Composantes familiales des impôts sur le revenu en Allemagne et en France : les différences pertinentes
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Cette étude évalue les effets redistributifs de l'imposition sur le revenu et de ses composantes familiales en France et en Allemagne. Une attention particulière est portée au traitement accordé aux familles de différentes tailles, au vu, en particulier, de la prise de conscience en Allemagne de la faiblesse durable du taux de natalité, qui y a relancé l'idée d'une politique familiale, le quotient familial français étant parfois perçu comme l'une des raisons pouvant expliquer le taux de natalité plus élevé en France. En dépit de structures apparemment très différentes, les systèmes socio-fiscaux allemand et français apparaissent dans les faits assez proches. Le traitement des enfants dans le système allemand donne lieu à des gains fiscaux relativement semblables à ceux obtenus avec le quotient familial, pour les deux premiers enfants en particulier. En revanche, la comparaison relève deux différences importantes: (1) les avantages fiscaux obtenus dans le système français croissent plus rapidement avec le revenu que dans le système allemand, et contribuent donc à une moindre réduction des inégalités ; (2) les avantages absolus obtenus dans le système français pour le troisième enfant sont plus importants grâce à la part entière supplémentaire du quotient familial. Cette étude s'est concentrée sur l'impôt sur le revenu avec sa composante familiale, ce qui, compte tenu de la structure du système allemand, a conduit à tenir compte des allocations familiales et du complément familial pour la France. Elle a cependant ignoré l'existence de minima sociaux dans les deux pays ainsi que celle d'un certain nombre d'autres allocations. Elle ne peut donc être utilisée ni pour la comparaison de l'ensemble des systèmes redistributifs des deux pays, ni pour des conclusions en termes de bien-être.

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Langue Français

Extrait

REVENU
Composantes familiales des impôts
sur le revenu en Allemagne et en F rance :
les différences pertinentes
Alexandre Baclet, Fabien Dell et Katharina Wrohlich *
Cette étude évalue les effets redistributifs de l’imposition sur le revenu et de ses com-
posantes familiales en France et en Allemagne. Une attention particulière est portée au
traitement accordé aux familles de différentes tailles, au vu, en particulier, de la prise
de conscience en Allemagne de la faiblesse durable du taux de natalité, qui y a relancé
l’idée d’une politique familiale, le quotient familial français étant parfois perçu comme
l’une des raisons pouvant expliquer le taux de natalité plus élevé en France.
En dépit de str uctures apparemment très différentes, les systèmes socio-fi scaux allemand
et français apparaissent dans les faits assez proches. Le traitement des enfants dans le
système allemand donne lieu à des gains fi scaux relativement semblables à ceux obtenus
avec le quotient familial, pour les deux premiers enfants en particulier. En revanche,
la comparaison relève deux différences importantes : (1) les avantages fi scaux obtenus
dans le système français croissent plus rapidement avec le revenu que dans le système
allemand, et contribuent donc à une moindre réduction des inégalités ; (2) les avantages
absolus obtenus dans le système français pour le troisième enfant sont plus importants
grâce à la part entière supplémentaire du quotient familial.
Cette étude s’est concentrée sur l’impôt sur le re venu avec sa composante familiale,
ce qui, compte tenu de la structure du système allemand, a conduit à tenir compte des
allocations familiales et du complément familial pour la France. Elle a cependant ignoré
l’existence de minima sociaux dans les deux pays ainsi que celle d’un certain nombre
d’autres allocations. Elle ne peut donc être utilisée ni pour la comparaison de l’ensemble
des systèmes redistributifs des deux pays, ni pour des conclusions en termes de bien-
être.

* Au moment de la rédaction de ce travail, Alexandre Baclet appartenait à la division Revenus et Patrimoine des ména-
ges (Insee) et Fabien Dell était chercheur invité au DIW (Berlin). Alexandre Baclet est chargé d’études à la Banque de
France, Fabien Dell, conseiller fi nancier à la Mission Economique à Berlin, et Katharina Wrohlich appartient au DIW
(Berlin) et à l’IZA.
Les auteurs tiennent à remercier Pascal Chevalier, la Fondation Hans-Böckler, Viktor Steiner et Peter Haan. Ils remer-
cient également les intervenants du séminaire Fourgeaud du 26 avril 2006.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 401, 2007 39 ’impôt sur le revenu progressif, tel qu’il Allemagne, parmi les familles aisées et à niveau L s’est développé en Allemagne et en France d’éducation élevé. Néanmoins, d’autres servi-
depuis la Première Guerre mondiale, est à la ces tels que la prise en charge de l’enfant par
fois célébré en tant qu’outil de redistribution au exemple jouent également un rôle important.
service de l’équité, et décrié comme facteur de
distorsions dont l’impact négatif, par exemple La présente étude anal yse donc les effets redis-
sur l’offre de travail des agents, pourrait être tributifs des impôts sur le revenu français et alle-
dommageable à l’effi cacité des économies de mand, avec une attention particulière portée au
part et d’autre du Rhin. traitement accordé aux familles de différentes
tailles. L’apport de ce travail est d’aller au-delà
Le débat sur l’imposition directe des reve- d’une simple comparaison des barèmes et d’une
nus a récemment occupé l’actualité politique mise en regard des dispositifs tels qu’ils sont
en Allemagne (pendant la campagne pour les inscrits dans la législation fi scale. Il procède à
élections législatives de septembre 2005), et une évaluation empirique des effets redistribu-
en France : la réforme de l’ impôt sur le revenu tifs de l’imposition sur le revenu et de ses com-
des personnes physiques (1) (IRPP) a été un posantes familiales en France et en Allemagne :
thème important de la campagne électorale pour quels sont les résultats mesurables de deux sys-
l’élection présidentielle française de 2007, avec tèmes assez différents au premier abord ?
un accent sur les questions d’équité. Le gouver-
nement avait auparavant entrepris, à l’été 2005, Des études comparati ves des systèmes fi scaux
une réforme de cet impôt, visant, entre autres, à de différents pays sont régulièrement publiées
sa simplifi cation. par des organismes internationaux ( cf. par
exemple OCDE 2002). La plupart présentent
C’est qu’en F rance comme en Allemagne, des taux moyens d’imposition pour des ména-
l’impôt sur le revenu a atteint aujourd’hui une ges types, fondés sur les barèmes s’appliquant
très grande complexité qui rend extrêmement à un « revenu imposable » variable en fonction
diffi cile de débattre de sa refonte à partir d’op- du pays. Ce type d’analyse est inévitablement
tions politiques différentes (en l’occurrence approximatif. Le concept de revenu imposable
des degrés différents d’aversion pour l’inéga- varie considérablement d’un pays à l’autre, du
lité). Cette complexité est dans les deux pays fait notamment de la diversité des abattements
aggravée par le fait que l’impôt sur le revenu est ou des exonérations. Les différences entre
devenu après 1945 une composante importante revenu « avant impôt » (comparable d’un pays
de la politique familiale. à un autre ; indépendant de toute considération
légale souvent locale), revenu « imposable »
L’impôt sur le revenu est ainsi non seulement ( ie. auquel s’applique le barème de l’impôt et
au cœur de controverses sur le degré de redistri- qui est donc largement déterminé par les particu-
bution verticale souhaitable (redistribution des larités de la législation fi scale) et revenu « après
ménages à haut revenu vers les ménages à bas impôt » doivent donc être établies clairement.
revenu), mais se retrouve également pris dans
la tourmente de considérations que l’on peut Les dif férences entre revenus « avant impôt »,
qualifi er de passionnelles sur ce qu’une redistri- « imposable » et « après impôt », qu’une
bution horizontale équitable (transfert en faveur connaissance détaillée de la législation fi scale
des ménages de grande taille) devrait être, et, permet de mesurer, conduisent à ce que les
plus généralement, sur l’effi cacité de politi- répartitions de ces revenus puissent être très dif-
ques familiales, voire natalistes, à l’heure du férentes entre elles, et d’un pays à l’autre. Or
« vieillissement » de la population en Europe. l’étude de ces distributions nécessite de dispo-
1 2ser de données microéconomiques.
La prise de conscience croissante en Allemagne
de problèmes que pourrait poser la faiblesse P ar ailleurs, si la défi nition du revenu « impo-
durable du taux de natalité a ainsi conduit à ce sable » résulte du cadre légal d’un pays donné,
que l’idée d’une politique familiale revienne
dans le débat public outre-Rhin, brisant un
1. Dans la suite, nous pourrons utiliser l’expr ession « impôt sur le
tabou datant du lendemain de la Seconde Guerre revenu » pour parler de l’IRPP.
2. La politique volontariste menée par la Ministr e de la Famille mondiale (2) . En particulier, le quotient familial
Ursula von der Leyen (CDU) constitue une véritable révolution, français y est parfois perçu comme l’une des sans doute rendue possible par l’alliance des chrétiens démo-
crates et des sociaux démocrates au sein d’une Grande coalition raisons expliquant le taux de natalité beaucoup
depuis 2005. Ce type de coalition permet d’éviter l’exploitation plus élevé en France, et en particulier le nom-
partisane qu’aurait in&#

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