cause une telle égalité.
le matériel informatique, les logiciels, l’élec- En outre, des diffcultés techniques, comme la
tronique de loisirs, les appareils de télépho- très délicate mesure du coût du capital informa-
nie et les services de télécommunications) ont tique, entourent d’incertitude la valeur calibrée
12favorisé la croissance économique des décen- de l’élasticité.
nies précédentes, à travers les forts gains de
Dans cet article, nous confrontons donc le cali-productivité des secteurs producteurs d’une
brage de l’élasticité de la production au capital part, et par leur adoption par les secteurs uti-
informatique à son estimation économétrique à lisateurs d’autre part. Ainsi, la part de l’inves-
partir de données individuelles issues en par-tissement à prix courant des entreprises en TIC
ticulier des déclarations fscales des Bénéfces a doublé entre 1980 et 2000 en France passant
Réels Normaux. Cette source présente l’inté-de 6,8 % à 14,4 % (1). Cette évolution couplée
rêt de donner une mesure de l’équipement du à la baisse continue des prix des TIC sur cette
matériel informatique provenant directement même période (15 % par an) révèle ainsi une
des déclarations d’entreprises. De nombreuses augmentation considérable en volume de cet
études microéconomiques récentes, exploitant actif dans le capital des entreprises. À cet égard,
la disponibilité croissante de ces données, ont le matériel informatique occupe une place par-
déjà confronté ces deux méthodes d’évalua-ticulière au sein des TIC ; il est celui qui est le
tion : on notera en particulier que Biscourp, plus largement diffusé et utilisé dans l’ensem-
Crépon, Heckel et Riedinger (2002) soulignent, ble de l’économie. L’équipement des entrepri-
au moyen de données individuelles d’entrepri-ses françaises en ordinateur a été très rapide :
ses et d’une spécifcation certes différente de son investissement a doublé depuis 1980. De
celle de la comptabilité de la croissance, qu’ils plus, presque toutes les entreprises disposent
ne retrouvent pas cette égalité entre l’élasticité désormais d’une connexion à Internet (en 2003,
mesurée et sa valeur calibrée ; ils dégagent au 99,3 % des entreprises de plus de 250 salariés
contraire une nette supériorité de la première et 93 % des PME (2)). Et si l’introduction mas-
sur la seconde. Des études sur données amé-sive des ordinateurs dans l’économie a tardé à
ricaines d’entreprises tendent à confrmer ce se traduire par une augmentation de la produc-
résultat (Lichtenberg, 1995 ; Brynjolfsson et tivité, paradoxe statistique remarqué par Robert
Hitt, 2000 ; Stiroh, 2002).Solow, les gains ont été mis en évidence par de
nombreuses études empiriques (Stiroh, 2002).
Cet article revient ainsi sur le cas français sur la
période 1999-2004. Le champ de notre étude est Le cadre le plus usuel pour mesurer quantitati-
proche de celui de Crépon et Heckel (2000), et vement ces effets de l’informatisation est celui
Biscourp, Crépon, Heckel et Riedinger (2002), de la comptabilité de la croissance ; il permet
puisque, comme eux, nos données proviennent d’apporter une estimation chiffrée de la contri-
d’un échantillon d’entreprises des secteurs bution de l’accumulation du capital informati-
marchands de l’industrie et des services, hors que à l’augmentation de la valeur ajoutée, obte-
secteurs fnanciers. Néanmoins, nous utilisons nue à partir d’une évaluation de l’élasticité de
une mesure du capital informatique plus fne, la valeur ajoutée à ce facteur. Sous une hypo-
obtenue par la méthode de l’inventaire perma-thèse de concurrence pure et parfaite, cette élas-
nent, qui n’avait pas pu être mise en œuvre par ticité est égale à la part de la rémunération de
ces différents auteurs. Ces données fournissent ce facteur dans la valeur ajoutée (cf. encadré 1).
entre autres des informations sur les stocks et À partir de données microéconomiques agré-
les fux d’immobilisations corporelles en maté -gées par secteurs d’activités, Crépon et Heckel
riel de bureau, mobilier et informatique. C’est à (2000), par exemple, l’estiment à 0,3 point de
partir des données sur ce poste des immobilisa-croissance par an sur la période 1987-1998.
tions qu’est construite notre mesure du capital
informatique (voir Greenan, Mairesse et Topiol-Un paramètre essentiel de cette contribution,
Bensaid (2001) pour une utilisation antérieure
l’élasticité de la valeur ajoutée au capital infor-
de ces données). De plus, notre étude s’appuie
matique, est calibré usuellement en utilisant la
au total sur un panel d’entreprises plus large que
part de la rémunération du capital informati-
la plupart des travaux sur cette question.
que dans la valeur ajoutée (Mairesse, Cette et
Kocoglu, 2000). Toutefois, des raisons d’ordre
1. Cf. le rapport 2006 du groupe de travail de la Mission Économie théorique, telle l’existence éventuelle de rende-
Numérique sur les « Impacts macro et microéconomiques des ments excédentaires du capital informatique ou
technologies de l’information et de la communication ».
la pertinence des hypothèses fortes du modèle 2. Ibid.
56 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 419–420, 2008L’estimation économétrique de l’élasticité peut croissance passe directement par le développe-
cependant elle aussi présenter des biais, du fait ment rapide des secteurs producteurs de nou-
velles technologies (3). Bien que liées, ces deux de l’endogénéité possible de l’informatisation,
perspectives sont donc diffciles à appréhender et des externalités positives. Des tests de robus-
conjointement dans le cadre de la comptabilité tesse seront donc nécessaires pour s’assurer de
3de la croissance.la validité de l’estimation économétrique.
Il faut noter qu’on s’intéresse ici aux seuls gains 3. Nous renvoyons le lecteur pour une étude plus précise à l’ar-
ticle de

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