Inégalités daccès aux emplois et inégalités de salaires : la situation des enfants dimmigrés et des jeunes résidant dans une zone urbaine sensible (commentaire)
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Inégalités daccès aux emplois et inégalités de salaires : la situation des enfants dimmigrés et des jeunes résidant dans une zone urbaine sensible (commentaire)

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Les fortes inégalités qui affectent des groupes particuliers de la population active, tels que les jeunes issus de l’immigration, ceux qui résident dans des communes défavorisées, font l’objet d’une préoccupation montante dans la société française, qui s’est accentuée avec les évènements récents survenus dans certaines « banlieues ». Ces inégalités se matérialisent notamment par des taux d’emploi et des niveaux de salaires moyens plus faibles. Une partie de ces inégalités peuvent s’expliquer par des différences de composition, par exemple, en termes de diplôme ou d’expérience. Mais ces différences n’expliquent pas tout. En filigrane se pose la question de l’existence de discriminations sur le marché du travail à l’encontre de ces populations.

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Langue Français

Extrait

COMMENTAIRE
InégalItés d’accès aux emploIs et InégalItés de salaIres : la sItuatIon des
enfants d’ImmIgrés et des jeunes resIdant dans une zone urbaIne sensIble
pascale petit, Université Évry Val d’Essonne, EPEE, Centre d’Études de l’Emploi, TEPP (FR CNRS n° 3126),
Boulevard François Mitterrand, 91025 Évry cedex
Les fortes inégalités qui affectent des groupes de résidence, et le cas échéant si ces effets se
particuliers de la population active, tels que les cumulent, et d’autre part d’identifer les raisons
jeunes issus de l’immigration, ceux qui résident (potentiellement distinctes) pour lesquelles ces
dans des communes défavorisées, font l’objet deux sous-populations ont des performances
d’une préoccupation montante dans la société en moyenne plus faibles sur le marché du tra-
française, qui s’est accentuée avec les évène- vail. Ces deux articles apportent un éclairage
ments récents survenus dans certaines « ban- d’autant plus intéressant que les études sur don-
lieues ». Ces inégalités se matérialisent notam- nées françaises concernant ces problématiques
ment par des taux d’emploi et des niveaux de sont peu nombreuses, alors qu’elles sont plé-
salaires moyens plus faibles. Une partie de ces thore dans les pays anglo-saxons.
inégalités peuvent s’expliquer par des différen-
ces de composition, par exemple, en termes de
Des stratégies d’estimation ciblant diplôme ou d’expérience. Mais ces différen-
la discrimination salarialeces n’expliquent pas tout. En fligrane se pose
la question de l’existence de discriminations
Les stratégies d’estimation retenues dans ces sur le marché du travail à l’encontre de ces
deux articles s’inspirent de la célèbre décom-populations.
position de Blinder-Oaxaca qui distingue
deux parties au sein de l’écart constaté entre les Les deux articles de ce numéro consacrés aux
salaires moyens de deux sous-populations. La discriminations sur le marché du travail s’inté-
première correspond à l’écart salarial expliqué ressent à des populations qui se recoupent en
par des différences entre les caractéristiques partie. L’étude de Romain Aeberhardt, Denis
observables moyennes des deux sous-popula-Fougère, Julien Pouget et Roland Rathelot
tions. La seconde est la partie non expliquée, s’intéresse aux enfants d’immigrés (ici en pro-
résiduelle, éventuellement attribuable à la dis-venance de pays du Maghreb et d’Europe du
crimination salariale et souvent assimilée à Sud). L’article de Thomas Couppié, Jean-
elle.François Giret et Stéphanie Moullet examine
la situation des jeunes résidant en zone urbaine
sensible (ZUS). Or, près d’un quart des Français Aeberhardt et al. comparent la situation des
dont au moins un parent avait à la naissance la Français nés de parents français (1) à celle des
Français nés d’au moins un parent ayant la nationalité d’un pays du Maghreb réside dans
une ZUS, pour seulement 6 % des Français nationalité d’un pays du Maghreb et (2) à celle
dont les deux parents étaient français à la nais- des Français nés d’au moins un parent ayant la
sance (source : enquêtes Emploi en continu, nationalité d’un pays d’Europe du Sud. Leur
2005-2008). La superposition partielle de ces approche est innovante. Sur les données de
deux sous-populations pose la question de la l’enquête Emploi 2005-2008, ils décomposent
politique publique qu’il convient de mettre en l’écart de salaires constaté entre le groupe de
œuvre pour agir effcacement sur ces inégali- référence et le groupe potentiellement discri-
tés : faut-il cibler spécifquement les territoires miné en trois éléments. Le premier correspond
ou faut-il plutôt donner la priorité aux individus à l’écart de salaires moyens que l’on consta-
issus de l’immigration (Boisson et Collombet, terait si les caractéristiques observables des
2010) ? individus du groupe potentiellement discri-
miné (qu’ils travaillent effectivement ou non)
Pour contribuer à ce débat, il est nécessaire étaient valorisées comme celles du groupe de
d’une part, d’examiner s’il existe un effet référence dans les processus d’accès à l’emploi
et de formation des salaires. Ce premier élé-propre de l’origine et un effet propre du lieu
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 433-434, 2010 71ment correspond donc à l’écart salarial imputa- salariaux à l’intérieur des catégories d’emploi
ble aux seules différences entre les caractéris- expliqués et non expliqués par des différences
tiques observables (qualifcations, expérience, de caractéristiques observables. Ces deux pre-
etc.) du groupe de référence et du groupe mières composantes permettent donc d’exami-
potentiellement discriminé. Le deuxième élé- ner si les écarts de salaire au sein des mêmes
ment correspond à l’écart de salaires moyens catégories d’emploi entre les individus du
résultant de la seule sélectivité dans l’accès à groupe de référence et ceux du groupe poten-
l’emploi, sous l’hypothèse qu’il n’existe pas tiellement discriminé sont liés à des différences
par ailleurs de discrimination salariale. Si une de caractéristiques observables ou s’ils résultent
sélection plus restrictive du groupe potentiel- d’une discrimination salariale. Les deux derniè-
lement discriminé s’opère sur le marché du res parties correspondent aux écarts de salaire
travail, le seuil de compétences permettant un expliqués et non expliqués entre les catégories
accès à l’emploi sera plus élevé pour le groupe d’emploi. Les individus du groupe de référence
potentiellement discriminé. Doté des mêmes et ceux du groupe potentiellement discriminé
caractéristiques observables, un individu du sont répartis différemment entre les différen-
groupe de référence pourra alors avoir accès tes catégories d’emploi. Notamment, la sous-
à l’emploi alors qu’un individu du groupe représentation des salariés du groupe potentiel-
potentiellement discriminé ne le pourra pas. Si lement discriminé dans la catégorie des cadres
la sélection au sein des deux groupes s’opérait pénalise le salaire moyen de ce groupe. Il s’agit
selon les mêmes critères, une partie des indivi- donc d’examiner les conséquences salariales de
dus du groupe potentiellement discriminé sans ces différences de composition en distinguant
emploi auraient accès à l’emploi et percevrait la part expliquée par des différences de carac-
un salaire. Le salaire moyen du groupe poten- téristiques observables et la part non expliquée
tiellement discriminé serait donc différent. La attribuable à la discrimination. Une limite de
troisième composante correspond à l’écart de cette approche est toutefois de ne pas considé-
salaires moyens lié à la différence de valorisa- rer les conditions d’accès à l’emploi. Un biais
tion salariale des caractéristiques observables de sélection dans l’accès à l’emploi peut être
du groupe de référence et du groupe potentiel- présent pour des populations potentiellement
lement discriminé. S’il existe une discrimina- discriminées et plus concernées que les autres
tion salariale, autrement dit, si à compétences par le chômage et l’inactivité.
observables et postes occupés équivalents, les
individus des deux groupes ne sont pas rému- Un enjeu important de ce type de travaux est la
nérés de la même façon, celle-ci apparaît dans capacité à identifer et distinguer de façon perti-
cette troisième composante. Cette approche nente le groupe de référence et le groupe poten-
prend donc en compte les interactions entre tiellement discriminé. Les possibilités offertes
accès à l’emploi et salaires au sein du groupe à Aeberhardt et al. sont limitées par l’absence
potentiellement discriminé, en considérant de certaines informations. Dans les données
l’ensemble des individus de ce groupe qu’ils utilisées, on connaît au plus la nationalité à la
occupent ou non un emploi dans les faits. naissance d’un individu et celles de ses parents.
L’originalité de cette approche est de distin- Ces variables approximent l’origine. Mais elles
guer la pénalité salariale qui résulte de caracté- le font de façon imparfaite puisqu’on ne prend
ristiques observables en moyenne plus faibles, notamment pas en compte les descendants
celle qui est

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